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Full text of "L'Égypte sous les pharaons, ou recherches sur la géographie, la religion, la langue, les ..."

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eka RDS 




r 




L'EGYPTE 



sous 



LES PHARAONS 



L 



A GRENOBLE, 

DE L'IMPRIMERIE DE lA V.« PEYRONARD. 



L'EGYPTE 



sous 



LES PHARAONS, 



OU 

RECHERCHES 

Sur la Géographie , la Religion , la Langue , 
LES Écritures et l'Histoire de l'Egypte 

AVANT l'invasion DE CamBTSE; 

Par m. CHAMPOLLION le jeune, 

DocTEtm es-Lettres, Professeur d'Histoire, Bibliothëcaire-Adjoint 
de la ville de Grenoble , membre de la Société des Sciences et 
éds Arts, etc. 



description Géographique» 

TOME premier. 



A PARIS, 

Chez DE Bure frères , Librairea du Roi, et de U 
Bibliothèque du Roi, rue Serpente , n.^ 7« 

1814. 



:o 



;Can 



COj 



EX 



LfBRIS 
6RIFFITH 



^P. 



^ 



LWX.C. 6RIPFITH 
^ 1937 



AU ROI. 



Sir 



E, 



Un de vos augustes AyeuXy LOUIS- 
LE - GRAND 9 assura pour jamais , en fondant 
T Académie Royale des Belles- Lettres, les 
progrès des Etudes qui ont pour objet VHistoirey 
la Littérature ancienne y et les Documçns qui 



leur sont propres. Cest pdf elks, que le 
présent ' <^ instruit aujt dépens du passée et 
que notre esprit se reporte jusques aux temps 
de r existence dun peuple qui a laissé pour 
soutenir de son passage sur la terre j une 
r^utation de sagesse et de science y que les 
observations modernes ne permettront plus de 
lui contester. 



Cest T Histoire de ce Peuple ifuef ai en^trepiris 
décrire d après Jes Monumens de sa Langue y 
de sa Littérature et des Arts qu^il cultiva. 



/ En daignant agréer rhommage de mon 
traçaily VOTRE MAJESTÉ prévient en quelque 
sorte mes services par un bienfait ; Jeune encore j 
je reçois le plus flatteur de tous les encûu^ 
jrâfgemens» Jl m^impose Fobligation de me 
rendre digne dune aussi illustre protection : 
(e ne puis répondre que de mon zèle , de ma 



reconnaissance y et du très ^profond respect 
a9ec lequel foi thonneur détre^ 



SIRE, 



De Yotre Majesté^ 



Jjb très-humble « très*obéissanl 
serviteur et fidèle sujet» 

7^ F. CHAMPOLLION » Jxviri. 



^ 



"^ff"» 



TABLE ANALYTIQUE, 



Tome premier. 



p. 



RÈFACB • : ; Ix à XXVJ 

ISTRJDUCTioN, Vue$ générales sur h plan et le 

but de V Ouvrage • • i 

CHAP. !•'. Be l'Ègtptb. Ses Divisions politiques et natw- 

relies ...••••. 5t 

%■ 

CHAP. IL Noms de VÉgypte 7$ 

CHAP. III. Du Nil .!.... 1 1» 

^Ses noms , ses divisions et leur 

nom égyptien «141 

Ses montagnes , .. . . •••• 147 
Ses lies i5q 

CThébaïde . • ï54 

jSes villes (.Egypte mo- 

( yenne. • i . 24g 

IThébaîde , • 36; 
Ègjrpte mo' 
yenne. . . . ^'jik 
Tableau des 
nomes ^'jl^ ^^7^ 



CUAP. IV. UAUTtÈCYPTEJ 



l 



(r]) 



CHAP. V. U^ssB ÉcrPTE. / 



Tome deuxième. 

Page» 

^Éiat phjrsique • . • i 

Ses noms égyptiens 5 

Pélusiàque . . 9 

D« mi, de sesX J. \ 

branches et de) ,. ... g. 
, sPhathmétique 10 

leur nom éff\P'\ , ,, . . 

°- ïsébennitique 17 
fie/i. . . .pag. 7.J_ ,, . . 

\Canopique . . 2a 
Du grand et desiGrand Delta, 25 
;7^<//5 Delta. . . .iPe/ifx De/fa . 27 
Territoire de la\ 
basse ÉgypteiPartie orien^ 

hors du Delta J taie 28 

ses divisions etl Partie occi" 
leur nom égj-p-X dentale, ... 3© 
tien 27J 

(F'illet situées 

I entre. VAra- 

I bieetlabran' 

I che Pélusia* 

I que 55 

|— La PélU' 

... siaque et la 
Divinons poUu-) p^^^^,._ 

521 

que 92^ 

— La Phnth" 
métiqueetla 
Canopique** 14^ 

— La CanO' 
pique et Ja 

^ Libjrc • • . • . a4s 



ques 



CHAP. YL Nomes de la basse 



(vij) 

T^omes du Delta . . • T T • • . 274 

— - — du Tiarabia ...... 276 

— — — du Niphaïat 278 



CHAP. Vn. DÉPENDJNCESdeiDépendances occidentales. . . 282 

V Egypte . 281 (Dépendances orientales • • • • 3o2 

€MAP.Vlll.NoMS égjy tiens de lieux dont la situation est 

incertaine • • . . • 5ix 

Tableau synonjmique des noms égyptiens , 
grecs f arabes et vulgaires 535 

/î. Nomenclature extraite du 
Mss. copte ^ /i.® XVll de la 
Bihliothèque impériale de 
Paris 359 

2. Autre extraite du Mss. /i.* 
XLIV 364 

3. Autr^ extraite du Mss^ ji.* 
ArpENDix / XLri 566 

4. Autre extraite du Mss» /i." 
XUIL 369 

5. Hjrmne copte en vers rimes ^ 
avec sa traduction Jr ançai se ^ . 37$ 

6. Explicatioh de la carte de 
la basse Egypte sous les Pha^ 
raons 384 

Table alphabétique des matières contenues dans 
les deux volumes de la Description géogra^ 
phîque »•«••• 3g2 à 457 



l 



PR E F A CE. 

J E puis enfin soumettre au jugement du public 
la première partie d'un ouvrage que j'ai entre-^ 
pris avant d'avoir terminé mes- études classi^ 
ques, et qui, par sa nature » peut occuper 
encore cinquante années de ma vie (i). J'ose 
espérer qu'on ne lui contestera pas du moins 
l'intérêt du sujet. Le titre en fait connaître 
les diverses parties; il indique encore exac- 
tement les limites dans lesquelles j'ai voulu 
me renfermer, et dont les points extrémesf 
sont, d'une part, les tems primitifs de l'Egypte^ 

(i)Le I,*' septembre 1807, le plan gënëhJ de Touvrage, ïlniro* 
ducîiùn & la partie géographique et la carte générale de TÉg^rpte,. 
des Pharaons, furent présentés à la Société des sciences eL des art» 
de Grenoble ) qui voulut bien en faire mention sur ses registres. Pea 
de jours après, je quittai le Lycée de la même ville, où j'étais élève 
impérial; et le25du mime mois, j'eus Thonnearde comrminiquerce» 
mêmes documens à M. Langlès, à Pari», et presque en même tems 
à M. Silvestre de Sacj que j*eus dès - lors Tavantage d'entendre k 
l'école spéciale des langues orientales pour le cours d*arabe, 
comme M. Langlès pour le cours de persan. Llmpresston im 
'ouvrage a été commencée le x.^' septembre i8io« 



plus près de nous, Tinvasion de Cambyse. Ce 
période historique est sans contredit Tun des 
plus mémorables dont les annales des tems 
aient conservé le souvenir. L'ensemble des 

faits qui le caractérisent, l'ensemble des monu- 
znens qui leur servent de preuves , sont éga- 
lement dignes des méditations du sage ; il 
trouvera lonij-tems encore une source féconde 

en résultats du plus haut intérêt, dans cette 
Egypte des Pliaraons , si différente de TÉ- 
gypte des Perses, de TÉgypte dés Grecs, sur- 
tout de rÉgypte moderne bien digne d'un 
meilleur sort. 

Entraîné par Timportance de ce sujet, et 
consultant moins mes forces que mon zèle , 
je me suis livré sans réserve aux travaux 
assidus qu'il exigeait. J'ai eu pour but , dans 
la première partie, de faire coanaitre les noms 
égyptiens, grecs, arabes et vulgaires ainsi 
que la véritable position des lieux principaux 
de l'Egypte, et les monumens remarquables 
qui y existaient La partie relative à la religion 
servira peut-être à iixer l'opinion générale sur 



ce point important des institutions sociales d'un 
peuple célèbre. Les recherches relatives à la 
langue et aux écritures diverses de l'ancienne 
Egypte, présenteront, sur les Manuscrits égyp- 
tiens en lettres alphabétiques , des notions 
exactes qui, si je ne m'abuse point, per^* 
mettront de tirer quelque parti de ces précieux 
monumens; et surleç Manuscrits qu'on appelle 
hiéroglyphiques, quelques données relatives 
à ce grand sujet; et par là, il est facile de 
concevoir que l'histoire de l'Egypte pendant 
l'espace de tems déjà indiqué , puisse trouver, 
dans la suite de ces recherches, des faits 
nouveaux propres à accroître encore l'intérêt 
qu'elle ne cessera d'exciter. 

Tels sont l'ensemble et le plan de mon 
travail. Si je n'ai pu m'en déguiser ni l'étendue, 
ni les difBcultés , je puis encore ajouter que 
personne ne sent mieux que moi combien je 
dois peu me flatter de les avoir toutes 
surmontées ; et à cet égard , je n'ai d'autre 
certitude que celle de m'être entouré de tous 
les conseils , de tous les moyens qui pouvaient 



( xij ) 

du moins m'en faire concevoir Tespérance. Le 
public jugera si je ne me suis point trompé. 

Bien persuadé d'abord^ et depuis, convaincu 
chaque jour davantage à mesure que mon 
plan se développait , que le guide le plus sûr , 
le seul peut - être auquel on puisse se livrer 
avec confiance dans les études égyptiennes, 
était la connaissance approfondie de la langue 
primitive de l*Égypte, j'ai, fait de cette langue 
l'objet spécial de mes premiers travaux. Plu- 
sieurs années passées à Paris, entièrement 
consacrées aux langues orientales en général 
et à la langue copte en particulier ( i ) , des 
leçons de maîtres non moins habiles que 
célèbres , les ont singulièrement favorisés. 
J'ai successivement parcouru la riche collection 
de Manuscrits coptes de la Bibliothèque impé- 
riale ; j'ai fait des extraits de presque tous 



(^i) On sait gënët^alement que la langue copte n'est autre chose 
qne la langue égyptienne mêlée de quelques locutions grecques» 
et écrite avec les -caractères de Talphabet grec augmenté djB sept 

lignes de l'ancien alphabet égyptien. Vojez, tome i.*', pages 48 
et 49. 



( ^"j ) 

et des copies de quelques-uns. A ces pré- 
cieux matériaux, j'ai réuni, à Grenoble, un 
bon nombre de livres orientaux et la collection 
presque complète des livres coptes ou relatif 
à la langue copte, qui ont été imprimés dans 
les diverses parties de TEurope. 

Leur étude m'a bientôt convaincu de l'in- 
suffisance des Grammaires et des Lexiques de 
cette langue publiés jusqu'à ce jour. Les pre- 
mières, en effet, s'éloignent entièrement de 
Tordre que prescrit à cet égard la nature 
même de la langue , laquelle exige impérieu- 
sement une méthode pour ainsi dire toute 

opposée à celle, qui est particulière aux langues 
de l'Europe; aussi, n'ai-je pas tardé à m'apper- 
cevoîr que les grammaires coptes rédigées par 
des Arabes , et dont quelques - unes existent 
parmi les Manuscrits de la Bibliothèque impé- 
riale de Paris (i), étaient, mieux que les 
grammaires européennes , appropriées à la 
nature de cette même langue. 

(i) Mss. coptes I BiLl. impér. , n."* 44 y ancleii fonds , fol. 25 et 
ful. i3o. 



( xiT ) 

Elle est toute monosyllabique; ses règles de 
combinaison sont fixes , constantes, immuables i 
résultat de longues méditations, elle a ce carac- 
tère d'inaltérabilité ( i ) qui est propre à toutes 
les institutions de la primitive Egypte (2) } eUe 
se prête avec une admirable facilité à la for^ 
mation des mots composés , et la disposition 

de ses éléméns est telle, sous ce rapport, 
qu'on doit regarder comme composés tous les 
mots qui n'ont même que deux syllabes. Cette 
remarque, si essentielle dans l'objet présent, 
n'avait pas échappé au respectable M. Val- 
perga de Caluso, et il s'en est servi le premier 
dans son utile et savante grammaire (3). Nous 
devons ajouter, comme une singularité bien 

(1) Je prie que Ton veuille bien me pardonner ce ipot | je n'en 
abuserai point. 

(2) Celte langue est une de celles qui, parleur contexture , ne 
peuvent point se coi rompre. On peut dnnc avancer que le long 
espace de tems pendant lequel elle a été parlée, n'a pu aucunement 
l'altérer, et qu'elle nous est parvenue, pour ainsi dire, dans toute 
sa pureti' ; c'est ce que je me proposa de développer dans ma 
Grammaire égyptienne* 

(3) Didj^mi Taurinensîs Idtteraturœ Copticœ Hndimentumf 
ParmaBi ex i*egio t^pographo, M. OCC. LXXXIII, in*8.^ et in-4*« 



(XV) 

digne de remarque et sur laquelle nous revien- 
drons ailleurs, que la langue égjrplienne, 
dans la combinaison de ses élémens gramma- 
ticaux, a des analogies matérielles avec les 
principes de Técriture chinoise, sans toute- 
fois que Ton puisse tirer de. cette analogie 
fortuite aucune induction en faveur de la com- 
mune origine des Égyptiens et des Chinois 
systématiquement énoncée par quelques écri* 
vains. 

Ce qu'on vient de lire suffira peut-être pouf 
faire voir que, de toutes les manières de classer 
dans une seule et même série les mots simples 
et composés de la langue égyptienne , l'ordre 
alphabétique est le moins convenable^ et que 
leur classification par rapport au mot radi* 
cal et primitif de cJiacun d^eux^ selon un 
certain ordre réglé lui-même par leur com^ 
position j est la seule qui soit appropriée au 
génie de la langue. 

Ces considérations ont dû me servir de 
règle, et telle a été celle que j'ai suivie, dans 
la rédaction d'une Grammaire de la langue 



égyptienne^ et du Dictionnaire de cette même 
langue » que je publierai incessamment. Celui* 
ti j divisé en trois parties selon les trois dia« 
lectes de rÉg3rpte , le thébain , le baschmou* 
rique et le memphi tique (i) , forme trois 
volumes în-4*^> où tous les mots renfermés 
dans le Lexique de Lacroze et le bien plus 
grand nombre de ceux que j'ai exttaits des 
vocabulaires copto - arabes ou des manuscrits 
de la Bibliothèque impériale , sont rangés à 
la suite du mot radical avec leur signification 
latine et française; quelquefois aussi ^ et lorsque 
je Tai cru nécessaire, la signification que je 
donne à un ïnot est justifiée par la citation 
des textes qui me l'ont fournie. Ce long travail 
est terminé. 



(i) Dans mes Observations sur le Catalogue des manuscrits 
coptes du musée Borgia à Velletri^ publié par Zoëga {^Magasin 
Encyclopédique^ octobre 181 1 , et Paris ^ Sajou^ 181 1, in-S.** ), j'ai 
cherché à démontrer que le dialecte baschmourique était celui de 
la province du Fayyoum. La suite de mes recherches m'a fourni 
de nouvelles preuves de cette opinion que je développerai dans la 
partie de cet ouvrage relative à la langue égyptienne et à ses 
dialectes. 



( ^V) ) 

Soutenu par ces premiers résultats de mt$ 
études , fort de ces ressources qu'il a fallu m^ 
créer , j*aî osé espérer d'être heureusement 
conduit au seul but éminemment utile qu'on 
doive se proposer dans l'étude de la langue 
égyptienne , je veux dire la lecture des Manuâ^- 
crits é^ptiens alphabétiques , puisqu'il est vrai 
que, si l'on en excepte les mots grecs qu'on 
tencontre dans les manuscrits coptes\ il n'y a,» 
relativement à la langue, entre ceux-ci et les 
Manuscrits égyptiens d*autre différence, que* 
celle des signes alphabétiques qui y sont em- 
ployés. Le premier pas à faire, et sans doute 
]e plu» facile, dans cette étude si importante 
par son objet , était la lecture du texte égyp^ 
tien de Tinscription de Rosette : j'ai eu le 
bonheur de voir mes efforts couronnés d'un 
succès presque complet j plusieurs passages 
du texte égyptien sont cités dans les deux 
volumes que je publie, en attendant que 
l'ordre que j'ai adopté appelle l'ensemble de 
mon travail sur ce précieux monument. Les 
résultats que j'ai obtenus doivent également 



( « ). 

feit partie du cabinet impérial de Paris. J*ai 
aussi trouvé d'utiles documens dans quelques 
cabinets particuliers , et par un bonheur ines- 
péré, celui des Antiques dépendant de la riche 
et nombreuse Bibliothèque publique de Gre- 
noble dont la conservation m'est confiée sous 
le titre de Bibliothécaire-adjoint, m'a offert 
encore plusieurs objets du plus grand intérêt. 
On s'appercevra facilement que je n'ai point 
négligé leur étude j heureux si j'ai pu le faire 
avec quelque fruit. Je l'ai toujours associée à 
celle des Classiques anciens et modernes, et 
le devoir que je me suis imposé, d'indiquer par 
des citations exactes le texte de ceux que j'ai 
consultés , fera voir que leur nombre est très- 
considérable , en même tems, que j'ai toujours 
xecouru aux ouvrages originaux. Pour que 
celui que j'ai entrepris ne manquât point de la 
physionomie qui doit lui être propre, j'ai eu 
la satisfaction de pouvoir offrir aux lecteurs 
les textes coptes et grecs imprimés avec leurs 
caractères particuliers, en ayant le soin d'ajou- 
ter aux premiers, peu connus encore en Europe , 

la 



( xxj ) 

la transcKÎptîon de ces textes eh lettres latines j 
et comme je ne désespère pas de présenter, 
dans la suite de cet ouvrage, les textes égyp- 
tiens que j'y cite , avec les signes mêmes de 
Talphabet égyptien, on me permettra peut-être 
de répéter que je n'ai négligé aucun des 
moyens qui pouvaient me flatter de l'espoir 
que mon travail ne serait pas tout-à-fait inutile 
aux lettres. 

Les savans et le public peuvent en juger 
par les deux volumes que je leur soumets au- 
jourd'hui (i). Ils contiennent la description 
géographique de l'Egypte des Pharaons; des 
discussions exigées par le sujet lui-même 
précèdent , amènent et justifient pleinement 
les résultats que je présente sur l'Egypte elle^ 
même, ses limites, ses divisions naturelles qui 
étaient invariables , ses divisions politiques 
connues sous la dénomination grecque de 



(i) Les parties subsëqueutes, et qui sont presque toutes termi- 
Bées , seront publiées sans interruption et avec toute la prompti- 
tude que permettra d'y apporter la lenteur inévitable de l'exécutioa 
typographique. 



f • 



( xxij ) 

Nomes, leur nombre, leurs limites respectives, 
enfin l'état ancien et moderne et le nom égyp- 
tien de chaque lieu principal. La description 
des monumens égyptiens qu'on y voit encore 
devait faire partie des recherches relatives 
à chaque article, et en effet, elle leur sert 
très-souvent d'éclaircissemens et de preuves. 
J'ai pris pour guide , dans cette partie de mon 
travail, les observations les plus authentiques 
et les plus récentes : celles des collaborateurs 
de la Description de V Egypte réunissant au 
plus haut degré ces deux conditions essen- 
tielles , et préseiitant une mine inépuisable de 
faits bien constatés, de matériaux encore vier- 
ges, je n'ai pas dû négliger l'avantage de pou- 
voir, le premier, consulter les uns, employer les 
autres, et tirer de leur ensemble de précieux 
résultats. Je m'en suis servi très-utilement dans 

* 

cet ouvrage. 

Le premier volume contient la haute Egypte 
renfermée entre Tile de Philœ au sud, et le 
village de Busiris un peu plus au nord que 
IVIemphis. La basse Egypte occupe le second 



volume. Les recherches relatives aux anciennes 
brandies du Nil et à leur nom égyptien, 
tendent à concilier les divers auteurs grecs et 
latins qui en ont parlé, et les résultats que je 
présente à ce sujet sont fondés sur la connais* 
sance exacte de l'état actuel des lieux, d'où 
Ton a pu déduire facilement leur état ancien. 

La carte que j'en ai dressée en présente la dis* 
position; elle ne contient pas les dépendances 
de V Egypte y parce qu'elles n'appartenaient 
pas exclusivement à l'Egypte inférieure. Ces 
dépendances sont indiquées dans le tableau 
des noms égyptiens , grecs , arahes et vulgaires 
des lieux de l'Egypte , qui est placé à la suite 
de leur description j cette synonymie , entiè- 
rement neuve , m'a paru un complément 
nécessaire de mon travail. Uappendix qui le 
termine en renferme des pieaves, et parmi 
elles , on peut remarquer une ïiynme en uers 
coptes 9 que j'ai rapportée toute entière, voulant 
en cela faire une chose agréable aux personnes 
que ce genre de composition peut intéresser. 
On en trouvera plusieurs autres fragmens dans 



( xxîv ) 

le cours de Touvrage , extraîts d'un mamiscrît 
copte que j'ai entre les mains; ils ne peuvent 
manquer d'attirer Tattention, puisque c'est 
pour la première fois qu'on cite des strophes 
en vers coptes rimes. La table alpltabétique a 
été rédigée de manière à rendre facile et com- 
mode Tusage de ces deux premiers volumes. 
Je devrais sans doute être rassuré sur leur 
sort beaucoup plus que je ne le suis , en 
me rappelant l'extrême indulgence avec la- 
quelle fut accueillie V Introduction qui est en 
tête, lorsqu'en 1 8 1 1 j'en détachai quelques 
exemplaires que j'eus l'honneur d'adresser à des 
personnes et à des corps littéraires français ou 
étrangers , dont il m'importait de consulter 
l'opinion. Leur suffrage honorable , publique- 
ment exprimé, pour la plupart, dans les jour- 
naux du tems, fut pour moi un précieux 
encouragement, et parmi eux, je dois citer un 
des plus flatteurs et des plus nécessaires, celui 
de M. le baron Silvestre de Sacy, qui a 
justifié, de tout le poids de son opinion, la base 
première de mon travail , lorsqu'il a dit que 



( XXV ) 

ùiter les noms coptes des lieux de V Egypte^ 
c^était aussi citer les noms égy'ptietis : tel 
est le but principal de mes recherches. 

Quoique très-étendues et long-tems médi-- 
tées, elles paraîtront peut-être encore insuffi- 
santes dans leur ensemble, ou erronées dans 
quelques-unes de leurs parties : déjà IVL 
Quatremëre, dont j'ai cité plusieurs fois, et 
avec un éloge mérité, les utiles travaux sur la 
langue copte, s'est imposé la tâche pénible de 
relever publiquement dans ses Observations 
sur quelques points de la géographie de 
V Egypte (i), les inexactitudes qu'il a cru 
découvrir dans V Introduction dont j'ai parlé 
et qu'il appelle une espèce de prospectus (2). 
J'ai lu sa brochure avec attention, et j'éprouve 
le regret de ne pouvoir témoigner à M. Qua- 
tremère la reconnaissance que m'inspireront 
toujours des critiques fondées, des observa- 
tions exactes, lors même qu'elles manqueront 

de cette bienveillance que les gens de lettres 

— ^ Il 

(f) Paris, S€hoelb| 1812910-8.^ 
(a) Page 5. 



se doivent mutuellement» et que je ne ces- 
serai de réclamer. 

Je n*ose me flatter d'avoir pleinement jus- 
tifié celle qu'ont bien voulu me témoigner, 
dans cette circonstance, des personnes qui por- 
tent des noms justement célèbres dans les 
lettres , ou que rhonorable confiance du Sou- 
verain a revêtues des fonctions les plus émî- 
nentes, des titres les plus respectés. J'ai senti 
vivement le prix de leur obligeante attention 
à m'encourager ; elles ont bien voulu juger 
mon essai d'après leurs espérances, me tenir 
compte du présent en faveur de l'avenir , et 
croire que si j'ai mal fait à vingt ans , je ferai 
peut-être mieux à quarante. Puisse leur utile 
indulgence me donner quelques droits à celle 
du public! 



UÉGYPTE 



L'EGYPTE 



SOUS 



LES PHARAONS. 



I * •-mmÊmm^mmimfmmmmmm'^mmmm^mmmmmim^, 



PREMIERE PARTIE. 
DESCRIPTION GÉOGRAPHIQUE. 



^-^•">— W*«(iWi^pw^"i»"»^— i^# 



INTRODUCTION. 

LiE nom de TÉgypte rappelle de grands souvenirs , et 
se rattache aux plus mémorables époques de l'histoire. 
Cette contrée célèbre fut le berceau des sciences et 
des arts de PEurope. Plusieurs peuples de TOrient et 
presque toutes les nations européennes étaient encore 
plongés dans les ténèbres de la barbarie , lorsque 
TÉgypte , parvenue à son plus haut point de splen-> 
deur et de gloire, voyait dans son sein des monarques 
puissans veiller à l'exécution de ses lois qu'avait 
dictées la sagesse la plus profonde , et des collèges 
nombreux de prêtres assurer de tous leurs efforts le» 



/ 

/ 

\ 



progrès des lumières et le bonheur des peuples ; et 
lorsque , sous Psamméoite , l'Empire égyptien qui , 
plusieurs siècles auparavant, avait été ébranlé par les 
incursions successives des Arabes et des Éthiopiens , 
fut entièrement renversé par les armes victorieuses des 
Perses, l'Europe ressentait à peine les efTets bieu- 
iisûsans de la civilisation naissante. 

L'Egypte était habitée par un peuple sage , qui ne 
fut étranger à aucune espèce de gloire. Subjuguée par 
on conquérant qui lui fit perdre tous ses avantages, 
en détruisant ses institutions politiques et religieuses ; 
soumise ensuite par Alexandre , après la mort du- 
quel elle reçut une nouvelle existence ; courbée sous 
le joug des Romains , conquise par les Arabes , et 
tombée enfin au pouvoir de la nation ignorante qui 
la possède encore, elle fut tour-à-tour le théâtre des 
lumières et du bonheur , de la barbarie et de Tin- 
fortune. 

Rien n'est plus intéressant que de connaître à fond 
l'histoire ancienne de l'Empire égyptien. Les tems où 
il brilla d'un si vif éclat sont déjà bien loin de nous, 
et cette haute antiquité semble attacher à tout ce qui 
se rapporte à l'Egypte une espèce de merveilleux , qui 
affaiblit en quelque sorte l'admiration et l'intérêt 
qu'elle excite à un si haut degré. Cependant les mo- 
numens gigantesques dont son sol est couvert , ceux 
que des circonstances diverses ont fait transporter en 
Europe, attesteront encore aux siècles à venir que les 



(3) 
auteurs grecs et latins qui se sont plus k vanter ranti-^ 
quité, la sagesse et les connaissances scientifiques des 
Égyptiens , ne nous ont point fait sur ce peuple des 
rapports exagérés ou dictés par Tenthousiasme , mais 
qae ce qu'ils en ont écrit est même au-dessous de la 
réalité. 

£n nous livrant à des recherches sur les points les 
plus importans de l'histoire de Tancienne Egypte, nous 
avons été soutenus et encouragés par la grandeur du 
Bojet , et ^ d'après le plan que nous nous sommes 
tracé , nous avons dû nous occuper d'^bord de sa 
description géographique. Nous avons eu pour but. 
principal de faire connaître ce pays par lui - même ; 
nous avons essayé de rédiger une géographie égyp'- 
tienne de V Egypte; il n'en existait pas jusqu'à présent». 

En effet, TÉgypte a toujours été couverte d'un voile 
mystérieux , et ce n'est qu'à travers ce voile épais que 
les anciens ont pu en prendre les notions qu'ils nous 
en ont transmises. Ignorant la langue du pays , et 
repoussés par les difficultés que les Égyptiens oppo--. 
saient aux étrangers qui voulaient pénétrer dans leurs 
provinces (i), leurs récits sur cette contrée ne peuvent 
être que peu satisfaisans. 

XiCS anciens rois d'Egypte, dit Strabon (2), éloi- 
gnaient soigneusement les étrangers de l'intérieur do: 

■ ■ ■ - ■ ' 

(i) Hérodote, liv.U; GenèM, chap. 4^ Ot.46 ^ VÏ9^^ à^ SicH»; 
Sr.I, Mctii. 
(a) Su«t>on, liv. XYn. 



(4) 

leur royaume , parce qu'ils étaient contens de leur* 
richesses. Ce fut l'exécution rigoureuse de cette mesure 
politique, qui livra aux Phéniciens une grande partie 
du commerce maritime de l'Egypte. 

Ses prêtres, qui tenaient le premier rang dans TÉtat 
et occupaient les premières magistratures ( i ) , per- 
suadés que le bonheur du peuple était attaché à la 
conservation de ses usages éprouvés par ! expérience 
et établis pour la plupart, comme ceux des autres 
Orientaux , d'après l'état physique des lieux , contri- 
buèrent éminemment à prévenir toute communication 
entre les nations étrangères et les Égyptiens. Cette 
maxime fondamentale de la politique égyptienne s'est 
conservée jusqu'à nos jours chez les Chinois , et les 
ëvénemens désastreux qui, dans la suite , anéantirent 
pour toujours la liberté de l'Egypte , justifièrent 
pleinement cette opinion des prêtres , et confirmèrent 
leurs craintes. 

La chute de cet Empire fut en effet préparée par Id 
relâchement du peuple dans l'exécution de ses anti- 
ques lois ; elle fut certaine lorsque Psammouthis !.«' (2) 
et Amasis eurent facilité les relations des Égyptiens 
avec les étrangers. Sous les rois qui régnèrent avant 
eux, l'ordre sacerdotal, nombreux et puissant, usait de 
toute son infiucnce pour empêcher ces rapports avea 
Textérieur. Il ne lui était pas difficile d*atteindrc à co 

(i) Diodore de Sicile, liv. I. 
£2) Le P^aminilichus des Grec». 



(5) 
bul, puisque, comme les Brabmes dans Tlnde, cette 
classe était dépositaire de la religion et du savoir , 
tenait les rois sous une espèce de subjection et de 
tutelle, et constituait ainsi le gouvernement de l'Egypte 
en une sorte de gouvernement tbéocratique (i). 

De ces circonstances réunies résultèrent Téloignement 
qu'eurent les premiers Égyptiens pour la marine, et 
les obstacles qu'ils opposèrent constamment à ceux 
qae le désir de s'instruire conduisait dans celte contrée 
mystérieuse. 

Mais lorsque Cambyse eut renversé la monarchie 
égyptienne , ravagé les villes , brûlé les temples et 
dispersé les prêtres , ce pays , naguères la patrie des 
sciences et des arts , fut courbé sous le joug des* 
potique des Perses , et perdit son bonheur avec ses 
connaissances , sans perdre sa célébrité.. 

Dans le laps de tems qui s'écoula depuis Cambyse 
psques à Alexandre, il devint le théâtre fréquent de 
guerres civiles. Les efforts sans cesse reaaissans de 
plusieurs chefs égyptiens pour délivrer leur patrie 
d'une domination étrangère , attirèrent sur cette 
terre malheureuse les désastres et les fléaux , suites 
inévitables des révolutions et de la résistance opiniâtre 
d'un peuple qui conservait le souvenir de sa gloire et 
de son indépendance. Au milieu de leurs infortunes , 
les Égyptiens , gouvernés par des rois qui n'étaient 



(i) Dîodore de Sicile, Liv. I , sect 1 1. 



(6) 
pM nés au milieu d'eux , oublièrent pBu à peu les 
instilutioDS et les coutumes de leurs ancêtres ; dès ce 
moment les anciens usages se perdirent, et rien ne 
s'opposa plus à la curiosité des étrangers qui abor-« 
dérent en Egypte. 

Cest alors qu Hérodote j parut ; il vit dans tonte 
son abjection ce peuple si renommé pour sa sagesse 
et son savoir. Il en prit cependant une haute idée : 
les ruines d'un temple magnifique inspirent toujours 
le respect et l'admiration. 

Dès lors les Grecs se rendirent en foule en Egypte ; 
pour être instruits dans cette sagesse autrefois si 
célèbre. Cest à l'école des prêtres que se formèfent 
leurs philosophes, leurs législat^rs et leuris sages. On 
peut dire cependant que peu de voyageurs de ces 
tems pénétrèrent au-delà de Memphis (i). Leur désir 
de s'instruire put souffrir de ces obstacles; mais ils ne 
donnèrent point eux-mêmes une haute opinion de 
leurs connaissances , et les prêtres de Sais, voyant leur 
légèreté et les taxant d'inaptitude à l'étude des sciences 



profondes , les regardèrent comme des enfans ( 2 ) ; et 
cependant ceux des prêtres égyptiens qui vivaient à 
cette époque , n'étaient que les échos passifs de leurs 
prédécesseurs. Ceux-ci étaient versés dans la connais-- 
sance de Tastronomie » de la géométrie , de la mécanique, 



( i) Dîftrfore de Sîcîle, liv. I, sect i u 
(a) Platon, in Philoibo. 



- (7) 

de la physique et de la plupart des sciences exactM 

et naturelles ; et leurs successeurs , contemporains 
d'Hérodote et de Platon , en conservaient à peine les 
premiers principes ; ils les transmirent aux Grecs que 
l'amour de Tétude et l'ambition de savoir amenèrent 
en Êgjpte avant Alexandre. Ainsi la Grèce recueillit 
les débris des sciences de TÉgypte. 

Plusieurs de ces Grecs, tels qu'Hérodote et Platon, 
de retour dans leur patrie, écrivirent ce qu'ils avaient 
vu et entendu dire pendant leur voyage en Egypte, 
et Hérodote donna une courte description de cette 
contrée. C'est dans ses écrits que nous trouvons pour 
la première fois des noms de villes égyptiennes tra- 
duits en langue grecque. On peut avancer qu'Hérodote 
fil le premier de semblables traductions , parce qu'il 
est celui dans les écrits duquel on trouve le moins de 
ces traductions et le plus de noms égyptiens conservés, 
quoique corrompus. Parmi le nombre considérable de 
noms de lieux apparlenans à TÉgypte , qui sont cités 
dans son histoire , cinq seulement ont été traduits en 
grec ; ce sont Hp/imo'^aroT^ç , TbiXouo'ioç ^ HAiou/troXi^ , 
KpozoJWXevr^roXic > Epfjum^oTaç ^ Hermopolis * Pars^a , 
Pelusîtim, Heliopolis f Crocodilopolis , Hermopolis-^ 
Magna , des Latins. Tous les autres noms sont égyp- 
tiens ( I ). Le nombre de ces mots égyptiens traduits 



(0 Deax seulement sont douteux, Naucraiis eldnihjrlla. 



(8) 
est beaucoup plus considérable dans les auteurs grecs 

postérieurs à Hérodote ; ainsi la confusion qui en 

naissait alla toujours croissant : Strabon donna les 

noms grecs A<ppoJ^/7>t^^oXiç et TleufoO'^oXiç aux deux 

villes qu'Hprodole avait désignées par leur nom 

éfryplîen Xm/i/juç et A9otpj3>i%/^ , corruption de Xul^ul 

Chmim et de 3y.Ha\p Ê5Ki , Athôr^Baki. Diodore a 

suivi la même méthode. Il en est résulté des difficultés 
considérables pour retrouver les noms égyptiens , et 
ces difficultés s'accroissent à mesure que les Grecs 
sont plus répandus en Egypte. 

Alexandre , vainqueur des Perses , y conduisit les 
Grecs , et sous leur empire disparurent peu à peu les 
traces de Pancîen gouvernement et des coutumes égyp- 
tiennes. Tout prit une physionomie grecque : le sang 
égyptien dégénéra , par son mélange avec celui des 
Macédoniens ; cet ancien amour pour les sciences 
B*tteignit parmi les naturels ; les collèges furent déserts ; 
la classe sacerdotale elle-même ne s'occupa plus que 
deB choses sacrées (i) , et négligeant tout- à- fait les 
ëtudes qui avaient occupé ses devanciers pendant tant 
de siècles , elle perdit de vue l'un des buts principaux 
de son institution. 

Dès que la puissance grecque fut bien établie en 
Egypte ^ il s*y opéra de grands changemens; les Grecs 
traduisifent dans leur langue les noms de la plupart des 

COStrobon,li/.XVÎI. 



(9) 
Tilles égyptiennes , et on ne les connut bientôt plus 

parmi eux que sous ces dénominations le plus souvent 

infidèles. 

On doit regarder comme une des causes principales 
de cette infidélité , les efforts que faisaient les Grecs 
pour trouver des rapports entre leur religion et celle 
des autres peuples, et pour en établir entre leurs divi-^ 
nités et celles des nations étrangères. A les en croire , 
les Babyloniens, les Perses et même les Indiens ado- 
raient Kronos, Zéiis, Atbéné, Apollon, Aphrodite (i). 
Par une suite du même principe, ils cberchèreut leurs 
dieux dans la religion égyptienne , et crurent les y 
reconnaître. Ainsi Athôr des Egyptiens leur parut 
être leur Aphrodite , Amoun leur Zéiis , Pluha leur 
Héphaïstos (2), Néith leur Athêné, Hôr (Horus) leur 
Apollon , Thôouth ( Thoth) leur HeriViès (3) ; enfin ^ 
his et Osiris furent pour eux les noms de la lune et 
du soleil • 

Ces observations sont ici de la plus haute impor-- 
tance, parce que c'est d'après ces mêmes principes 
que les Grecs traduisirent dans leur langue les noms 
des villes égyptiennes. Quelques-unes d'entr elles por- 
taient en effet des noms de dwinités (4) ou d'animaux 

( I ) Saturne, Jupiter, Minerve, Apollon, Vénus des Latins. 

( 2 ) Vulcain des Latins. 

( 5 ) Mercure des Latins. 

( 4 ) Nous prions le lecteur de ne pas prendre ce mot dans un 
sens trop absolu. Nous Texpliqucroas dans la partie de cet ouvrage 
nlative à la religion égyptienne. 



L 



( lO) 

Bacrés (i) , et c'est dans l'influence qu'exerçaient le» 
prêtres sur tout ce qui concernait l'Egypte « oii tout 
8e rattachait à la religion, qu'il faut chercher l'origine 
de cet usage. Mais les Grecs en abusèrent , et cet abus 
les entraîna dans de graves erreurs. 

Us n'entendaient point la langue ëgyptienne , parlda 
et écrite même long-tems après la chute de leur puis- 
sance dans cette contrée , et par conséquent ils ne 
pouvaient orthographier ni traduire exactement les 
noms des villes de l'Egypte , semblables en cela aux 
voyageurs européens des derniers siècles qui allèrent 
parcourir l'Orient sans en connaître les langues , et 
insérèrent dans leurs relations des noms orientaux 
qu'il est presque impossible de reconnaître, tant ils 
sont défigurés. Ainsi , sous le règne de Louis XIV, Paul 
Lucas fit préseitter à ce monarque une carte d'Egypte 
où l'on trouve les noms monstrueux de Barhamhou 
pour Barbandah, Manfallu pour Manfélouth, Êcliasse 
pour Elkhsas , et Guisse pour Djizah (2). On peut 
dire que quelquefois les Grecs ne furent pas pins 
heureux , quoique en général l'altération des noms 
égyptiens orthographias ou traduits en grec ait été 
moins grande. 

Il en résulte néanmoins , qu'étudier l'Egypte par les 



( I ) Hérodote , liv. II ; Slrabon , liv. XVII i Diodore de Sicile , 
liv. I; Plutarque, dlsls et d'Osiris. 

(2) Lucasi I.*' Voyage, tom. I, {>ag. i55. 



Crrecs seuls, c'est lavoir sous le point de rue le moins 
étendu, et à travers le prisme des préventions si ordi- 
naires aux Grecs dans tout ce qui intéressait leur 
orgueil national. Ce qu'ils ont dit n'est pourtant point 
à dédaigner ; mais il est un choix à faire , puisque 
rarement ils ont parlé de l'Egypte autrement que 
dans leur langue , par rapport à eux et par rapport à 
l'époque où ils en étaient les maîtres. Cependant 
l'Egypte avait compté plusieurs siècles de gloire et de 
prospérité avant même que Cambyse la soumît h sa 
. domination. C'est à l'époque qui précéda l'invasion de 
ce prince, à celle où l'Empire égyptien était à son plus 
haut point de splendeur, que nous nous arrêtons dans 
cet essai. Nous cherchons à faire connaître les noms 
égyptiens du royaume, du fleuve, des provinces et des 
villes d'Egypte. 

Tel est le but que nous nous sommes proposé* 
L'Importance de ces recherches n'avait pas échappé 
à plusieurs savans qui se sont adonnés à l'étude de 
Tarcbéologie égyptienne. Mais ces auteurs n'en ont 
point fait l'objet spécial d'un travail particulier, et n'en 
ont traité que partiellement dans le cours de leurs 
ouvrages. Tel fut le jésuite Kircher; l'Europe savante 
lui doit en quelque sorte la connaissance de la langue 
copte, et il mérite, sous ce rapport, d'autant plus d'in- 
dulgence pour les erreurs nombreuses qu'il a commises 
dans ses écrits sur l'Egypte, que les monumens litlé* 
raires des Coptes étaient plus rares de son tems. Dans 



la noureauté de cette étude , on devait nalurellemeat 
s'alteodre qu'un homme qui trop rarement faisait 
usage d'une critique sévère, et qui trop souvent sacri- 
fiait à l'esprit de système, donnerait souvent de fausses 
interprétations , et serait trompé par des apparences. 
Tout eu respectant ses travaux et en rendant justice 
à &es connaissances, on peut lui reprocher, avec fon- 
dement , la manie de tout expliquer ; et cette manie a 
souvent mis sa bonne foi en défaut, en le forçant à 
inventer ce que ses recherches ne pouvaient lui faira 
découvrir. 

Dans son Œdipus JEgyptiacus (i), Kîrcher a placé 
une géographie de l'Egypte ; il a pour but de présenter 
les noms coptes ou égyptiens des anciens nomes de ce 
royaume et de leur capitale. Ce- travail, sans résultats 
pour la géographie, renferme toutes les erreurs com- 
mises par ses contemporains , dont les connaissances 
sur la topographie de l'Egypte étaient pour ainsi dire 
nulles. Ainsi il place Thèbes au midi d'Hermonthis , 
de Latopolis et d'Appollinopolis- Magna ; Abydus au 
sud de Latopolis ; Coptos au nord-est de Tentyra ; 
Oxyrinchus à l'orient du Nil ( 2 ). Quant à la basse 
Egypte, il y règne le plus grand désordre. Il devait 
en être ainsi en raison de la pénurie de notions exactes 

■ ' 1 ' ' — ■■ ■ ■ ■■ Il I ■ m — 

( I ) Tome I, Templum Isîacum , sj^ntagma i, Chorographia 
MgjptL 
( 2 ) Voyez sa carte, (RiUp.AEgjpt.^ tom,If pag, 8. 



( i3 ) 

qu'éprouvait le père Kircher ; il lui était donc difficile, 
impossible peut-être de faire connaître les noms égyp- 
tiens des villes , puisque d'ailleurs , ayant fondé soa 
travail sur les rapports des Grecs , il n'avait pas assex 
fait attention que les Copies avaient donné des listes 
de noms égyptiens avec leur équivalent en arabe , et 
que les noms arabes devaient être son guide et le 
conduire aux noms égyptiens. Outre cela , lorsque 
Kircher publia sa Chorographia Mgypti , il n'avait 
probablement entre les mains qu'un vocabulaire copte 
peu étendu , d'où il put à peine extraire les noms 
égyptiens ^Alexandrie , ^Athrihis , ai Héliopolis et 
de Coptes y les seules villes dont Kircher ait présenté le 
véritable nom égyptien. Quant aux autres noms, son 
imagination suppléa au manque de matériaux. 

C'est ainsi qu'il avança que les anciens Égyptiens 
donnaient aux préfectures de l'Egypte, appelées Noftoç 
parles Grecs, le nom de n\Tr2>6ip, Pitabir. Ce mot 
manque dans le Lexique égyptien de Lacroze ; nous 
l'avons vainement cherché dans tous les vocabulaires 
coptes de la Bibliothèque impériale de Paris : il ne se 
trouve donc que dans la Scala Magna de Kircher (i), 
oii il signifie Prœtorium , locus juri dicundo destin- 
natus ; Prétoire , siège d'un tribunal , et non pas 
Province , Préfecture ou Nome. D'ailleurs , tous les 
manuscrits coptes qui nous restent, rendent toujours 

r 

» ■ 

(i) ScalaMagruij pag. 2a5, copiée par Rossi, au mot T^&3ip« 



(i4) 
le mot grec Ho/ioç par IlffcDo} ou Il^Oaj , Pthôsch. oii 
Pthosch. Ce mot égyptien dérive de la racine vciicy 
Tôschf ordinarCf statuerez discernere; ainsi on Irouve 
dans les Martyrologes coptes : UJtTî^OYc\\ ^DEît 
neooj Hcy^^ , c'est-à-dire , la ville de SchetnoupH 
dans le nome de Pschati ( i ) ; nî^0pwtCT5W0Y& 
Jdhk lT90cy T&.JULS&^ , Pihormeitamoua dans le 
nome de Tamiati (2) ; dS<l{l> GlTiOE itsptUTTî^K- 
KcuAeyC î:>En TT0Oaj n^iULtiSi- , le père Èpime, 
hahiiant ou originaire de Pankôleus dans le nome 
dePemsjè (3). Nous pourrions multiplier ces exemples, 
mais nous pensons qu'ils suffisent pour prouver que les 
Égyptiens et les Coptes se servirent du mot Il^oaj, 
Piosch, et non de HxT&fisp, Pitabir, pour désigner 
les préfectures de leur pays. 

Parmi les noms que Kircher croit que les Égyptiens 
donnèrent à leurs villes , il en est qui méritent d'être 
cités à cause de leur composition bizarre et de leur 
étymologie aussi singulière que contraire au génie 
de la langue égyptienne. Selonjui, BttOCX et Bonr- 
£2>.C^ , Butosi et Boubasti , désignaient parmi les 
Égyptiens les villes que les Grecs appelèrent Boutos et 
Bubastis. Il traduit (4) BrnrOCX ^ar donum boçis , don 



(1) Mss, copLf Bib. împ., n.®6i, fonds du Vatican , £^70, rectô. 

(2) Mss, copi.j Bibl. imp., n.^66, în-f*. On trouva aus«i ce nom 

de 

(5) 

(4) ÛEdip.AEgjyt,, chorograpKAEgjpt,^ nomug 11^ p. i6tti7« 



^'A) ÂKM^** Ul/yi/»*9 MJIUM, lltt^iy U.^ VfWy IIA-1 • V/U U\/UT« n|l««« ^^ " — 

lieu orthographié Ils^OpuUC^«>.)ULOT>.. 

C5) Mss. copt., Bibl. iuîp., u.»66, in.f.% Martyre de St. Épîme- 



(i5) 
du Bœuf, et BoYÊB^C^, par elle donna deux Bœufs, 
et il suppose que le second J^ de ce dernier mot était la 
lettre numérique fi mise à la place de CV^ht , snau , 
qui signifie deux. Mais en observant que Br et 
Boy ne signifient. point Bœuf en copte ou en égyp- 
tien , et qae Kircher les dérive du grec jSou^, il s'en 
suit nécessairement que les Égyptiens n'orthogra- 
phiaient pas ainsi les noms de ces deux villes de la 
basse Egypte , et que les explications de Kircher sont 
insoutenables. Le nom de la fameuse Thèbes fut, seloa 
loi , Cy«^k , Suan ( i ) , tandis que ce mot est le nom 
corrompu de la ville de Syène ; dans les travaux de 
Kircher, Heracléopolis est appelée UoAo:^, Moloch 
(3) , nom d'une idole des Cananéens ( 6) ; Appolli^ 
nopolis porte celui de UIpoc (4), Horos, avec une 
terminaison grecque. Il en est ainsi d'un grand nombre 
d'autres. 

En 1643 Kircher publia , sous le titre de Lingua 
Mgyptiaca restituta (5), un ouvrage qui répandit en 
Europe les premières notbus exactes de la langue 
copte. Il renferme aussi. les noms coptes de plusieurs 
villes de l'Egypte , avec leurs noms correspondaus en 
arabe. Ce travail de Kircher a été sans contredit 



■*-. 



(i) Kdip.jŒgjrpt., tom. I, cap. y, pag. 38. 

(2) Id. , pag. 46. 

(3) Lévitique XVIII, 21, et XX, laj Jérémie XUX, i, etc. 

(4) W., pag. 47' 

(5) Roinse, 1Q43, in«4*. 



<'6) 

très-utile. Veyssîèrc-Lacroxe a inséré ces noms dans 
son Dictionnaire égyptien , que Scholtz et Woide 
publièrent en 1775 (i ). Lacroze, qui n'avait pas une 
grande opinion des connaissances de Kircher dans la 
langue copte (2) , les rapporte tels qu'il les a trouvés 
dans l'ouvrage du Jésuite allemand. Ce dernier ne 
s'attacha point à donner le nom grec de la ville doat 
il produisait le nom copte, et s'il Va, fait quelquefois, 
il a commis plus d'une erreur. 

Le célèbre philologue Paul - Ernest Jablonski , 
élève de Lacroze , a aussi cherché l'explication de 
plusieurs noms égyptiens de villes dans la langue 
copte (3). Dans un ouvrage publié en 1699, le père 
Bonjour (4), religieux Augustin de Toulouse, indiqua 
quelques noms égyptiens de villes , déjà cités par 

Kircher. 

(1) Oxoniœy eTypographœo Clarendoniano ^ '775, in-4*' 

(2) Oa lit dans la préface de son dictionnaire le jugement suivant 
sur cet ouvrage de Kircher : « Tentata est sanè hœc lingua à 
pturibus eruditis , sed ut plurimùm frustra : nec uUi eorum 
conatus sui deterius cessere quant Athanasio Kirchero y 4fui in hoc 
studiorum génère nihil omnino vidit, Itaque Scalm efus , quant 
rocat copticam , et si eam , ut pote è manuscripto deriyatam , 
negligendam non censui , parce admodùm usus sum. Tôt enim 
ejus errata in singulis ferè quibusque paginis depreJiendi , ut 

Jidem ei nullo loco temere habendam esse censeo. Extrait du 
Mss. de Lacroze, conservé à la Bibliothèque impériale de France* 

(3) Panthéon AEgyptioruniy et Opuscula^ passlm. 

(4.) Exercitatio in nionumenta coptica seu tcg^ptiaca biblio^ 
iheae vatic^nœ. Rom», iCgg, in-4.« 



(»7) 

Kircher. Cet opuscule est plein de critique et d'une 

saiae érudition. 

Le père Georgi , dans la neuvième section de sa 

Préface des Miracles de Saiot Coluthus (i), présente la 

liste des noms coptes de villes qu'il a rencontrés dans 

la traduction de ce fragment écrit en dialecte thébain, 

et dans plusieurs autres manuscrits du Vatican ; mais 

il n'a donné que l'équivalent grec de quelques noms 

égyptiens déjà connus. Nous aurons occasion d'en 

parler plus au long dans le cours de nos recherches. 

Un savant estimable , dont les Lettres regrettent 

la perte récente , le danois Georges Zoëga , dans son 

excellent ouvrage de Origine et usu Obeliscorum ( 2 ) , 

a disserté très au long sur les monolythes de plusieurs 

anciennes villes de l'Egypte, et les noms égyptiens 

de deux d'entr elles. Nous reviendrons sur cette partie 

de louvrage de Zoëga , lorsque nous nous occuperons 

des deux villes qu'il indique. 

Pendant que les Français étaient les maîtres do 
l'Egypte , on imprima au Kaire un journal littéraire 
dans lequel tout ce qui concernait cette contrée, sa 
topographie , ses antiquités , sa législation et son éco- 
nomie politique était publié périodiquement. C'est 
dans ce journal, inûixûé Décade Egyptienne (3), que 



(i) De Miraculis Sancti Coluthi, Romœ, 1793, in-4.^, p* CXG. 
(2) Romœ, 1797, 'n-^«** 

(5) La Décade ÉgxpUenne , journal littéraire et d'économiù 
politique. Au Kaire, de rimprimerie Nationale, ami. VU et YIIJ. 

3 



(i8) 
M. Marcel , Tun des directeurs actuels de Timprîmerie 
Impériale, et alors directeur de celle du Kaire, inséra 
des extraits de l'ouvrage du géographe arabe Abd-- 
Arraschid^al'Bakoui. Ces extraits , épars dans les 
trois volumes qui composent cette précieuse et rare 
collection (i), présentent aussi quelquefois, outre le 
nom arabe des villes de TÉgypte , le nom copte de 
ces mêmes villes, tiré probablement de quelque voca- 
bulaire copte et arabe manuscrit ; mais Fauteur n'y 
discute pas les rapports que ces noms coptes peuvent 
avoir avec les anciens noms égyptiens et grecs. 

M. Ignace Rossi a répandu quelques notes sur ce 
sujet dans son ouvrage intitulé Etymologiœ Aigyp^ 
tiacœ (2), par lequel ce savant italien s'efforce de 
prouver que les mots coptes ne sont que des motâ 
arabes corrompus ; il en cite un assez grand nombre 
dont il croit avoir trouvé la racine dans les idiomes 
orientaux y tels que TArabe, le Syriaque, leChaldéen, 
le Samaritain et TÉtbiopieu. Dans ses recherches éty- 
mologiques , M. Rossi émet son opinion sur les noms 
égyptiens de plusieurs dieux et de plusieurs villes. 

Mais les travaux de ces auteurs ne suffisent point 
pour faire connaître l'Egypte avant l'invasion de 



(i) Le premier se trouve vol. I.^*^, page 248; le secoad, même 
volume^ page 276^ le troisième, vol. III, page 146. 

(2) Ignatu RQssnEtymologiisAEgj'pUacœ. Romani 1808, iii-4^f 



(19) 
Cambyse (i)» puisqu'ils n'out point indique les noms 

grecs correspondans aux nonxs vérilableinentégypliens 
qu'ils avaient rencontrés dans les livres coptes. Aucun 
d'eux na eu le dessein de réunir les noms indigènes, 
grecs , latins et arabes , de les comparer, d'en démontrer 
les rapports ou les différences. 

L'exécution d'un semblable ouvrage offrait de 
grandes difficultés. L'intérêt qu'il présente nous a 
paru plus grand encore , et nous nous sommes livrés 
aux recherches qui pouvaient nous donner les moyens 
de l'entreprendre avec quelque succès. Les matériaux 
que nous avons recueillis sont peu nombreux sans 

doute , mais tous sont authentiques , et ils nous ont 
paru être du plus grand prix. 

En effet la langue copte, qui est la langue de l'an* 
cienne Egypte écrite avec les caractères de l'alphabet 
grec j existe dans de nombreux manuscrits. Presque 
tous , il est vrai , contiennent les liturgies ou les 
martyrologes des Chrétiens jacobites; mais on connaît 
aussi des versions coptes de l'ancien et du nouveau 

( 1 ) Dans le mois de septembre dernier , M. Akerblad , ancien 
secrétaire des Commaudemens de S. M. le Roi de Suède , a adressé 
à la 3.^ Classe de llnstitut de France un Mémoire sur le nom copte 
de ijuelques villes et villages de VÉgj'pte, La connaissance de 
ce Mémoire nous eût été sans doute très -utile , mais l'auteur na 
Ta pas encore publiée 



(lo) 

Testament (i), des grammaires coptes en arabe (2]^^ 
et des vocabulaires coptes et arabes (3). 

Quelques savaus, et entre autres Vossius et le père 
Hardouin , ont nié l'identité du copte et de l'ancien 
égyptien ; mais lorsqu'ils émirent cette opinion , 
l'Egypte n'était point connue comme elle Test de nos 
jours ; ses monumens littéraires étaient alors peu 
nombreux en Europe, ils n'avaient point été étudiés 
et comparés avec autant de soin qu'ils Tont été depuis. 
Il en est résulté cette conviction, que la langue copte 
est la langue des anciens Égyptiens. 

Les monumens et les auteurs témoignent également 
qu elle se conserva en Egypte sous la domination des 
Perses , des Grecs , des Romains , des Arabes , des 
sulthans Mamiouks , des Turcs , et jusques dans le 

( I ) La version copte du Nouveau Testament a été publiée par 
David Wilkîns , sous ce titre : 'I^l^S&^RKK JUlô^pî ^t^ 
'^frClTS WnfE ÎVSpEUL'^CRULÎ; Hoc est : NovumTestamentum 
^Egjrptium vuîgo copticum^ ex Mss,Bodlejanis descripsit^ cum 
yaticanis et Pariswnsibus conlulit , et in latinum sermoner^ 
co/n'ffr^ir David Wilkîns, ecclesiœ anglicanœ presbjrter, Oxonii$ 
e theatro Sheldoniano^ tjrpis et sumptibusAcademiœ^ '7*6, in-4*- 

(2) Mss. copt. 9 Bibl. Imp. , n.<> 44 , depuis le feuillet 23 verso» 
jusques au feuillet 5o verso s etc. 

(5) Mss. copt, Bibl. Imp., fonds de Saint -Germain , suppY.» 
tt.* I7i Id. Sain^Germain , u,« 5oo; Bibl Imp., n.^*44, 48, etc* 



XVI/ siècle, tems où elle était encore parlée dans 
les parties les plus reculées de la haute Egypte. 

M.Etienne Quatremère (i ) a prouvé, d'une maniera 
péremptoire, que la langue égyptienne s'était conservée 
ea Egypte jusqu'au VIIL^ siècle environ après la 
conquête de ce pays par Amrou-'ben^Alâs ^ c'est-à- 
dire jusqu'au XV.* siècle de l'ère vulgaire , et il reste 
bien démontré maintenant que la langue copte est 
cette même langue égyptienne* 

Tous ceux qui connaissent le copte et qui se sont 
occupés de l'étude de cette langue , sont intimement 
convaincus de son identité avec la langue des anciens 
habitans de Thèbes et de Memphis. La plus grande 
partie des mots que les anciens écrivains grecs ont 
consignés dans leurs écrits comme étant propres à la 
langue égyptienne , se retrouvent dans la langue copte 
avec la même signification (2). 

Sans rappeler ici les raisons solides et les preuves 
irréfragables apportées en preuve de cette opinion 
par mon illustre maître M. Silvestre de Sacy , dans la 

(i) Vojez l'utile ouvrage de M. Quatremère, intitule : Recherches 
sur la langue et la littérature de l'Égrp^e. Paris, 1808, în-B.*, 
pag. 4 et suivantes. 

(a) Dans nos recherches sur l'histoire de TÉgypte , nous feront 
voir que les noms de la plus grande partie des Rois du canon 
dironologique de Manëthon , trouvent leur interprétation daoa 
U langue copte ou égyptienne. 



( =0 

Notice qu'il a faite de l'ouvrage précité de M. Quatre- 
tnère (i ), nous invoquerons seulement le' témoignage 
de rinscription de Rosette. Ce monument intéressant 
est un décret des prêtres de l'Egypte , qui décerne de 
grands honneurs au jeune roi Ptolémée Épiphanc. 
Ce décret est écrit en hiéroglyphes, en langue et en 
écriture alphabétique égyptiennes, et en grec. 

M. Silvestre de Sacy a publié le premier (2), sur le 
texte égyptien de cette inscription, une lettre qui sera 
très-utile à ceu^ qui voudront étudier ce monument. 
M. Akerblad que nous avons déjà cité , et qui s'est 
occupé de la langue copte avec beaucoup de succès , 
essaya de lire et d'interpréter le texte égyptien de 
cette inscription par la langue copte. En 1802 , il fit 
part au public du résultat de son travail , dans une 
lettre adressée à M. Silvestre de Sacy (3). Les mots 



( i) Notice de Touvrage intitulé : Recherches critiques et htsto^ 
riques sur la langue et la littérature de V Egypte^ par Etienne 
Çuatremêre, insérée dans le Magasin Encyclopédique , et tirée à 
part. Paris, Sajou, 1808, in -8.^ 

(2) Lettre au citoyen Chaptal ^ Ministre de V Intérieur ^ au 
sujet de rinscription égyptienne de Rosette. Paris, de l'im- 
primerie de la République, an X, 1802, in-8^. 

(5) Lettre sur t Inscription égyptienne de Rosette ^ adressée 
au citoj-en Silvestre de Sacy, professeur de langue Arabe à 
l* École spéciale des langues Orientales vivantes^ etc.^ etc. Paris , 
do l'imprimerie de la Hépublique, attX> 1802, ia-8^ 



( 23 ) 

Xru5 , Chémi, Egypte; ^Orpo , Phourô , liai; 

mrpc^ROnrs, Nierphéoui, Temples; OyRÊl, Ouéb, 

Prêtre , qu il trouva dans le texte égyptieq ; ceux de 
ToYRfe, Touêhy Prêtresse; Hn , ép, tribut; jwtlC, 

mes 9 engendrer; î^TOt^, annouii^ divin, que nous y 
avons lus ensuite (i), étant des mots purement coptes , 
et plusieurs phrases que nous y avons analysées, étant 
entièrement et rigoureusement conformes à la gram- 
maire copte , il est bien évident que ce dernier idiome 
est Tancienne langue des lÉgyptiens. Dailleurs la 
grammaire de cette langue, vraiment philosophique et 
unique dans ses règles, porte l'empreinte d'une anti- 
quité très-reculée ; elle est le type admirable de la 
perfection que peut acquérir le mécanisme du langage. 
Si elle ne devait nous conduire qu'à la connaissance 
des liturgies et des martyrologes , qui sont presque les 
seuls ouvrages écrits en copte , Tétude de cette langue 
ne serait pour nous que d'un bien faible intérêt; mais 
lorsque Ton considère que ce n'est que par elle qu'oa 
peut parvenir àla lecture des manuscrits égyptiens que 

(5) C« n'est pas ici le lieu de rendre compte du résultat de Tëtude 
suivie que nous avons faîte du texte égyptien de rinscriptio.i de 
Rosette, et de l'alphabet que nous avous adopté. Nous nous 
occuperons de cet important sujet dans la suite de cet ouvrage. En 
attendant, nous prions le lecteur de regarder comme exacts les 
résultats que nous lui présentons ici. 



( 24) 

possèdent divers cabinets de rEiirope, que peut-être 
elle peut nous conduire à Tinterprétation des Hiéro- 
glyphes avec lesquels elle dut avoir quelque rapport (r ) ^ 
et qu'enfin la connaissance de la religion, des sym- 
boles et des mystères des Égyptiens en dépend pour 
ainsi dire, cette langue se présentant dès- lors avec 
tous ces avantages , ouvre en quelque sorte une 
carrière nouvelle , et se place à la tête des langues 
savantes. 

Cest en l'étudiant et en lisant ses monumens écrits; 
que nous avons eu Tidée de faire connaître l'Egypte 
par les Egyptiens eux-mêmes, et c'est dans les écrits 
des Coptes que nous avons recueilli les noms de la 
plupart des anciennes villes de cette intéressante 
contrée. Ces noms différent essentiellement de eeux 
que les Grecs donnèrent à ces villes. Nous avons déjà 
fait connaître les causes de cette différence ; les 
réflexions suivantes vont prouver que les noms consi* 
gués dans les livres des Coptes furent les véritables 
noms égyptiens. 

Dans tous les tems , les Orientaux ont été regardés 
comme les peuples qui conservaient le mieux les noms 
et les coutumes , et beaucoup de villes anciennes de 
rOrient sont encore connues sous les dénQminatious 
qu'elles reçurent dès les tems les plus éloignés. Quoi- 
que soumises plusieurs fois à des peuples étrangers, 



( I ) Ceci n*est poiut un paradoxe. 



(a5) 
leur langue n'ayant point change , ces nations n^al^ 
térèrent pas ces dénominations locales. lamblique, 
dans son Traité des Mystères « assure que les peuples 
asiatiques persévéraient dans leurs usages , que leurs 
mœurs ne changeaient point , et que les noms de 
lieux ou autres qu'ils avaient adoptés restaient cons« 
tamment les mêmes ( i )• Les Grecs au contraire, 
dit-il , amis de la nouveauté , ne faisaient qu efiQeurer 
les choses sans rien approfondir ; méprisant les autres 

peuples, ils altéraient tout ce qu'ils en empruntaient, 
et le présentaient sous une forme nouvelle (2). 

Cette opinion est confirmée par les faits , et plus 
particulièrement en Egypte qu'ailleurs. 

Sous la domination des Perses , des Grecs et des 
Roinains , les faibles restes de la nation égyptienne 
conservaient aux villes de leur pays les noms que 
leur avaient donnés leurs ancêtres. Les dénominations 
grecques furent seulement en usage chez les Grecs 
établis en Egypte, et chez ceux qui habitaient l'Europe. 

(i) fiapfiofoê cTc fiovifioi roiç ri^tariv on£ç ^ xcuroiç Xoyotç 

^(UC0Ç TOlç ùLvloiç €fJifl€9HTS. lamblich. de Mjster., sec t VU» 
cap. Y, pag. i55 et i56. 

(2) ^rjca rap E^mviç non vmrrijpùnCoiot ^ xeu cnloneç ^poi^ 

70U "K&IclXi/i' auj^e» ^ovreç êpfiet £f eeu/JoiÇy auJ^e o^tp w 

aÇÉfTfib, "TtcLvIcc itajoL jyiv oLçoLTov ejpi^iKoyicLv lUTcu^TThArlacrir 

ld.y cap. V, pag. i55. 



{z6) 
Les Romains les adoptèrent ensuite , et comme Von 
n'a étudié jusqu'ici TÉgypte que par ces mêmes 
Grecs et par ces mêmes Romains , les noms que les 
Indigènes donnaient à leurs villes n'ont pu parvenir 
jusqu'à nous. Mais lorsque sous le khalifat d'Omar 
fils de Khatthab, Ararou-ben-Âlâs se rendit maître 
de l'Egypte , la vingtième année de Thégiro ( i ) , les 
Arabes n'ayant eu que très -peu de rapports avec les 
Grecs et les Romains , ils laissèrent aux villes les noms 
égyptiens que les Coptes leur avaient conservés. Ce 
fut l'analogie de leur prononciation avec celle des 
Égyptiens qui les leur fit adopter de préférence ; 
par la même raison , les Romains avaient conser^'^ 
les dénominations grecques. Outre cela , les Coptes 
ou les Chrétiens jacobites haïssant les Grecs leurs 
maîtres , et professant une doctrine diSerente de celle 
des Grecs qui étaient melkites , ils facilitèrent beau- 
coup aux Arabes la conquête de l'Egypte. Amrou 
reconnaissant , et plus guerrier qu'administrateur , 
confia aux Coptes le soin de lever les tributs et les 
impôts qu'il répartit sur toutes les villes de l'Égyple. 

Les rôles étant faits par des Copies ( 2 ) , ils y em- 
ployèrent les noms égyptiens , et les Arabes les adop- 
tèrent en leur faisant subir cependant quelques légères 



(i) Vers Tan 640 d« l'ère vulgaire. 

(2) Les Coptes remplissent encore ces fonctions en Egypte. 



(=7) 
modifications. Ceci explique pourquoi les noms irrabcs 
des villes et des villages de TÉgypte ressemblent aux 
noms égyptiens ou coptes » et diiierent entièrement 
des noms grecs et latins. 

£n citant ici les noms coptes , c'est donc les vrais 
noms égyptiens que nous ferons connaître. Les sources 
où nous les avons puisés sont authentiques , puisque 
ce n'est qu'en compulsant les manuscrits coptes de la 
Bibliothèque impériale, que nous sommes parvenus à 
recueillir les noms égyptiens de la plus grande partie 
des villes mentionnées dans Hérodote , Strabon « 
Diodore de Sicile , Pomponius-Mela et Ptolémée. 

Les manuscrits que nous avons consultés pour la 
géographie égyptienne sont en assez grand nombre (i). 
Nous citerons principalement un vocabulaire copte en 
dialecte memphitique , provenant de la bibliothèque 
de Saint-Germain (2), qui contient (3) une liste très- 
considérable de noms de villes égy tiennes avec le nom 
arabe actuel. Les noms égyptiens des villes ne sont 
point rangés alphabétiquement ; mais par une heureuse 

(i) Voici les principaux d'entr'eux : n.^6if fonds du Vatican, 
Martyre de Saint Apa-Ari; m^62^ Martyre de Pierre, archevêque 
de Rakott ; n.** 64 , Hist.Lausiaca; n.® 66, în-f.® ; n.® 68, fonds du 
Vatican; n.^5oo, fonds de SL-Germain^ 0.^46, Mss.Thébaiu, etc. 

(2) Supplément, n.^i7. 



(5) F.» pc\&, vers*, et pcjr*, etc» 



précaution du copiste ou de l'auteur, ces noms se 
trouvent classés selon la situation géographique de» 
villes de l'Egypte sur les rives du Nil. Cette nomen-* 
clature commence à 'ï'pz^aji'nx , Ti Raschitté , 

Raschid ou Rosette, et se termine à COYfrit, Souan, 
Syène ( i ). 

Un second manuscrit, en dialecte thébain (2) , plus 
intéressant encore que le précédent, quoique moins 
riche en notions géographiques , oSre la même dis- 
position quant à la classification des noms de villes 
et de provinces , avec cette différence que ces noms 
sont classés dans un ordre inverse. Le premier est 

IlKS^HKffoOcg, Pkahannsoosch 9 nom égyptien de 
rÉthiopie; le Second est nr&t^0Y&2>.^s&, Tanoubalîa, 
la Nubie; ensuite est le nom de Syène. Cette liste est 
terminée par celui d'Alexandrie. 

Le grand intérêt qu'offre ce manuscrit, consiste en 
ce qu'on y trouve le nom grec écrit en caractères 
coptes , le nom égyptien et le nom arabe de presque 
toutes les villes qui y sont citées (3) ; mais ces noms 
grecs sont défigurés. Le tableau suivant, oii nous avons 
rétabli les mots grecs , le prouvera. 

On ne doit point s'étonner de la manière dont ces 
noms de villes furent altérés par le Copte qui écrivit ce 

( ï ) Voyez TAppendix n.* i. 

(2) N.« 44» ancien fonds, £«79 yers6 et 8a rectô. 

(5) VojreL l'Appendix n.« 2. 



( 29 ) 
▼olame : la source où il les puisa pouvait ne pas être 
pure ni exempte de vices d'orthographe ; car les mots 
grecs qui se sont introduits en grand nombre dans 
l'idiome des Coptes, sont assez exactement écrits ( i ). 
Rarement ils sont défigurés de manière qu on ne 
puisse point les reconnaître ; mais le tableau que nous 
présentons ici ne contenant que des noms propres de 
villes » ils doivent nécessairement être plus altérés* 

Nom Grec Nom Grec NomÈgyp. Nom 

du manuscrit, rétabli. ou Copte. Arabe* 

CWOK S;€n» CoYi.K . , Asouan. 

KhriO^ Aa7o^oAi^ C«H .... Asna. 

3kpuL0KiKR . • EffiovQiç 3)cpJUiOK0 Arment^ 

TiOCTIOXîLC . . ÙHQÇ^Q>aç 2^ UO . . . , M4idinM Hou. 

flî^^OC ïlcLvm^ohiç. . . UJuiK . . Akhmim. 

Kzr^^yt Avxm^oXiç. . . ClOOr^. . Osiouth. 

OeyI^OCXOy . . ©âwJ^ariKTToAi^ ToY^O . Tahha. 

JtpSlîROY O^uftryxftç. . . . HeuSï^E. . Albahnasa. 

8pOKtXtOY . . liçsf,%Ki(^ohAç . 8wHC . . . Ahnas. 
^pCEWatt. • . . Aptrivom HlOtx . . . Fayyoum. 

RYnnrOK .... Atyv^oç UcwfiE. . Mau-ouMisr. 

^^E?,&K^pi^. ATiE^dLfJ'paOL. . . Pi.KOTE . TsAandériak. 

^ — ■ — r 

(t) C'est dans les textes égyptiens en dialecte tliébaio qu*oa 
^uve la plus de mots grecs* 



( 3o ) 
Le Copte qui a écrit cette nomenclature curieuse ,* 
n'a mis très- souvent que le commencement du 
nom grec , comme par exemple « A£>^^, au lieu de 
Auxûn^ohJÇy Uofoç pour lïapciMCoT^ç. Cet usage avait 
pris naissance chez les Romains et les Grecs du bas 
£mpire qui, dans leurs itinéraires , n'ont donné qu'une 
portion du nom des villes. Ainsi , Ton y trouve Lyco , 
Laton , Panos , Hdracléo , à la place de Lycopolis , 
Latopolis , Panopolîs , Hcracléopolis. Les anciens 
Égyptiens eurent aussi cet usage. L'on remarque, par 

exemple y 2oY, Hou, elOtkt^O^ Ano en dialecte thébain, 

pour '^fe^-KiW^OY, KôûAi-a/i-Z/ba , nrfi^KXfc^KO , 

la ville de Hou , la Aioç^oXiç des Grecs , qui dans 
notre manuscrit se trouve orthographié Têoç^tCoXêç. 

Un des avantages propres au tableau que nous 
venons de présenter, c'est de fixer irrévocablement la 
situation des villes qui y sont comprises et dont l'em- 
placement était incertain , ou n'était pas démontré 
d'une manière incontestable. Ces renseignemens sont 
d'autant plus précieux qu'ils sont plus sûrs. 

Outre les manuscrits coptes de la Bibliothèque im- 
périale , nous avons eu le soin de compulser ceux de 
la bibliothèque du chevalier Nani de Venise , publiés 
par le père Jean MIngarelli ( i )• Ces fragmens , écrits 

( I ) jlEgjrptiorum Codicum rcliquiœ f^enetUs in bibliotluecd 
Haniand asseryatœ^ Bouoniœ, 1785, iu-4** 



< 3, ) 
en dialecte tbëbaîn , sont tous relatifs à la religion , et 
contiennent des vies de Saints , des parties des Évan- 
giles , et des exhortations chrétiennes. Les Miracles de 
Saint Coluthos et le Martyre de labbé Panesniv ( i ) , 
nous ont fourni quelques indications. Ces fragmens 
en dialecte thébain existaient dans la riche coUectîoa 
de manuscrits égyptiens qu'avait formée dans soa 
musée de Velletri le célèbre et respectable cardinal 
Etienne Borgia , un des plus zélés protecteurs de la 
littérature et de l'archéologie égyptiennes. Ce fut le 
père Georgî , augustîn , qui les publia , comme nout 
l'avons déjà dît, en lygS. 

Tels sont les principaux écrits égyptiens dans les- 
quels nous avons été à portée de puiser les précieux 
matériaux que nous cherchons à mettre en oeuvre 
dans cet ouvrage. Leur authenticité est incontestable, 
puisqu'ils nous ont été fournis par des descendans des 
Ei^ptîens , qui pariaient leur ancienne langue et qui 
rédigèrent leurs écrits en Egypte même. 

On observera sans doute que les noms égyptiens 
des villes , que nous avons extraits des manuscrits 
coptes , ressemblent rarement à ceux que les Grecs 
leur ont donnés , et que la traduction qu'ils eu ont 
feite, constamment infidèle, ne repose presque jamais 
sur aucune base solide, et n'est motivée par aucune 

(0 PobUé^ par k père Georgi déjà cité. 



(32) 

Cfrcon^ance locale. Nous avons dëjà dit que les Grecs 
cherchèrent à retrouver leurs dieux dans le culte reli- 
^eux des Égyptiens , et que leurs préventions et leur 
orgueil national leur persuadèrent qu'ils les y avaient 
trouvés : ils n'avaient aucune notion de la langue 
^yptienne ; les noms des villes de TÉgypte leur 
paraissant barbares, extraordinaires et trop durs pour 
leurs oreilles habituées aux sons euphoniques d'une 
langue mélodieuse , ils voulurent donner à ces villes 
des noms plus conformes à leur idiome et à leurs 
idées ; et recherchant avec soin quelle était la prin- 
cipale divinité qu'adorait chaque ville de l'Egypte ^ ils 
donnèrent à chacune de ces villes le nom de la divinité 
grecque qu'ils croyaient correspondre à celui du dieu 
égyptien dont le culte y était établi. Il en résulta ce 
fait bien remarquable , que deux villes qui , parmi les 
Grecs , portaient un nom semblable , en avaient un 
bien diflTérent chez les Egyptiens. Ainsi Hp^)i77roX/c de 
la basse Egypte était connu, parmi les naturels, sous 

le nom de lï-isu^K^aTp , Plimenliôr; et UJuOyx^, 
Schmoun , était celui de la grande Hp)X)!5"'7roAic de 
l'Heptanomide. Les trois A^pJ'oJ'tBytç^oT^ç des Grecs 
furent dans le même cas. Celle du delta s'appelait 
iXeaîp6&Kl, Athor-Baki, celle de l'Heptanomide 
Ttth^, Tpih^ et la troisième, située dans laThébaïde, 
.estait appelée Asphoun. Sans multiplier les preuves de 

ce 



(33) 
ce que nous venons d'avancer , î1 nous suffira de faire 
remarquer que les noms grecs îacêvloç^QhJç ^ Thîka&ioÇf 
HXiifTroXic , sont les seuls qui rendent exactement la 
signification du vrai nom égyptien de ces trois villes 
célèbres. 

Quant à ceux qu ils n'ont point tenté de traduire et 
qu'ils ont voulu orthographier comme ils les enten-* 
daient prononcer, ils n'ont pu éviter de les défigurer 
et de les corrompre. 

La différence de prononciation est une des grandes 
causes de raltération de presque tous les noms étran-- 
gers que les Grecs ont conservés dans leurs écrits. 
Leur alphabet , très - borné par rapport à celui des 
natioos orientales , n'avait point de signes propres à 
exprimer toutes les inflexions de la langue des Égyp- 

tieas ( 1 ). Plusieurs lettres de l'alphabet de ces der- 
niers étant étrangères aux Grecs , ceux- ci se virent 
dans la nécessité de leur en substituer d'autres qui 
leur étaient propres , et qui rendaient à-peu-près le 
même son. L'aspiration égyptienne ^ , A , appelée 

^opSi Horif parles Coptes, leur était inconnue. Le 
^ * S^^S^ égyptien , qui tient le milieu entre un S 
doux et notre J français , ne pouvait se rendre par 
aucun des caractères de l'alphabet des Grecs ; ils y 
substituèrent tantôt un T, tantôt un Z, comme on le 



( i) Aristides orat JEgjptiaca^ tome II, page 36o. . 

3 



( 34 ) 

voît par les noms de Xe ju KOy^ , Sjemnouti ( ou Ton 
doîé remarquer le m , m , changé en b par les Grecs ) , 
et de 2^t^s, Sjanif orlhograpbiés par les Grecs Sc^r* 
rfloç et Tùi»tç, 

Quelques autre3 lettres ^ particulières à l'alphabet 
ëgyptien , n'ont pu être exprimées par les Grecs ; 
tel est le oj , Schei , Ch français , auquel ils ont 
substitué leur % , Chi ( i ) « comme dans "^jul^s^» 
Schmin , qu'ils ont écrit X€fJtj44ç. Nous citerons 
encore un passage de Plutarque qui , dans son Traité 
d'Isis et d'Osiris , nous fournit un second exemple du 
^ grec , mis à la place du tyts , Schei des Égyptiens. 
« Les Grecs , dit cet auteur , consacrent le lierre h 

• Dionysos ( 2 ) ; cette plante s'appelle dans la langue 

• des Égyptiens Xvivo^iifiç^ ce qui, selon eux, signifie 
» Plante d'Osiris. » On reconnaît en effet dans 
Je mot grec orthographié X^oç-apiç , le mot égyptien 
UJojHît, Schén, plante (S), qui, réuni au nom d'Osiris, 
ÛYCSp^f doonait UJcyKKOYCXps, Schénousiri, ou 



(i) Les Grecs modernes prononcent le % comme le ch allemand 
dans les moU achtvng , respect; stoechen, piquer^ percer : s'il 
^ était ainsi chez les anciens Grecs , la difFéuence entre le nom 
grec et le nom égyptien ne serait pas très-grande. 

(2) Bacchus des Latins. 

(5) Ce mot se trouve employé avec cette signification dans It 
tersioa copte de la Genèse, "XSMf x3| et ailleurs. 



( 35 ) 
plus régulièrement IJfajRî^wOYCSps, Schênnoustri ^ 
a?ec l'article indicatif du génitif, Plante d'Osmis. 
Qaant aux lettres égyptiennes ^, Khei^ et c\, Fei, 

elles se trouvent rarement employées dans les noms 
égyptiens des villes. Nous observerons seulement 
quà la place du ^ES , Fei ^ égyptien, les Grecs se 
servirent de leur ^ Phi, comme dans 'Msfi^tç^ en 
égyptien Dxc\s , Méfi , et dans Om^iç , en égyptien 

n&KOYq , Panouf. L'articulation du PES manquait 

à leur alphabet. 

Les articles égyptiens ÎT» c|> et ^ furent ortho- 
graphiés par les Grecs de diverses manières. Ils ren- 
daient très-bien par leur ^ le ^ égyptien , mais il n ea 
ëlaît point de même de n ou nS : tantôt ils l'ont exac- 
tement exprimé par leur II , tantôt ils Font corrompu 
en y substituant B ou B^;^ comme dans Baj^xT^Çy 1^ 
nifc&C*\, Pibasti^ des Égyptiens; enfin au ^, ti^ ils 
ont très -souvent substitué leur T ou leur , soit qu'il 
se trouve au commencement d^un mot comme article ; 
soit au milieu ou à la fin comme simple lettre ou 
comme abréviation ; car il ne nous paraît pas encore 
décidé si '^ n'est pas une véritable lettre égyptienne, 
ou bien si, comme le lam-alif des Arabes, ce n'est que 
la réunion de deux signes alphabétique, ainsi que 
l'assurent quelques grammairiens. 

Parmi les Égyptiens , les articles employés sous anp 



(36) 
forme particulière tenaient lieu du mot ^qXjlç , qui se 
trouve toujours à la fin des noms grecs des villes de 
FEgypte, Ainsi le nom égyptien de la Aeûûvloç^oXtç des 
Grecs, la çWedu Lion^ était le mot juOys, moui^ Lion, 
précédé de l'article féminin ^ ou 9 , qui indiquait 

que 9«OY5 se disait pour 96^KX ituOYj , Ihhdki 
anmoui, la i^ille du Lion. Il se pourrait aussi que 
le 9 fût mis au commencement du mot , à la place 
de 95., espèce de pronom qui quelquefois indique 
la possession ; ( i ) ainsi O^uOtS , Thamoui, ou ea 
abrégé) OjulOtX* aurait signifié celle gui appartient 

au Lion , B&KS t Baki^ ville , étant toujours sous^ 
entendu. Ce qui rend cette explication assez plausible, 
c'est qu'on trouve en Egypte deux villes appelées 
n«>KOYq, Panovf; et dans ce mot, ns, qui est naas- 

Gulin, semble indiquer que JUê^, ma, ou KB^^^> *^^*» 



(i) Dans r^vangtle de Saint Mathieu, ch. I, vers. 6, on trouvt 
un exemple de O^» , employé dans le sens que nous lui donnons . 

KCCE ^B *^c:\3is4>^. ^.2^TS!^ Tiorpo, :t.z>t\'^ ^^ 
x.q':*^^)^ CO^OJUOK È&o^J^EK ^^>OYps^C ; ^^^'^ 

engendra le roi David , et David engendra Salomon, È6O A^ 
^5.0 Ypi&C , de celle qui appartenait à Uri , sous - «ï»^®" ^ 
Ç^\%X\^ femme , de la femme d*Urî« 



(37) 
lieu, est sons-entendu, et qu'on disait n^Korq («i)t 

Panouf, celui du Bon , au lieu de lïsJu&KKOYqX^ 
Pimannoufi , locus Boni , le lieu du Bon y ou bien 
simplement Ust^OTqS, Manoufif lieu du Bon ou lieu 
bon. Le nom de Manouf , que porte encore une de 

ces deux villes que nous trouvons appelées Panoiif 
dans les vocabulaires coptes , nous autorise k croire 
que les anciens Égyptiens rappelèrent indifféremment 
ïl&nOYq, Panouf, ou bien U&KKOrcjî, Mannoufi, 
mots qui ont la même signification. 

Si les Grecs ont altéré les noms égyptiens, parce 
que leur alphabet n'était pas assez nombreux pour 
rendre tous les sons de la langue égyptienne , il n'en 
a point été ainsi des Arabes. 

Ce peuple, voisin de TÉgypte , eut avec elle, dès les 
tems les plus reculés, des relatioos commerciales, et 
fut tantôt son allié , tantôt un de ses ennemis les plus 
redoutables. Les rapports intimes qui existèrent entre 
les Égyptiens et les Arabes , firent que plusieurs mots 
leur furent communs ; et c'est de ces mots propres 



(0 C'est ainsi qu'est formé îTS^OJ^XE^, époux. ^OJ^X^nr 
eo^ar&?v£nr signifie épouse; par conséquent TTS, celui qui 
oppartient a, placé devant nTOJETs.ET, formera TT&TOJ^AtTp 
celui qui appartient à l'épouse t c'est-à-dire V époux. Nous citerons 
tncoie cJ>&K&^, iiUellecMl, formé de Kî^^, intellect; etc. 



( 38 ) 
aux langues de ces deux peuples , que quelques savant 
ont eru pouvoir conclure que le copte n'était qu'ua 
jargon informe , un composé îrrégulier de grec , de 
latin et d'arabe. Mais cette opinion n'a aucun fon- 
dement, et les mots qu*on remarque dans Tégyptiea 
et dans Tarabe , et avec la même acception , sont 
justement attribués au voisinage des deux nations. Il 
eu est de même par-tout ailleurs. 

A Tépoque où les Arabes firent la conquête de 
VÉgypte , ils avaient un alphabet qui contenait les 
ëquivalens de presque tous les élémens de celui des 
Égyptiens ; et Ton peut remarquer ici que les alphabets 
des Orientaux ont presque tous le même nombre de 
lettres , et que leur ressemblance est parfaite , consi- 
dérés dans les signes destinés à rendre ces inflexions 
gutturales qui manquent ordinairement aux alphabets 
de l'Europe. 

Nous avons déjà dit pourquoi les Arabes adoptèrent 
les noms égyptiens des villes que les Coptes avaient 
conservés, plutôt que les noms qui leur avaient été 
donnés par les Grecs. Toutefois , en les adoptant, les 
Arabes les soumirent au génie et aux règles de leur 
langue , et comme les Grecs , ils cherchèrent aussi à 
trouver dans leur idiome la signification de ces noms. 
C'était le propre des Grecs et des Arabes de vouloir se 
retrouver par-tout , et ceux-ci se trompaient tout autant 
que ceux-là , car la langue égyptienne difière peut-être 



(39) 
plus de Tarabe que du grec , quoique les grammaires 
grecque et égyptienne n'aient entr'elies aucune simi- 
litude ( 1 ). 

Lies altérations que les Arabes ont fait &ubir aux 
noms égyptiens , sont cependant peu considérables ; 
le génie de leur langue les rendait bien sou?ent 
nécessaires. 

L'alphabet égyptien renfermait plusieurs lettres qui 
leur étaient inconnues; telles sont l\ p, O o, et cit ô. Us 
leur substituèrent leur b et leur oUf et o fut quelquefois 
remplacé par a. Ainsi ces noms égyptiens n2>.î\2.^0» 
Panaho, UJoTiT , Scfiotp, Kcue^ A"(J^, furent rendus 

par Banaha, Schothb , et Kous^lie '^^ genga^ leur 
parut tenir le milieu entre leur ssâd et leur schin , et 
ces deux lettres furent employée» indifféremment à la 
place du ^, comme on le voit parles mots S^b^ttsC^î^» 
Sjap€isen , X2>xts, Sjani , qu'ils écrivirent Schahas et 
Ssdn. Au lieu de ces deux lettres , ils se servirent 
quelquefois du sin^ comme dans Samannoud, pour 
2Se45lî^OY^, Sjamanoudi ou Sjemnouti. 

Us remplacèrent aussi le ^ hori égyptien par leur 
hi et leur Ma; nods citerons pour exemple TOY^o, 
Touho, et 8oY, hou, qu'ils ont rendus par Thahha et 

Hou. 

- - — ■ - ■ 

(i) Barthélémy, dans les Mémoires de V Académie des Inscrip' 
lions et Belles-Lettres ( tome XXXII, page 212 ) , présente uu» 
série de mots communs à ces deux langues. 



(40) 

Le kha arabe exprimait exactement le son du ^ , 
Khéù des Égyptiens ; aussi ont-ils bien orthographié 
les mots où se trouvait cet élément , tandis que les 
Grecs ont été dans l'impossibilité de le faire. Le nom 
de la ville de C^DcuOT, SkhAou, en est une preuve 
frappante. Les Arabes Tont écrit Sakha et les Grecs 
goif, parce qu'ils ne pouvaient pas rendre, comme les 
Arabes , le sop pjtlatal du \>Z\ , Khéi égyptien. Les 

deux lettres égyptiennes ^ et ^ éprouvèrent aussi 

des modifications chez les Arabes. Ils ont presque 

toujours écrit D là où les Égyptiens écrivaient T , et 

les Grecs T ou par corruption. Il est facile d'en 

donner la raison. Les Coptes confondaient le T avec 

le D, et ils prononçaient presque toujours 7* comme D. 

Il est même prouvé que cette dernière lettre est abso* 

lument étrangère à leur alphabet propre, puisque tous 

les mots employés dans leurs livres , où cet élément 

alphabétique se trouve , sont étrangers et n'appar- 

tiennent point à la langue copte. Les anciens 

Égyptiens avaient pour elle la xnètne répugnance ; 

OQ en trouve la preuve dans le texte égyptien 

du précieux monument de Rosette. Dans la partie 

grecque de cette inscription, il est question d'Areïa, 

fîlle de Dîogène , Canéphore d'Arsînoé Philadelphe , 

KflCWï^ojDou Apcrtvoifiç ^iXaJ'û^v Apnictç mç Aioyetfouç ; 

la partie du texte égyptien qui est la traduction de ce 

passage grec, porte areîe tischeri tîeknô fai...... 



( 4i ) 

CHîliBC (i). On voit que le mot grec £U(yymiç est rendtt 
en égyptien par nTHEKt^cu , et que le A des Grecs a 
été remplacé par le ^ égyptien (2). 

£n faisant cette remarque , on ne trouvera point 
de différence notable entre la T&^vpct des Grecs et la 



(1) Lignes 5 et 4- On trouve dans cetle phrase le mot égyptien 

^U]tp\ , Tischéri , exprimé dans l'inscription par une abré- 
viation qui est constammeat employée toutes les fois qu'il faut ae 
servir du xaotJiUe {^Akerblad^ pages^). Trois lettres égyptiennes 
ajaat la valeur de Fjêi terminent la troisième ligne de l'inscriptioii* 
Ces lettres étaient le commencement du mot égyptien qui traduisait 
le mot grec Kfltwi^opou, Canéphore (porte -corbeille). Fai est en 

effet le verbe égyptien iZ>\ , Fcd , porter ( portare , ferre » 
tollcre , Lacroze ). Une fracture de la pierre a fait disparaître b 

commencement de la quatrième ligne. Le mot qui exprimait 
corbeille n'existe plus ; la quatrième ligne commence par les lettres 
HREC, qui sont le reste du mot i\pCHt^EC que nous avons 
îestîtué par JUL^pCRKEC , conformément à l'orthographe de ce 
mot, qui se. trouve encore ligues 2, 4, 6, etc., et que nous avons 
fait précéder de iUL ( am ) , qui indique le génitif. 
(2) Nous remarquerons encore que dans le mot 1 HEKttCIT ^ 

comme nous le lisons ( M. Akerblad lit TxOKKE ) , Yepsilon 
<ia mot grec Aioyevuç est supprimé dans le mot égyptien. Il en 
est de même dans le nom grec BepeiftKnç qui , dans le texte 
égyptien, est écrit BpKRKEC, B^iKÈs^ où les deux epsilon 
loat aussi supprimés. 



(4*) 

Dendérah (i) des Arabes» Les premiers ont exac- 
tement orthographié en grec le nom égyptien , et les 
seconds nous en ont conservé la prononciation , ce 
qui est beaucoup mieux, sous plus d'un rapport. 

Enfin , l'article égyptien ^ fut écrit Da par les 
Arabes , comme dans Damanhour , en égyptien 

•i^JUi^H^ Wp , Timanhôr. 
Toutes ces permutations de lettres consonnes sont 
^ très-peu importantes par elles-mêmes ; mais leurs règles 
extraites de leur emploi dans les mots et soumises à 
des épreuves qui les confirment , nous offrent un grand 
intérêt, puisqu'elles nous donnent les moyens d'ortho- 
graphier en lettres égyptiennes un nom égyptien de 
ville dont nous n'avons que la corruption arabe. 

Quant aux voyelles égyptiennes , les Arabes les ont 
très-souvent confondues. Dans les mots arabes, a rem- 
place les voyelles égyptiennes O et en , et quelquefois 
même la diphtongue a\OY, ôou; les permutations de JS 
en /, et de A en E, sont très-ordinaires. Mais on n'en 
sera point étonné, lorsqu'on observera combien est 
fréquente dans la langue égyptienne la permutation 
d'une voyelle en une autre. Dans les livres coptes , on 
trouve indifféremment HTT, OTt, œTf, pour exprimer 

l'idée de compter; R^^aj , Rcuaj , briser; AtUCt 
X2^CJ A^C, mettre en pièces; Ml>\^ Ues , aimer ^ 
et une grande quantité d'autres exemples. 

( I } Ville de la haute Egypte. 



( 43 ) 

Quelques autres changemens que les Arabes firent . 
subir aux noms égyptiens , eurent pour cause la nature 
même de leur langue , et les règles d^euphonie qu'ils 
s'étaient faites. C'est par ces motifs qu'ils retranchaient 
très-souvent les finales des mots , sur-tout lorsqu'ils 
étaient terminés par des voyelles. 

n est encore une observation bien importante & 
faire : les Arabes ont ajouté , par euphonie , un A 
(Alif) au commencement de tous les noms égyptiens 
qu'ils ont conservés ; tels sont , par exemple , Abousir^ 
Athfihh, Akhmim^ Asna, Asouan ou Osouan, et ua 
grand nombre d'autres. 

Les Orientaux, et plus particulièrement les Arabes; 
font usage de cette addition d'un a initial pour les 
mots qu ils empruntent d'une langue étrangère. C'est 
ûnsi, comme l'observe très -bien M. Sylvestre de 
Sacy (i), qu'ils ont fait subir cette modification aux 
niots grecs xAifwt, ço/ix^ qu'ils écrivent Ahlim et 
Astoum (2). Cet usage des Arabes, constaté par 
beaucoup d'exemples , empêche de croire que Y Alif 
ajouté au commencement des noms des villes de 
l'Egypte, remplace l'article égyptien indéfini Ov, oup 

(0 Lettre au citoyen Chaptal ^ sur le Texte égjrptieM. de 
t Inscription de Rosette j pages i5 et 16. 

(3) Les Arabes prononcent ces deux mots Iklim et Ostoum. 
Nous les avons oithographiés comme ils les écrivent, pour mieux 
f^ sentir l'addition qu'ils y ont faîte. 



comme sembleraient rindiquer les Doms Oschmoun et 
Osiouth, dont TAlif initial est affecté d'un dhamma. 

Les noms égyptiens ont quelquefois été traduits par 
les Arabes, et leurs traductions sont à -peu -près 
exactes. Ces diverses circonstances inspirent une 
grande confiance dans les noms qu'ils donnent encore 
aux anciennes villes de l'Egypte , et l'on ne saurait 
trop remarquer la fidélité avec laquelle ils les ont 
conservés; et en cela, non -seulement leurs nomen- 
clatures sont d'accord avec les noms que les Coptes, 
de&cendans des Egyptiens , et les Grecs leur ont 
donn^ , mais encore avec ceux que Moïse , égyptien 
de naissance, et tous les Propbêtes nous ont transmis 
dans les textes hébreux des livres saints» 

Nous aurions bien désiré présenter ces noms écrits 
avec les signes propres aux langues auxquelles ils 
appartiennent ; mais cela ne nous a pas été possible , 
et nous avons été forcés de renoncer à quelques-uns 
des avantages que nous y aurions trouvés. Nous avons 
cherché un moyen de compensation qui ne fît rien 
perdre à nos recherches de l'intérêt qu'elles peuvent 
présenter, ni aux discussions auxquelles elles don- 
neront lieu , rien de la clarté et de Tordre qui leur 

sont nécessaires • 

Nous avons exprimé les noms arabes en lettres 
latines; nous devons rendre compte de la méthode 
de permutation que nous avons adoptée. 



1 



U5) 
Après avoir étudie celle qui a été publiée par M. le 
sénateur Volnej (i)» celle de Williams Joues, pré- 
sident de la Société Asiatique de Calcutta (2) , celle 
que M. Langlès ( dont je me rappelle avec reconnais- 
sance les savantes et utiles leçons ) a insérée dans son 
édition de Norden ( 3 ) , enfin celle qu ont préférée 
les rédacteurs de la Description de F Egypte ( 4 ) « j'^ 
adopté en partie la méthode de M. Langlès. Il parait 
utile de présenter ici le tableau des lettres arabes doot 
l'alphabet latin ne peut exprimer la valeur par un seul 
élément; ce tableau fera connaître en même tems la 
méthode de transcription dont nous avons £ail usage« 



(t) Simplification des Langues Orientales , ou méthode aou- 
felle ei facile d'apprendre les langue^ Arabe , Persane ei 
Turque , ayec des caractères européen^, — Paris , de l'Ia- 
primftrie de la République, an III, ia-8^. 

(2) Recherches Asiatiques ^ ou Mémoires de ta Société établie 
au Bengale pour/aire des recherches sur Vhistoire, les antiquités^ 
les arts et les sciences de l'Asie ; traduction de Labaume* Faris^ 
Impr. Imp. , introd. tome I, pag. XXY et suivantes. 

(S) Cet ouvrage contient de nombreuses et savantes rechercfaea 
de M. Langlès , qui rectifient plusieurs observations de Norden« 

(4) A la fin de TAvertusement qui accompagne la Préface 
historique de M. FoubxeR| en tète du premier volume des plancher 
d'Aatiquités. 



I 



(46) 

Tir Valeur »^ ., 

J\om et Manière 

j^ représentation ^^ 



la Lettre arabe. Lettres latines. pronOUCer. 

Tsa. Ts Le TH dur des Anglais. 

HHa. . .^ . . • HH Du gozier, forumetu esffirée. 

^^^ Kh Grasseyement palatale 

^^^ Dz LeTH doux des Anglais. 

^^^''» • • Sch CH Français. 

-«»" A, I, O, OU . roj-elUs très^gutturaUss. 

^hain GH. R grassexéeàlaprorençaU. 

SSad. ..:..; SS S très-dur. 

J>f*ad DH D très-dur, 



Tha TH . T très-dur. 

^^o, DH. D très^ur. 

"^ H H doucement aspiré. 

Les lettres de Talphabet arabe qai ne sont pas 
comprises dans ce tableau , ont leur équivalent simple 
dans des lettres latines. 

Les mots et les passages grecs cités dans le cours 
de nos recherches étant exprimés en caractères grecs, 
nous n'avons aucune remarque à faire à ce sujet. 

L'importance que présentent les mots et les citations 



( 



< 47 ) 
topteSy sur lesquels notre travail est fondé, nous ont 

fait regarder comme très -avantageux de pouvoir les 
donner avec les caractères originaux; et c'est en raison 
de cette même importance qu'il nous a paru indis« 
pensable de mettre tous les lecteurs à même de les 
connaître. La langue copte ou égyptienne ëtant très- 
peu cultivée , et ses élémens alphabétiques peu 
répandus , nous avons cru utile de les présenter 
ici dans Tordre et avec les noms adoptés par les 
grammairiens. 

Nous rappellerons à ce sujet que la langue copte est 
réellement la langue égyptienne écrite avec les carac- 
tères grecs , et nous ajouterons les remarques suivantes. 
L'alphabet égyptien , proprement dit , se composait 
de 20 signes ( i ). 

On sait que les Égyptiens s'en servirent jusques à 
fépoque où ils adoptèrent Falphabet grec. Des 24. 
ëlémens qui composent celui-ci, 18 correspondaient 
exactement à la valeur d'autant de lettres des Égyp- 
tiens ; les six autres étaient étrangères à leur langue. 
Toutes ayant été adoptées, Talphabet grec le fut 
entièrement, et le nombre de ses signes resta fixé 
à 24 ; mais comme ils étaient insufiBsans pour rendre 



(i) Plutarque l'a dit expressément. Nous prouverons ailleurs 
que co rapport de Plutarque est fidèle , et nous développorous plut 
au long cette analyse de Talphabet copte. 



( 48 ) 

qnelques inBexîons de la langue dès Égyptiens, ces 
derniers conservèreot ceux de leurs signes alphabé- 
tiques qui étaient destinés à exprimer ces inflexions 
étrangères à la langue des Grecs. Ces signes étant au 
nombre de sept, furent ajoutés à l'alphabet des Grecs, 
et par-là Talpbabet copte fut composé de 3i lettres. 
Cest dans cet état qu'il nous est parvenu ( i ) ; il se 
compose donc , 

. I .^ De 1 8 signes grecs qui ont exactement remplacé 
la valeur d'autant de signes égyptiens ; 

z.^ De 6 signes grecs , entièrement nouveaux pour 
les Égyptiens, qui ne les ont employés que dans les 
mots grecs ou latins qui ont passé dans leur langue ; 

3.® De 7 signes appartenans à l'ancien alphabet 
égyptien (2) , et exprimant des sons étrangers à la 
langue grecque. 

Ces trois séries correspondent à Tétat actuel de 
Talphabet copte. Nous nous sommes attachés à les 
faire remarquer dans le tableau suivant ; et pour y 
parvenir, nous avons indiqué les signes de la seconde 

série 

(i) Nous ne regardons pas comme une lettre le signe kT, xo, qui 
n'est autre chose que le chiffre copte 6 , et qui a été mal-à-propo$ 
compris dans l'alphabet , puisque on ne le trouve comme lettre 
dans aucun manuscrit copte. 

(2) Nous reviendrons sur ce sujet dans nos recherches sur lee 
écritures des Égjrptiens. 



( 49 ) 
série par une f , ceux de la troisième par une * ; les 

signes de la première ce sont précédés d'aucuae 

marque particulière. 

ALPHABET COPTE. 



Figure. ■ Nom copte. 



D &. . . . 

t r r T- 
t ^ ^... 

Oc C • • • 

t %•»••• 

H K 

9.... 

1 \ S. . . . 

R K 

«\ A« • • • 
U ML jÙl 

HK K.. 

t 2^v • 

o 6.. 

H iT. . . . 
-P p . . . . 



es 



Ht*. . . 

9ST&. . 

Us... 
Hs... 
£s... 
O... 
Hs... 
Po... 



Alpha 
Vida . 
GatJima 
Dalda 

TE* • 

Zida • 

Thida. 
lauda. 
Kahba 
Laula. 
Mi... 

m... 



Exi • • 

C/, • m.» 

Pi... 
Ro . • • 



yàleur. 

: A. 

. B. V. 

. G. 

. D. 

. E. Â bref. 

. Z. 

. /. Al, «le 

. Th, 

. J. 

. K. 

. M. 



N. 

X. 

O bref» 
P. 
A. 



(50) 

Figure, Nom copte. Valeur, 

C C. . . . Csw5^. . . . Sima , , , S. 

*r T T TfcY Bau T. D. 

t T r -TS Tt Vt U. 

^4>.... 'Ï>S PJU.,,.* PH. 

«X> jK • • • ^^ •••••• Ch • • • » • CH» 

t ^ '^l Epsi PS. 

UlaT.., UI Ô long. 

* W Sï- • • W^^ • • • • ^^^^* • • • ®^^ allemanch 

* ^ q.... ^u Fei F. 

* t> i> 3 t>tî Khei ... Kh. 

* &^ 8op\ Hori.... H. 

* X îjfi . . . 2Cs.n>css . Sjansjia . SJ. 

* o.... 0\tM>.... Scima. . . S fort 

* i^i:-.. i^s JD^i: Di,etTî. 

Telles soDt les notions que nous avons cru devoir 
réunir ici sur le plan et le but de cet ouvrage. Noug 
les regardons comme suffisantes pour en faciliter la 
lecture. Ces notions offriront encore un avantage dt 
plus , si elles contribuent à répandre le goût de la 
langue égyptienne , en excitant le z^èle de quelque 
philologue , et en rengageant à diriger ses travu ^ 
vers Tétude d'une langue qui doit conduire à la 
^coQoaissaaae des antiquités littéraires de TÉgypti. 



•m^'mtmmmÊ^tmmmm^-^am 



CHAPITRE PREMIER. 

jDe V Egypte et de ses dwisions naturelles 

et politiques. 



J.J01 



►RSQU^DK veut porter ses recherches sur les tems 
passés, les difficultés s'accroissent en raison directe 
de la distance qni nous sépare des anciennes époques 
historiques. Elles augmentent sur -tout, quand le 
peuple que Ton veut étudier, séparé de nous par un 
grand nombre de siècles , ne nous est connu que par 
les rapports des nations étrangères/ On ne saurait 
donc, sans avoir de nombreux obstacles à surmonter , 
présenter un tableau fidèle du pays qu'habita ce même 
peuple. Lia contrée célèbre dont nous essayons ici de 
retracer l'ancien état, l'Egypte, en changeant continuel- 
lement de maîtres , essuya de longues et de funestes 
révolutions. Tantôt soumise à un conquérant, elle fut 
réunie à son empire ; tantôt courbée sous un joug 
étranger, elle semblait cependant renaître, et formait 
un Etat indépendant. Il n'est donc point étonnant que 
ce pays soit aujourd'hui si différent de ce qu'il était 
lorsque des hommes parvenus à un très- haut degr^ 
de civiiisatioa , «econdaient de tpiy jeurs cfforU la 



(Sa) 

nAture dëjà si puissante dans cette terre fayorisée di 
ciel. Les périodes de malheurs quelle a parcourues, 
ont changé la plus grande parlie de son territoire 
en un vaste désert, qui accuse hautement Tavarice 
de ses maîtres. Le peuple qui Fhabita dans les tems 
de sa prospérité , a laissé sur les rivages du Nil des 
traces immortelles de son existence ; ides hommes 
abrutis et dégénérés foulent aujourd'hui à leurs pieds 
les ruines magnifiques des monumens qu'élevèrent 
autrefois ceux qu'ils osent appeler leurs ancêtres. 
L'Egypte des Turcs est bien loin de ressembler à 
rÉgjpte des Pharaons. C'est sa description sous ces 
rois puissans que nous allons présenter ici. 

L'Egypte est, à proprement parler, une longue 
vallée qui , du midi au nord, en suivant le cours du Nil» 
s'étend dans l'espace de plus de six degrés. A f is^"^ 
nord de cette vallée, le pays s'élargit et donne passage 
aux différentes branches entre lesquelles le fleuve so 
divise pour se rendre dans la mer ; ce qui ajoute * 
l'étendue de l'Egypte un degré et demi en latitude. 

Les bornes précises de cette contrée sont extrê- 
mement difficiles à assigner , parce qu'elles ont van» 
presque à chaque époque de son histoire. Cependao* 
il en est d'immuables que la nature a placées elle-i 
même pour séparer ce pays fertile des déserts slénles 
qui l'entourent presque de toutes parts. On voit ea 
efiet au midi les cataractes , chutes du Nil très-p^'* 
considérables qui sont entre la ville de Syènc et Ui* 



( 55 ) 
de Phîlae , au 24«* degrë 5i minutes ^ secondes de 
latitude. Au nord se trouve la mer Méditerranée, qui 
baigne leâ côtes de TEgypte et reçoit les eaux du Nil 
par Bopt embouchures. Une chaîne de montagnes la 
sépare , à Toccident , des sables de la Lybie ( c ) , et 
a reçu de sa position le nom de Chaîne Lybique. Enfia 
la chaîne Arabique, parallèle à la précédente, borne 
VÉgypte Vfers Vorient. 

Mais ces limites naturelles de TÉgypte n'en ont 
point été constamment les limites politiques. L'am- 
bition des peuples voisins a pu les resserrer , comaie 
l'ardeur guerrière de quelques rois égyptiens put , dès 
les tems les plus anciens, les étendre au loin. C'est ce 
que divers auteurs ont consigné dans leurs écrits. 
Ammien Marcellln nous apprend que dans les pre- 
miers tems , c'est-à-dire avant que les Perses, les 
Grecs et les Romains eussent conquis TÉgypte , co 
royaume était divisé en trois provinces principales , 
^Egypte proprement dite, la Thébaïde, et la fybie (2). ^ 
Manéthôn , prêtre égyptien de Sebennytus , qui , sous 
Ptolémée Philadelphe , a écrit l'histoire des anciens 
rois de son pays , assure que la Lybie fut soumise aux 



(i) Dîodore de Sicile, liv. I, page 26. 

(2) Très provincias AEgj^ptus fertur habuisse temporibui 
prisds, jlEgjrptumipsam^etThebaidem^ etLjbiam* Ammîea 
MarseUiii, Uv. XXII. 



r 



( 54 ) 

Égyptiens dèft la plus haute antiquité. Il rappelle ( i ) 
une révolte des Lybiens contre le pharaon Nekhé- 
rophès , premier roi de la troisième dynastie égyp-* 
tienne ^ et chef de la première famille memphite qui 
monta sur le trône d'Egypte. Ce prince, selon le calcul 
de Manéthon , commença de régner 5i52 ans avant 
Tère vulgaire : sans discuter ici cette époque, il résulte 
cependant du rapport de cet historien , que dès Torî-i 
gine même de la monarchie égyptienne , la Lybie était 
sous la domination des rois d'Egypte. Mais le nom de 
Lybie ne doit point être pris ici dans son accçptioa 
ordinaire , et il ne faut pas croire que tout ce que les 
anciens ont connu soys ce nom , appartînt autrefois 
à rÉgypte. Par la Lybie égyptienne , nous devons 
iseulement entendre tout le pays qui s'étend depuis 
rEgypte proprement dite, jusques à Siouah ou 5a/i* 
taryah, et aux Ouahhat ou Oasis, peut-être même à 
^udgèlah. On voit en effet . dans les écrivains de 
l'antiquité , que les Oasis faisaient partie de l'Empire 
égyptien ; les ruines égyptiennes que les voyageurs 
modernes y ont trouvées, principalement à Siouah (2), 
ne laissent aucun doute à cet égard. 

Outre cette partie de la Lybie, l'Egypte commandait 
encore aux peuplades errantes dans le territoire situé 

( I ) Manetho apud Eusebium. 

(a) Horuemann, Foyage dans tJJriquc septentrionale, 
•hap, !.«', scct 5. 



(55) 

entre le Nil et la mer Rouge ; et dans les terni de sa 

splendeur , c'est-à-dire sous les règnes de Sésookhris 

et de Séthosis-Ramessès , plus connus sous les noms 

d'Osymandias et de Sésostris , des contrées lointaines 

dépendirent de l'Egypte, et plusieurs peuples vaincus 

reconnurent Tautorité de ces souverains victorieux* 

Mais cette puissance considérable et cette grande 

étendue de domination furent bientôt anéanties. Oa 

vit le sceptre faiblir dans les mains des descendans de 

Séthosis, et bientôt leur pouvoir ne fut reconnu que 

dans rÉgypte proprem>?nt dite. Nous ne nous occu«» 

perons plus que des bornes et des divisions de cette 

contrée. 

Le nom d'égypte ne s'appliquait qu'au pays que 
couvraient les eaux du Nil pendant son débordement. 
Telle était Topinion des anciens Égyptiens, comme 
le rapporte Strabon (i) : ils ne donnaient, dit-il, le 
nom d'Egypte qu'à la contrée que le Nil arrosait dans 
son cours , depuis les environs de Syène jusques à la 
MédUerranée. Hérodote est encore plus précis à cet 
égard; il raconte un fait qui vient à l'appui de ce que 
nous venons d'avancer (2). Les habitans de Maréa et 
à*Àpis, villes situées sur les frontières occidentales de 
rÉgypte, du côté de la Lybie, et à peu de distance du 
lieu où Alexandrie fut ensuite bâtie , étant gênés par 

(i> tir. XVn , page 790. 



> 



V' 



( 56 ) 
quelques usages religieux\établls psirml les Égyptiens ; 

envoyèrent des députés à l'oracle diAmmon. Ils lui 
représentèrent que leurs compatriotes, habitant hors 
du Delta , et parlant une langue qui n'était pas celle 
de rÉgypte (i), ils ne devaient point être considérés 
comme égyptiens , et qu'en conséquence ils croyaient 
pouvoir se dispenser de suivre les coutumes égyptiennes 
quileur paraissaientpréjudiciables.Mais Ammon , moins 
juste que politique , rejeta leur demande , et leur dit 
expressément , « que tout le pays que le Nil couvrait 
% dans ses débord emens ^ appartenait à F Egypte ; et 
^ que tous ceux qui, habitant au-dessous de la i^illô 
» d* Éléphantine ( située à l'extrémité méridionale de 
D rÉgypte , vis-à-vis de Syène ) , butaient des eaux 
% de ce^eui^f étaient égyptiens. » 

En s'attachant à la lettre de ce passage , on croit 
d'abord trouver l'oracle d'Ammon en défaut , en remarr 
quant que les babitans de Maréa et d'Apis étaient trop 
éloignés du Nil pour en boire les eaux et pour les voir 
fertiliser leur territoire sablonneux. Mais en expliquant 
cette réponse de l'oracle selon le sens que le dieu 
égyptien lui donnait, il en résulte que, quoique lo 
débordement du Nil n'arrivât peut-être point alors 



( I ) Ils parlaient ridiome en usage dans la partie de la Ljbie * 
dont ils étaient voisins ; cet idiome n*est autre chose que la 
langue Berbère ^ encore existante dans ces cantons. 



(57) 
jusqu^aux environs d'Âpis et de Maréa, lears babiiaM 

étaient cependant égyptiens , puisqu'ils en buvaient 

les eaux , qui étaient conduites dans leur ville par le 

meyen de canaux pendant le tems de la crue du fleuve, 

et qu'ils les conservaient ensuite dans des citernes 

pour toute Tannée. C'est ainsi qu Alexandrie , ville 

voisine et située dans un territoire aussi aride que 

celui d'Apis et de Maréa , était autrefois et est encore 

de nos jours approvisionnée de toute Teau nécessaire 

à la consommation de ses babitans. Alexandrie, qui 

porta d'abord le nom de Rakoti, a toujours appartenu 

à TÊgypte ; Tétendue de cette contrée est donc bien 

indiquée par le Nil et son débordement. 

Au midi , TÉgypte proprement dite commençait , 

selon Hérodote (i), aux Catadupes ou petite cataracte, 

et à la ville d'Élépbantiue. Du tems de Strabon, 

cette même petite cataracte marquait les frontières de 

rÉtfaiopie et de TËgypte, au-dessus de Syène et d'Élé- 

pbantine (2). Cependant l'île de Philae, k i5oo toises 

au-dessus des petites chûtes du Nil ou des Catadupes, 

est entièrement couverte de monumens égyptiens ; 

son grand temple , précédé d'une longue colonnade , 

orné d'obélisques , sculpté et colorié avec soin , semble 

prouver que cette île avait appartenu à l'Egypte : et 

(i) Hérodote , liv. II, Ç. xvri. 

(2) Strabon , liv. X VU , page 787 i Diodore de Sicile , Uv. I, 
page 26. 



1 



( 58 ) 
qaoique des monumens dgyptiens^ aient été Tns par 
divers voyageurs sur les bords du Nil , bien au-dessus 
de Phiiae, nous croyons cependant que le dernier Hea 
habité par des Égyptiens et leur appartenant entiè* 
rement , fut , au sud , cette petite île qui bornait 
l'Egypte de ce côté, 

La Méditerranée baignait ses côtes , et la bornait 
ainsi vers le septentrion. Toute la partie de la Lybie, 
située à l'occident du Nil jusques aux Oasis, lui appar- 
tenait aussi. Ce ne fut que sous les Ptoléxnëes que la 
Cyrénaïque fut réunie à ce royaume ( i ) ; et lorsque 
les Romains se furent rendus maîtres de l'Egypte, ils 
la renfermèrent dans ses bornes primitives. A Touest, 
elle était bornée par une montagne de pierre calcaire, 
couverte de sabl^, et qui la séparait de la Lybie (2). 
Vis-à-vis de cette dernière chaîne de montagnes, il 
en existait une autre qui formait la limite naturelle de 
ce pays du côté de l'orient. Au-delà de cette chaîne» 
appelée Arabique pour la distinguer de la chaîne 
Lyhique qui lui était opposée , se trouvaient des tribus 
arabes qui obéissaient aux rois égyptiens. Elles habi- 
taient, comme aujourd'hui, le terrein compris entre 
rÉgypte £X la mer Rouge ou golfe Arabique. 

Telles ont été les bornes politiques de l'Egypte. 



(i) Straboa, liv. XVII, pag. 790 et 791* 
(a) Hérodote I liv. 11^ S* ^i"* 



^ 



< 59 y 

Cependant la mer Rouge ne paraît pas arolr limité la 
puissance égyptienne du côté de Torient. 

Les Égyptiens nommaient cette mer c^iOU i^aj&pSs 
Phiom anscharî, la mer de Schari ( 1 ). La signifi- 
cation du mot anschari est fort douteuse. Jablonski 
interprète cxjB^p^ , Schari ^ par Juncus, JonCj en se 
fondant sur divers passages de Théophraste (2) et 
de PKne (3) , dans lesquels ces naturalistes disent que 
les Égyptiens donnaient le nom de Sari au papyrus 
ou à un roseau qui croissait sur les rives du Nil; 
mais ce mot se trouve employé dans le Deutéronome 
copte (4 ) avec Tacception de Plaga^ Plaie ^ et il est 
dérivé de la racine cxj^ps, schari , percuterCf frapper* 
Dans aucun passage ce mot n'a la signification de 
roseau , et Jablonski n'a d'autres preuves de Texac-^ 
titude de son interprétation que le nom de lom^Souh 
(5), mer des Roseaux ^ que les Hébreux donnèrent au 
golfe Arabique , et l'autorité d'Hésychius , selon lequel 
les Égyptiens appelaient autrefois X(êJSa une espèce de 
roseau de leur pays. Cependant si les Grecs avaient 

(0 Psaume, cv, 5, 7. 

(2) Histoire des Plantes, liv. IV, chap. ne. 

(3) Uv. XIII, chap. 23. 

(4) Deut XXV, 2. 

(5) Le mot hébreu Iom^ Mer^ Eau^ n'est antre chose qtitt 

l'égyptien ^OiUL , iom^ que les Hébreux adoptèrent arec une foula 
d'antres mots pendant leur captivité en Egypte. 



( 6o ) 

voulu orthographier le mot égyptien Ujsp^ , il n*est 

pas douteux qu'ils n eussent employé le X à la place 
du S. Il nous semble donc que le sens que Jablonskt 
a donné au mot cxjsps ( i ) , n'est établi sur aucun 
fondement solide, puisque, dans un manuscrit copte 

de la Bibliothèque impériale , les mots coptes c^ioul 
3\cgs.ps p Phiom anschari , sont interprétés par les 
mote arabes Elbahhar-^el-Hhamir, c'est «^ à -dire, la 
mer Rouge (2). 

Quoi qu'il en soit, il nous semble démontré que 
la mer Erythrée ne fut point la limite du territoire 
habité par des hommes de nation égyptienne , et qui 
parlaient la même langue que les citoyens de Tbèbes 
et de Memphis. Le célèbre voyageur Carsten Niébuhr 
nous en fournit une preuve non - équivoque. Dans un 
voyage qu'il fit à Djabbel - Mousa , la montagne de 
Moïse ou le mont Sinaï, il découvrit, à Toccident de 
la vallée du Beni-Saûalha et à l'orient de la mer Rouge, 
par conséquent dans l'Arabie, un monument très- 
extraordinaire , unique même , et portant des marques 
évidentes de son origine égyptienne* Au sommet d'une 
montagne très -élevée, appelée par les tribus arabes 
des environs, DjehbelelMokatteh^ la montagne Écrite f 
il trouva les arrachemens d'un vaste bâtiment» On 
remarquait dans son enceinte , et tout au tour, un 

(î) Panthéon j4Egjpt.^ lib. IV, cap. i, pag, i5i et saq* 
(2) Mss. copt t u.^ 66, 



(6f ) 
grand nombre de pierres sépulchrales , de six à sept 
pieds de longueur, couvertes d'hiéroglyphes égyptiens , 
aussi bien sculptés que ceux qu'on admire sur les 
temples de la Thébaïde. Ces pierres sépulchrales sont 
brisées pour la pluplart , mais plusieurs sont encore 
debout et parfaitement conservées (i). 

Ce cimetière, de la plus haute antiquité, démontre; 
d*une manière péremptoire , que les Égyptiens s'éta- 
blirent anciennement sur le rivage oriental du golfe 
Arabique. Ce furent sans doute de puissantes consi- 
dérations commerciales qui les engagèrent à se fixer 
hors de leur patrie. L'époque de l'établissement de ces 
colonies en Arable est très-ancienne; elle ne peut être 
assignée. Les rois d'Egypte pensèrent de bonne heure 
à s'emparer des côtes de la mer Rouge ; on croit que 
ce fut Séthosis-Ramessès qui , le premier , fit avec 
succès une invasion sur ces côtes. Ce prince monta 
sur le trône , selon le Canon chronologique de Mané- 
thon, environ 1409 ans avant Tère vulgaire. Il se peut 
cependant qu'à des époques antérieures les Égyptiens 
se soient établis sur les terres de TArabie voisines de 
l'Egypte, c'est-à-dire entre le golfe de Suez et celui 
d'Aïlah : il fallait que les avantages qu'on en retirait 
fussent bien grands, pour qu'un peuple aussi attaché 
à son pays que Tétait le peuple égyptien , se décidât à 



( I ) Voyage en Arabie par Carsten Niébuhr » tomt L*'^^ 
page 189, édition d'Amsterdam, 1776, in-4^. 



h 



\ • 



( 62 ) 

aÏÏer habf ter une terre étrangère. Les côtes de l'Egypte 
depuis Parœtonium jusques bien au - delà du lac 
$€rboni$, limites de l'Egypte du côté de la Syrie (i), 
n'ofifraient qu'un bien petit nombre de ports commodes 
çt sûrs (2) pour les navigateurs ; et le commerce des 
Égyptiens, dont les principales branches les mettaieat 
en rapport avec l'Arabie et l'Inde , leur rendant néces- 
saire la fondation de villes maritimes sur les côtes 
de la mer Rouge , leur intérêt put l'emporter sur 
l'amour de leur pays , et les engager à se transporter 
en famille hors de l'Egypte proprement dite, et jusque 
vers les montagnes de l'Arabie. Ainsi l'Egypte eut des 
possessions hors de son territoire. 

Il est aisé de voir par tout ce que nous avons dit, 
que l'Egypte avait en longueur une grande étendue, et 
que sa largeur variait beaucoup. Sa longueur totale 
s'étendait depuis la mer jusques aux terres des Éthio- 
piens. Il en était encore ainsi du tems que ce royaume 
était soumis aux Romains , comme on le voit dans 
l'histoire manuscrite du martyre de saint Apa Tia 
ou TU. On y trouve le texte entier d'un décret que 
l'empereur Dioctétien envoya en Egypte , à Armenlus 
son lieutenant , qui résidait à Rakoti , îllKOitM^C 
KTtp&'KO^. On y observe que ce dernier Tayaut 

( I ) Diodore, liv. I, page 26. 

(2) Identj page 27. 

(5) Hérodote, lib. II, §. cii. 



n 



(63) 

comnniDÎqné à plusieurs personnages éminens, et à 
mn grand nombre de soldats , « ce grand nombre de 
9 soldats et le gouverneur Ârianus firent connaître 
• redit (de l'Empereur ) dans toute l'Egypte , depuis la 
m ville de RaJioti (Alexandrie) jusques dans le Maris 
t»' Pinischti ( la grande Thëbaïde ) vers YÊthausch 
( l'Ethiopie ) » : i^YCCUp È&OX Î^W i[:3ta\pB. ^-RpC 

liTE^f^Kui î^asE onruRuj aÙLas^os «eu ^ps^TOC 

nK5U)^ OjS C^Onrtt Èi^SE^^nrcy. Ainsi les Romains 
avaient rendu à l'Egypte ses limites naturelles , telles 
que nous les avons indiquées et qu'elles étaient dans les 
premiers tems de l'existence politique de cet Empire* 

Sous ses rois, l'Egypte proprement dite était divisée 
en plusieurs parties distinctes, subdivisées elles-mêmes 
en un grand nombre d'autres* 

L'état des lieux la partage naturellement en deux 
parties principales , qui sont la haute Egypte et la basse 
Egypte. Le cours du Nil est la base de cette division. 
Tant que ce fleuve , après avoir franchi les petites 
cataractes, coule contenu dans son lit, l'Égvpte n^est 
qu'une longue vallée d'une largeur peu considérable ; 
mais lorsque arrivé près de la ville que les Grecs 
appelaient Cercasore, il se divise en trois branches 
principales pour se jeter dans la Méditerranée, cettd 
division du fleuve marque les limites extrêmes de la 
haute Egypte au nord , et les bornes de la bassô 



( 64 ) 

ég;ypte au midi. Celle-ci s'ëlend depuis ce demie 
point jusques à la mer. A ce même point les deu: 
chaînes de montagnes , l'Arabique à l'orient et h 
Lybique à l'occident , qui bordent les rives du Ni 
dans toute la haute Egypte , changent aussi de direc- 
tion. La chaîne Arabique tourne brusquement ai 
Dord-est, et la chaîne Lybique au nord- ouest. L'uuc 

va se terminer dans le voisinage de la mer Rouge, ei 
l'autre dans les déserts de la Lybie , vers le nord- 
ouest du lac Maréotis ; il en résulte un territoire 
considérable renfermé entre ces deux chaînes de 
montagnes et borné par l'Arabie Pétrée à l'est , par 
la Lybie à l'ouest , et par la mer au nord : c'est ce 
qu'on appelle la basse Egypte. La haute Egypte corn* 
mence là où le Nil se divise en plusieurs branches; 
elle s'étend jusques au-dessus des petites cataractes 
auprès de Syène. 

Sous les Grecs et sous les Romains , TÉgypte iiit 
partagée en trois parties , le Delta ou la basse Egypte, 
l'Egypte moyenne ou YHeptanomide , la Thébaïdc 
ou la haute Egypte. Nous ignorons si cette divisioa 
territoriale remonte aux tems des premiers Egyptiens; 
le silence d'Hérodote ne permet pas de le croire (i). 

Do 



( I ) Les historiens arabes prétendent que Baidhar ou Baissùâ 
donna rÉgjrpte à iqs fib, Cobth^ Ischmoun , Atrib , et Ssa. IJ eJ 
fit quatre portions égales. Cobth eut la haute Égjrpte , do^jJ 



( 65 ) 

Dès ces mêmes tems et sous les rois de race égjp^ 
tienae, l'Egypte fut partagée en ua grand nombre 
de proviDces peu étendues , appelées Nomes, Viofioç , 
ou préfectures (i). Chaque nome tirait ordinairement 
son nom de sa capitale , qui était la résidence d\m 
Ifomartjue ou gouverneur dont l'autorité s'étendait 
BUT tout le territoire qui formait l'arrondissement du 
some , et sur les villes et villages qui y étaient situés. 
Il entrait aussi dans les attributions du nomarque, 
de lever les tribus imposés à la préfecture dont radmi*- 
nistration lui était confiée ( 2 )• 

Quelques auteurs ont cru que le mot Nojtito^ n'était 
pas d'origine grecque, et que les géographes de cette 
nation l'avaient tiré de la langue des Égyptiens , parmi 
lesquels ils conjecturent qu'il si^m^àxiPréfecture^ ou le 
territoire dépendant d'une ville. Cellarius , entr'autres , 
■ » 

Assontoi jusques à la ville de Coptos ou Kefth. Il donna à Isch- 
moun le reste de la haute Egypte jusques à MenoufoM Memphis^ 
•t la basse Egypte fut divisée également entre Atrib et Ssa. Ces 
quatre princes firent bâtir chacun une yille de leur nom , connues 
chez les Grecs sous ceux de Coptos^ HermopoUs {Magnay^ 
Athribis et Saîs. On les appelle encore aujourd'hui chez les 
Arabes, Kefth^ Oschmounaïn , jiirib et Ssa. Mais ce rapport est 
dénu^ de fondement , et n'est qu'une des rêveries nombreuses des 
Arabes sur l'Egypte. 

(i) Hérodote, liv. Il, 16^. — Plinius, likVy cap. g» 

(2) Diodore de Sicile , liv. I> page. 5o^ 



f 



(66) 
est de cet avis ( i ) ; il se fonde sur le passage suivant 
de Cyrille d'Alexandrie ( 2 ) : Ne^^ J'e ><€yilcu irtneft 
«roiç rnif Aiywmm otxawrt y/s^pcu^ exaçn 'irohjç , xoi eu 
vrepionuSeiT ca/lniÇy xoj at trr ca/lm 7u»fMu i « Nome signifie 
9 chez les Égyptiens le territoire de chaque ville , sa 
y banlieue et les villages qui en dépendent. » 

Cellarius ajoute que les Grecs et les Latins adop- 
tèrent ce mot qu'ils employèrent en parlant des 
divisions territoriales et politiques de TÉgypte. Mais 
ce passage de Cyrille ne donne que la définition da 
mot Nofioç^ sans dire pour cela que ce mot appar<- 
tenait à la langue égyptienne. 

. Aucun autre mot égyptien approchant de Hofuç et 
signiûant Préfecture , ne se trouve dans le Diction nairo 
Copte imprimé , ni dans les nombreux Vocabulaires 
égyptiens manuscrits, soit en dialecte memphitique, 
8oit en dialecte thébain , que nous avons consultés. 
Cependant comme on est bien loin de connaître tous 
les mots qui composaient la langue des anciens Égyp- 
tiens , et que le petit nombre de livres coptes qui 
existent n'en contiennent qu'une partie , ce serait 
peut-être hasarder une opinion difficile à justifier, 
que d'avancer que le mot Uo/ioç était étranger à cette 
langue. Mais ce qui semble prouver évidemment 



(i) Geographiœ Antiquœ^ tom. II, lib. IV, 6 et 7* 
(2) Cjrillus, inJEsaioff captif "SiX^, 



M« 



I 

I 
. I 



( 67 ) 
contre Torigine égyptienne de ce mot ; c'est que dans 

les livres écrits en langue égyptienne ou copte , et 

par-tout où il est question des Préfectures^ on trouve 

le mot Ttecitaj, Fthôsch^ ouTTWOÔj, Pihosch, comme 

Dous Tavons fait voir dans llntroduction , où nous 
avons cité plusieurs exemples à Tappui de cette 
opinion. Nous ajouterons ici que Diodore de Sicile dit 
expressément que le mot Uo/ioç est grec : « L'Egypte , 
dit-il , fut divisée en plusieurs parties , w txaq^v xoCJcl ' 
W ûO^uxw J'tdLKsxHof ovofÂO^élcu No/too* , dont chacune ' 
est appelée en langue grecque Nome. » ( i ) U faut 
nécessairement conclure de ce passage de Diodore^ 
que ce mot n'est pas égyptien. 

Le père Bonjour a cru que le synonyme égyptiea 
du grec iJo/Aoç était UEtycgO^, Meschschoti (2); il 
a remarqué plusieurs morceaux coptes où on lisait 

U&pHC , et il les a traduits ainsi : Les Préfectures de 
t Egypte f les Préfectures de la Théhaïde. Mais cette 
traduction ne nous paraît pas exacte ; car MEOjtu^ ^ 
Mtschôt (3), ou JULEojcgan:, Meschschôt (4) aa 



(0 liv. I, eSi Hanoviœ, Wechol , i6o4 , in-f*. 

(2) Episiola sjrstiaca , MonumerUa coptica biblioth. Fatic, V 
page la. 

(3) Joël, n, 3. 

(4)Geaè««,U9a. 



(68) 
singulier; et Utajaja\^ , Meschschôtif ou t5tcy- 

UjO^ I Meschschoti (i ) au pluriel, signiEeut "JCiJ^tovy 

'TCeJ'ioLj Champ f les Champs, et non pas Préfecture ; 
par conséquent , le père Bonjour aurait traduit litté- 
ralement s'il avait écrit : Les Campagnes de t Egypte, 
les Campagnes de la Thébaïde. Ce sentiment du père 
Bonjour ne prouve donc rien contre le passage de 
Diodore et contre notre opinion. A l'appui de Tun et 
de l'autre , nous citerons la phrase suivante extraite 
d'un manuscrit copte (2 ) qui contient le martyre du 
|eune saint ^ITB> ^110T& , ou Anabis (3). Vers le 

commencement on lit : Uei^ei^Cb^ s^m ::^e ItEOYOtt 

itçtxso) tvsjufEcyO^ : « Il existait un homme aimant 
x> Dieu , la Charité et l'Église , dans le village de 
» Nai'si , Jdek iTBfWcg Kîutajoi[ , du nome de 
» Meschoti. p U est évident que le mot x^EiyO^ , 
Meschoti, ou AfEcxjojO^, Meschschoti, au lieu de 
désigner les nomes de l'Egypte en général, comme Ta 
entendu le père Bonjour, est lui-même le nom propre 
de l'un d'entr'eux* Ainsi donc tout se réunit pour 



(1) Pseaume LXIV, n. 

(2) 'Ms%. copte, n.^66| in-£^» fond duYaticaiu 
(5) Pag« 253 du Mm* 



(69) 
prouver que TCUavaj, Piôsch^ étaît chez les Egyptiens 

le synonyme du grec ' Ho/aoç ^ et des mots français 
préfecture et département. 

Le nombre de ceux de TÉgypte varia à diverses 
époques, et au gré des souverains qui en furent 
successivement les maîtres. Il n'est pas étonnant que» 
durant le grand espace de tems que les hahitans do 
ce pays restèrent réunis en corps de nation sous le 
grand nombre de rois qui les gouvernèrent , et pendant 
les révolutions successives qu'il éprouva , des villes 
qui furent célèbres dès les premières époques de 
l'Empire égyptien , aient déchu de leur splendeur et 
même disparu , tandis que des cités nouvelles s'éle- 
vaient pour fleurir à leur tour, et que d'autres qui; 
dans la haute antiquité , n'étaient que des lieux peu 
importans , s'agrandissaient en raison de la nombreuse 
population que diverses circonstances y attiraient. Oa 
vit sous les Grecs et sous les Romains , Rakoti et Bisa 
qui, pendant Texistence des dynasties égyptiennes, 
étaient des villes presque ignorées , devenir des cités 
populeuses et des capitales de provinces « lorsque 
Alexandre-le-Grand eut donné son nom à la première; 
en triplant son enceinte, et qu'Hadri^ eut en quelque 
sorte consacré la seconde à Antinous. 

Des circonstances non moins impérieuses, et qui 
purent se renouveler plusieurs fois, apportèrent des 

changemens successifs à la division administrative ou 



(7o) 
militaire de l'Egypte. Quoique nous n'ayons sur les 

plus anciennes aucun rapport spécial, il est cependant 
certain que sous les Pharaons, ces divisions territo- 
riales avaient été réglées par un acte du souverain. 

Selon Diodore de Sicile (i) , ce fut Séthosis- 
Eamessès (2) , fils d'Aménophis III , qui partagea 
l'Egypte en préfectures. Ce grand prince ayant suc- 
cédé à son père, voulut étendre sa domination sur 
les peuples de l'Asie et de l'Afrique. 

L'exécution de ses vastes projets nécessitait une 
longue absence. Séthosis désirait faire jouir ses peuples 
d'une sage administration et des bienfaits d'une paix 
profonde , tandis qu'au milieu du fracas des armes 
îl conduirait ses soldats à la victoire. A cet effet, il 
divisa sori royaume, ou plutôt l'Egypte proprement 
dite, en trente-six parties (3) qui étaient peu étendues; 
afin que le gouverneur de chacune de ces provinces 
veillât plus directement à l'exécution des lois. 



(i) Diodore de Sicile , liv. I, page 5o. 

(a) Diodore le nomme SésoosiSt et Hérodote, Sésostris. 

(3) Diodore de Sicile, liv. 1, 5o. Diodore ajoute que les Égyptiens 
appelaient ces divisions Nomes, Nous rappellerons que Diodore 
dit plus bas que ce mot est grec , et nous ajouterons que cet auteur 
entend parler ici des Égyptiens de son tems, c'est-à-dire des Grecs 
dÉgypte, dont le grec était la langue nationale. Ceci n'Ate donc 
tien à la force des preuves par lesquelles nous avons établi plus 
baut que le nom égyptien des divisions de TÉgypte était TT0OUI , 
Pihosch , qui se trouve daos les textes coptes de tous les siècles- 



(70 
D'après ce rapport de Diodore , Sdthosis-Ramessè» 

serait Fauteur de la première division territoriale do 

rÉgypte. Cependant il est bien difficile de croire que 

durant le règne des dynasties royales qui précédèrent 

celle dont Séthosis-Ramessès fut le chef» l'Egypte n'ait 

point été divisée en provinces ou gouvernemens parti* 

culiers ; il semble même , d'après Strabon , que cette 

division en trente -six nomes remonte aux premiers 

tems de la monarchie, et peut-être même jusques à 

fépoque où TÉgypte était soumise au gouvernement 

des prêtres. En effet , ce géographe rapporte que la 

Labyrinthe avait autant de cours qu'il .y avait da 

Bomes dans FÉgypte , et d'accord avec Diodore da 

Sicile, il dit ensuite que le nombre des nomes était 

de trente-six (i). Selon l'opinion des anciens auteurs 

qui ont parlé du Labyrinthe, on pourrait présumer 

que ce superbe palais avait été construit pour servir 

de réunion aux députés des trente -six préfectures 

de rÉgypte que les affaires générales de FEmpîre y 

appelaient dans des circonstances mémorables ; et 

pour donner à cette conjecture une apparence da 

vérité, nous prouverons ailleurs que le Labyrinthe 

était situé au centre de ces trente-six nomes, et qu'il 

eo avait un égal nombre au nord et au midi. S'il en 

était ainsi , il en résulterait nécessairement que la 



(i) Straboa, Uv. XYU, 



division de TÉgypte en trente-six nomes existait long- 
teins ayant Sëthosis-Ramessès ou Sésostris, puisque, 
selon le témoignage de Manéthon , ce fut Lamaris ou 
LabariSf quatrième roi de la douzième dynastie, qui 
fit édifier ce grand monument auquel il donna son 
nom, et que ce Pharaon monta sur le ^ône plus de 
1900 ans avant le règne de Séthosis (i). La division 
de l'Egypte eu trente -six gouvernemens particuliers 
peut donc être regardée comme une des institutions 
qu'elle dut à la prévoyance de ses premiers rois. 

Chacune des trois grandes divisions était subdivisée 
en gouvernemens particuliers (2) : la Thébaïde ea 
comprenait dix ; on en comptait seize dans TÉgypte 
du milieu, qu'il ne faut pas confondre avec Thepta- 
nomide des Grecs ; la basse Egypte en renfermait 
dix (3). Chaque Gouvernement était divisé en Topar* 
chies (4) ou sous - préfectures , et chacune d'elles 
Tétait en communes rurales (5). En Egypte, comme 

(i) La Description de VÉgjrpte publiée par Tordre de S. M» 
1*Ekp£beur et Roi, fait connaiti^e des temples dont la cons- 
truction est antérieure à celle du Labyrinthe selon Manéthoa. 
On trouvera ci-après une dissertation dans laquelle nous avons 
réuni tout ce qui est relatif à ce monument. 

(2) Strabon, liv. XYH, 787. 

(5) Ibidem, 

(4) No/totpXof, Nomarchiej gouvernement d'un nome y et 
(To^fltpXiîf, Toparchie^ gouvernement d'un lieu. 

(5) Strabon, Uv. XYU, 787. 



(73) 
par-tont ailleurs , ces subdivisions avaient pour but de 

faciliter Tadministration du pays et les opërations du ' 
gouvernement. 

Parmi les nomes , quelques-uns étaient désignes 
pour la résidence des militaires , qui étaient partagés 
en deux classes, les Hermotybies et les Calasiries (i); 
les premiers occupaient quatre nomes , et les seconds 
douze ( 2 ). Mous donnerons ailleurs les noms de ces 
nomes. 

Nous ne présenterons point ici la nomenclature et 

la situation des trente -six gouvernemens de TÉgypte 

sous les Pharaons, parce que ce résultat doit naître 

des discussions géographiques auxquelles nous nous 

livrerons dans les divers chapitres de cet ouvrage, 

et qu'a rendues nécessaires le silence des auteurs 

sur les plus anciennes préfectures de l'Egypte et les 

noms de leurs capitales. Sous le gouvernement des 

Grecs et des Romains , le nombre des nomes s'accrut 

et les divisions territoriales de TÉgypte éprouvèrent 

plusieurs changemens. Dans les descriptions de cette 

contrée , les géographes grecs et latins n'ont donné que 

les noms des nomes qui existaient à l'époque où ils 

écrivirent ; et quoique la nomenclature des trente -six 

préfectures primitives ne soit point parvenue jusqu'à 

^— — ^— ^i»^— ^— — III I « Il I il! Il M l ■ ■• 

(i) Dans la partie de cet ouvrage relative à l'histoire de rÉgjrpte, 
nous expliquerons les noms de ces deux classes de militaires» 
(2) HéiodotOi liv. II j J. 164 et i65. 



( 74 ) 
nous, nous pourrons peut-être en faire connaître les 

chefs-lieux à mesure que nous traiterons de chacune 
des trois grandes divisions de TÉgypte que nous avons 
déjà indiquées , et qui feront le sujet d'autant de 
chapitres. 



CHAPITRE SECOND. 
Des Noms de V Egypte. 



L 



ES ëcrivaids grecs , qui souvent sacrifièrent Texac- 
tilude aa bon goût , et la pure vérité aux charmes 
du style, corrompirent non - seulement les noms des 
villes des contrées étrangères , mais encore les noms 
propres des pays les plus célèbres ; souvent même , soit 
manque de notions positives, soit esprit national, ils 
les dérivèrent de leur propre langue, ou bien ils en 
cherchèrent Torigine dans leurs traditions historiques « 
et imitèrent en cela la faiblesse de plusieurs nations, 
qui, aveuglées sur leur mérite et sur leur ancienneté » 
eurent la prétention d'avoir été la souche primitive du 
genre fanmain , et crurent que leurs ancêtres avaient 
peuplé la terre ( i )• Mais lorsque leur histoire ne leur 
fournissait point de héros dont le nom eût quelque 
^■■— — ^— — ^— ^— i— ^^ 1 1 11 II I ■ ■ — ^^^— — — — ^1^^»^ 

(0 « Les Grecs cherchaient toujours l*ëtymoiogie des noms desf 
peuples étrangers dans leur propre langue , et pour la trouver , ils 
le plaisaient à altérer leurs noms , comme le remarquait Nicanor , 
cité par Etienne de Byzance , au mot Td^dXç. »..- Sainte-Croix, 
Historiens d Alexandre» 



(76) 

analogie avec celui qu'ils donnaient à une contrée , 

leur imagination venait à leur secours ; alors le nom 
du pays s'appliquait à un roi, et ils trouvaient faci- 
lement le moyen de faire descendre ce personnage 
fictif d'un monarque réel , en rattachant sa généalogie 
à quelque tige antique et fameuse. Nous aurons occa- 
sion dans le cours de nos recherches, de présenter 
de nombreux exemples de ces fraudes historiques et 
des prétentions exagérées des Grecs. Le nom qu'ils 
donnèrent à l'Egypte doit être rangé dans cette série. 

Les Grecs appellèrent l'Egypte luyuifloç^ et c'est de 
ce mot que se {oxvoaL V ALgypius des latins, d'où est 
dérivé notre Egypte. Ce nom grec fîit employé gëné- 
iralement partons les anciens auteurs européens, pour 
désigner cette belle partie de l'Afrique. Les écrivains 
latins qui prirent en tout les Grecs pour modèles, 
l'adoptèrent dans leurs écrits , d'où il est parvenu 
jusques à nous sans avoir souffert aucune altération 
notable , autre que celles qu'exigeait la grammaire de 
ces diverses langues. 

Les écrivains grecs les plus anciens l'ont adopté 
pour désigner la terre qu'arrose le Nil. Homère, le 
prince des poètes ,. l'a consigné dans ses vers immor- 
tels, et tous les auteurs qui Tout suivi l'ont employé à 
son exemple : plusieurs d'entr'euz ont voulu Jli^aire 
connaître l'origine. 



( 77 ) 
Selon Etienne de Byzance ( i ) , TÉgypte tira son 

nom SMgyptuSt Aryyi^Qç , fils de Bélus , qui régna 

quarante -trois ans, et de Aéria ou Potamitis. Mais 

il laisse ignorer dans quel pays régna ce rai Bélus : U 

est probabie que ce fut en Egypte* Cependant les 

chronologistes grecs qui ont traité de l'histoire de 

cette contrée , ne comptent point Bélus au nombre de 

ses rois. On ne connaît de ce nom qu'un des premiers 

isooarques de Babylone« 

D'autres ont cm qii'JEgyptus était fils de Bélus et 
de Sida ( 2 ). Enfin , la plupart des géographes et 
des historiens grecs ont dérivé le nom de i'Égypte 
d'Ai)M7o;, frère de Danaûs et roi d'Egypte. 

Les poètes et les tragiques ont célébré la cause de 
la désunion de ces deux frères , et Ton connaît par 
eux l'attentat commis par les cinquante Danaïdes sur 
les cinquante fils à'JEgyptus leurs maris. Danaiis, qui 
leur avait conseillé ce forfait , fut contraint d'aban* 
donaer l'Egypte avec ses filles. Il erra long-tems 
dans la Grèce , et arriva enfin à Argos ou habitaient 
alors les Pélasges. Eschylle , dans sa tragédie des Sup^ 
pUanies, prétend que les Danaïdes n'égorgèrent point 
1^ fils ^Mgyptus, mais qu'elles fuyaient seulement de 
^'Egypte avec leur père , pour ne point être forcées do 

(0 Stephanus Byzantinus, Liher de Urbibus et Populis* 
(^) Geoiig. Cedreaus, histor. compend. , page ai. 



(7») 
les recevoir pour époux ( i ). Pelasgus, roî d'Argos, 

donna rhospilalité à cette famille infortunée. Selon 

Euripide , Danaiis , devenu roi par la sui^e , donna 

son nom à ses peuples ( 2 ) , en même tems que les 

Égyptiens prirent celui de leur roi Mgypius. 

Les Canons chronologiques des princes qui ont 

occupé le trône d'Egypte , ne présentent point de 

monarque qui ait porté le nom à'Mgyptus; ce nom 

et celui de Danaiis paraissent être des noms grecs 

plutôt que des noms égyptiens. Cest ce que Manéthoa 

nous fait entendre en quelque sorte , lorsqu'il dit (3) 

qu' Armais et Séthosis sont ceux que les Grecs appel- 

lèrent Danaiis et Mgyptus. La cause de la haine des 

deux frères n'est pas la même dans Thistorien égyptien 

que dans les poètes grecs. Selon Manélhon , Séthosis- 

Ramessès , fils d'Amenophis III , roi d'Egypte de la 

(i) Eschylle, Les Suppîianies^ scène !.•»•, vers lo*. 

(i) A»«>c itarrouircoL Jfiyxrefmp «a7>ip 
E?\!)t$9 €tç Apyoç ) ûiZWi» haXo^ 'sroXiP » 
TUXeuryiùilaO' JV ovofieurfA&ùoç 7o "JiCAf 

« Danaùs , le père de cinquante fiUes, étant arrive à Argos^ 
^ habita la ville dlnachus , et ordonna que ceux qui auparavant 
3^ étaient appelés Pélasges , porteraient désormais le nom do 
» Danaens. )^ Euripide in Archelao. Plusieurs manuscrits porleot 
au second vers ShxACr&f {bâtit), mais il faut lire : Shon^t», habita* 

(5) Manetho, apud. Joseph, conU Appion^i liv. I| §. i5. 



(79) 
dlt-iieuTièine dynastie, partant pour des expéditions 

lointaines, confia à son frère Armais le soin de gou^ 

yerner TEgypte pendant son absence. Mais lorsque 

Séthosis , éloigné du royaume par le cours <le se3 

TÎctoires, ne put plus surveiller la conduite d'Armaïs^ 

ce prince ingrat et féroce tyrannisa l'Egypte , et 

conçut le projet de. ravir la couronne à son frère« 

Séthosis -Ramessès , instruit de ses malversations et 

de ses coupables desseins , se hâta de retourner en 

Egypte , conjura Torage élevé contre lui et échappa 

aux embûches que lui tendait son frère. Armais se 

vit contraint à fuir une terre qu'il avait souillée par 

•es crimes , et voulant échapper à la juste colère du 

monarque irrité, il quitta sa patrie et alla chercher 

M asile chez des peuples étrangers. 

Ce fut chez les Grecs qu'Armais , qui prît alors le 

nom de Danaiis , vint chercher un asile. L'époque de 

l'arrivée de Danaus à Argos étant celle du règne de 

Séthosis en Egypte , le rapport de Manéthon prend de 

ce fait une grande apparence de vérité. Mais soit que 

Danaiis eût caché politiquement aux Grecs la cause 

de sa sortie de TÉgypte , soit qu'ils en eussent perdu 

le souvenir, ils imaginèrent la fable de ses cinquante 

&lles , qu'ils placèrent ensuite dans les enfers pour 

effrayer les épouses coupables. 

Mais est-ce avec raison que les Grecs donnèrent k 

Séthosis^Ramessès le nom d'^gyptus? ou bien u'est«ce 

qu'une suite de leur ignorance des événemens de la 



TÎe de Danaus ? Ceci semble plus probable ; et il est 
naturel de penser que les Grecs De conoaissaDt point le 
nom du roi d'Egypte qui avait chasse Danaiis de sa 
patrie, ils lui donnèrent celui du pays qu'il gouvernait, 
et que dans la suite ils crurent que son royaume avait 
pris de lui le nom d'Aiyj^loç. En admettant cette 
conjecture , il nous reste encore à trouver Torigine dé 
ce nom. 

Le lexicographe Hésychius semble nous dévoiler la 
cause qui fit donner à ce pays le nom d^Aty^afloç. 
Il dit (i) : ÀtyvntrJoç^ o NaXoç o iorolùL/ioç. A^* ^ xam 
X^if&^ ^wTû Icàf pmliçyp Ajyontrioç cx^ndif. « ^GTPTUSj 
» le Nil , fleuve. C'est de lui qu'on a récemment 
» appelé Egypte la contrée qu'il arrose, n Homère, 
que l'on peut regarder comme le plus ancien auteur 
grec que nous possédions , ne parle en effet du Nil 
que sous le nom d'Ai^u^oç* ( a )• C'est pour avoir 
négligé cette observation que l'on a mal interpre'té 
quelques passages d'Homère , et qu'on en a tiré de 
fausses conséquences. Au reste, il est reconnu de 
toute l'antiquité qu'Ai^^u^oç* fut le nom du Nil (3)* 

L'Egypte n'est pas l'unique exemple chez les 

Grecs , 



4f 



(i) Lexîxon Hesjchîi, verb. Aij/W7r7o^. 
(2) Homère , passïm. 

(5) Stephanus Bjiantinuj. Aij/U.ar7oç- xsu y/ùÇp^ YM 'JTolcKfloç. 



(8i) 
Grecs , du nom d'un fleuve donne au pays ^uHl irêii 
verse dans son cours. Cest ainsi que le vaste continent 
de rinde reçut son nom de V Indus > fleuve qui baigna 
sa partie occidentale. 

Plusieurs auteurs modernes ont voulu donner Téty-*' 
mologie du mot Kiyotaflor^ ils se sont pour la plupart 
abandonnés à leur imagination. Il fallait d'abord 
décider si ce mot était égyptien ou grec , question 
très- difficile à résoudre ; d^où il est résulté que les 
uns ont considéré ce mot comme appartenant à la 
langue grecque , tandis que d'autres l'ont dérivé do 
Tëgyptien. . 

Parmi les premiers, il en est qui ont cru qull 
signifiait le Pays de Coptos ^ par la raison que 
cua, est employé souvent par les Grecs à la place da 
yoML ou yn^ terre ( i ) , et que de yu/a1o^ Gyptos^ on 
peut facilement former Copias ^ Ktyj^oç (2). Ett 
accordant même que cette étymologie forcée fût 
admissible , il nous semble qu'on peut lui opposer 
des considérations qui la détruisent. 

Premièrement, puisque le nom A'Ktyvrc/\o^ appar« 
tenait primitivement au Nil (3) et que, par une espèce 
d'abus , il fut ensuite donné à l'Egypte , on ne peut 

(i) On a aussi dërivë AfyjftB^o^ d« eux^ terre ^ et de yU^QÇ^ 
Copte y c'est-à-dire, la ierre des Coptes, 

(2) V^eUs, Geogr. ofthe Old Test., vol 0, pag. 5» 

(3) HesjchiiVf loco çUato. 



(8a) 
donc point Finterpréter par terre de Coptôs, parce 
que le nom de terre ne convieot nullement à un fleuve. 
]^n second lieu , Coptoa ëtait une ville de la haute 
Thébaïde , et son nom fut par conséquent connu 
fort tard parmi les Grecs ; car les hommes de cette 
nation qui voyagèrent en Egypte dans les premiers 
tems, ne pénétrèrent pour la plupart que jusques à 
Memphis, c'est-à-dire, près de cent lieues au-dessous 
de Côptos. ]£nfin , si les Grecs eussent voulu dériver 
le nom de TÉgypte de celui d'une ville de cette 
contrée célèbre , il est hors de doute qu'ils auraient 
choisi une de celles de la basse Egypte , dont les 
noms leur étaient plus familiers , ou bien celui de 
la grande Thèbes aux cent portes , déjà célèbre chez 
les Grecs , du tems même d'Homère. 

D'autres auteurs pensent que les Grecs voulant faire 
allusion au teint basané des habitens de TÉgypte, 
avaient donné à ce royaume le nom d'Aiyvimlotr^ dérivé 
aelon eux; d'A/yi^artoç^ espèce de vautour de couleur 
noirâtre. Cette singulière étymologie ne mérite point 
la peine d'être réfutée ; nous observerons seulement 
qu elle ne rend pas compte du 7 qui est radical dans 
le mot AjyjitBlocr (i). 

r- - 

(i) Les Grecs ont formé de ce nom le verbe Ai^t«87ict&if,' 
égjrptiaiUser, c'est^^ire mal agir, agir avec fraude et perfidie. 
Ils se sont fondés sur ce vers d'Eschyle , cité par Etienne de 
fjrzance : 

Awoi ^>£iuif roi iiyooufoç Aiywaflm. 

Acre^ nectero machinas AEgjptU. 



(«3) 
Tontes ces étymologies sont d'autant moins satisfaî- 
santés , qu on a toujours donné au mot A$yuna1o(r un 
sens plus en rapport avec le pays lui-même ou ses 
habitans , qu'avec le fleuve du Nil auquel il appar-* 
tenait d'abord originairement. 

Quelques philologues se sont donné plus de lati- 
tude dans leurs recherches, et sans se borner au 
grec ou à Tégyptien , quoique le mot doive appartenir 
nécessairement à Tune de ces , deux langues , ils 
se sont servis d'idiomes étrangers à ces deux nations. 
Nous en citerons seulement deux exemples. Le 
célèbre Court-de-Gebelin , dont malheureusement la 
vaste érudition fut maîtrisée par un esprit trop porté 
aux idées systématiques , croyait qu'Aryu4s^07^ ( i ) 
était formé de oMt, mot grec qui, selon lui, veut dire 
eau, et de la racine orientale cup ou copi (2), qui 
signifiait noire , d'où quelques auteurs ont cru que 
Ai)^Mi7oa signifiait pays coui^ert il eaux noirâtres. La 
réunion de deux mots pris dans deux langues diflPé- 
rentes , suflBt seule pour ôter à cette étymologie touta 
apparence de fondement. 

Le Brigant, connu par ses recherches philolo^' 
giqnes , avait une opinion singulière sur la formation 
du nom grec de TÉgypte. Négligeant également les 



(1) Dictionnaire étjrmotogique de la langue grecque^ page a55* 

(2) N01U igaoront do quelle langue orientale U a tiré cett» 
ndoe. 



I 



(84) 

langues grecque et égyptienne , ce fut du has-hreton 
qu'il dëriva le mot Aiyv^oç. Selon lui , les Grecs 
n'ont composé ce mot qu'eu employant les radicaux 
Écou ^ é " i^et 9 qui signifient ce qui est caché sous 
les eaux. Certes, en admettant même que les Grecs 
parlassent bas - breton , il y a loin à'Kiyyjfloç à 
JÈ^cou'-é^i^et. 

Lorsque l'Europe savante a eu quelques notions 

de la langue copte, et qu'il a été reconnu qu'elle était 

celle des anciens Égyptiens, corrompue par le mélange 

-d'un nombre assez considérable de mots grecs , les 

philologues ont cherché dans cette langue la signifi*- 

•cattoD des noms des lieux et des divinités de l'Egypte. 

Xe mot Aryonfloç n'a point été oublié dans ces recher* 

tïhes. Paul Ernest Jablonski , à qui Veyssière-Lacrozs 

«vait communiqué ses connaissances dans la langue 

<:opte, se flatta de pouvoir, à l'aide d'un vocabulaire 

peu nombreux de mots égyptiens , rétablir les noms 

•des divinités égyptiennes dans leur vraie orthographe, 

et d'en découvrir le sens jusques alors inconnu aux 

savans et aux archéologues. Il a réussi quelquefois, 

mais le plus souvent il a été égaré par son imagination , 

i|ui lui a fait regarder de simples conjectures comme 

des faits incontestables. Il a même souvent altéra 

l'orthographe des noms égyptiens rapportés par les 

Grecs, pour les rapprocher de ses interprétations. Son 

éty mologie à'Axyya^Qff^ tirée de la langue égyptienne i 

;ra nous le prouver* 



(85) 

îl pense que c'est de Hs'^aTcl^Si^aj, Èichâphthasc^, 

que les Grecs ont formé leur Aiyv^o$ (i). C'est un 
mot composé par Jablonski des monosyllabes égyptiens 
Hs , maison , demeure , ^CIT , mundana , et c^9Sa} 

qu'il croit être le nom égyptien de Vulcain. Mais il nous 
semble que pour avoir domus mundana Vulcanî , 

demeure terrestre de Vulcain^ il faudrait que les 
articles précédassent les mots qui les exigent , et 
quily eût TTSHS!3(cut^c()9&cy « Pièichôanphthasch , oix 
tout au moins Hs!)(aThc|>0&ci} ^ Eischâanphthasch ;, 
Tabsence de Tarticle K ou ix du génitif, ne permet de 
donner aucun sens à ce mot composé par Jablonski* 
Dans le Dictionnaire égyptien de Lacroze ( 2 ) « 
les monosyllabes radicaux y.B, Cha, ÛCoi, Chô, sont 

expliqués par ponere , dimittere , hahere , remittere ^ 
et non par mundanus ou mundana. D'ailleurs ce 
mot n'est pas conforme aux règles de la langue 
égyptienne , où un monosyllabe quelconque est 
presque toujours un verbe ; et c'est de cette racine 
^ue dérivent toutes ses acceptions lorsqu'elle est 
modifiée , soit par des articles , soit par des parti* 
cdes : les adjectifs se forment ordinairement par 

(1) Jablonski , opuscula. 

(2) Noas n'avons trouvé le mot ^CU avec la valeur de mun-^ 
ianus dans aucun des Vocabulaires memphîtiques ou thébaîn* 
Joe nous avons compulsés & la Bibliothèque impériale^ 



(86) 
râddition fie H ou jÙl , de VT ou t0. Ainsi , par 

exemple, la racine égyptienne ^hrt signifie wir g 

de là se forment avec Tarticle masculin singulier 
ÎTÎ Je mot Tl!kK5.Y, la vision ^ l'action de voir, 

et Padjectif t«î^^Y > voyant , celui qui voit. De 
la racine 0Y2>& , être saint , se forme Tadjectif 
WOVfcA^ saint. Enfin les mots «OyBl et Att^JHX, 
or et fer , deviennent adjectifs par l'addition des 
lettres i^ et Jt)L , i^noY&, Annouh, doré, et «.&£t^STISt 
^mhénipi, ferré. 

Diaprés ces principes granmiaticaux , il faudrait donc 
que ^tU, pour signifier mundanus ou mundana, se 
présentât sous la forme de E^P^at, h^CLt ou jUl^^cu, 
en supposant encore que la racine se prêtât à donner 
à cet adjectif Tacception de mundanus ; mais elle 
BÎgniCè rigoureusement ponens, habens, dimittens ou 
remit tens. Il se pourrait aussi que ce fût de la racine 
^H (chi ou ché), esse, manere, que Jablonski se fut 

servi pour donner à û^cLt la valeur de mundanus; 
cependant ^K et ^cu sont des racines fort distinctes 
par leur signification, et il ne pouvait, dans ce cas, 
user de la règle de permutation des voyelles propre 
à la langue copte : en outre , la forme était toujours 
vicieuse. 

Jablûnski s^est eSbrcé de prouver dans un long 



C 87 ) 

Mémoire Imprimé en 1748 (i)f et faisant partie 
de son Panthœon jUgyptiorum qui parut en 1750, 
que le nom égyptien du dieu que les Grecs ont 
orthographié 4>d'ât , s'écrivait en égyptien c^^&oj. 
Il Va adopté en conséquence dans son étymologie 
A'Atyrjfloç ^ Hs^aT(^95.aj. Nous ferons seulement 

observer que dans le monument de Rosette , on Kt 
plusieurs fois (2) nycMsnn/UPoa' u^ro rou ^d-a, le bien- 
aimé de Phtha , titre honorifique donné à Ptolémée 
Epiphane. Cette autorité suffit pour détruire les conjec- 
tures de Jablonski , puisque ce mot est écrit ^Sra^ et 
non ifB'ûiÇy comme il le faudrait pour rendre son étymo« 
logie probable (3). 

Le nom de Kobihi que les Arabes donnent bux 
descendans des anciens Egyptiens , et que nous écri^-^ 
Toos Copte ou Cophte (4)f ressemble beaucoup à 
hyuicroÇy Ai^gypt^os. Plusieurs philologues, frappés 
de celte conformité , ont fait de grandes recherches 
poor prouver que Tun était formé de Tautre. Cepen- 
dant quelques auteurs leur ont donné une origine 

(i) Mîsceîlanea Lipsiensia nova ad incrementum scien^ 
îiarum^ edente Frid, Otto Menckenio. Lipsiae, 1748 f voU 6, 
pag. 236 et suiv. 

(2) Lignes 4» 8 et 9 du texte grec 

(5) Dans la partie de cet ouvrage où nous traiterons de la 
théologie égyptienne , nous reviendrons sur cette ëtjrmologie do» 

Jablonski. 
(4) La Commission d'Egypte orthographie ce mot Kopte dans 

la faction de son travail. M. Langlès l'écrit Qpbihe. 



(«8) 
difTërente. Nous allons examiner ces diverses opinions. 
Les écrivains arabes prétendent que la nation des 
Coptes est ainsi appelée de Kobth , fils de Messraïm 
fils de Cbam, un des rois d'Egypte après le déluge. 
D'autres historiens de la même nation croient que 
Kobtb était fils de Baidher fils de Cham .fils de Noé; 
et frère à*Aschmoun , d^Atrib et de Ssa. Après la mort 
de leur père , chacun d'eux voulut lui succéder ( i ) ; 
ne se trouvant point satisfait de la partie de l'Egypte 

qu'il lui avait assignée , l'ayant également divisée 
entr'eux ; il s'ensuivit un combat sanglant entre les 
trois frères. Kobth resta victorieux , et régna sur toute 
régypte, à laquelle il donna son nom (2). Cette tra^ 
dition s'accorde avec celle des Grecs , sur le roi 
Afyt^TOÇ^ qui fit porter son nom à ses peuples. 

Yansleb qui voyagea en Egypte en 1672 et iCyS; 
ne balance point à adopter cette opinion dans sa 
Relation de l'Egypte (S), et ne doute point que ca 
ne soit par rapport à ce même roi Kobth que les 
grecs donnèrent à son royaume le nom à'Atyrj^oç. 
Mais cette tradition , dénuée de toute authenticité , ne 
mérite aucune confiance. 



•mm 



(0 Voyez d«des$u$, ohap. i.^', note i/^ de la page 64. 

(9) Taky-eddin^Ahhmed, suraommé Elmakryti, qui vivait 
dam h XY,^ siècle de Tère vulgaire. 

(5) Nouvelle relation de VÈgjrpte. Paris, 1677, pag. fi ^tfr 
Il la raïQuvelle dans son Histoire de f Église d^Alesandrie qu'il 
fviblis la inéma sniHIt. 



(«9) 
Tje câèbre Saumaise pensait (i) ^ue les Copttt 

tiraient leur nom de la ville de Coptos , dans laquelle 

ils soutinrent un long et malheureux siège contre 

Vempereur Dioclétien. Mais ce qui semble détruire 

cette opinion , c'est que le nom de Copte ou Kobthi 

ne fut employé, pour désigner les Chrétiens d'Egypte ^ 

qu'après les conquêtes de ce pays par Âmrou-ben- 

al-Ass, c'est-à-dire, long-tems après la mort de 

Dioclétien. (2). D'ailleurs, ce nom de Copte ne s^ap- 

pUquait pas uniquement aux Égyptiens d^ origine ^ 

mais encore à des Nubiens et à des Habbaschi on 

Ethiopiens (3) , qui tous étaient chrétiens de la secte 

des Jacobites. Ceci semble être en opposition avec le 

sentiment de Saumaise. 

Le père Dubemat (4) propose une autre origine 

du nom des Coptes. Il croit qu'il vient du verbe grec 

KqV7/» , couper , et que les Grecs donnèrent aux 

Chrétiens d'Egypte le nom de Ko^oi^ coupés^ parce 

qu'ils avaient l'usage de circoncire leurs enfans. Il 

semble que le P. Dubernat a puisé la première idée 

( I ) Salmassîî Epistolœ , page 100, etc. -« Kircher, Prod^omut 
CopiicuSy page j. — - Tukî, page 3. 
(2) Quatremëre, Recherches sur la langue et la littérature de 

tÉgjrp^^^ pag* 29 et 3o. 

(5) Renaudot , Historia Patriarcharum Alexandrinorum , 
pag. i65 et 164. 

(4) Quatremère, Recherches sur la langue et la littérature de 
fÊgjptfff page Si. •« Mémoires dea MUaioiUt tu, page iS. 



/ 



(y> ) 

de son ^fymologîe dans le Traité disîs et d'Osirîs , oh 
Plutarque dérive aussi le nom de la ville de Coptos 
de Kyjflca^ parce qu'après la mort d'Osiris son époux, 
tsis s'y coupa les cheveux. Mais il paraît que ce furent 
les Arabes qui donnèrent les premiers le nom de 
Kobthes aux Chrétiens de l'Egypte, appelés Jacobites 
par les Gre^^s , à cause de leur hérésie. Ceci détruit 
cette seconde hypothèse. 

L'opinion la plus généralement adoptée par les 
savans qui ont cultivé la langue copte (i)^, est telle 
du savant Renaudot. Il pense (2) et cherche à prouver 
que le mot Copte n'est qu'une corruption du mot 
Aiyrfflaç^ égyptien. En remarquant les rapports qui 
existent entre ces deux noms , et retranchant la 
syllabe or (3) et o5 qui est simplement une désinence 
grecque , on trouve Ttyji^. Ce mot ne diffère point 
essentiellement de Copte, car Talphabet égyptien 
n'ayant point la lettre F, que les Coptes remplacent 
^r K, on trouve Ku7r7 dont les Arabes ont forçié 
Kobth, par la raison qu'ils ne connaissent point Varti* 
culation t» Pt et qu'ils lui substituent B ou F, comme 

(0 Quatremère, Recherches sur la littérature Égxp^ienne$ 
page 5i. 

(3) Si, à Texemple de Jablonski^ on dérivait tfl de Tëgyptieii 
H S, demeure^ on pourrait expliquer alors ce nom d'Égjpte par 
demeure des Coptes; mais cela n'est point probable. 

(5) Renaudot, Liturgiarium orienUdium coUeciio , tOBM î**S 
page cxiu. 



( 90 
dans Batoulmious, Afeltoun onjiflatoun, comiptioiit 

des noms de Ptolémée et de Plaion. Si Ton adopté 
cette étymologie du mot Copte 9 il faudra aussi adopter 
les traditions des Grecs sur le roi Atyv^oç^ et celle 
des Arabes sur Kobth , fils de Baïdher* Mais nous 
devons présenter ici quelques observations sur l'opi* 
nion de Fabbé Henaudot , qui est revêtue d'une appa- 
rence de vérité et qui est appuyée du suffrage de 
plusieurs savans r^commandables. 

Pour que cette étymologie fdt adoptée , il serait 
nécessaire de réfuter le témoignage formel d'Hésy- 
chias, qui nous apprend que le nom d'Atyyj^oç appar- 
tint d'abord au Nil , et que par suite on en fit celui de 
l'Egypte. En second, lieu, le nom de Copte était donné 
aux Chrétiens d'Egypte par les Arabes , et il par^ 
qu'il notait point en usage parmi les Coptes eux^ 
mêmes ; du moins nous ne l'avons point rencontré 
dans les nombreux manuscrits égyptiens que nous 
avons eu l'occasion de parcourir et d'extraire. Un seul 
manuscrit thébain de la Bibliothèque impériale nous 
offre des traces défigurées du nom grec Kry^oç dans 
le mot RTinott (i). Mais il paraît même que l'auteur 
de ce vocabulaire ne regardait point Kr^yjCroç , quHl 
orthographie vicieusement, comme le nom propre de 
Hgypte , et qu'il l'appliquait à Memphis , puisque 



(0 Mm. copte-thébaioi ii«*'449 f.^8o, rectô. 



il interprète ce mot grec par le copte UEd&E qui « 
prononcé Memi/é, n'est aussi qn'une corruption du 
nom égyptien UEÙ^q^ ou Usjù.qi^ Mamfi^ locus 

bonus, nom de la seconde capitale de l'Empire égyp- 
tien. Le mot arabe M ss R qui les suit et les explique 
aussi, se prête lui-même à cette interprétation, car 
si on le prononce Massr, il désignera la capitale do 
rÉgypte, et si on met un iesra sous le mim, oa lira 
Missr, t Egypte. Nous croyons toutefois que le nom 
copte de Memphis, placé entre le mot grec et le mot 
arabe, décide en faveur de notre conjecture. 

Cependant on pourrait citer les noms éthiopiens 
Oybzy etGybzaoui, Egypte et égyptien, pour soutenir 
que Copte dérive d'Ajyv^T^ocr ; mais ces deux noms 
peuvent avoir été formés de l'arabe Kobth , de même 
que le nom éthiopien d'Alexandrie , Iskindiria, n'est 
qu'une altération* de l'arabe hkanderiah. 

Si cependant on croyait que le mot Copte dérive du 
grec AjyiyreroÇy que celui-ci est d'origine égyptienne i 
et que par conséquent il fut employé par les anciens 
Égyptiens pour désigner leur patrie , nous pouvons 
prouver d'une manière péremptoire que les Égyptiens 
ne donnèrent jamais ce nom à leur pays. Nous invo^ 
querons à cet effet le témoignage de Plutarque, qui 
nous apprend que les Egyptiens connurent l'Egypte 
sous un nom différent d'AjynCroç ^ et ce même nom 
donné par Plutarque est le seul par lequel TÉgypte 



(93) 
loit désignée dans toutes les versions égyptiennes de 
Faocien et du nouveau Testament, et dans tous les 
livres écrits en cette langue. 

Mais avant que de présenter le véritable nom do 
l'Egypte et sa signiBcation , nous croyons nécessaire 

d^analyser plusieurs autres noms donnés à cette 
contrée par les Grecs , les Phéniciens , les Hébreux ; 
les Arabes et les anciens Persans. 

Dans le grand nombre de noms , ou plutôt d'épi-^ 

tbètes par lesquelles les Grecs désignèrent l'Egypte , il 

tn est plusieurs qui ont pris leur source dans les tra« 

ditioDS grecques sur ce pays ; telles sont AsCm ( i ) et 

"JCoroft/hç ^ ou ^olafjucL(2), dérivées, selon eux, du nom 

de réponse de Bélus, père d'^Egyptus (3). On croit 

cependant, et avec raison, que le nom de Potamia 

lui fut donné à cause de son fleuve ( ^olofioç ) si 

célèbre. On connut aussi l'Egypte sous le nom d'Âerio. 

Etienne de Byzance dit que ce nom lui fut donné à 

cause d'un indien appelé Aétos , xau Aina cbico nfoç nfj'w 

AiTov. Cette explication ne mérite point la peine d^étre 

^futée , et nous sommes persuadés que le nom â^A/luL 

donné à l'Egypte dérive , comme Asy^oç^ de celui 



(i) Stephanos Bjzantînus , de Urbibus et Popuîis* 

(2) Eustathe ,« apud Dionjrsium Periegetem» Y^rs* dSj. mm 
Stephaaui Byzaatiaus, loco citatQ^ 

Ci) Stephanos Bjzaatiau«« 



(94) 
(Al VSl qui 9 selon Dîodore de Sicile (1)9 fut très* 

•Dciennemeat appelé Adfoç^ Aigle, à cause de la 

mpidîté de son cours. 

Comme Thistoire de l'Egypte remontait à des siècles 
làen antérieurs à celle des Grecs , et que ce pays est 
wn des plus anciennement peuplés , ils le surnom* 
nèrent aussi Qyiyui^^ c'est-à-dire, V antique. Ce 
Bot est le féminin de Tadjectif O>y^ioç, ^gXff^^^f 
fui est du tems ctOgygès. Il était employé par les 
poètes grecs pour désigner une chose extrêmement 
ancienne , qui remontait au siècle d'Ogygès t sous 
lequel arriva le déluge qui porte son nom , et qui était 
pour les Grecs Fépoque la plus reculée de leur histoire. 
Us donnaient ainsi une haute idée de l'antiquité de 
fÉgypte , en l'appelant Clyuyuu 

Elle reçut aussi le surnom de H^a/ç^My la terre 
iSHiphaistoSf le Vulcain des Romains. Le nom égyp^ 
tien de Dieu ^ Créateur était Phtha , que les Greci 
prirent pour leur Hipeuç^o^, Héphaistos. Si ce même 
«urnom grec fut traduit de l'égyptien , il dut être 
synonyme de n&c^^ » Paphti , ou iT£^(^noY'i[ 9 
Paphnouti (. 2 ) » et ces mots signifient celui qui 



{i) Diodore do Sicile. Liv. I, page 17* 

(2) Ce nom fut aussi porte par plusieurs saints coptes. C'est 
û$ là qu'on a fait saint Paphnuce , Paphnutius. Dans )e martyrs 
de Tabbé Panesnir, on parle d'un diacre appelé 1T£>1Tt^0nrTt| 
PapmHtiép nom qui, en dialecte thébiin, répond au memplntiqu* 



( 95 ) 

eppartîent à Dieu. Ils se mettent à la place de nsK&^i 

îTOOT*^ , terre de Dieu , pays de Dieu , et de l^ipuimi 
hnoT^, F homme de Dieu, en dialecte thébain l^KS;^ 

hnoYnx, T\pm»E 'rkotte (i). 

Ce nom égyptien correspondait à notre adjectif 
diHne, et FÉgypte pouvait porter ce nom, puisqu'il 
semble que Dieu lui-même s'est plu à la combler de 
toutes ses faveurs , et que c'est par un phénomène 
admirable que le Nil la fertilise par ses débor- 
demens périodiques. Sans la crue du .Nil . et sans le 
Nil lui * même , ce pays si riche et si fertile ne serait 
qu'un vaste désert de sables. Les Egyptiens recon- 
naissans durent apprécier ce bienfait , le rapporter à 

■ ■ I I ■■■■!■ Il I I ■ I ■■iiii I ■ im 

^ïï &00V , Vabbà Papnouté , diacre de Pboou , monastèr» 
feadë par saint Pakhôm. Le Mss. copte , it.® 69 du f^atican^ 
coaiieni le martyre de saint H&C^nOT^» Paphnouti. 

(i) Homme de Dieu^ c'est une qualification qu'on rencontre 
très*souvent dans les livres coptes pour dësignw un saint per« 
tonoage. C'est ainsi , par exemple , que dans le 9.* fragment thëbaln 
des manuscriU publiés par Mingarêlli, on lit : If ptXlJt»^ !^E 

ÀlTfîlOnnt &T[&. nZ^^tlTU i.qji5.IC2.^ H^RT^tf* 
n^tn& OJ^^pZ^S Ènitl^OTs « à cause de cela, Vhomme 
f dû Dieu Apa Pahom ( Pakhôm en Memphitique ) fut attristé 
fjusquBs à sa mort, t MingareUi, ptge ccxxxn 



JDîea , sous le nom de Phtha » d'où les Grecs firent le 
surnom Vlf^<u^kty en croyant que leur H^âuç^c était 
le Pbtba de l'Egypte. 

li est encore un autre surnom de TEgypte, et que 
les Grecs peuvent avoir pris des Égyptiens eux- 
nénies ; c'est celui d'Ep)Eeo%v;cio; ^ Hermochymios. 

Thomas de Pinédo , dans ses Commentaires sur 
Étieuue de Byzance ( i ), croit y reconnaître les noms 
de Mercure et de Cham. Mais le mot Hermès étant 
grec . ne doit point se rencontrer dans un mot égyp- 
tien ; et comme il n'est pas sûr que les Égyptiens 
aient connu le nom de Cham, fils de Noé, il faut voir 
& sa place Chymi , nom égyptien de FÉgypte , le 
OtKJUL^, Chimi des Coptes. Le mot entier E^XH^ 
se nous a présenté aucun sens. 

'Mûsofi^okoo' fut aussi un nom que porta l'Egypte (2); 
chez les Grecs, il désignait un pays dont les mottes de 
terre sont noires. On verra plus bas que cette épithète 
est la traduction exacte du véritable nom de TÉgypte. 
Nous terminerons cette nomenclature des noms grecs 
de cette contrée , en faisant observer qu Etienne 
de Byzance prétend que les Phéniciens Tappe- 
lèrent Muapùi^ Myara. Il ne serait pas surprenant 

que 



(i) Stephanus Byzanliaus, de Urbibus. Amsielodami^ 1678. 
(9) Ibidem^ page 3S. 



( 97 ) 
quft ce mot eUt été corrompu par les copistes i et qu'il 

eut été primitivement orthographié Mu^gji ^ Âfysra f 
le même que Missr^ nom que des peuples de POrient 
donnaieDt autrefois et dennisnt encore à TÉgypte* 

On remarque chez les Orientaux un usage qui 

remonte aux tems les plus reculés : une nation donnait 

rarement aux peuples voisins leur véritable nom ; elld 

le tirait ordinairement de sa propre langue ou do 

ses traditions. Cet usage subsiste encore aujourd'hui* 

Les Persans , par exemple , appelaient les Tatars 

TouranienSf parce que» selon leur histoire, Tour, fils 

de Féridoun ou Trethnd, avait fait la conquête de la 

Tartane, au-delà du fleuve Dgihoun ou TOxus, et les 

avait soumis à son Empire. 

Les Persans leur conservaient , à cause de cet évé^ 
nemeilt, le nom de Touraniens^ en donnant à leur 
pays celui de Touran^ ou pays de Tour^ Les Arabes 
reçurent aussi un nom particulier des anciens Persans; 
ce iîit celui de Tatians^ parce qu'ils prétendaient que 
les Arabes étaient issus de Taz et de sa sœur Tazé^ 
descendans du roi Kaiomortz. Les Arabes , à leur tour; 
appellent aujourd'hui la Perse Adjem , tandis que sofi 
véritable nom est Fars. Les Éthiopiens modernes sont 
aussi connus , parmi les Arabes , sous une dénomi^ 
nation particulière ; ils les nomment ttabhàschi , et 
leur pays Habbasch : ces mots arabes désignent un 
mélange de diiferses nations ; et les Éthiopiens , tjui 



( 98 ) 
i^appelleot entv^eii:x jlythiopaoui , les regardent comme 

injurieux. Il paraît aussi que les Égyptiens suivirent 
cet usage ; car ils appelaient VÈthiopie i^ttfôoa)^ 
IfesoQsch en dialecte thëbain , et nsE^JZ^nrcg , Nie-- 
thausch en memphitique (i), ou bien lTK5.^t^n5ooa} , 

Pkahannsoosch (2). Dans les Vocabulaires coptes, 
rinde porte le nom de Cocl^sp ( 3 ) , qui paraît être 
fo même que YOphir des Hébreux. On trouve aussi 
dans ces mêmes lexiques le nom arabe Hind ( Tlnde ) 

sous la forme de li^Ei^TOY, P-hendoa (4) en copte- 
^dbain ou Sâïdi, et IIx^iei^^oy, Pihendou (5) en 
memphitique ou Bahhiri. Nous citerons encore le nom 
de la. Nubie f qui est d'origine égyptienne, comme nous 
le démontrerons dans la suite de cet ouvrage. 

Cet usage de donner un nom spécial à des peuples 
Voisins 9 est presque général sur la terre. Cette obser- 
vation s'applique à l'Egypte, comme aux autres 
* contrées dont nous venons de parler. 

( I ) Pseaumo LXVII, 3 f . 

(a) Mss. thébain, ii.<>449 f*^79 vers6, Bib. imp. , ancien fondé. 

(S) Mss. copte, n.^ 17, supplénu » fonds da Saint • Germain, 



(4) Mss. copte-thébain, Bib. imp., n.^ 4& 

<S) Mis. c«pte, n.*i7 , Bib. imp. , suppl. Saint 

^•pc\nf 



(99) 
Les Hëbreujt la connurent sous le nom de Messraïnt 

on de Missraim f et les Arabes l'appellent encore 
aujourd'hui Missr. Ces deux mots paraissent avoir la 
même origine. IjOS Hébreux prétendent qu'elle reçut 
ce nom de Messraïnt » fils de Chant , qui peupla 
VÉgjpte après le déluge \ et selon les Arabes , ce fut 
de Missr , fiU de Messraïm fils de Gfaam . fils de 
ÎJoé(i). 

Ces traditions orientales n^ont point empêché de 
cbercher l'origine et la signification de ces deux mots. 
Quelques auteurs ont regardé Missraïm comme le 
pluriel de Missr ^ ou comme son duel ( 2 ) , et dans 
ce sens on devrait le traduire par les deux Messr, 
c^est-à-dîre la haute et la basse Egypte» Mais cette 
explication est toute hasardée» 

On trouve encore dans le texte hébreu Massour ou 
Matzour, à la place de Messraîm (3) , et comme ces 
deux noms sont synonymes selon le rabbin Kimchi , 
on a cru que l'Egypte a été nommée ainsi à cause 
de sa force naturelle ; ce qui est exprimé par le mot 
Massour^ le lieu fort ^ dérivé de la racine hébraïque 
iSiOttr ou Tsour ^ parce que TÉgypte est environnée 

(i) Abd-arraschid-el-Bakoui, dans sa Géographie intitulée : 
lÀvre exposant les traditions sut les Merveilles du roi Toui^ 
Puissant (Dieu). Il vivait dans les 8.« et 9.^ siècles d9 Thégire. 

(2) Bocharty Geograpkia sacfa^ page 258. 

(3} Les Rois, TOXi Im»^ XIX. $. 



OXFORD 



'•< 



( 100 ) 

de mers et de dëserts qui semblent ed dëfendre Tap^' 
proche. Le Dom de la ville de Ty r , appelée par les 
Phéniciens Ssour, dérive de la ipême racine. Il parait 
aussi lui avoir été donné à cause de sa position avan- 
tageuse : au rapport des historiens grecs , la divinité 
protectrice de cette ville fut Hercule « dieu de la force. 
. ^op , S/or ou acmp , Sjôr, est un monosyllabe qui 
appartient à la langue égyptienne , et qui a également 
la valeur de fortis ( i )• Il en résulte qu'on pourrait 
aussi dériver Massour de l'égyptien U&r^sop , Mayor, 
ou U&^UJpi, Masjôri, locus/ortis, lieu fort. Mais 
ce mot ^Ôp est-il d'origine égyptienne , ou bien les 
Coptes Tont-ils emprunté des Hébreux? C'est ce qu'on 
Ae peut décider ; il est seulement permis de dire avec 
assurance que Missr, Massour et Messraïm étaient 
les noms que des peuples orientaux , tels que les 
Hébreux, les Assyriens et les Arabes, donnaient à 
l'Egypte. 

En arabe Missr (2), ou plutôt Massr^ signifie une 
tapitale^ une grande cille , d'où se forment le dnel 
Massrani et le pluriel Amssar , et ce mot Massr 
s'applique particulièrement aux capitales de TÉgypte. 
Les anciens habitans de la Perse connurent aussi 
l'Egypte sous des noms particuliers. L'auteur du 

m i \i I 11 II. ■ I ■ ■ ■■ I ■ ■ I ■ ■■ I ■ ■ ■— ^— — — 

(i) Pseeumes VU, ii; XVU, 19, etc. 

(2) Ooliua, Lexicon arabie^laiinum^ à la raciae Massara^ 



( loi y 

Bouodèhesch , lirre écrit en langue pehlvle et qui 
contient la cosmogonie des Parais . appelle TÉgypto 
la terre de Sapenios : nous en ignorons la cause et 
rorigine. Il la nomme aussi Mtssredj^ qui n'est autre 
chose que le nom de Missr, avec une terminaison 
pehlvie. 

Quelle que soit Torigine du mot Missr, il est pxp^ 
bable qu'il ne fut jamais en usage parmi les Égyptiens. 
Selon Plutarque , ils appelaient leur pays Xn/uct ( i )• 
En retranchant la désinence grecque a , on trouve 
^Xjfifu qui est exactement le mot X^kjus, Châmi on 
Chimj (2) 9 que portent tous les textes égyptiens des 
Jivres saints et tous les manuscrits en langue copte. 
C'est là le véritable et le seul nom égyptien dm 
lïgypte. 

En dialecte memphitique, on disait 3ChuS, Chenu ^ 
et en dialecte thébain , RhuE , Kémé ou Kimé : 
tK^UiOOC ^H ^EKpS iC& OrpOESC Ktoo^K 
^LÏÏEpKS lYCaTJULB. ^it Tpî EpE HEK^KT 

^H KHUE (3) : ic Lorsque ta es assis dans ta 

» cellule f veille sur toi-même; tandis que ton corps 
» est dans ta cellule , que ton cœur ne soit pas en 

(0 Plutarque, de Iside et Osiride. 

(2) Les Arabes le prouoncent et l'ëcrivent Schimi ou Schimet, 

(3) AEgjrptiorum codicum reliquiœ musœi Naniant^ /ragmentm 
^Y> page n dtt bus. 9 et pagevcccxxxi de Toarrage de MiDgarelli^ 



( «9^ ) 
^ égypt6. » n se troure écrit RkuR « Kêmi, dans 
.uoe note iasérée dans un maouscrit ( i ) par le diacre 
Joseph qui s'était réfugié au monastère de Saint-- 
Macaire , près des lacs de Natron , lorsque le calife 
jFatbimite Hakem^Biamrillah persécutait les Chrétiens 
de rÉgypte. Mais il n'est point étonnant que l'ortho- 
graphe de ce mot soit vicieuse , puisque le morceau 
.entier du même auteur , publié par M. Etienne Qua- 
tremère (2), est écrit dans une espèce de patois ou 
égyptien corrompu qu'on parlait dans le Fayyoum, 
province d'où le diacre Joseph était originaire. 

Les Égyptiens portaient le nom de P^iUiî^!)(BjULS» 
JRemanchimif mot formé, i.^ du monosyllabe pEiUt, 
indigène ^ habitant, et qui n'est peut-être autre chose 
qu'un abrégé depcujus, homme; 2.* de la lettre h, 
article du génitif; S."" de Xrjux, nom de l'Egypte: 
il signifie par conséquent un homme ou un habitant 
de 1^ Egypte. Nous citerons ici , à l'appui de ce que 
cous venons d'avancer, le commencement du xxxix/ 
chapitre de la Genèse, que nous avons extrait d'un 
superbe manuscrit copte «memphitique d^ l'ancien 



^•^ 



(i) Mas. copte, n.«68, f.oi6i j Bîb. împ., fond^ du Vatican. 

(5) Dans ses Recherches sur la lmgu0 et la liudrtuure dû 
^Égj^pte^ pages 248 et suiv. 



( io3 ) 
Testament, que possède la Bibliothèque impériale (i) : 

«!2fit itET£c|>pR TTSCsonrp KnrE c|)sp^aT HE^a^p- 
Otso&r'OC OYpaïui x^ptttlXHjuLS B&oX^^ti 

K^KTSX!»: KKSSCJUB^RXSTKC KHET &TlBKq È^DpHS 

ZnxBr: « Ils (les Ismaélites) conduisirent donc Joseph 

9 en Egypte ( XrjulS ). Pétéphri ou Pétéphré (2), 

» eunuque de Pharaon et chef de ses Mages ( 3 ) , 
» homme égyptien ( pEul^HtsiS ) (4), le prit des 

9 mains des Ismaélites qui l'avaient mené dans ce 

> pays. » Le mot Peul^uK, Remchmè, se lit aussi 

dans le texte égyptien de Tinscription de Rosette ( 5 )« 

Cest de X^RJUl (6) que les Hébreux formèrent leur 



■• 



ê 



(1) Mss. copte, n.^ i , ancien fonds. 

(2) Le nom de ITEnTEc^pH est purement égyptien. II désigna 
une personne consacrée au Soleil ( pH }• 

(3) Le texte hëbrea port» sser MatahaMiim^ le chef de se» 
Satellites ou Gardes. La vulgate porte Princeps exercMs suL Le 
t«xte copte fait de Péîéphré le chef des Sages du roi d'Egypte , 
car MayoCy en grec , est souvent mis pour signifier Sapiens. 

(4) Ou pttSLh^l^KJULS, comme oa lit dans le verset suivant* 

(5) Lignes 8 et la* 

(6) Ktrcher a mai orthographie X^HAHl dans soa (Bdtpuà 

jtEgxpiiaeus. l'écrit Xjt U^B. ; c'est probablement d'après 
Platarque. Il ne connaissait peut-être point alors de maauscrii 
copte qui p&t le fdire revenir de son erreur* 



jirtt^Khamf terre de Cham^ qu'ils rattachèrent à 
rune de leurs traditions pour en donner l'origine ( i ) 
et lexpliquer» comnie ils le firent à l'égard des autres 
pa lions de la terre dont les noms étaient venus à leur 
connaissance. 

Quelques auteurs , et parmi eux le père Bonjour (2), 
ont écrit que le nom de Xkjul!; ne s'appliquait pas à 
l'Egypte entière , mais seulement à la basse Egypte. 
JjH, lecture des Martyrologes suffit pour détruire cette 
opinion. Cependant il est des passages qui semblent 
en quelque sorte appuyer cette fausse conjecture ; tel 
est, par exemple, le suivant : BÛoX^x^tft ^sî^soi[ 

ï<X«|>M«^T i^u KHt^ê^nrajains ^zti M2.pHC î^u 

COY^Ît Î^^U. «XJU& Bpt KSp^JULTaS^fi^KKHCS UJOH 

A9^tl&Y ; n Parmi les Pères dignes de foi, des déserts 
P de rigypte ( Xhjuî) et de Niphaiat ( la Libye, 
f voisine de TÉgyple ) , parmi ceux qui habitèrent 
» dans Maris { la Thébaïde ) el Souan , ainsi que 
j» ceux deTabennési, etc. (3) » Il semble d'abord que 



(0 H^n ( ou Cham ) , a ywo etJEgjyttus usyue hodié yŒgfp^ 
tiorum Un^ua Ham dicitur, — S. Hieronjrmus , QuesHones in 
Henesinu 

(3) Bonjour, Monument» coptica BiblioikeçK Faticatug. 
(5) Hiitqriii Imsiaca, ma. copte, BiU, iinp., «.«e*, £• iS6 

m». 



( io5 ) 
Chimie Viphaïatt Souan et Maris sont des |>a]rs 
indépeodaos l'un de Tautre; mais comme Niphaïai 
appartenait à TËgypte ( Chémi ) , et que Souan était 
situé dans le Maris ou Thébaïde , il s'ensuit éyï^ 
demment que Maris était une partie de Chemin 
XniUS, et que toute l'Egypte portait ce nom. 

Mais la preuve la plus convaincante de ce fait ; 
celle qui détruit Topinion de ceux qui prétendent que 
XhuS ne désigne qu'une partie de TÉgypte et non 
le paya tout entier , se trouve dans l'importante ins- 
cription de Rosette. Par -tout où le texte grec porte 
Aryygloç , on trouve dans le texte égyptien ( i ) XuH, 
Chmé (2), ou bien Xu!;, Chmi, comme le dit 
M. Âkerblad. H est donc hors de doute que TEgypte 
entière porta , parmi les Égyptiens , le nom de XHiiM , 
Chimi ou Chmi. Quant à l'orthographe de ce mot 
daoa l'inscription de Rosette , où il est écrit Chmi 9 
il est facile de la justifier par des exemples tirés do 
ce monument lui-même. Il paraît que les anciens 

r 

Egyptiens négligeaient beaucoup les voyelles , et qve 
très-souvent ils ne les écrivaient pas. On voit en eiTet 
qae les noms grecs Ilro^^^o^, ^sfefimç^ AXE^asJ^poor ^ 

(0 Noos lisons cê mot par un K à la fin. Nous justifierons dan^ 
la suite cette lecture. 

(2) Voyez li^es x» 7, 8, "1 «a, t5, »9, 21, 23, »9, «te, da 
ttxts égyptien* 



(io6) 
^vpfoçy^oiàt rendus dans le texte égyptien du mona^ 

ment que nous venons de citer, par IlnrXOTAiLHiEOC ^ 

BpnKKCC» ^XKC&n^pOC et Ilptc. Dans le nom 
de Ptolémée , les Égyptiens ont retranché To ; les 
deux € manquent dans Bérénice ; ils ont aussi omis 
Ye dans le nom d'Alexandre, et u dans celui de Pyrra. 
Le dialecte ihébain semble conserver encore des traces 
de cet ancien usage , qui faisait supprimer les voyelles 
( sur -tout Te ) en écrivant les mots où elles se ren- 
contrent. On trouve par exemple COXCX pour COXC^X» 
orner, consoler; puWOOYE, pour EpwEÎOOTE oa 
pxwtîOOrt, les larmes; 6»<s6mx, pour (Si^Sh»t 
rendre fort ; ^ M ^ u , pour ^E W^Etf , cri , gémn- 
sèment, bruit; (S^'h^ (i), pour tf'^^OU.* Il en est de 
même des prépositions ^ te et ^m pour ^£St> ^^v> 
de, dans. Cependant on a eu soin de surmonter d'une 
petite ligne les lettres entre lesquelles il fallait snp- 
pléer une voyelle. 

Nous ajouterons que c^est peut-être de cette babi- 
t\tde des anciens Égyptiens d'omettre les voyelles i 
que vient la grande coofusion qui existe dans leur 
emploi dans la langue copte. Quoi qu'il en soit , nous 
concluons rigoureusement de ces observations , que 
l'orthographe de XuK ( Chmi ) est naturelle et 
conforme au géuie de la langue égyptienne. 

(0 Hosëe, X, 7, 



( 107 ) 
Le nom que les Egyptiens doHnaîent à letir pays 
devait EToir une signification , ainsi qu'on le remarqua 
chez tous les peuples de TOrient , qui tirèrent le nom 
propre de la contrée qu'ils habitaient, ou de son état, 
ou de quelqu'autre circonstance qui y était relative. 
Ce qui frappait le plus ceux qui voyaient l'Egypte pour 
la première fois» c'était l'aspect de son sol. «L'Egypte, 
• dit Hérodote (i), ne ressemble en rien ni à l'Arabie 

> qui lui est contiguë , ni à la Libye , ni même à la 
» Syrie. Le sol de TÉgypte est une terre noire , 

> crevassée et friable , comme ayant été formée du 
f limon que le Nil y a apporté d'Étbiopie, et qu'il y a 

> accumulé par ses débordemens; au lieu qu'on sait 
» que la terre de Libye est plus rougeâtre et plus 
9 sablonneuse , et que celle d'Arabie et de la Syrie 
» est plus argileuse et plus pierreuse. » La justesse 
de cette observation de l'historien d'Halicarnasse est 
confirmée par tous les voyageurs modernes qui ont 
parcouru l'Egypte. Cette couleur noirâtre du limoa 
du Nil a fait dire à Virgile, en parlant de ce fleuve : 

Et viridem JEgyptum nigrà ftcundat aren& (2); 

« 

et c'est aussi à cause de cette particularité que les 
Egyptiens appelleront l'Egypte XRii^X ou Xuff. 



(1) II, S- Xlf, 

(a) Virgilius, Georgicôn , lY, 25. 



( ie8 ) 
En effet , ^swt ( i ) qu oq tronye aussi ëcrît 
y^B^K (2) en dialecte memphitîque , et KBv^z (3j en 
dialecte thébaîn , signifie noir ; et Ton voit aisément 
que le nom de l'Egypte a suivi les variations de ces 
mots yi>%M et K^UE, puisque dans la basse Egypte 
on récrivait par un ÛC , et dans la haute Egypte par 
un K. Outre cela , le mot ût&AUl , noir, quoiqu'il soit 
rarement employé , a suffi pour conserver la véritable 
orthographe du nom égyptien de TÉgyple, puisqu'il 
ressemble àl^CuR de Tinscriptian de Rosette , et qu'il 
n'y a de différence entr'eux que l'absence de & ou € 

dans ^uR : nous avons expliqué la cause de cett» 
omission. 

Les dérivés de yjb%xz ont tous rapport à la couleur 
foncée ou noire; ainsi le mot ÛCsjul5 veut dire 
les ténèbres, lorsqu'il est précédé de l'article M, 
marque du pluriel dans la langue égyptienne (4). 
:)C^A*Epaiq, Chamé'Rôf(S), est le nom d'un insecte; 
il est formé de J^JUE, noir, de poi, bouche, et du 



(i) Mathieu, V, 36 j Apocalypse, VI, 5, «a. 
(2) Mss. copte duVaticaa, n.*6o, BîbL imp. 
(5) Bonjour, Monumenta coptica^ p.age xo* 

(4) Tukî, Rudimenta linguœ copias, 4. 

(5) F'ita Macarii Alexandriai, Cod. copiiciu musi^i Bofjlaai» 
cite par Rojsi , Etjmologiœ œfjpUaem. 



( to9 ) 
pronom personnel ^, lui, à lui, ce qui donne rëqui-^ 

Talent des mots français qui a une bouche noire ( i )• 
figDore à quelle espèce d*insecte les Égyptiens 
rappliquaient. Enfin, 4)HEt3^HjulX signifie noir ^ 

ténéhreux {2). Gîs notions sont certaines , et pour 
prouver jusques à Tëvidence ' que XkjulS , ou bien 

XjuH ou XsuR, noms de l'Egypte, voulaient dire 
noir, de couleur noire, nous ajouterons ici le tëmoî- 
gaage de Plntarque , qui appuie notre explication 
lorsqu'il dit : « Outre cela, toute la terre d! Egypte est 
^Jort noire , et les Égyptiens appellent le noir des 
9 yeux XnifAt^L. » Ils pouvaient en effet dire TTS^Kjuls 

jyLfisX» pichémi amhal , ou irs^^HJUX KK\&«.X, 

pichémî annihal, le noir de tanl ou le noir des yeux. 
11 s'ensuit naturellement que J^Hu!; et OC&tJLS sont 

synonymes. Il en était de même de J^t^iK , comme le 
prouve un manuscrit grec sur papyrus , trouvé dans 
QQ coffre enfoui près de Djizèh, vis-à-vis le Kaire, 
leqael fait partie de la riche collection du vénérable 
cardinal Etienne Borgia , et a été publié à Rome par 



( I ) Le mot ëgyplien &9ptIICJ( , muet , qvi ne parle point 
( mss. copt. , Bibl. imp. , fonds du Vatic. , n.* 68 , f.^* 120 ) , est 
fermé de la mime manière. Ce mot est aussi écrit ^nrptnc^ 
^ns le manuscrit copte provenant de Saint - Germain , n.^ 5oo. 

(^) 1^'Égypte porU aussi le nom ^ Ténébrosa. Stephaaiia 
Bjrzantinusi verbe AsClsu 



rito) 

M. ScboW (i). Ce fragment intéressant contient dci 
jDoms d'ouvriers employés dans les travaux publics ; 
ils sont presque tous égyptiens ; tels sont Tteta^tç^ 
AfAGuna-y llaMMpy îltrùu^iÇy qui, dans leur orthographe 

nationale iT&Orqi , jÙlKCS, lTfc.UOVN, itE'^Orqt, 
signifient Aya!)i)J^eufiofioç , consacré au Dieu bon , 
Isiaque^ Amoun , ou plutôt Afi/io^fiot , le bon. Dans 
cette liste on trouve celui de Ko/jli/iç^ qui n'est autre 
chose que l'égyptien RsuH ou X&*Jlr , le noir. 

Le nom égyptien de TÉgypte fut donc X&wK, 
Xkus , en dialecte memphitique , et Kh«l^ t on 
plutôt K&^utR , en dialecte thébain. Ces divers noms 
se prononcent tous Chami ou Chimi (2) , et ne différent 
en effet que dans leur orthographe, et nullement daas 
leur signification que nous avons dit être synonyme 
du mot français noir^ noire. Ce nom remonte à rori"* 
gine même de la nation égyptienne ; c'est pourquoi 
les Grecs surnommèrent TÉgypte MsKatfjù&oKoç (3), 
aux mottes de terre noires , et l'appelèrent Xa^ 



(i) Charta Papjrracœa musoii Borgiani^ Romse, 1788. 

(2) Cest de-là que dérive le mot français chimie. Cette scienci 
est d'origine égyptienne. Les Égyptiens paraissent l'avoir cultivée 
avec quelque succès. L'empereur Dioclétien fit brûler tous les 
livres de chimie, composés par les anciens Égyptiens. V<>J«* 
Suidas, aux moU X^V^ceitt et A/OXA)|Tl«^0;. 

(5) Stephanus Byzantiaus. 



(lîî) 

KiXtffUfVoJ^M^ ( O « ^^ P^y^ ^^ ^^^^ 9^^ ^^* ^^ pieds 
noirs , oa qui habitent une terre noire. Nous Terrons 

dans le chapitre suivant , où nous nous occuperons' du 
Nil , que ce fleuve porta le même nom. 

(0 EnsUtlw. 



• ■■ - * ■ " 



CHAPITRE TROISIÈME. 



Du NiL 



P 



ARMi te grand nombre de siogularitës et dtf 
phénomènes admirables qui appellent sur l'Egypte 
Fattention des observateurs « le Nil tient le premier 
rang. Ce grand fleuve, par son débordement péri(H 
dique , donne la fécondité et la vie au pays qu'il 
arrose. Sans lui, les riches campagnes de TÉgypte ne 
seraient qu'un vaste désert, semblables aux soUtades 
immenses qui l'envivûnnent. Il est en même tems le 
créateur et le conservateur des contrées qu'il parcourt 
dans sa longue course. 

Les anciens Egyptiens nignoraient point ces vërllâ I 

ils savaient que sans le Nil , TÉgypte , bien loin de 

fournir du blé à la plus grande partie de l'Asie, 

aurait été dans la nécessité d'en recevoir des natioDS 

voisines , ou plutôt , qu'elle aurait été inhabitée. Ce 

peuple que Tantiquité désigne comme celui qui savait 

le mieux apprécier tout ce qui portait un caractère 

d'utilité générale, consacra, dans sa reconnaissance, 

«ne espèce de culte aux eaux bienfaisantes du fleuve. 

Il 



(n3) 
tt teghrda te NU commô ^aôré , et l'iutarque nous 
apprend que les Égyptiens le qualifiaient de père et 
de saweur de TÉgypte ( i ). 

Les nations de TËurope ont long^tems ignoré le 
lieu où se trouvent ses sources. De nos jours même 
les opinions sont très- partagées , ou du moins on n'a 
pu déterminer avec une rigoureuse exactitude le 
point de TÀfrique oix elles existent (2). Il n'est pas 
surprenant que les Grecs , dont les connaissances 
géographiques étaient plus bornées que celles des 
modernes , ne nous aient laissé , sur ce sujet , que 
des notions plus vagues encore et contradictoires. 

Pendant son voyage en Egypte , Hérodote eut 
occasion de consulter sur cette question plusieurs 
Égyptiens » des Libyens et des Grecs qui avaient 
quelque instruction ; mais aucun d'eux n'osait assurer 
les connaître (3). L'Hiérogrammate de Saïs, prêtre 
égyptien qui écrivait et interprétait les livres en carac-* 
ières sacrés , voulut cependant les lui indiquer. Selon 
lui , à Textrémité de la Thébaïde , entre la ville de 
Syène et 111e d^Éléphantine , étaient deux montagnes 
dont les sommets se terminaient en pointe. L'une de 



(1) Plutarque, delside et Osiride. 

(2) D'AnviUe avait la même opinion. Académie des Belles\ 
Lettres^ tome XXVI , pag. ifi et suir. 

<5) Hérodote, liv. II, J. ysx\m. 

8 



\ 



< iï4) 

ces tnontegdes portait le Dom de Chrophi , et Tautre 
celui de Mophi. Les sources du Nil , abymes profonds ^ 
gBe trouvaient, disait -il, entre ces deux montagnes. 
La moitié des eaux coulait au midi vers TÉthiopie , 
et le reste au nord vers TÉgypte ( i )• 

Mais soit que THiërogrammate voulût paraître mieux 
instruit qu'il ne l'était réellement , soit qu'Hérodote 
ait mal rapporté sa réponse, on ne doit la considérer, 
quoique venant d'un prêtre égyptien , que comme une 
&ble ridicule. 

Llle d'Élépbantine est placée au milieu du Nil, 
tis-à-vis de Syène qui se trouve sur la rive orientale. 
Les bords du fleuve sont formés par des rocbers de 
granit coupés à pic, polis par le frottement des eaux, 
et couverts , à une grande hauteur , de sculptures 
égyptiennes (2) ; c'est là sans doute le Mophi et le 
Chrophi du prêtre de Sais. Mais entre ces deux chaînes 
de rochers on ne remarque aucun abyme , et bien 
moins encore les sources du Nil. Pour que le rapport 
de l'Hiérogrammate eût un sens qu'on pût appliquer à 
la nature des lieux , il faudrait supposer qu'il voulait 
faire connaître à Hérodote l'endroit où le Nil entre 



«»«A< 



(i) Hérodote, J. xxviii. -—Aristide, ylEgjptiaca^ f-*95, ligne 35é 
(il) m. Jomard, Description de Sjrène et de ses environs^ ch. 2| 

page 5,, dans la Description de VÉgjpte^ première kvraisouj 

FajnSf Imprimtrie impériale, 1810, ia-i^. 



(ii5) 
8\ir te sol de TÊgypte ; et dans ce cas encore soa 
rapport serait peu exact « puisque les aDcieos out 
placé sa limite nord aux petites Cataractes ( i )• Au 
reste l€S deux noms de ces montagnes sont égyptiens 
et nous croyons que Mophi doit être le mot jw OYcijS ^ 
Mouphi, qui signifie la bonne, et que le mot Chrophi 
tsi le même que X^potJ^ qui, en langue égyptienne, a 
la valeur de mauvaise (2). Nous ignorons Torigine do 
ces deux dénominations. 

Hérodote raconte que dans le tems où il voyageait ; 
le cours du Nil était connu pendant quatre mois de 
chemin (3). Cet auteur rapporte ensuite ce que lui 
avaient appris quelques Cyrénéens qui étaient allés 
consulter Toracle d'Ammon ; Étéarque , roi de cette 
Oasis, leur raconta que de jeunes Nasamons, habitans 
de la Libye , à Torient de la Syrte , s'étant enfoncés 

dans les déserts du midi , avec le dessein de les 
connaître , arrivèrent, après un long voyage , dans ua 
pays sablonneux et une plaine où se trouvaient des 
arbres fruitiers, et que des hommes de petite taille les 
ayant faits prisonniers, les conduisirent à travers les 
marais, dans une ville dont les habitans étaient noirs , 
et à Fouest de laquelle coulait une grande rivière o\Jk 



•^m 



(0 Voyez le chapitre i.*', page 67, suprà* 
(a) Texte copte du pseaume XLII, x. 
(5) HérodoU, Ur. U, S* ^^^^ 



(«i6) 
ce tronyaient des crocodiles (i). Étéarque conjectarait 
qu9 cette rivière était le Nil (2) , et croyait que ses 
sources étaient inconnues (3). 

D'autres Grecs ont pensé que le Nil prenait nais* 
i^auce aux extrémités de la Mauritanie , dans un liea 
peuplé de monstres et de bêtes féroces (4)* Alexandre^ 
fils de Philippe , étant arrivé sur les bords de VHy* 
daspe (5) et remarquant que ce fleuve était fréquenté 
par les crocodiles , s'imagina qu'il avait trouvé la 
source du Nil , et voulut y embarquer une flottel pour 
rÉgypte (€). Si ce fait est vrai , on peut dire que ce 
:grand conquérant était mauvais géographe , et qu'il 
ne fut pas difficile de lui faire reconnaître son erreur. 
Au reste , quoique les anciens géographes et les 
anciens historiens n'en aient point commis d'aussi 
^grande , ils n'ont pas mieux éclairé la discussion , et 
ils n^ont donné que des apperçus plus ou moins 
fautifs sur l'origine du Nil. Leur opinion commune le 
faisait naître en Ethiopie (7). 



(i) Hérodote, §. xxxit» 

^a) Ibidem^ ^ xxxiiu 

(5) Ibidem ^ §. xxrii. 

(4) Strabon, liv. XVU, page 826. 

^) Cette rivière se jette dans l'Indus. On croit <{ue c'est le Béhêt% 
^) Strabon, liv. XY, page 696, 

ifi HéUodon, ÀEthiopiça, Uv.IL 



("7) 
Dans les tems modernes, les Jësuites portugais, 

conduits par leur ferveur et leur ambition dans les 
provinces de TAbissinie, se flattèrent d'avoir découvert 
les sources du Nil. Il les placèrent dans la province de 
Goyama sur les terres de Saccala. Le lieu d'où sort le 
fleuve auquel ils donnent le nom de Nil, est à l'orient 
du lac de Damheïa ou Tzana. On regarda long-tems 
leur découverte comme certaine , et le chevalier 
Bruce contribua à l'accréditer. Cet écossais donne aux 
sources du Nil la même position que les Jésuites 
portugais , et les fixe à Gisch, à lo d. 59 m. de 
latitude ; il ajoute que le Nil traverse TÉtbiopie et se 
jette ensuite dans une grande rivière que les Arabes 
nomment Bakhar-el-Ahiadh , RiçUre-Blanche (i). 

Mais cette rivière, qui vient du sud -ouest, a été 
regardée par plusieurs géographes, et entr'autres par le 
célèbre d'An ville, comme étant véritablement le-NiL 
C'est en effet ce que pensent à ce sujet les personnes 
les plus éclairées de ce siècle. Suivant les écrivains 
arabes, la Rhière-Blanche, ou le Nil, prendra source 
dans les Djabal-Qamar , les monts de la LunCp 
situés, disent- ils, à 11 d. au-delà de la ligne équt« 
noxiale (2), ou bien dans les Djabal'-Qomr, les mon-- 
tagnes dune couleur çerdâtre, selon que Ton ponctuera 

(t) Brnce, Voyage aux sources du NiL 

(2) Ahdallatif , Relation de V Egypte, page a. Cette indicatioi^ 
est inexacte. Le Nil pread sa source ea-deja de ré^atenr^ 



(ii8) 
le mot arabe qmr (i). En adoptant la leçon DjahaU 
Çamar^ les montagnes de la Lune ( 2 ) , il paraît 
que les Arabes auront tire ce nom du géographe 
Ptolémée , qui , ainsi que Léon l'Africain , avait la 
même opinion (3). 

La Société africaine de Londres et le major Rennel 
placent les sources de la Ris^ière- Blanche ou du véri- 
table Nil , au sud du TJârfour , dans la contrée de 
Donqa , par le 25.^ d. de longitude au méridien de 
Greenwich, le 8.^ de latitude nord, et plus de 4 d. au 
sud de la source de l'Abawi que Bruce et les Jésuites 
ont pris pour le Nil. En adoptant cette opinion , qui 
paraît fondée sur des faits , il en résulte que TAbawi 
et le Tacazzé , deux rivières qui arrosent l'Abissinie , 
sont l'Astapus et l'Astaboras , fleuves qui , selon les 
anciens » se jetaient dans le Nil. Leur jonctioa 
8*opère près du lieu appelé lalac , à peu de distance 
^11 I ■ ■ - ■ 1 .1 ■■ ■ .1. >, ■ f » 

(i) Voyez la Traduction française d'Abdallatif, par M.Silvestre 
de Sacy; Paris, Impr.imp., 1810, iii-4-**» liv. i.*', chap. î.*', note x 
M. Langlès interprète Djabal-aUQomr, par Montagne des Tour^ 
ter elles ^ dans la traduction du Voyage d*Uornemann , tome 11, 
pag. 237 et 258, note i. 

(2) C'est sur le penchant de ces montagnes que les Arabes placent 
le château fabuleux d'Ankam, fils d'Ariak, roi d'Egypte. 

(3) Dans une lettre du grand-divan du Kaire au général en chef 
Meaou , le lieu où le Nil prend sa source est appelé Challab. 
Courtier de l^Égjrpte^ ».• 10 1 , du 18 pluviôse an IX 1 page a, 
•oloune A« 



ÏÏe la ville de Noaabiah, que d'Ânville croit svoîf 
remplacé l'ancienne et fameuse Méroë. Les Jésuites 
portugais et le chevalier Bruce se sont donc flattés 
en vain d'avoir soulevé le voile qui , pendant tant de 
siècles , a dérobé à l'Europe la connaissance des 
sources du fleuve d'Egypte , puisque les rensei* 
gnemens qui ont permis à la Société africaine de 

Londres de fixer à-peu-près Torigine de la Rivière-^ 
Blanche ou le Nil , inspirent la plus entière confiance , 
étant dûs à plusieurs voyageurs africains, compagnons 
des caravanes du Bournou et d'autres pays voisins des 
sources de cette Bmère-Blanche. Aucun Européen n'a 
pénétré dans cette contrée de l'intérieur de l'Afrique ; 
mais l'on a calculé que depuis l'embouchure du Nil 
jusques à la source de la Riçière - Blanche , qui est 
aussi le Nil , il y avait environ i44o milles géogra- 
phiques en ligne directe (i). 

Sorti de sa source , le Nil traverse un pays habité 
par des nègres, et se dirige vers le nord -est , au sud 
du Dârfour. Il tourne ensuite insensiblement vers le 
nord , et coulant à l'orient de la même province , il 
arrose le pays de Kordafân et reçoit , près ôiEm^ 
dourman , VAbawi ou Bahhar^Azrâq ( riinère bleue 
ou ^erte) que Bruce crut être le Nil. U baigne dèslors 



(0 Mémoire du major Renod f dans le F'ojr^ge d'Homemaim^ 
ta Afrique^ tome a^ page 23^ 



( 120 ) 

la partie occidentale du Sennàar^ et, augmentas par lef 
eaux du Tacazzé , il arrive dans le pays de Takaki. Il 
ae dirige bientôt vers Toccident, et parvient kDon^ 
çolah ou Dankalah. Après avoir ensuite traversé la 
Nubie, en décrivant de nombreuses sinuositéa, le Nil 
se trouve enfin resserré entre deux chaînes de mon- 
tagnes, au milieu desquelles il arrive à la petite cata- 
racte au-dessus de Syène. 

L'antiquité vanta beaucoup ces cbûtes du Nil, et 
l'admiration qu'on éprouve en lisant les rapports des 
anciens voyageurs , a contribué à les rendre très- 
célèbres parmi les modernes. On connaît huit prin- 
cipales cataractes du Nil ; celle qui se trouve à une 
lieue au-dessus de la ville de Syène, est la plus 
généralement citée parmi les modernes. Les anciens 
historiens et les anciens géographes ont beaucoup 
parlé de cette chute du Nil : ils rapportent qu'elle fait 
un bruit effroyable q^i s'entend de très-loin ; ils ont, 
comme à l'envi , multiplié les merveilles de ce phé- 
nomène. Mais les rapports des voyageurs modernes 
démentent leurs assertions. 

Les Arabes ont donné à cette cataracte le nom de 
Chellal. La largeur du Nil , en cet endroit , est de 
près d'un quart de lieue ; « la montagne qui la borde, 
f> arrivée vers les cataractes , descend perpendi- 
t culairement dans le fleuve; puis elle ressort à sa 
y surface, sous la forme d'une foule d'écueils Irès^ 
» proches les uns des autres , et dont plusieurs sc/ot 



j 



(fil) 

» de grandes îles. C'est principalement vers la droite 
f du fleuve que les lies sont plus rapprochées, pins 
9 escarpées , et qu'elles opposent le plus d'entraves à 
9 la marche des eaux ; on compte dix barres prln« 
» cipales dirigées d'une île à l'autre et dans tous les 
9 sens ; le Nil , arrêté contre ces obstacles , se refoule « 
9 se relève et les franchit. Il forme ainsi une suite de 

» petites cascades dont chacune est haute d'un demi^ 
9 pied tout au plus (i). » Vers la rive gauche, les barres 
fie sont point aussi considérables , et les barques y 
passent à la voile pendant le débordement (2) ; beau^ 
coup de rochers dans les environs de ces petites chûtes 
sont couverts d'hiéroglyphes. Tel est le rapport des 
membres de llnstitut d'Egypte qui n'ont écrit que ce 
qu'ils ont vu ; telles sont ces cataractes si vantées par 
les anciens , qui les confondaient sans doute avec 
celles de la Nlibie, peut-être plus considérables. 

C'est ainsi que s'établissent les idées fausses et les 
opmions erronées ; et elles s'accréditent sur - tout 
lorsque des voyageurs modernes, dont on ne soup- 
çonne pas la véracité , ajoutent encore aux rapports 
des anciens. 



( I ) M. Jomard , Description de Sjène et des Cataractes » 
Mémoire qui fait partie de la i/* livraison de la Description de 
tÉgrpte, publiée par ordre de S. M, TEmpereur. C'est de ce 
Mémoire que nous avons extrait tous les détaiU topographiques 
iur l'état présent des cataractes. 
' (3} Mém. de M. Jomard , page i5. 



< laa ) 

Tels furent plusienro voyageurs des derniers slècTef # 
qui osèrent assurer avoir vu les cataractes de Syàne^ 
formées par le Nil , tomber d'une hauteur prodigieuse. 
Tel fut sur-tout Paul-Lucas (i) ^ qui voyageait dans le 
beau siècle de Louis XIV et par ordre du roi. U dit 
avec assurance : « Après avoir quitté la ville de 
» Syène » nous arrivâmes à une heure avant le jour à 
» ces chûtes d'eau si fameuses. Elles tombent par 
» plusieurs endroits d'une montagne de plus de deux 
» cents pieds de haut. » M. Jomard , que nous venons 
de citer, nous apprend qu'elles ont tout au plus ua 
demi-pied. « Ou me dit» continue Paul Lucas, que les 
» Nubiens y descendaient avec des radeaux. » Il ne 
croyait pas à ce rapport ; mais dans le même instant 
il eut le plaisir de voir deux radeaux , gouvernés par 
des Nubiens» se précipiter de plus de deux cents pieds 
de haut sans être submergés , et continuer gaiement 
leur navigation (2). Il a usé du droit d'en imposer à 
ses lecteurs , jusqu'à ajouter qu'à cette cataracte on 
remarque une nappe d'eau , large de trente pieds , 
qui forme ; en tombant , une espèce A^àrcade sous 
laquelle on peut passer sans se mouiller. On remar-* 
quera sans doute que rien ne doit surprendre dans ies^ 
rapports d'un voyageur qui dit avoir vu une ville de 

(1) Premier Vo,'y>ge 9 tome i, page i54* 
(3} Ibid^j pag* i54 ^ 'S5. 



géans près de Tarse en Cilicb ^ et plusieurs antres 
merveilles de ce genre. Mais on ne peut s^ern- 
pêcher de regretter que la connaissance des lieux 
dépende de la bonne foi des voyageurs. Ce que nous 
venons de rapporter relativement à Tidée qu'on s'était 
faite de la cataracte de Syène avant la mémorable 
expédition d'Egypte , fait voir jusqu'où peut aller 
Terreur. Il résulte des connaissances acquises sur ce 
fait, pendant l'expédition, que cette chute du Nil 
mérite à peine d'être remarquée. 

Après avoir franchi les rochers qui l'occasionnent , 
le Nil parcourt l'Egypte du midi au nord , et reste 
enfermé dans un seul lit parsemé d'îles plus ou moins 
considérables, jusques à la pointe du Pelta. Il se 
divise alors en plusieurs branches , qui , du tems des 
anciens Egyptiens , étaient au nombre de sept. Nous 
les ferons connaître dans le chapitre de cet ouvrage 
destiné à la description de la basse Egypte* 

Selon les nouvelles Observations astronomiques de 
M. Nouet (i) , Damiette se trouve à 3i d. ;25 m. o de 
latitude ; celle de Syène est 24 d. 5 m* ^3 s. : il ea 
résulte que le Nil parcourt presque en ligne droite 
plus de 1 80 lieues dans les terres d'Egypte. 

(0 Observations astronomiques faites en Égjrpte pendant les 
années VI ^ VU et Vlll de la république^ page 10. Ce Mëmoir» 
fera partie de la De^ription tle tÉgjrp^e publiée par Tardive de 



( 124 ) 

C'est rcra le solstice d'été qoe, franchissant ses mes, 
il ÎDODdait Don-sealeoient la haute Egypte et le Delta, 
mais encore des terres qui dépendaient de la L»ybie et 
quelques petits cantons de l'Arabie égyptienne. Eo se 
répandant sur ses rirages, ce fleuve couvrait de ses 
eaux Fespace d'environ deux journées de chemin ( i )• 
Cette crue extraordinaire » humectant le sol desséché 
par un soleil ardent , lui communiquait les germes 
de cette fertilité remarquable qui fit surnommer 
rÉgypte le Grenier de l'Orient et de l'Empire Romain, 
Mais soit que les anciens prêtres égyptiens, qui saos 
doute connaissaient la cause de ce débordemeal 
périodique , voulussent la cacher au vulgaire pour 
donner de ce fleuve une plus haute idée , soit que ces 
mêmes prêtres , après la chute de l'Empire égyptien , 
tombés dans l'ignorance la plus profonde, eussent 
perdu la connaissance des causes physiques de ce 
phénomène, les Grecs qui furent en relation avec ces 
derniers ne purent en obtenir aucune notion certaine 
sur ce sujet. Plusieurs d'entr eux entreprirent d'in- 
diquer la cause de ce débordement. Hérodote et 
Plutarque nous ont conservé leurs diverses opinions. 
Les uns crurent que les vents étésiens , repoussant les 
eaux du Nil dans leur cours et les empêchant de se 
jeter à la mer, occasionnaient la crue du fleuve» 

(i) Hérodote y liv. II, J. xnc 



< <25 > 

Cette opinion ne paraît point mériter une réFutatioii 
•ériense , car Hérodote observe ( i ) que , quoique les 
vents étésiens n'eussent point encore soufflé , cepen- 
dant le Nil commençait à s'enfler. Cette hypothèse^ 
dénuée de toute vraisemblance , avait pour aut^ir le 
célèbre Thaïes de Milet (2). 

Eutbyménès, de Marseille, croyait que le Nil gros* 
sissait au solstice d'été parce qu'il communiquait à 
l'Océan qui, selon lui, environnait toute la terre (3). 
Ce sentiment absurde fut contredit par l'opinioa 
d'Anaxagore. Quoique erronée , celle - ci avait une 
apparence de vérité qui lui fit acquérir beaucoup de 
partisans : ce philosophe pensait ( 4 ) que le débor-* 
dament du Nil était causé par la fonte des neignes qui 
étaient en Ethiopie. Le poëte Euripide, son disciple , 
consigna l'opinion de son maître dans sa tragédie 
d'Ârcbélaiis : « Panaiis , dit-il , abandonna l'excellente 

ê 

» eau du Nil qui , coulant de la noire Ethiopie, s'enfle 
• lorsque la neige vient à se fondre (5).... » Dans son 
Hélène^ ce tragique reproduit encore ce sentiment 
d'Ânaxagore. 

1 

(0 Liv. II, $. XX. 

(2) Platarque , Œuvres morales , opinions des Philosophes , 
liv.IV, chap. f«'. 

(5) Platarqœ, Ibidem. 

(4) Diodore de Sicile » livre L^', $. xxxriiu 

(5) Ibidem. 



( ,26 ) 
Selon Hérodote , • le Nil grossit en été patce qu eA 
» hiver le soleil , chassé de son ancienne route par 
p la rigueur de la saison , parcourt alors la région 
m du ciel qui répond à la partie supérieure de la 
» Libye (i)- Vpilà en peu de mots , continuc-t-il , la 
9 raison de cette crue , car il est probable que plus 
• le soleil s'approche vers un pays , et plus il le des- 
^ sèche et en tarit les fleuves. » Hérodote n'est pas 
pins heureux , dans son explication , que Thaïes et 
Anaxagore, et lé sentiment d'aucun de ces philo- 
sophes ne peut soutenir un examen approfondi. Mais 
]>ar une singularité sans doute digne* de iremarque, 
Homère qui vivait long-tems avant Thaïes, Anaxagore, 
Euthyménès et Hérodote, paraît avoir connu la cause 
léelle du débordement du Nil, puisqu'il donne à ce 
fleuve répithète de AIIITETEOS, qui, selon Apol- 
lonius (2) , signifie grossi par les pluies. Ce sont en 
effet les pluies abondantes qui tombent en Ethiopie, 
vers le solstice d'été , qui causent la crue annuelle 
du Mil (3). Elle commence ordinairement au mois 



(») Hérodote, liv. II, J. xxr. 

(2) Lexicon homericumj edente yîSloisim ^ m-4*^^ vute 
0U7CiTiQÇ^ .. Eijrmolog. magn,, ibidem. 

(5) Phoi\u9 ^ Bibliotheca grasca^ cod. tu, col. 8. ^^ Helio<ioras, 
jSthiopica, liv. II| pag. 109 et iio, «— Sha^v, tomea» etc.* et£.t 



( "7 ) 
ifgyptieii d!Èpiphi , et est complète en TTioih ou en 

Paopi (i). Elle commence de nos jours vers le 20 juin. 

L'eau du Nil est une des plus saines de la terre ^ 

lorsqu'on Ta épurée et clarifiée ( 2 ). Le limon que 

le fleuve laisse sur le sol après le débordement , est 

Doir ; mais l'action du soleil , en le desséchant , lui 

donne une couleur brun - jaunâtre. Ce limon est 

déposé par le fleuve en couches horizontales plus 

ou moins épaisses. C'est le seul engrars connu en 

Egypte ; le Nil en couvre tout l'espace qu'il occupe 

(1) En l'an IX, le Nil commença à croître au Kaire le 16.^ jour 
après le solstice d'ëtë. Ce £àit fut consigné dans llnscription graréei 
sur le Mîkias du Kaire par ordre du général en chef Meooa. 
Courrier de V Egypte^ /i.® i o i . 

(2) Voici Tanal^se de cette eau, insérée par M. Regnault ( qui 
accompagna Tarmée française en Egypte ) dans la Décade ^£77^-* 
itenne j tome !.•', page 265. Comme ce recueil est fort rare, 
nous avons cru devoir transcrire ici les résultats obtenus par 
M. RegnaulC 

Abstraction faite de l'air et de l'acide carbonique dégagé pen- 
dant Téraporation , 122 hectogrammes d'eau aualjsée contîenneiit : 

Muriata de soude 4,^^ déclgramxnei. 

Sulfate de magnésie o,53 

Carbonate de magnésie 7,45 

Carbonate dé chaux 5,3o 

Carbonate de fer o,55 

Silice 1,06 

Alumine . « 1,59 

Substance extractive o,55 

ToTAJu. • « . * • a2|74 



( 128 ) 
chns sa crue ( t )• Les anciens Égyptiens croyaient 
que leurs ancêtres étaient nés de ce limon (2), Les 
Arabes rappelaient Ibliz du tems d'Abdallatif. M. de 
Sacy pense que ce mot dérive du grec thXo; (3). 

Le Nil fut connu sous plusieurs noms ches les 
Grecs. Le passage suivant de Tzetzès les renfenne 
tous , et nous en donne pour ainsi dire la filiation : 
e NéiXoir tM^ fUTOÊPCficLŒâTi y ^BffomfOf yctp QKEAMOS «1 
mutXi/Joy S'oTTifav AETOS or/ o^ràr C'srcpfcti^c ^ TCirof 

Ainrrrroi;, % «r^ neiaos nw sait (4). « Le wa 

» a eu trois noms : le premier est Océan , le second 

jietos, 



(x) M. Regnaolt a aussi publié dans la Décade égjrptienntf 
tome 1.*', page aiâ, l'analjse suivante du limon du If il : 
Sur xoo parties, le limon du Mil tient, 
jx d'eau 9 
9 de carbonne, 
6 d'oxide de fer, 
4 de silice, 

4 de carbonate de magnésie, 
18 de carbonate de chaux, 
48 d'alumine. 

Total*, loo perdes. 

(2) Diodore de Sicile, liv. !• 

(3) Relation de VÈgjrpte par Abdallatif, traduite en françtii 
par M.Siivestre de Sacjr. Paris, Impn imp., i8io, in-4.^, chap. i.*% 
note 4«. 

(4) Tzetzès ad I^eophron.y, 119. 



( Ï29 ) 
» Aetos » & cause de sa rapidité ; le troisième est 
» JBgyptus. Quant au nom de Nil, il est récent. » 

Diodore de Sicile nous apprend en effet qu'un des 

plus anciens noms de ce fleuve est Ï2KEAMH2! (i)^ 

qu'on a écrit par corruption CÏKsajf^ç. Plusieurs anciens 

manuscrits de Diodore de Sicile portaient ChuaLntç ^ 

au lieu dXhuofMotç ( 2 ) , et quelques éditeurs de cet 

historien , ignorant la valeur de ce dernier mot , no 

balancèrent point à adopter la fausse leçon ihucuniç^ 

à cause de son rapport avec le nom grec de l'Océan, 

Us pensèrent que les anciens Égyptiens avaient donné 

ce nom à leur fleuve , parce qu'ils le croyaient le plus 

grand de la (erre. Dans les théogonies grecques ; 

rOcéan était aussi regardé comme la source des mers , 

des fleuves^ des rivières et même des fontaines, ainsi 

que le dit Homère : 

EÇ ^"itep ^anar m^orafioi^ tau naroffa BoL^Tau^ 

Koi ^MOU XpSIl'AI, XflU ÇpcIttTa fiOXpùL P€U^iP (3). 

« L'Océan duquel naissent tous les fleuves, toutes 
» les mers , toutes les fontaines et les sources les 
» plus profondes. » En cela , les hellénistes modernea 
adoptaient l'opinion des anciens Grecs. 

(«) Diodore de Sicile, liv* I, $. 19. 

(2) Cette variante se trouve dam l'édition de Wesseling, liv. t, 

(5) Iliade, XXI, igS, 196 et 19^, édition de Hejme ; LîpsUr i 
1802^ ia-8.«9 tome II, page 466w 

9 



(i3o) 
Mais il faut considérer que le nom ii Océan n'était 
en usage que parmi les Grecs ; que ces mêmes Grecs 
seuls , et non pas les anciens Égyptiens , croyaient 
que rOcéan était le bassin commun d'où sortaient 
tous les fleuves qui arrosent le Monde , et toutes les 
fontaines répandues sur la terre. Les Égyptiens ne 
purent donc pas donner au Nil le nom grec Chututoç. 
D'ailleurs leur répugnance pour la mer qu'ils croyaient 
être le domaine de Typhon , génie du mal , dut les 
empêcher de désigner par ce nom un fleuve dont ils 
recevaient tant de bienfaits. 11 faut donc bannir du 
texte de Diodore le mot i^huojn^^ et lui substituer 
ShutitfjiWy qui a été adopté par plusieurs Éditeurs. 
L'interprétation de ce nom , aussi facile qu'exacte, 
se présente d'elle-même à ceux qui ont quelque notion 
de la langue égyptienne. 

Quelques philologues l'y ont cherchée ; mais soit 
que ces auteurs aient sacrifié l'évidence à des idées 
particulières , soit que les lexiques dont ils ont fait 
usage, étant peu étendus, ne continssent pas le mot 
ëgyptien que Diodore orthographie ClxâoiJLWy ils ont 
donné de ce nom des étymologies hasardées, qui 
ne reposent sur aucun fondement. 

Jablonski , dans ses Opuscules , où il cherche à 
rétablir les divers noms égyptiens que les Grecs ont 
conservés, pense qu'Iîxéc^x)!^-, ou plutôt Ilxec^x», sans 



là lermînaîson grecque , s'écrivait en langue égyp-^ 
tienne 3^ i^ÔJ^uh , Ahommé ou Jhommi ( i ) , et 
signifiait thésaurus aquœ ; mais il nous semble que 
ce savant auteur a trop librement usé de la faculté 
de permuter les lettres du même organe. Ahommé 
tessemble bien peu à Okeamé de Diodore de Sicile , 
et la syllabe JbiK , mé, ^u'il explique par aqua^ eau , 
ne se trouve point dans le lexique de Lacro2e , ni dans 
les additions conâidérableà que nous y avons faites 
avec le secours de plusieurs Vocabulaires , et des 
Manuscrits mem^phi tiques et thébains dç la Biblio-, 
tbèque impériale de Paris. 

M. Ignace Rossi , dans Touvrage étymologique 
de la langue égyptienne qu'il a publié depuis peu 
cl années , croit qu' Sïxéàt^ji s'écrivait en égyptien 
uIojEnjLfc.'^, Oschémau (2). Cette orthographe nous 
paraît aussi forcée que celle de Jablonski , et comme 
celle de ce dernier, elle a l^inconvénient de ne répondre 
à aucun des noms du Nil rapportés par les Grecs. 
Nous ferons aussi observer que le mot égyptiea 
•U^Y signifie par-tout mater^ et jamais aqua. 

Nous pensons que Oiiueifjin n'est autre chose que le 
tnotégj'ptienOYKB^uH, Oukamé^ ou bien OyJ^B^jue, 
Ouchamé , qui signifie rigoureusement niger , noir» 



*m 



(f) Opuscula^ yerbo ihuOfAi/ia'é 

^2) Etjrmologiog agjrptiaççs^ page a49< 



( l32 ) 

Nous trouvons en «ffet dans les anciens auteurs grecs 
que le Nil fut appelé Mû^ûlt par les Égyptiens (i); 
OVKB^t^K, Ouiamè, est donc le mot égyptien dont 
le grec MiXotar est la traduction exacte. Nous avons 
TU , dans le chapitre précédent , que TÉgypte elle^ 
même avait porté le nom de Noire. 

Le second nom , ou plutôt la seconde épithète qu'on 
donna au Nil, fut AET02, qui en grec signifie ÀîgU 
(2). Diodore de Sicile dit en effet qu'il succéda à celui 
à'Chceotfma' (3). Le fleuve reçut ce nom à cause de sa 
rapidité et de la force de ses eaux dans quelques 
parties de son cours (4). Ce nom grec a été conservé 
^armi les Coptes ou Égyptiens du moyen âge ; do 
tems qu'ils parlaient leur langue , le mot lT\&Y<THCt 
Pi-autèSf ou simplement b^ytRC, Autès^ désignait le 
Nil (5). Mais chez les anciens Égyptiens ce nota 
dût être TT2>ÎD0JUL, Pahhom, l'Aigle. 

AirrriTOS fut le troisième nom que reçut le Nil. 
Dans nos recherches sur le nom égyptien de TÉgypte, 



r 

(t) Eustathe, Pseudo-Piutarchus de Flunùnibus. 

(2) Tz^tzèSy loco citato. 

(3) Diodore de Sicile, livre I, page 17. 

(4) Tzetzès, locQ citate, -~ Diodore de Sicile , liv. I.*', page if« 

(5) Mss. copte, BibL imp. , ibads de Saifit-Gennain » suppl» 

m.« 1 7, page pu^. 



(.33) 
nous ayons exposé les divers sentimens des savans 
8ur Tusage et le sens de ce mot. he lecteur nous per- 
mettra de le renvoyer au chapitre précédent. 

Au nom propre A/^u^trTotr, dont se servirent les 
plus anciens auteurs grecs , tels qu'Homère ejt pro- 
bablement tous ses contemporains , succéda celui de 
Nei\oc que nous trouvons employé par Hésiode , 
Hérodote , Diodore de Sicile » Strabon , et par une 
foul^ d*autres écrivains. 

Les anciens et les modernes ont été partagés d'opî^ 
DÎon sur son origine. Diodore de Sicile assure (i) que 

ce fut le roi égyptien NoXoc , Nilus , qui lui donna 
eon nom. Mais le Canon chronologique de Manéthoa 
ne contient le nom d'aucun roi appelé Nilus. Il $9 
peut cependant que le roi connu sous ce nom par les 
l&recs, en portât un autre chez les Égjrptiens ; on a un 
exemple de ce genre dans Thouôris , sixième roi do 
la dix^neuvième race , qui fut appelé Protée par les 
Grecs. On pourrait encore conjecturer que NéiXoç fut 
le nom d'un roi égyptien , et que ce roi en avait 
plusieurs , usage immémorial dans l'Orient , qui fut 
aussi commun aux monarques de TÉgypte (2}. Lp 
grand Sésostris , ou mieux Séthosis , s'appelait aussi 
Bamessès ( 3 ) , et son fils , qui fut son successeur , 



(i) Lit. I, page 17. 

(%) Georges le SynceDe. 

(5) ManéthoBy apud Josephum contra ^ppionem, lib. L 



(i34) 

portait les noms de Séthosis, de Ramessès, de Rap^ 
sakhés et de Phéron^ selon les anciens auteurs (i)« 

Le Catalogue des rois de Thèbes , conservé par 
Ératoslhène « semble justifier ce que nous venoDS 
d'avancer. On y lit : 0)iCoiitfr ^otarû^jeu^ep ^p^r irroi 
ViiXoç y Thebœorum rex ( trigesimus-septimus ) fuit 
'Phrurôn seu Nilus. « Le trente- septième roi thébaia 
fut Phrourân ou Nilus , x> ce qui indique que ce roi 
portait indififéremment le nom de Phrouron ou de 
Nilus. Mais il n'est pas prouvé que ce soit de lui que 
le Nil ait pris son nom. 

On a dérivé le mot NetT^oç du grec et de FhébreiK 
Quelques auteurs ont cru qu'il appartenait à la langue 
égyptienne. Philippe -Jacques Maussac « qui publia 
une édition de l'Histoire des Animaux d'Âristote , en 
1619, pensait que le mot NeiXod* dérivait des deux 
mots grecs Ne>i ê>Ji^ , nouifelle boue^ noui^eau limon , 
parce que le Nil ^ après son débordement , laissait la 
terre couverte d'une nouvelle couche de limon. Mail 
cette étymologie est plus ingénieuse que fondée. 

Il fut un tems où la science étymologique reposait 
uniquement sur la langue hébraïque ; tout était 
regardé comme de son domaine , parce qu'on 
croyait généralement qu'elle était la mère de toutes 
les langues. Quelques savans voulurent y trouver 



( Y ) Maoëthon , loço cUato. — • Héro4ot9 , Uv* II j 5* ^^* 
Diodore,liy. i.«', «te. 



( i35 ) 
la signification des noms des Dieux et des villes do 
toutes les nations de la terre ; ils dirent qu'Horus 
venait du mot hébreu Aour, lumière ; que le nom 
de Thèbes aux cent portes dérivait de Thébah ^ 
qui en langue hébraïque signifie un coffre ; que le 
nom égyptien d'une ville du Delta, No-amoun, se 
traduisait en français par crud ou bien irritation.; 
que les noms propres des Persans étaient aussi tirés de 
Tbébreu ; que Cyrus signifiait quasi miser ^ et Darius, 
celui qui cherche; que le nom des Atlantes avait 
pour racine Thal^ en hébreu colline, hauteur; enfin , 
que les noms étrusques des anciennes villes de l'Italie^ 
tels que FETVVONIA, Vetoulonia; FEVA©>1, 
Vdathri; TVTE>E, Toutéré ; FVrVVNA , Pou- 
plouna, n'étaient autre chose que des noms hébreux 
corrompus. Cet étrange abus de l'érudition a cessé , 
dès que les philologues ont été convaincus que chaque 
peuple avait tiré les noms de ses dieux et de ses villes 
de la langue qui lui était propre , plutôt que de celle 
d'une nation étrangère. 

On avait cherché l'étymologie du mot tJesXoç dans 
rbëbreu , et on croyait l'avoir trouvée dans le mot 
Nahhal ou Nakhal, i^allée, torrent {i). Mais Jablonski 
a combattu cette erreur avec avantage et l'a détruite 
entièrement (2) , ce qui lui a donné l'occasion d'avancer 
que NciXoç appartenait à la langue des Égyptiens. Il 

(0 Nombres, XIII, 24. -* Ezechiel, XLVII. 9. 
(2) Panthéon AEgj-ptiorum j tom. I, lîb, IV, cap. i, pag, i55 
•t i56. 



( i36 ) 
fait dériver ce mot du substantif fëminim ^tttS , on 

0Kt5, Temsjixef Tems marqué^ et du yerbc ob^^Hî» 

t^iScumfy adscendere ; Hes&TvHS, Neialéi, dësignait 
donc , selon Jablonski , un fleuve qui croii à une 
époque déterminée ( i )• Cette élymologie est assez 
heureus'è , mais peut-être en est- il du mot NciAo^* 
Comme d'Af^u'TTro^ ; le sens de Tun et de Tautre peut 
n'être pas bien détermine. 

JablonsLi cite aussi un autre nom qu'il pense avoir 
ëté celui du Nil chez les anciens Égyptiens; c'est dans 
le passage d'Eratosthène que nous avons rapporté 
plus haut (2), qu'il a cru le trouver, et il traduit ^f»e^ 
ifTOi NciXoc, par Phruron , £d perô significat Nilum (3). 
fl suppose ensuite que ^fitpm doit s'écrire 9a^f ou 
'S^y (4), voyant de l'identité entre <tfHpop ou Z^poy, et 
le nom de Sîris que les Éthiopiens donnaient au Nil. 
11 les dérive l'un et l'autre de l'égyptien &pOTp , 
Hrour, qui signifie être tranquille , être posé, cesser 
(5), et non pas aquœ déficientes ^ cessantes, comme il 
l'assure (6). Il est difficile de présenter une étymologie 
moins régulière (7). 

(1) Panthéon AEgjrpiiorum , lom. I, lib. IV, cap. i, pag. iSj 
ft iSg. 
^a^Page i54. 
(5) Panthéon AEgjrpiiorum, ibidem ^ pag. i6o« 

(4) Ibidem^ lib. IV, cap. 1 , pag. i5g. 

(5) Pseaume LXXXIX, 9. — Id. CVI, ag. 

(6) Panthéon AEgxptiorum f ibidem ^ pag. 160 et 161 • 

(7) Dans la Chrooique Alexandrine ( pag. 66 et 69 , ëdit da 



( 13; ) 
De plusieurs rapports réunis , nous pouvons conelaie 
que les anciens Égyptiens appelaient le Nil Iz>po, 
Iaro , le fleuve. Les Hébreux adoptèrent d'abord ce 
nom sous la forme de Iâr, qu'on prononce leor^ seloa 
la ponctuation des Massorètes ( i ) , et les Rabbins 
juifs qui se sont plu à sonder les profondeurs gram- 
maticales de leur langue , ont prétendu que le mot 
hébreu Iar devait plutôt être traduit par Riçus^ 
branche defleus^e^ que par Flus^ias ^ fleuve proprement 
dit; et par une conséquence de cette opinion, ce mot 
devait être spécialement consacré dans le Pentateuque 
et les Prophètes à désigner le Nil, parce que dans la 
basse Egypte, ce fleuve se divise en plusieurs bran- 
ches qui se rendent à la mer. Mais ces subtilités 
philologiques sont sans intérêt, puisque, comme l'a. 

Munich } , le Nil est appelé Tuêi» B^ûUÇ^ le Géon de la Th^baïde. 

Géon désigne ea effet quelquefois le Nil, appelé plus ordinairement 
Abawi chez les Éthiopiens. J'ai trouvé Timv écrit TT1F*£0Î< dans 

nn manuscrit copte de la Bibliothèque impériale ( fonds de Saint- 

Germain, n.* 17, page ptJL& V où il désigne le fleuve Dgihoun 011 

\Oxus» Dans le même endroit » ^ILCCUt^ » le Phizoun hél^-eu ^ 

ut le nom dn Sihhoim des Persans. 

M. Marcel ( Décade égyptienne^ tome III, page 116 ) dit avoir 
la niKl&CUÎ^ dans un Vocabulaire copte, comme nom du NIL 

Nous ne. l'avons rencontré nulle part avec cette acception. 

(0 Isaie, XXXn^ 21. — Ezechiel, XXIX. 3, etc. 



( i38 ) 
observé Jablonskî (t) , le mot hébreu Iar n'est qu'une 
corruption de l'égyptien ÏBpO , qui désignait le fleuve 
en général. 

Les Coptes ont aussi conservé au Nil te nom de 
I&po , laro ^ ou <I^S&pO, Phiaro. Dans le titre du 
martyre de saint Jean de Pannisjoïtf territoire de 
Pouschin (2) ^ on lit que (3) du tems du roi Elkamel, 

fils du roi Eladel (4) ( sultan d'Egypte , de la race des 
Aiyoubites), ce saint mérita la couronne du martyre : 

^iV^^rS. Ktn Cc^OTOT «.4>SSpO KTE ^RiUS , sur 
les riçes du Jleus^e d'Egypte ( Phiaro antekhèmi J. 
I&po, laro, est donc un nom que nous savons avoir 
été donné au Nil par les Egyptiens , dès la plus 
haute antiquité ( 3 )• Ce nom suffisait , puisqu'il n'y 

(i) Panthéon jlEgjrptiorum , tom. I , lib. ly, cap. x , page i45. 
(a) Mss. copt , Bibl. imp», fonds duVatican, n.^ 69, f.^40^ 

(5) JULHOrpo e?v3^ejulkX nojKps JULixorpo 

tX&^*T^A. On remarque ici , comme par- tout ailleurs, que les 
Coptes ont substitue leur 7^ au Z> qui se trouve dans le mot arabe 
jtdel^ parce que dans Palphabet égyptien il n*y a point de D, 

(4) AI-Malik-al-Kamel, fils de Malik - al- Adel , frère do 
Salahh-edin ou Saladin. Il succéda à son père vers l'an 1218 (te 
Tére vulgaire. 

(5) Il parait aussi que les Coptes le nommèrent 'f^&iUHl^pSi 
Tiaméiri ( mss. cop., Bibl. imp. , fonds de Saint-Germain, suppls 

ii.*i7, f.<> p.ULÊ, verso. — Kircher, page 214). On pourrait 



< «39 ) 
avait point en Egypte d'autre fleuve que le Nil Nous 
avons cherché à faire connaître dans ce chapitre les 
divers noms quil porta chez les Égyptiens, et ceux 
qu'il avait reçus des autres nations. 



dériver ce mot de *i^&iUKpl, secourable ; en arabe, DJuAir 
( mss. cop., n.^179 idem ). Kircher l'interprète couleur bleue 
( page 255 ) : nous ignorons sur quelle autorité* Ce nom pourrak 
aussi avoir été en usage chez les anciens Égyptiens , igoais on m^ 
peut pas le prouver* 



r 



CHAPITRE QUATRIÈME. 

De la haute Egypte ^ de ses bornes ^ àe 
ses dwisions et de son nom Egyptien. 



JLj^ile de Philae borne au midi la haute Egypte, 
qui , au nord , se termine à la pointe du Delta , et 
embrasse entièrement le pays situé entre le a4-^ deg. 
I m. 34 s. , et le 3o.^ degré de latitude ( 1 ) , ce qui 
comprend un espace de plus de i5o lieues du midi 
au nord. Cette partie de TÉgypte n est qu une vallée 
d'inégale largeur , au milieu de laquelle le Nil , 
resserré dans son lit , coule en formant un nombre 
considérable dé coudes et de sinuosités. Dans quel- 
ques parties , cette vallée a un peu plus d'une journée 
de cbemin en largeur , et quelquefois aussi elle est 
très-étroite. Entre Hermontbis et Âsphynis , les deux 
chaînes de montagnes qui forment cette vallée, se 
rapprochent tellement que l'espace qui se trouve 
entr'elles (2), étant pour ainsi dire tout occupé par 



(i) Nouvelles Observations astronomiques de M. Nouet 
(s) C'est ce qu*oa appelle aujourd'hui Djeblein , ou les Deux- 
MotUagnes. 



( i4i ) 

le Nil, les voyageurs sont obligés de tourner la chaîiie 
libyque,. pour arriver à Aspbynis et à Latopoli^ (i )• 

Au - dessous d'Héracléo polis - Magna , la chaîne 
fibyque s'ouvre tout- à -coup et donne passage à ua 
grand canal pris du Nil , qui arrose le nome de Croco* 
dilopolis et qui , divisé en plusieurs branches pour fer- 
tiliser cette province , se jette ensuite dans un grand 
lac par lequel elle est bornée vers le nord-ouest. 

La haute Egypte paratt être la partie de ce 
royaume la plus anciennement peuplée. Ses faabitans 
se croyaient extrêmement anciens dans le pays , et 
tout semble concourir à le prouver. Si les Égyptiens 
sont une colonie d'Éthiopiens , comme nous Texa* 
minerons dans la suite (2) , ce fut d'abord dans la 
haute Egypte qu'ils durent s'établir. Cette contrée 
renferme en effet les villes égyptiennes regardées 
comme les plus anciennes : telles sont Thèbes^ 
Coptos, Panopolis, Abydos et Antéopolis. Quelques 
monumens de Thèbes , qui fut la première capitale 
it VÉgypte , portent l'empreinte d'une antiquité plus 
reculée que celle des temples en petit nombre qui 
existent dans la basse Egypte. Le palais de Qarnak , 
par exemple , et sur * tout les temples de Qournou 
et de Mediné - Tabou , qui sont dans l'enceinte de 



(0 De là rient qu'Hérodote désigne quelquefois la haute Égjptfli 
par la partie étroite de ce pays. Hérodote, lir. II, J. xcix» 
{p^ Dans la partie historique de cet ouvrage. 



(l42) 

Thèbes ; sont remarquables par la grandeur et k 
majesté qui caractérisent rarchitecture égyptienne 
des beaux tems ; mais ils laissent appercevoir , dans 
quelques-unes de leurs parties » renfance de l'art et 
les prenûers efforts des Égyptiens vers ces belles 
formes architecturales , si éminemment développées 
dans les temples de Latopolis et de Tentyra , les plus 
beaux et les plus parfaits de TÉgypte. Thèbes prouve 
donc que la haute Egypte fut habitée avant le Delta ; 
et les rochers granitiques de ses montagnes , qu'on 
voit particulièrement dans le voisinage de la Nubie et 
de rÉthiopie, sont des preuves certaines de Texistence 
de son sol avant celui de la basse Egypte , qui 
n'est au contraire qu'une couche de terre végétale, 
apportée par le Nil sur le calcaire dont ses mon^ 
tagnes sont composées. 

Cest aussi à la haute Egypte que s^applique spé<* 
cîalement une observation de Diodore de Sicile. De 
toutes les provinces de la terre, dit cet historien (i)» 
rÉgypte est la seule où l'on trouve beaucoup de villes 
fondées par les anciens dieux , tels que Jupiter , le 
Soleil , Hermès , Apollon , Pan et Éléthya ( Latoae )• 
Quoique ce passage ne doive point être pris à la 
lettre , et qu'il soit faux que ces dieux aient bâti des 



CO Diodore à» Sicilt, liv. I, page t% 



L 



( î43 ) 

villes , il en rësulte cependant qu'elles sont frès-^ 
anciennes, puisque c'est aux dieux mêmes qu'on ea 
atlribue la fondation ; et comme c'est dans la haute 
Egypte que se trouvent les deux Diospolis ( les villes 
de Jupiter ) , Hermopolis ( la ville d'Hermès ) , les 
deux ApollinopoUs (villes dlApoUon ), Panopolis ( la 
ville de Pan ) , Éléthya ( la ville de Laloue ) , il résulte 
nécessairement de l'observation de Diodore de Sicile , 
que ces villes sont les plus anciennes. Dans la basse 
Egypte , on trouve seulement Héliopolis ( la ville du 
Soleil ) , située presque à l'entrée de la haute Egypte, 
Hermopolis --Parva ( i ) et Héracléopolis -^ Pari^a^ 
qui sont sans doute bien plus récentes que VHer^ 
mopolis " Magna et Y Héracléopolis - Magna de la 
haute Egypte. 

Les Grecs la divisèrent en deux parties inégales ; 
THeptanomide et laThébaïdc. La première doit son 
nom aux sept nomes qui la composaient. Ces nomes 
étaient ceux de Memphis , Aphroditopolis , Croco- 
dilopolis, Héracléopolis-Magna, Oxyrynchus, Cyno- 
poHs et Hermopolis-Magna, situés du nord au midi. 

La seconde partie que les Grecs nommèrent 0jjj8ai(r, 
était ainsi appelée de ®ïiCcu , Thèbes , sa ville prin- 
cipale , et s'étendait depuis le nome de Lyçopolis 



(i) Nous ajouterons encore que Memphis , seconde capitale do 
VÉgjrpte, est aussi dans la haute Egypte. 



C ^U ) 

jcrsques à rextrétnité méridionale de l'Egypte. Les 
Coptes ont quelquefois fait usage de ce nom grec cor- 
rompu ; on le trouve orthographié Oe&5ESC ( i ) et 

7E&2>!iC (2). Les anciens Égyptiens ne Tont jamais 
employé* 

Il est probable que cette division de la hauts 
Egypte ne remonte point jusques aux tems des rois 
de race égyptienne» Hérodote, qui la visita sous la 
domins^tion des Perses , n en parle pas , quoiqu il cite 
iouvent la plupart des villes qui y sont situées; et Ton 
peut avancer qu'elle portait primitivement le nom 
égyptien de U^^pnc, Maris : c'est oelui quelle a 
dans tous les livres coptes (3). 

Le mot U&pHC (4) est composé de deux autres 
mots égyptiens ; de ii55. ou TT1U5., locus, lieu, et de 
pHC , qui désigne le midi : Maris signifie donc une 
contrée située au midi, un pays méridional. Ce nom 
a été donné à la haute Egypte , parce qu'en efiët elle 
est située au midi du Delta et de la basse Egypte ; H 

se 

(1) Ms3» copt» Bibl. imp., n*^44» ^^ 79 roctô. 

(2) Theotokia^ page 192, etc. » citëe par MingarelU , page 217. 
(5) Doxologia MSSta, page Sg; ]VlanuscriU coptes passim. 

(4) On ne doit poiat confondre U^^pHC avec les mots ÂSipi^ 

ff 

Af HpS, ou £^^HpSy qui 9 en langue égyptienne » sigoifiaieut U 
tnilieit 4u jour. 



(.45) 

se présenté le plus ordinairement sous la forme de 
■^uspHC , le lieu du midi; il est très- souvent' 
accompagné de l'adjectif TTSî^saj^,-P/«wcA<^,^rawrf, 
h Grande Maris (i) , et quelquefois, au lieu de 
U^pHC , on trouve seulement pHC , le midi , pour 
indiquer TÉgypte supérieure (2). 

Le nom de U&pKC s'applique à toute la haute 
Egypte, qui comprend aussi la Thébaïde. Il cor- 
respond exactement au Ssâïd, lieu montant ^ des 
Arabes. Selon Kbalil - Dbahéri (3), un de leurs géo- 
graphes, « ^'Egypte méridionale commence à Misr et 
» à Djizah (4)i et s'étend jusques aux Cataractes, ce 
» qui forme deux mois de marche (5). Le mot 

(1) Mss. copte, BibL imp., n.* 62, f.^ig8 , fonds duYatican , et 
passim, 

(2) Mingarelli, opus citatum, frag.VIII, pages 209, 211, etc. 
(5) Khalil-Dhahëri , liv. i.^', dans la Çhrestomathie arabe de 

M. SQvestre de Sacy, tome I, page 258; tome II, page 291. 

(4) Vulgairement Gizë, village à rocddsnt du Kaire, prés duquel 
le trouvent les Pyramides. 

(5) Les Arabes divisent le Ssaïd , ou la haute Egypte , en trois 
parties; Lia première porte le nom de Ssaïd^ëî^ouaîha^ et comprend 
le territoire et les villes qui sont entre le Kaire et Aboutig ; la 
seconde «'étend depuis Aboutig jusques à KeAb ( Coptos ) , et 
s'appeUo Ssàid-el'aoussaih ; enfin le reste de la haute Egypte, 
jusqoes à Asouan (Syène), porte le nom de Ssaïd-^l-adla^ c'est* 
à-dire le Ssaïd le plus élevé. Cette dernière partie correspond à la 
Thëfaaide ; le Ssaïd' eUouaiha est à pea de chose près VUepiar» 
nomide des Grecs» 

10 



( i46 ) 
arabe élant Tëquivalent de Tégyptien Maris ^ il résulte 
du passage cité , que Maris Vappliquait à toute la 
haute Egypte, c'est-à-dire au territoire limité parlé 
])elta et par la Nubie ( i ). Nous rappellerons encore, 
en faveur de cette opinion , ce que dit Makrizi, célèbre 
géographe arabe , que les Coptes du Ssâïd se nom- 
maient Maris 9 et ceux de la basse Egypte Bima (2). 
On ignore la signification de ce dernier mot. Les 
Arabes donnent à un vent, appelé aussi Khamsin^ le 
nom de Marisi (3). Nous avons dit ailleurs que ce 
nom dérivait du U&pKC , Maris des Egyptiens, ce 
vent venant en efiet du midi : cette conjecture est 
changée en certitude par Topinion semblable que 
vient d'émettre M. Silvestre de Sacy ; et ce n'est pas 
«ans un vif plaisir que j'ai vu ce sentiment partagé 
par mon illustre maître '( 4). Il tend à confirmer ce 
que nous avons dit de la haute Egypte et de son nom 
égyptien. 

j(i) Le nom de Uz>pnC ëtait probablement donne par 1h 
iMiUtans de la haute Égypt» à la Nubie , qui se trouvait au midi 
par rapport à eux. Voyez M. Silvestre de Sacjr, TraductUnn 
française d*Abdallatif, pag. i5 et i4- 

(a) Voyez M. Silvestre de Sacy, loco citato^ et M.Quatremére, 
Pecherches sur la langue et la littérature de l*Égjrpte^ page 176, 
«t sur le mot Bima^ page 177. 

(5) Ven^leby Nouvelle relation d^Égypte^ pag. 36 et 37. 

t4) li est aussi fait mention des Égyptiens Maris ^ dans ks 
,'^nnales d*Ettthychius, tom. L**], page 54. 



( i47 ) 
Âpres avoir indiqué ses montagnes ; nous la divi^ 

serons en deux sections , la Thébaïde et l'Egypte 

moyenne. Nous avons fait connaître ailleurs les 

motifs de cette division (i). 

Montagnes de la haute Egypte. 

Les deux chaînes de montagnes qui bornent \%^ 
haute Egypte , à Forient et à l'occident , sont connues 
sous le nom général de chaîne Arabique et de chaîne 
Ubyque. Cependant on ne peut douter qu'à différentes 
hauteurs , elles n'eussent , chez les Egyptiens , des 
noms particuliers tirés très-souvent de la ville qui les 
avoisinait à Test ou à f ouest du NiL Parmi le grand 
nombre de ces noms que nous avons recueillis dan3 
les auteurs grecs et dans les livres coptes , nous ne 
donnerons ici que ceux des montagnes dont la 
position peut être déterminée d'une manière satis^ 
faisante. 

Dans le chapitre précédent (2), nous avons parlé 
des noms que portèrent les deux montagnes qu'on voit 
entre Syène et Éléphantine. Le nom deOorqS, Moufi^ 
bonne , fut donné à Tune d'elles , par opposition à 
celui de XpOq, Chrof, maui^aise, que reçut l'autre; 
ils tiennent à des circonstances locales qu'il nous est 
impossible de déterminer. 



(0 Supràf pag. 71 et 72. 
<2)Pagi 114 «t ii5. 



(i48) 
La montagne située à rextrëmité sud de la 
Thébaïde , près de Syène , dernière ville au midi 
de la haute Egypte, portait le nom de UEpOES^» 

Méroéït (i), 

La montagne Libyque vis-à-vis de la ville de 
Sné ( Latopolis ) , avait pris le nom de cette même 
ville , comme le prouve le passage suivant qu'on lit 
dans les actes de saint Pacbome : Sk^^atltq dS<^Si 

J^nscîtROY B^c\ajE EpRC Emraxor sickh ; (i Ce saint 

se leva, se fit accompagner par quelques frères, et 
marcha au midi vers la montagne de Sné. » Dans le 
voisinage d'Hermonthis, elle s'appelait UkuS, Shémi^ 
comme on le voit dans l'éloge de Pisenti , évêque de 
Coptos ^ prononcé par Moyse , évêque de la même 
ville. Les noms de HcyâlElTO^E , Pschshèpohè , ds 

Paxrr&5ij&.KC, Bôtaschans, et deTKpR&, Téréb 
(2), appartenaient à trois points de la partie de celte 
des deux chaînes de montagnes qui est située entre 
Hermonlbis et Apollinopolis-Parva. Dans les envi- 
rons de cette dernière ville , la montagne Arabique 
était connue sous le nom de &B>6t ^ Hashé (3). 

( I ) yie de Paul VHenvite^ inss« baschmourique-thébain du 
tnusée Borgta , n.^ 172, publié par Zoëga , Catalogus manu" 
scriplorum musœi Borgîanî ^ pars III, pag. 568; Romœ, jSitf» 

X^) yie de Raul llHermtte, mss. coptes du musée Borgî^» 
Zoëga, texte copte , page 366. 
O) Ibidem. 



049) 

A la hauteur de Crocodilopolis, près de Fanopolîs, U 
chaîne Libjque prenait celui de ITTttïOV K^c-rpRlTE, 
montagne d' A tripe ^ à cause de la ville de ce Dom. 

Cxttionnr (i> , Siôout ( Lycopolis ) , IIsou. , Piom 
( le nome de Crocodilopolis ) , et la petite ville de 
*i*>vO!^, Tîlos/ , communi()uaient le leur aux mon- 
tagnes voisines. Celle qui bornait Memphis à Foc- 
cident, était appelée IIîssojuljuOS, Psjommi. 

Pailles de la haute Egypte. 

Sous les Pharaons, la haute égypte, comme noua 
Tarons déjà dit (2) , fut divisée en deux parties , la 
Théhaïde et VÈgypte moyenne. La première était 
subdivisée en dix Pthoschf ou Nomes; la seconde 
rëlait en seiae (S). Elles seront le sujet des deux 
sections qui composent ce chapitre , et chaque ville 
sera celui d'un article particulier , indiqué par le 
som ordinaire et le nom égyptien de chaque lieu. 

Une troisième section est destinée à faire connaîtra 
les chefs -lieux des 26 nomes de la haute Egypte-, 
et les noms des villes qui étaient situées dans Tar-* 
rondissement de chacun de ces nomes. Ce résultat 
naîtra des discussions relatives aux villes de la 



(0 Ibidem. 

(a) Supràf pag. 71 et 72. 

(5) Strabon, liv. XVU, page 787. 



\ 



( i5e ) 
Thëbaïdô et de l'Egypte mayenne , eonsidërëes dans 
leur étendue, leur position et Timportance de leurs 
monumens. 

SECTION PREMIÈRE. 

En quittant la Nubie et entrant en Egypte , le Nil 
est coupé par plusieurs îles que forment des rochers 
granitiques en s'élevant au-dessus des eaux. Ces îles 
sont en grand nombre. Les plus considérables sont 
celles que les Grecs connurent sous les noms de 
T«xoft4oc» Tachompsos; de <bt^ai^ Philœ, et d'EAÉ- 
ffou^limn^ Éléphantine. 

Tacliompsos. — Tachamsah. 

« 

Quoique le territoire de TÉgypte fût borné au sad 
par rtle de Philœ , nous avons cru devoir indiquer 
d'abord celle de Tachompsos , qui appartenait à 
régypte des Pharaons. Cette île était le point le plus 
reculé du royaume vers le midi. Elle se trouvait sur la 
frontière des Éthiopiens « et était réellement le lieu oii 
finissait TÉgypte et o& FÉthiopte commençait. Méta« 
chompso appartenait en commun aux deux peuples (i)« 
Les Éthiopiens possédaient la partie méridionale; le 
nord était habité par les Égyptiens. Dans son voisi* 
nage , le Nil formait un lac très-considérable sur les 

( I ) Hérodote , li^. II , J. xxix. Mdfachompso ou Tachompsos 
indiiréremment. 



( i5i ) 

bords duquel campafent des Ëthiopfens nomades (i ); 
semblables aux Arabes bédouins , ils parcouraient les 
déserts de la Nubie « et se fixaient momentanément 
dans les cantons où leurs troupeaux trouvaient une 
nourriture abondante. 

La position géographique de Tacbompsos n'est pas 
fixée d'une manière certaine. Etienne de Bjzance ea 
fait un bourg situé sur les frontières de TÉgypte et de 
rÉthiopie, dans le voisinage de Itle de Philae (2) : 
TAKOMi^OS xâ^>t ir tosç oCAotç AiywttlicÊP tcu KAto^arm 
"irpoç 791 9>i}^ia fno'ûÊ. Mats ces mots ^mpoç 71» ^t\»x pnio-», 
près de Vile de Philœ , indiquent mal la position de 
Tacbompsos, puisque Hérodote semble dire qu'elle 
était à six ou sept journées de chemin de l'île d'Élé- 
phantine , voisine de Phild&. Ptolémée la place à vingt- 
cioq minutes plus au midi que cette dernière île {Z\\ 
c'est à-peu-près la position que lui assigne notre 
célèbre d'Anville (4). 

Le nom vulgaire de Tachompsos n'est pas connu. 
Le vague des indications données par les auteurs 
anciens sur cette tle , et la difiîculté de suivre le cour% 
du Nil au-de3sus de Philae, nous ont privés de rea- 
seignemens précis , et sur la situation et sur le nom 



nmmm 



(1) Hërodote, liv. n, $. XXIV. 

(2) Stephanas Bjzantiaus^ verbô TcCXO/l^[^. 
(5) Ptolémée, liv. 4 9 chap. 5. 

C4) D'Anville, Mémoires sur f Egypte ^ page 21 7« 



( l52 ) 

moderne de cette île; Le nom ancien Tachompsos 
est incontestablement égyptien. 

Les Grecs l'ont diversement écrit : Hérodote et 
Etienne de Byzance l'orthographient Tachompso ou 
Tacompsos ; Ptoiémée et , comme lui « Pomponius- 
lAèXh^Métachompsos etTachempso. Toutes ces formes 
appartiennent à la langae égyptienne ; il paraît pos^ 
sible d'indiquer l'origine et le sens de ce mot. 

Le crocodile porte en copte le nom de ÀxChS 9 
'Amsah; et soit que la lettre ^, ch, fût chez les anciens 
Égyptiens une espèce d'article dérivé de ^R , être, 
de la même manière que l'article TTE ^en thébaio , 

et T\\ en memphitique vient du verbe TTE , être, 
soit par toute autre cause q^i nous est inconnue , 
les Égyptiens , du tems d'Hérodote , désignaient le 
crocodile sous le nom de Xafi/-^ , qui n'est pas 
dififérent de XKJtJtCâ»^ (i ) écrit en lettres coptes. 
Ce premier apperçu nous conduit à la signification 
du nom de Tachompsos. En retranchant la finale 
grecque ç, on trouve Tachompso, et ce mot est évi- 
demment l'égyptien T^^JtRuCB.^, Tachempsah qm 
Tachimsah » . lieu ou se troui^ent beaucoup de cro^ 
codiles. Ce même mot est conservé dans le texte latia 
de Pomponius-Méta, et Meiachompsos de Ptoiémée 
a le même sens. En etfet, les mots concrets se 



(1) Hérodote, livre II, $. lxix« 



( .53 ) 
forment, dans la langue égyptienne « en ajoutant à lâ 
racine la syllabe iui^n:. Ainsi MtnruM, dilectio^ 

JUtE^oj&xiLcgE , cultus y jul£*tCO^ , stultitia , 

JUE^TOv&O , purîtas, JUiETCOTti, latrocinium ^ 

dément des racines A5l£.s , amare , tgEiUOjS 9 

serçirCf C0:2£ , stultus esse^ ^OY&O, mundus esse 9 

coïts, latro ou latrocinare, précédées de MtT. 

En soumettant à cette règle la racioe monosyl*- 
labique^K, esse^ manere, on aura JULtT'^ff, metchi 
ou metchi f tnansio , statio , et on verra facilement 
alors que le Métachorhpsos des Grecs n'est que la 
corruption du mot égyptien %3X^'S^^iy^Cl>^ , met^ 
chémmsah, qui signifie la demeure du crocodile ^ 
les Grecs ayant mis un ^^ pSf à la place du C du 
mot jÙlC^^ , amsaK Ils écrivirent quelquefois le 
nom de cette île Xofe4<v ( « ce qui semble indiquer 
que XkjwlCS^ peut avoir été en usage chez les 

Egyptiens. 

Le grand lac qui était dans le voisinage de Méta- 
chompsos dut y attirer les crocodiles, comme le 
lac Mœris , appelé aujourd'hui Birket-Qaroun, les 
retenait particulièrement dans le nome de Crocodi^ 
fo/?o//5. Khalil-Dhahéri, géographe arabe (2), assure 

(1) Stephanus Byzantiaus, verbô Xo/t^pû». 

(2) Khidil-Dhahéri, liv. I; Chrestomathie arabe de M. SilveStre 
de Sacj, texte arabe, tome I, page 238, et traduction française, 
tome il, page 291. 



<i54) 
^n eSet qu^ Tëpoque où il écrivait , oo trouvait dans 

le lac Qaroun bemicoup de cr ocodiies. 

La ville située dans l'île de Métachompsos , ^t qui 

portait le ntème oom , il'était pas très - grande ; les 

anciens Égyptiens la regardaient comme un jitbste 

avancé qui couvrait ïile sainte de Philae. 



T H ]B B A ï I> E. 



Ile de Philœ. — Pîlak. 

L'île de Philas est située au 3o.^ d. 34 m. i6 s. 
de longitude , et au 24.^ d. i m« 34 s. de latitude , au 
méridien de Paris ( i ). Placée au milieu d'un grand 
bassin formé par un coude du Nil, sa direction est da 
nord-ouest au sud-est; sa longueur est de 192 toises» 
et sa plus grande largeur de 68. C'est dans sa partie 
taiéridionale que se trouvent les monumens principaux 
parmi ceux dont elle était, pour ainsi dire, couverte; 
un mur de circonvallation , construit sur les rochers 
qui la bordent, l'environnait entièrement. 

Seize colonnes de 2 pieds 3 pouces de diamètre, 
sur 14 pieds 6 pouces de hauteur, formaient, à 
son extrémité méridionale , une enceinte en carré* 
long , découverte et précédée de deux obélisques de 

0) Noueti Observations astronomiques déjà citées. 



( 1&5 ) 
22 pieds , placés sur le mur du quai. Cette enceinte 
conduisait « en allant vers le nord , au temple prin- 
cipal de l'île par deux galeries parallèles formées 
par des colonnes. La galerie occidentale avait près 
de 5o toises de longueur; celle de Test était un pea 
moins étendue , et les colonnes de Tune et de l'autre\ 
ainsi que le mur du fond de celle de Touest, étaient 
couverts de sculptures peintes ayant rapport à la 
religion. 

L'entrée du temple était contiguë à ces deux 
galeries. Deux lions en granit, de grandeur colossale « 
assis sur leur croupe, droits sur leurs pâtes de devant, 
et placés en avant de deux obélisques de 44 pieds de 
hauteur , chacun d'un seul morceau de granit rouge 
et orné d'hiéroglyphes sur ses quatre faces , indi- 
quaient cette première entrée du temple* 

Elle est formée par un grand pylône de 1 1 8 pieds 
de largeur sur 54 pieds de ha[uteur , dont les faces 
extérieures sont couvertes de sculptures ; ce pylône 
est composé de deux grands massifs , séparés par 
une porte couronnée d'une corniche égyptienne ; elle 
conduit à une cour fermée à l'occident par le côté 
oriental d'un petit temple décoré de huit colonnes, 
et à l'orient par une galerie de dix autres colonnes, 
parallèle au petit temple. C'est en traversant cette 
seconde cour qu'on parvenait à un second pylône 
de moindre proportion que le premier ; il servait 



( i56 ) 
'S'entrée dans un portique de dix colonnes chargëeSi 
ainsi que les murs latdraux , de sculptures peintes ea 
couleurs très -agréables. Ces colonnes ont 12 pieds 
de . tour ; leur hauteur est de 22 à 28 pieds ; les 
chapiteaux en sont nobles et gracieux. Enfin, après 
avoir traversé plusieurs salles « on parvenait au sanc- 
tuaire du temple ; ses deux angles étaient occnptfs 
par deux tabernacles ou niches monolythes, dans 
lesquelles étaient renfermés les symboles de la 
Divinité. Ce temple existe encore tout entier (1). 

Strabon (2) dit qu^on voyait un épervier sacré dans 
le sanctuaire du grand temple de Philae. Cet oiseau 
est en eflet assez fréquent sur les sculptures des 
monumens de cette tle; il y était le symbole du Dieu 
auquel lé temple était consacré. Strabon ajoute qu'il 
ne ressemblait point aux éperviers de TEurope, et 
qu'il les surpassait en grosseur. Les Égyptiens lui 
dirent qu'après la mort de cet oiseau sacré , on le 
remplaçait par un autre de la même espèce , tiré de 
rÉthiopie. Cet usage a dû nécessairement être admis 
à Philse long-tems avant la conquête de TÉgypte par 
Cambyse. 

(i) Cette description de Philœ est extraite de celle que M. Laacretf 
dont la perte est si sei\sîble aux sciences et à la Commission 
d*Égjrpte f a donn<ie de l'état actuel de cette île. Ce Mémoln fait 
paitie de la première livraison du grand ouvrage sur TÉgypte. 

(a) Liv, XVII, page 81a 



( »57 ) 

Le même auteur assure ensuite que Philae appar-^ 

tenait en commun aux Egyptiens et aux Éthiopiens* 

Mais nous pensons qu'il n'en était ainsi que de Tîle de 

Métachompsos , les monumens dont Philae est ornée 

étant évidemment l'ouvrage des Égyptiens ; cette 

!le n'ayant d'ailleurs qu'une très-petite étendue, il est 

impossible que les Égyptiens eussent soufTert qu'un: 

peuple étranger habitât avec eux Tenceinte de leurs 

temples. Du tems de Strabon , les Éthiopiens pou* 

vaient être établis à Philae; mais sous les Pharaons, 

les Égyptiens seuls en étaient certainement les maîtres. 

Elle tenait un rang distingué parmi les lieux sacrés 
de l'Egypte. C'était dans cette île , ou dans son voi- 
sinage , que les Égyptiens plaçaient le tombeau 
d'Osiris (i). Les prêtres seuls pouvaient y pénétrer. 
Trois cent soixante patères étaient dans ce lieu saint , 
et ses ministres les remplissaient de lait chaque jour 
de Tannée. Selon une tradition vulgaire, qui est des 
teins postérieurs à la chute de l'Empire égyptien, 
Isis bâtit le grand temple de Philae en l'honneur 
d'Ostris son époux ; lorsque les Égyptiens juraient 
par Osiris qui est à Philœ , ce serment était regarda 
comme inviolable (2). 



(i) Kodore de Sicile, Uv. I, chap. 22. — Plutarque, d'/wV et 
i Osiris. — Sénèque, apudSeryium adAEnéid. lib. 6, vers. iS4« 

(2} Diodore de Sicile, liv. I» chap. 22. 



( .08 ) 

Oa a dîrersement écrit le nom de Philas. Dans 
Strabon on le trouve orthographié ^Ascc , dans Plu- 
târque 9fêKauç ^ dans Etienne de Byzance ^ikUÊ,^ et 
Filis dans la Notice des dignités de TEmpire romain. 
Ces diverses orthographes semblent indiquer que ce 
nom n'est pas grec d'origine. Cependant on a donné 
à 9>iKsu la signification de arnica f amies (i); d'autres 
ont cru que ^hiAceç désignait des tribus^ Mais ce nom 
paraît avoir été donné à cette île par les Égyptiens ; 
et c'est dans la langue de ce peuple qu'on doit en 
chercher la signification. 

Zoëga Ta dérivé de la racine égyptienne ^E>^^ou 

, çerberare, percuterCf altidere, frapper t se 
briser {z) , à cause , dit-il , des rochers contre lesquels 
le Nil se brise en cet endroit. Mais d'après la des* 
cription de l'état actuel de Philas , il ne paratt pas que 
le Nil se jette, avec fracas, contre les rochers de l'île. 
Les Egyptiens pourraient cependant lui avoir donné 
ce nom , à cause de sa proximité des Cataractes , dont 
elle n'est éloignée que de i5oo toises (3). 

Le véritable nom égyptien de Philas est IltT^^K (4) 
ou n\>v&K, Pilai, comme on le trouve dans les livres 
coptes ( 5 ). Ce nom signifie frontière , lieu reculée 



-^aï?!^, 



*■ 



(i) TzetzèSy adLycophr.^ yers 212. 

^2) 2kiëga, de Obeliscis^ secL 4» cap. i, pag. 286. 

(5) Jomard, Description de Sjrène et des Cataractes ^ p9igi i4< 

(4) Mss. copte, Bibl. imp., n.*439 f*^ 58^ rectô. 

(5) Mss. copte 9 Bibl. imp., n.^ 46. 



( î59) 
Telle est en effet la posîtioa de 111e de Philae dépend 
daote de TEmpire égyptien. 

Les Arabes lai out long-tems donné le nom de 
Bilaq ; aujourd'hui elle est connue dans le pays sous 
le nom vulgaire de Djèziret-el-^Birbé ^ l'île du Birba 
ou dvL Temple, car TTplXE ou TTEplTE, perpg ou perpit 
en dialecte tbëbain , se traduit par temple : ce nom 
égyptien a peut-ôtre été en usage autrefois dans les 
eu virons de Philas. 

Eléphantine. 

Ek suivant le cours du Nil , vers le nord , et sa rive 
orientale « on traversait un sol inégal , parsemé de 
blocs informes de granit ornés de figures hiéro- 
glyphiques, et Ton arrivait à Syène ; c'est vis - à - vis 
de cette ville qu'est située la petite île d'Éléphantine. 

Sa longueur est d'environ 700 toises , et sa largeur 
de près de 200. La ville qui lui d/.nnait son nom 
avait un peu moins de 4^^^ toises de tour ( i )• Au 
Sud et au nord se trouvaient deux temples. Le 
premier , auquel on arrivait par un escalier de plu- 
sieurs marches , fut un des plus petits de TÉgypte. Il 
ëtait soutenu par des piliers et des colonnes. Cest le 
seul temple égyptien dont les lignes ne soient point 



( I ) Ceit l'espace qu'occupent aujourd'hui se» ruinée , selon 
M. Jomard , Description d Eléphantine , page 5» 



( i6o ) 
ioeliaées. Il ëtaît couvert de sculptures , tant à l'ex- 
térieur qu'à l'intérieur. Dans la principale salle de ce 
temple, un grand bas -relief représentait un roi ou 
un héros faisant à Amoun ( le Dieu à tête de bélier ) 
de riches offrandes. Le Dieu reçoit le héros dans 
•es bras. 

Le temple situé au nord était à--pen-près semblable 
à celui que nous venons de décrire. On voyait encore 
dans cette ville un troisième temple ,^ plus étendu que 
les autres. C'était probablement celui de Chnouphis 
dont parle Strabon (i). Les deux montans de sa porte 
principale sont encore debout. Ils sont de granit et 
couverts de sculptures symboliques et d'hiéroglyphes. 

Une famille originaire de la ville d'Éléphanline 
monta sur le tr6ne d'Egypte. Ce fait, attesté par 
Manéthon , a induit les chronologistes en erreur, et 
leur a fait croire que l'île d'Éléphanline , dont ils 
ignoraient la petite étendue , avait formé un royaume 
à elle seule. 

Les Egyptiens exploitaient les carrières de granit 
tttnées dans cette île. Son nom égyptien nous est 
inconnu. Elle porte dans le pays celui d'ElSag oa 
Me-Fleuric» 

Syène. 



Sjn^Ma. 



( i6i ) 

Syène. — Souan. 

StÊKfi , batte sur la rive orientale da Nil , ëtait ta 
dernière des villes un peu considérables de TÉgypte » 
du côté du sud. Elle est au 3o.^ d. 34 m. 49 s. da 
longitude , et au 24/ d. 5 m. 28 s. de latitude , sur 
le penchant d'une montagne qui se termine au Nil. 
C'était une des places de guerre des anciens Égyp- 
tiens. Ils y entretenaient des troupes pour empêcher 
les Éthiopiens nomades de la Nubie de faire des 
iacarsions sur les terres d'Egypte. Sous les roia 
égyptiens , Syène possédait un temple de 40 pieds da 
largeur; il est presque entièrement détruit aujourd'hui 
(i). Il paraît cependant que ce temple ne fut point 
Tédifice le plus considérable de Tantique Syène. Léon 
TAfricain, en donnant la description de cette ville, dit 
que c'est dans cette place frontière qu'il faut parti- 
culièrement admirer divers bâtimens des premiers 
égyptiens, et sur -tout des tours d'une hauteur pro- 
digieuse, appelées Barba dans la langue du pays (2). 
Par ces tours , Léon l'Africain désigne évidemment 
des pylônes , formant l'entrée de quelque grand 
temple qui n'existe plus , et auquel on donnait encoro 
le nom égyptien de Barba ^ iT^piTE, Temple. Qa 

(i) M. Jomardy Description de Sjréne^ page 7* 
(2) Léon rAfncain, Description de tA/ri^ue^ art Asnaii# 

IX 



(i6a) 
peut donc con6lara du rapport de Lëon rAfricaiOi 
historien du XV/ siècle, qu'il exista à Syène des 
pionumens importans dont il ne reste plus de traces* 

C'est dans ses environs qu'étaient les fameuses 
carrières de granit, desquelles les Égyptiens tiraient 
leurs plus grands obélisques , et la plupart de leurs 
monolithes. 

On voit encore, parmi les blocs de granit, un obé- 
lisque ébauché, ayant plus de 55 pieds de longueur, 
et prêt à être sculpté. C'est de ces mêmes carrières 
que fut extrait le célèbre colosse d'Osymandias (i). 

^Xwipn (a) fut le nom par lequel les Grecs dési- 
gnèrent Syène dans leurs écrits. Quoique ce nom soit 
égyptien , ils en cherchèrent cependant l'origine dans 
leurs traditions historiques. Etienne de Byzance (3) 
assure que cette ville fut ainsi appelée de SyénoSf 
fils de Daéiés. Nous avons dit ailleurs ce que valent 
ces prétentions des Grecs (4)« 

Le nom arabe de Syène est Osouan^ que plusieurs 
personnes lisent Asouan^ comme il est écrit, et 

« 

(0 Cette intéressante dëcoaverte est d&e à M. Jomard, qu* 
nous 'ETons déjà cité. 

(2) Hérodote, liy. IL — Strabon, Ur. XYlI, $. 58. — Sltph^MS 
A^zaatinus , etc. . 

(5) Stephanus BjzentinttSi verb6 St/HHf. 
<4) Suprà, page fS. 



(163) 
â*autred Assouan (r), dans la fausse persuasion que 
la syllabe as n'est autre chose que Tarticle arabe cU^ 
dont le tant )se change en sin , par une rëgle eupho^ 
ûique de la langue des Arabes» Mais ceux-ci ont 
Seulement' ajouté un alif initial , surmonté d'ua 
dhamma, qui le fait prononcer o, par un motif que 
fious avons exposé dans notre Introduction ( 2 )• 
Nous ayons dit que c'est un usage constant chez les 
Arabes , d'ajouter un alif aux noms étrangers qui 
Commencent par une consonne ; cependant cette règU 
a de nombreuses exceptions , et elle s'applique par-^ 
ticulièrement à TÉgypte. 

Le nom grec 'Svvini et le nom arabe Osouan ne sont 
qae des corruptions de celui que portait Syène ches 
les anciens Égyptiens. Ce nom fut CoT&lt , Souan / 
c'est celui qu'on trouve dans tous les écrits des Coptes 
ou Egyptiens du moyen âge (3), et il est hors.de doute 
que cette ville l'avait déjà reçu sous les rois do 
Thèbes et de Mempbis. Le grec lluHiii et sa corruption 
CEiton par la copiste du manuscrit thébain que nous 



MkMMM*MifeMMMM^fl»*«*aB^ll«HMM»«MHbÉMi«tM«i 



(1) M. Lâcher, Table géographique de sa traductioa firan- 
çaUe d'Hérodote , tome VIU 1 page $24. 

(2) Sttpràf page 43. 

ff 

(5) Mes. coptes , Bîbl. imp., n.^ 44» ^^ 79> r«ctà; -• n.* 46; -« 
^dem^ fonds de Saint^Germain , suppl.» n.^ 17» page pc\&> — «k 
a-M^» £"" 58, rectô; -« a.^'SA, ^'^ i5o, rtctô; i— Kir^her^ 
pagi ail, etc. 



( i64) 
avond cité plas haut ( x ) , sont aussi les mêmes que le 
mot égyptien Coyj^w. 

Sa signification nous paraît être en rapport avec 
la position militaire de Syène , considérée comme 
première place frontière de TÉgypte , vers le midi , et 
comme la clefA^ ce royaume, du côté de lEthiopie. 
Alexandrie et Sfène étaient les villes les plus consi- 
dérables sur les deux points opposés de celle contrée. 
Les Coptes saisirent ce rapport , et ils désignaient 
rÉgypte entière par le pays compris entre Rakoii 
(Alexandrie) et Souan (Syène), comme on le voit 
dans la citation suivante. Uégyptien Jules (IotXsOc)i 
auteur du Martyre de saint Épime (2) , rapporte 
tin édit de Dioclétien , par lequel cet empereur 
ordonnait à Arménius , gouverneur d'Alexandrie, de 
faire détruire les églises, et lut recommandait, OYO^ 

• 

3p2).KOT^ UJ^-COYS*:^ , la reconstruction des Temples 
dans tous les lieux ( de l'Egypte ) , depuis Raioti 
jusques à Souan , ce qui comprenait on efiet la 
totalité de TÊgypte. 



(i) Page 29 de l'Introduction, et Mss. copt| Bibl. impér., 
«•45, fol.» 58, rtfcrô. 

f ' (2) Mss. copte , BibL imp. , fonds du Vatican , n.» 6& Le père 
Oeorgi a donné aussi le texte de ce passage dans son livre ik 
Aliraculis sancti Coluthi^ préface, page cvin. 



( «65 ) 
CoY2.î^ est dérive de la racine OyKK fouèn)^ OY£tt 
(ouanjy la môme que Oycuk, ouôn, aperire, ouvrir, 
et Ton en a formé C&OYtK ^ ou CW)y*K , et par 

contraction COYB^St , qui signifie ce qui à la puissance 
i ouvrir^ la possession d'oui^rir, le monosyllabe sa, 
es, indiquant l'attribution, la faculté ou la puissance 
de faire une action quelconque. Un grand nombre de' 
mots égyptiens sont formés de la même manière ; tels 
sont C&U^OJS (i), samaschi , peseur, celui qui a 
t attribution delà balance, et CB^JUC^KOV!^ , sameth- 
nousj , menteur. Il en est ainsi de C5-î^!!CpO^, san^- 
chref, méchant (2). De la même manière que les 
Égyptiens disaient COy&ik ^ aperiems » les Coptea 
disaient aussi CCOYHtt, asouén, aperta. Ce terme,*, 
qui manque dans Lacroze , se trouve dans un Voca-*- 
bulaire copte de la Bibliothèque impériale. Dans ce 
dernier mot, on remarque la même contraction que 
dans le nom égyptien de Syène, Cov^K, dont nous 
croyons avoir proposé la véritable signification. 
Les Copies donnaient aussi à Souan le même nom- 

(2) Ce mot est composé de €£•, celui qui a V attribution, et do' 
^&cy^, balance. Ce dernier signifie exactement i/anj mensuram. 
Il est la réunion des mots JUt&, dare, et de Oj^ , mensura, 

(5) Ce moi manque dans Lacroze ; nous l'avons trouvé danf !• 
manuscrit copte, n.® 5oo, provenant de Saint-Germain. r 



\ 



( 166 ) 

qu'à PhilcÊ » iTllX&K ( i ) • que nous pensons être le 

mot égyptien ITSX&KJ^ , angle ^ extrémité d'une chose. 
Il sert aussi dans U langue égyptienne à désigner 
les Trontières , ou plut&t Pbilas , comme dans cetto 
phrase : ^Ovs^ jUHIOXîC Oj^'l^&i; «TTO^.SC i^Tt 

depuis la première viltç ( de l'Egypte ) jusques à la 
dernière taille du Maris ( la haute Egypte ) , qui est 
Filakh^ du côté de FEthausch ( rÉthiopie ), 

Contra-Syène. — Souan-Am-Péinent. 

De l'autre cÂté de 111e d'Eléphantîne et vis^à-vis do 
Souan , sur la rive occidentale du Nil , était Contra^ 
Syène. Le lieu qu'occupa cette espèce de bourg est 
appelé de nos jours Gharbi-- Osouan ^ la Souan occi-* 
dentale, par les Arabes de la haute Egypte. Le oom 
égyptien fut Coybk jùmtUEKT , Souan de Foo^ 
eident, en supposant, ce qui est très* probable, que 
Gharbi «- Osouan soit l'exacte traduction de l'anciea 
nom égyptien de cette dépendance de Syène. Nous 
citerons bientôt plusieurs exemples de noms égyptiens 
ti aduits avec précision par les Arabes, lorsqu'ils furent 



^^^"•"^«^^^'"■^«^■^^^^■■^*"i^^i"^P^^^^^*W^iP»'*ll*WiW 



(0 Mm- copty BibU imp. 9 foncU 4« Smt-Germain , suppL» 

(s) Marijrre de sairtt Épime ; U P. GeorgI n'a pas fidalleroeot 
traduit et pataage, daai sa préface de UiraçuUs smcti Coliuhit 

p» €1», 



(167) 
las mattres de TÉgypte. Riea n'empêche que Gharhi^ 
Osouan ne soit de ce nombre, et nous le pensons» 

Ombos. — Ambô. 

E H quittant les rochers de Syène , les égyptiens 
s'embarquaient sur le Nil , et arrivaient à Ombos 
après huit heures de navigation ( i ). 

Cette ville , à neuf lieues au nord de Syène , est 
située sur la rive orientale du fleuve , par le 3o/ d. 
39 m. 9 s. de longitude , et le i^.^ d* 27 m. 1 7 s. de 
lalitude (2). Elle fut la capitale d'un nome ou Pthosch 
qui existait encore sous les Romains , et dont Syène 
faisait partie (3). Ombos était uue ville considérable ; 
Bes ruines servent à prouver la magnificence de ses 
monumens. On y voyait deux temples qu'environnait 
de toutes parts une enceinte de grandes briques» 
ayant près de 760 mètres de tour sur 8 d'épaisseur. 
Cette enceinte avait deux portes , Tune au sud et 
l'autre au sud-ouest , vis-à-vis du Nil» 



(i) C'est le teins.qa*on met aujourd'hui pour descendre d'Asouan 
i Ombos. Description dOmbos , par MM. Chabrol et Jomard , 
page 16 ; c'est de ce Mémoire que nous avons tiré la descriptiga 
ée cette ville. 

(a) Obseryations astronomiques de M.Nouet. 

(5) ?^uB^ Histoire naturelle ^ tom. I, liv.Y» chap. IX} page 255. 
Lugduui Batav,) Elsevirius, i63S , io-ia. 






(.68) 

Le grand temple d'Ombos, touroévers le fleuve, 
avait cent quatre-vingt-cinq pieds de longueur sur 
une largeur de cent quatorze. Son premier portique 
était composé de quinze colonnes de dix -huit pieds 
de tour et de trente -sept de hauteurr II conduisait 
à un second portique de dix colonnes de moindre 
proportion que les précédenteis. On trouvait ensuite 
plusieurs salles par lesquelles on arrivait au sanc* 
tuaire. Les murailles, les colonnes et les corniches 
de ce superbe temple étaient entièrement chargées 
de sculptures symboliques et d'hiéroglyphes, peints 
de couleurs variées. L'intérieur du premier portique 
était orné d'une corniche ô^agcUhodmmons ou ubœus. 
Ce sont des serpens de trois pieds de hauteur, 
se tenant sur leur queue et ayant la tête surmontée 
d'un globe aplati. Cette corniche est du plus graod 
eSTet. Sur les plafonds des portiques , peints en bleu 
de ciel , on voit encore sculptés des vautours gigan-» 
tesques portant des enseignes. Dans d'autres parties 
sont des tableaux astronomiques. 

Au nord- ouest de ce temple , il en existait an 
second bâti de grès, comme tous les temples de 
rÉgypte. Les chapiteaux de ses colonnes sont formés 
de quatre têtes de femmes , surmontées d'un massif 
qui a la forme d'un petit temple. Cette espèce de 
chapiteau, et les sculptures qui représentent des 
offrandes àlsis, portent à croire que ce temple, bien 
plus petit que le premier, était consacré à cette 



âëesse. Le grand temple ëlait Gommiro à deux 
divinités, doût Tune était figarée symboliquement par 
répervier , et Tautre par un crocodile. LfOS auteurs 
anciens nous apprennent que cet amphibie était ea. 
grande vénération à Ombos. 
' Dans les tems anciens , cette ville communiquait 
au Nil par un grand canal ; depuis , ce fleuve s'est 
tellement rapproché de la ville , qu41 a fait écrouler 
une des portes de la circonvallation des temples ; il 
menace même de les détruire. 

Les Coptes ne nous ont point transmis Fortho-* 
graphe du nom égyptien de cette ville , qui devait 
être Ambô , ou bien Ojmhou , nom que portent encore 
ses ruines , appelées par les Arabes Koum - Ombou p 
hauteur ou butte d'Ombou. On le trouve écrit Ambo 
dans la Notice des dignités de l'Empire Romain (i), ce 
qui fait soupçonner que Torthographe égyptienne de 

ce mot fut À&ciT, Ambôoxx Ombô. Nous ne hasar^ 
derons rien ici sur le sens de ce mot» 

Silsilis. — Sjolsjel. 

EiTTRE Ombos et Apollinopolis-Magna , se trouvait 
Silsilis. Le Nil, en cet endroit » est resserré entre les 

(i) Notitia Dirait, Jmpèr, Rqm,^ ex typographîft Regià, p. 3a. 
On lit aussi Qfi/Spoi dans Hiérodès grammaticus » Impér, orierU,9 
tipud Baoduri -, Paris , 1 7 1 1 1 in-f** 



( i7i> ) 
èMx cbaîmft de moDfagaes qm le bordent dans tonte 
la haute Egypte. La Libyque, aux pieds de taqnelle se 
IrcMiTaît Sîlsilts « est de grès. Les anciens Egyptiens y 
ottvrhreDt de profondes carrières, d'où ils tirèrent les 
grandes pierres avec lesquelles Ombos fut peiit-èlr^ 
cihMtruit ; la proximité de cette ville semUe l'indiquer. 
I/entrée de ces carrières , voisines de la rive occi- 
dentale du Nil , est décorée de petits portiques taillés 
dans le rocher même. Leur exécution est très*soignée » 
et prouve jusques à quel point les Égyptiens portaient 
la maoie des monumens. U est vrai qu'après Tex- 
ploitation» les rues de ces carrières devenaient des 
tombeaux : des figures d'Égyptiens , de grandeur natu- 
relle , assises et sculptées à même dans la montagne, 
ne permettent point d'en douter. A l'extëneur sont de 
grands cadres d'hiéroglyphes , surmontés du globe 
ailé qu on trouve sur les portes de tous les temples. 

Le nom égyptien des carrières et de la ville est 
facile à retrouver. Ce fut 2So^^A, S/olsfel, mur^ 
chose qui empêche le passage, La montagne en effet 
est si près du Nil ,' en .cet endroit, qu'elle interrompt 
presque la marche de ceux qui vont à Syène par 
la rive occidentale : ce chemin n'existait peut-dire 
pas avant l'exploitation de ces carrières. ^CoXt^^X, 

Sjolsjel , que l'on trouve orthographié ^CUX!:^^^^ , 
ayant la signification de miir^ enceinie, fuue/ma" 
raille 9 ce nom a donc été donné, avec raison, à 



(171) 
rendrait que nous venons de décrire. Nous feroni 

aussi remarquer que le mot thébain ^O^^A , mur, 

se retrouve dans le dialecte memphitique , sous la 

forme de 2£tu?^^ , adhœrere. Le premier paratt n'ôtre 

autre chose que !2t07v ou 2K)>^:^ qu'on aura redoublé. 
La langue égyptienne abonde en mots de ce genre ; 
tels soDt Ts.hn^'hV^ , humilùas, !2t0u^Eu., ;7a/;7ar^9 

J^EX^tllX, jugulare, î^^p^^^p, stertere. 

Les Arabes trouvant quelque rapport entre Sjolsjd 
et leur mot Selséléh , chaîne , appelèrent ce lieu 
Djèbél'-Selsétéh, Mont de la Chaîne. Pour justifier 
ce nom , ils dirent dans la suite qu'en cet endroit-là 
le Nil avait été autrefois fermé par une chaîne qui 
s'étendait d'un bord à l'autre du fleuve. L'ejdstence 
de cette chaîne étant de toute impossibilité ( i ) , il 
est probable que cette supposition ne repose que sur 
Tanalogie du nom égyptien Sjolsjel avec le Selséléh 

des Arabes. 

Sjolsjel fut une ville de peu d'étendue, à cause de 
son emplacement qui est resserré entre le Nil et la 
montagne Libyque; on y voyait cependant un temple, 
dont les arrachemens existent encore. Cet endroit 
intéressant de l'Egypte parait être mentionné dans 
k Notice des dignités de l'Empire Romain , sous le 
nom de Silili , qui n'est qu'une corruption de SiUilis 
OQ Sjolsjel* 

(0 ^ojrage dans la basse et la haute Ègjrpte^ par M. D^aon, 
plojiclM 761 «t 8oa «xpUcatiofl. 



( »72 ) 

Toum Pithom. . 

A peu de distance de XoA^X , un lieu semblable 
par sa position , portait aussi un nom analogue. 
D'Anville le place presque à égale distance de Silsilis 
et A'Apoltinopolîs - Magna , sur la rive orientale du 
fleuve , près d'une espèce de défilé formé par la mon- 
tagne Arabique , laquelle se rapproche brusquement du 
mu Ce lieu porta chez les Romains le nom de Toum; 
et cest une altération de l'ancien nom égyptien, qui 
devait être BcLVu., empêchement, ou mieux Pithom, 

n^QOiUL, Pithom (i ). Ce nom étant rendu en arabe 
jiar El" Hhassir^ prouve que cette petite ville, ou 
plutôt ce bourg , était situé près d'un lieu resserré 
( entre la montagne et le Nil ), près d'un passage étroit; 
car la racine arabe, de laquelle dérive Hhassir, a 
toutes ces significations (2). Il en est de même des 
racines égyptiennes d'où IIs90jul est dérivé : 9CUU 
correspond au latin obturare, boucher (3), et veut 

■ 

aussi dire muraille (4); ^Ojul» ^cujul et BCUimS ont 



(1) Mss. Gopt.y Bib. imp. , n.<* 44* Ce mot manque dans Lacroze. 

(2) Hhassara , Arcte circumdedit , Prohibait, Angustum/uit^ 
Impeditusfuit, etc. Golius, Lexicon arabicum. 

Ci) Pseaume LXH, 11^ texte copte. 

(4)Eph.îI, 14. 



( 173 ) 
en égyptien la valeur de conjungerCf adhœreref adJim-- 

resçere, se joindre, se toucher (i), 

Iss Arabes ont traduit avec exactitude le nom 
égyptien de Pithom, II^eouL. Ce bourg est encore 
connu i parmi eux, sous celui de El^Bouai'b, la 
Petite-Porte. 

Quelques peuples orientaux, et les Arabes en parti* 
culier , se servent du mot bab , porte , pour désigner 
un détroit ou un défilé. Ainsi Bab-el- Mandéb ^ la 
forte d! Affliction, est le nom du canal qui joint la 

Mer-Rouge à l'Océan indien, et Bab-al-Abouab , la 
Porte des Portes , est celui d'un défilé situé dans 
Tune des provinces septentrionales de la Perse, que 
les habitans du pays nomment Derbend, c'est-à-dire^ 
Porte «Fermée. Les Grecs ne furent point étrangers à 
cette manière de parler ; ils donnèrent aussi le nom 
de 1rtA^)f aux défilés. 

Un fait analogue justifie le nom égyptien que nous 
avons donné au Toum des Romains. Une autre ville, 
dont la situation est la même que celle de Toum , 
existe dans la basse Egypte ; elle fut également 
appelée Tom ou Tohum par les Romains , et les Arabes 
traduisirent aussi son notn par Al^Bouaïb. Ce rap- 
prochement important confirme l'opinion que nous 
avons émise sur le nom égyptien de Tohum. 

' ^ » 

(i)Malh- XIX, 5. — Marc, X, 9. — Pseaume XXJV, ai, 
Uxte copte. 



Apoîlinopolis-Magna. — Atbôé 

Cette ytlle , bitte sur la rive occidentale du Nil et 
à un tiers de lieue du fleuve , était située au 3o.* dé 
33 m» JiJi s. de longitude , et au 24** d. 58 m. 43 s. de 
latitude septentrionale. Le nombre et la beauté de ses 
monumens nousfont juger de son importance* 

Les Grecs , fidèles à leur système de tout rapporter 
à eux et à leur^religion , l'appelèrent hftCofO^MQç "Xo^^ 
la cille d^ Apollon (i). 

Son principal temple égalait en magnificence ceux 
deTbèbés et de Memphis. 

La longueur totale de ce monument était de quatre 
cent vingt - quatre pieds ; sa façade en avait près de 
deux cent douze en largeur. La hauteur des denx 
massifs pyramidaux qui accompagnaient sa première 
porte , était de cent sept pieds ; ils étaient couronnés 
d'une corniche élégante. Leurs quatre faces, couvertes 
de sculptures d'une proportion colossale « repré-^ 
sentaient dès figures symboliques et des oiTrandes 
aux dieux. Les deux portes battantes qui fermaient 
cette entrée, avaient environ cinquante pieds de 
hauteur. Leurs gonds existent encore (2). 

Après avoir passé cette porte gigantesque , on se 
trouvait au milieu d'une vaste cour , dont trois côtes 
étaient une galerie continue , soutenue par trente 

(OSlrabon,liv.XVlL 

(2) Description aEd/ou^ par M. JemanL 



( 175 ) 

colonnes. Le premier portique da temple « dont la 

hauteur ëtait de cinquante pieds, faisait fsice à la 
porte, et formait ainsi le quatrième côté de cette 
cour magnifique. 

Les dix-huit colonnes de ce portique, rangées yur 
trois rangs , avaient quarante pieds de hauteur^ ^^i^ 
pieds de circonférence, et leurs chapiteaux trente pieds 
de tour à leur ëvasement. Un second portique , d'une 
plas petite proportion, conduisait dans six salles, 
par lesquelles on arrivait au lieu le plus reculé da 
temple. Là se trouvait le sanctuaire, environné d'une 
Doit mystérieuse. Les salles, ayant trente- un pieds 
d'élévation, étaient plus ou moins éclairées; les jours 
étaient pratiqués vers le plafond. Des scuiptuœs, 
représentant des scènes symboliques et de longues 
iascriptipns en hiéroglyphes, couvraient entièrement 
le pylône , les galeries , les colonnes , et les murs 
iotérieurs et extérieurs, du templç.. Elles étaient 
revêtues de couleurs claires, dontrefiet, qui semble 
devoir choquer un goût épuré , était au contraire 
très-agréable , et concourait k augmenter la richesse 
de ces somptueuses décorations. 

Malgré le tems qui s'est écoulé depuis sa cons* 
traction , ce monument est encore intact dans toutes 
ses parties. Cette étonnante conservation est due à la 
grandeur des pierres de grès que les Égyptiens em- 
ployèrent pour sa construction. Celles de neuf pieds 
de longueur sont les moindres de toutes ; celles de 



( «76 ) 
quinze' pieds y soint coiDniuoes; les plus grandes 

n'ont pas moins de dix -huit pieds de long sur six 

d'épaisseur» 

En avant du grand teniple, il en existait un second 
composé d'un portique et d'un sanctuaire, entouré 
d'une galerie. C'était un Typkonium , espèce de petit 
temple consacré au mauvais génie , ou aux victoires 
symboliques d'Isis et d'Osîris sur Typhon. Les Typho-' 
niuhts précèdent presque toujours les grands monn- 
meris. 

Tout porte à croire que du tems de Strabon , peut* 
étro même d'Hérodote , cette ville était déchue de 
son ancienne splendeur. L'historien d'Halicarnasse 
n'en fait aucune mention , et Strabon la nomme seu- 
lement , sans la distinguer d'aucune manière. Mais 
ious les Pharaons , elle dut occuper un des premiers 
rangs. 

Strabon observe que , de son tèms , les habitans de 
cette ville faisaient la guerre aux crocodiles (i)* 
Kircher , s'appuyant sur Hérodote qui a dit que 
THorus des Egyptiens était l'Apollon dés Grecs (2), 
prétend (3) que le nom égyptien d'ApoUionopolis fut 

UIpoc, 

(i) Strabon, liv. XVII. 

(2) Hérodote , 11 v. II. 

(3) Kircher, (Edipus œgyptiaçusy 1 1^ Chorograph. Mgjrp^h 
chap. V, page 47, n.» 22. 



( 177 ) 
UlpOC , Oros ( t )» Mais cette supposition de KIrcbeF 

ne mérite pas la moindre considération, et il n'est 
point prouvé qxiApollinopolis fût la traduction du 
&om égyptien de cette ville. Tout sembJle attestei* le 
contraire. Les villes égyptiennes ne portaient en effet 
que Irès^rarement le nom de la divinité qu'elles ado« 
vaieat» Nous aurons occasion , dans la suite de nos 
recherches ^ d'offrir des preuves nombreuses de cettd 
assertion ; et quand on admettrait même qtx'^pol-- 
UntïpoUs fût unei expeption à cette règ^e presquo 
générale , il n'en résulterait pas que les Égyptien? 
eussent appelé celte ville UIpOC , puisque ce mot 9 
évidemment une terminaison greeqo^* 

Kircber donne encore k ApollinopolU- Magna I9 
nom de ^^tUrt^^ Pfuiônti ou Phtônti, qui, selon 
lui , est la véritable orthographe du Phthonthi$ de 
Ptolém^e , et il croit que le mot «î^^aiK^ signifiait 
Dim sublime. ^^ ea copte se traduit en effet par 
dieu^ mais XKK'^ tf est point un mot égyptieii. Kircher 
commet une autce erreur » en faisant de Pluhoniis et 
SApollinopolis - Magna une seule et même ville ; 
il est en cela entièrement en contradictioa avec 
Ptolémée , qui les distingue expressément Tune do 
l'autre (2) , et ne parle de Pbthontis que comme d'un 



(1) Opus citât um^ pa^ 40* 



( 178 ) 
bourg oa d'an village (i^icus) situe dans llntërîear de^ 
terres, et dépendant ô^ApolUnopoliS" Magna* Nous 
n'avons trouvé le nom égyptien de cette dernière ville 
que dans un seul manuscrit; c'est dans la nomen- 
clature géographique que nous publions à TAppendix 
(i). Il est écrit ^*T&tia, Athô, et c'est de-* là, saos 
coutredit, que s'est formé l'arabe Oalfoàf en obser* 
Tant que les Coptes prononçaient la lettre & comnM V« 
Nous n'insisterons pas trop sur la signilBcation de 
ce mot , mais nous ferons remarquer que À.&C0 $ 

jimbâ f nom d'une ville dont nous avons déjà parlé 
( Ombos ) , signifie rigoureusement lieu où il y a des 
arbres, et que 2binr6cu se traduit régulièrement par 
iieu oà il rCy a point éP arbres. Nous ignorons si l'état 
des lieux , à l'époque de la fondation de ces villes , leur 
avait fait donner ces noms. 

Le père Vansleb , en publiant la liste des évécbës 
du patriarchat d'Alexandrie , met Odfou ( Edfou ) de 
ce nombre, et dit que le nom copte de cette ville fut 
Ombon {a). Mais cet estimable voyageur se trompe, 
car ce mot n*est autre chose qu'une Corruption du 
fiom égy ptiep d'Ombos , et non pas d'Edfou. 

Hiéracônpolis. 

Au nord -ouest et à peu de distance d'Atbô, était 



(i) Appendix, n.<> iv. 

(a) Vaasbby Histoire de t église i Alexandrie^ pag» i : 



(«79) 
tiiëracÀopoUB , oU ta ville des Épen^iers, D'ÂnvHle la 

place k UD lieu nommé aujourd'hui Kélëh. Les ruines 

de cette ville sufiBsent pour constater son existence 

sous les rois ^yptiens ^ mais on n'en peut riea 

conclure sur les mooumens qu'elle pouvait renfermer, 

Son nom égyptien nous est inconnu^ 

tiOfisQtfoK partait d'Atbô, en traversant le fleuve, 
et qu'on se dirigeait vers le nord -est, on arrivait à 
Ététbya^ ville célèbre, non par ses monumens et sa 
fiiagnificence , mais par une tradition des anciens qui 
^n fait le tbéâtfé du plus borrible abus de la supers- 
tition , des sacrifices bumains. Cette tradition sera 
discutée dans lios recbercbes sur la religion des Egyp-- 
tiens , et nous parviendrons peut-être à prouver que 
ce rapport des anciens ne mérite aucune confiance. 

Élétbya était placée à deux myriamètres d'Atbô/ ' 
étir le bord du Nil , auprès de la montagne Arabique. 
Ses édifices sacrés , aujourd'hui ruinés ^ étaient ren-- 
fermés dans une enceinte carrée ^ en briques , et 
Construite par les premiers Égyptiens. Cette circon- 
Tallation , semblable à celle d'Ombos , se retrouva 
autour des temples de Quarnak et de Médineh-Taboa 
iThèbed, et à Dendérah. Le mur d'enceinte d'Élétbya 
A onxe à douze mètres d'épaisseur , et la longueur de 
chaque côté du carré , dont un est parallèle au Nil , est 



(i8o) 
de plus de huit cents pas (i). Cette enceinte contenait 
un temple et un bassin destiné aux ablutions et à 
f usage des prêtres, qui, probablement, furent logés 
dans la circonvallation. A un quart d'heure de 
inarche, vers le nord, au pied de la montagne Ara- 
bique , était une * petite chapelle égyptienne ^ ornée 
d'hiéroglyphes et de sculptures emblématiques ou 
religieuses. 

, On Voit encore , vers le haut de la montagne , les 
grottes taillées dans le roc par les Égyptiens , pour 
y déposer les cadavres embaumés de leurs proches. 
Ces grottes, qui n'égalent pas en somptuosité celles 
de Thèbes , renferment cependant des peintures du 
plus haut intérêt. Un grand bas- relief peint offre à 
Tobservateur la représentation complète de toutes les 
sccupations domestiques des anciens Égyptiens. Ou y 
trouve figurés le labourage , les semailles, la coupe des 
l)lés , la levée de la récolte , un personnage écrivant 
la quantité de sacs de blé qu'on a recueillis , la culture 
du lin , celle de la vigne , la pêche et la chasse; uoe 
partie de cet intéressant monument est consacrée à la 
navigation et au commerce. On y retrouve aussi les 



(0 M. Costaz, Description des ruines dÈléthya ; Décade 
tfgj-piienne, tome 5, page 1 14. La longueur exacte de chaque côté 
du carré est de 640 mètres, àelon M. SainuGenîs, Description 
des ruines d^Elkâb ou Éléth^a, page 2. Ce Mémoire fait partie 
de la première lîvraisoa de la Description de tÈgjjHe. 



( '8, ) 
cérémonies funèbres et des offrandes aux dieux. Ce 
seul tableau nous fournit plus de notions sur la vie 
domestique des anciens Égyptiens , que tout ce que les 
auteurs grecs et latins ont écrit sur cette matière. 
Il est gravé et accompagné d'une excellente des- 
cription par M. Costaz , dans le magnifique ouvrage 
sur l'Egypte , publié par les ordres de Tëmpereur. 
Nous reviendrons sur ce sujet dans la partie his- 
torique de nos recherches. 

Les Grecs croyant reconnaître , dans la divinité 
égyptienne adorée dans cette ville, leur EiXhiBvicl 
( Latone ) , lui donnèrent ce nom dans leurs des- 
criptions géographiques. Les Romains, par suite de 
cette détermination , l'appelèrent aussi Lucina , nom 
correspondant à TÉléthya des Grecs. L'essence de la 
religion égyptienne semble n'avoir point admis de per- 
soonage théologique ayant quelques rapports avec la 
déesse des accouchemens chez les Grecs ; par consé- 
quent le grec EiA)i0t;ia ne nous paraît point être la tra- 
duction exacte du nom égyptien. Cette ville est connue 
de DOS jours sous celui d!Elkab, qui pourrait être le 
nom égyptien auquel les Arabes auraient ajouté leur 
article el ou al; cependant en égyptien Rh&S, 'Admi^ 

nistrator, RRTit, Fomix, etK&&, Filum, Chorda, 
oc présentent aucun sens propre à être appliqué à une 
ville. Nous remarquerons seulement que le nom grec 
d'El^||0u|(X paraît avoir été usité dans le pays , puisque 



( l82 ) 

©n village voisin de Tancienne yille égyptienne porta 
encore celui à'Éleiiz^ qui en conserve des traces frap- 
pantes ; mais il ne faut pas en conclure (ju'Éléthyft 
lut pu être un nom ëgyptieq, 

ChnubiSn — Chnoub, 

A la moitié de la distapce qui séparait Éléthya de 
Latopolis, se trouvait Chnubis» ou plutôt Chnoubis (i)« 
Elle était bittie sur la rive orieplale du Nil; un quai 
{ivait été CQnstruit sur toute la longueur de la ville, 
Ses tetnples, et peut-être la ville elle-même, étaient 
environpé^ d'une grande Qt épaisse muraille. Près de 
ees édifices religieuiç , décorés de tableaux biérogly-^ 
pbique3, était un bassin environné de colonnes (2), 

J^'ortbograpbe égyptienne dq nom de cette ville 
est d'autant plus difficile à. fixer, que les manus- 
crits coptes qu^e nous ayopq consultés ne nous Foat 
présentée nulle part. Nous émettrons cependant ici 
une conjecture appuyée sur les monumena antiques, 
I^a haute f^gypte adprait principalement Cnouphis^ 
la bonnç Jntelligence^ Iç Dieu hQn^ mot égyptien que 
les Grecs traduisireqt fidèlement ps^r A^oç ù^ifuifi^ 
le bon génitif Pans Cnouphis, Kpo^^k^ on reconnaît ea 
eff^t l'adjectif égyptien x^onrci^s, bonus. Il ne aérait pas 



" v; ■^■ 



t ^ ^ w ..m JI.. I . ■ ■ j. i i j i 



(i) Ptolémëe, \W. IV, tab. IH. 



( i«3 ) 
invraisemblable que dans la Thâiaïde on écrivit 
autrefois ce nom Chnoubi.Va grand nombre de pierrea 
gravées semblent en offrir une preuve non*équivoque« 
Les auteurs grecs et latins s'accordent à dire qfie ches 
les anciens Égyptiens , un serpent appelé Ubœus , et 
le plus ordinairement AyctdoJ'ai/UÊ^^ était le symbole 
do dieu Cnouphis^ dont il portait aussi le nom parmi 
les Égyptiens. Ce serpent sacré, ayant tantôt une tété 
de lion , tantôt une tête humaine radiées , se trouve 

représenté sur les pierres gravées basilidiennes ou des 
Goostiques. Ces pierres, comme nous aurons occasion 
de le démontrer dans la suite , offrent très-souvent 
des noms égyptiens écrits en lettres grecques. Celui 
du dieu Cnouphis y est inscrit par - tout oii sa 
trouve le serpent , son symbole. On le voit aussi 
quelquefois orthographié Xnovmic (i). Le cabinet 
des pierres gravées antiques de Gorlée en fournit 
deux exemples ( 2 ) ; mais Forlbographe la plus 
fréquente est Xnovbic (3). Trois de ces pierres 
sont gravées dans le même recueil (4)* Il résulte 
nécessairement de cette comparaison , que si lea 



(1) Eq lettkvs grecques ordiaairef , Xyoc//4i;« 

(2) Plaache CCX VI , a."" 424 ; planche CCXIII » H.» 4^5; Paria.» 
1778, a vol. iQ«4^. 

(5) En lettres grecques ordinaires , Xyotib'Ç. 
(4) Idem^ planche GCXV» n.^h^i i même planche^ a.*42ft} 
même plancbe^ n.^4^ 



( ««4) 

ÈgjplioTïê àiMiénVCnoubi au lieu de Cnouphi, 6'ëtait 
là le nom égyptien de Chnouhis ; mais si Ton regarde 
le Xnovbic des pierres gravées basilidiennes comme 
vue corruption de Kpou^i^^ il faudra aussi admettre 
que le nom de la ville de Chnoubis n'est encore 
qu'une altération naturelle de l'égyptien Kvou^, Ce 
nom désignera alors la consécration de cette ville au 
culte de la bonne Intelligence f c'est-À--dire du dieu 
Chnoupkis , qu'on a aussi appelé JCnef. On peut aussi 
dériver le nom égyptien Chnoubis de S^OYi^ » Or. 

Phnoum. 

Ce lieu , comme on le lit dans les actes de saint 
Pakbôra ( Pacôme ) , se trouvait dans la haute Egypte 
et au midi de la montagne de Sné. 

4^K0YWL était donc vers la chaîne Libyque, sur le 
bord occidental du Nil, et par conséquent au sud de 
Sné ( Latopolis ). Nous ne pouvons donner la signi* 
fication de ce nom. 

Latopolis. — Sné. 

De Chnoubis, en passant sur la rive Occidentale 
et en se dirigeant toujours vers le nord , on arrivait à 
Latopolis située au 3o.^ d. 33, m. 44 s* de longitude, 
et au 25.* d. 17 m. 38 s. de latitude septentrionale, 
selon les observations astronomiques de M. Nouet« 



( iSS ) 
Cette grande ville, bâtie sur le bord du Nil, fut.U^ 

capitale d'un nomej la rive du fleuve fut revêti^o. 

d'uo quai pour défendre la ville des ravages des eaux^ 

dont le courant est aujourd'hui très -impétueux dans^ 

cet endroit. 

Cette ville possédait dans son sein un grand templ» 
d'une beauté admirable : ce monument, témc^gnaga* 
éternel de la haute perfection de Tarchitecture égyp^ 
tienne , présentait dans son plan , dans sa distribution 
et dans ses ornemens , un des plus beaux modèles 
de Tancienne architecture , et égalait en majesté ek 
en élégance les plus belles conceptions des Grecs. 

Son portique, de plus de i6 mètres de profondeur 
sur une largeur de plus de Sa , est soutenu par 
ringt-quatre colonnes de 5 mètres 4o c. de circon-^ 
fërence , et dont la hauteur est de j i m. 3o c. Ces 
aaperbes colonnes , couvertes de décorations d'un 
goût parfait et de scènes symboliques, sculptées par 
tm ciseau ferme et gracieux , sont disposées sur six 
de face et sur quatre de hauteur. Leurs chapiteaux 
variés d'oroemens, quoique leur galbe soit parfaitement 
semblable , sont d'une richesse et d'une élégance 
achevées. Les murs latéraux de ce portique furent 
décorés, tant II l'intérieur qu'à Texlérieur, de seul- 
tiires religieuses et d'un nombre immense d'hiéro-f 
glypbes de différentes proportions. Les couleurs qui 
recouvraient ces tableaux emblématiques ajoutaient 



( ««6 ) 
encore au grand effet de Tensemble. Le fond da 
portique était percé de trois portes : celle du milieu 
conduisait dans le temple même, et les deux autres 
portes latérales donnaient entrée dans une magoi- 
fique galerie qui régnait autour du monument. Le 
plafond du portique présentait un zodiaque. Le 
portique de ce magnifique temple existe encore dans 
tout son entier ; Ton peut donner une idée de la 
profusion des sculptures répandues sur ce portique 
seul , en disant que sa surface intérieure et exté-^ 
rieure est de 5ooo mètres carrés entièrement couverts 
d'hiéroglyphes : il est entré dans sa Constructios 
35«ooo mètres cubes de pierre ( i ). Le reste da 
temple répondait à la magnificence de ce portique 
admirable. 

Ce monument fut le principal de Latopolis , mais 
non pas le seul. Selon Léon l'Africain , cette ville 
était' encore remarquable de son tems par plusieurs 
édifices couverts de caractères égyptiens^ qui proba- 
blement étaient des hiéroglyphes (2). D'ailleurs, ua 
temple aussi grand que celui que nous avons décrit , 

C > ) Vojes la Deseripiion dfEsné oi d» $eê environs , pir 
MM. Jolloîs et OeVilUerSf d*o& noas svooa extrait la doser iptiaa 
du templa de cette ville* 

(a) In hujus civitcuU ambiiu^ maximta visuntur mâifidu^ 
operisque admiranài sepulturm% eum epitaphiiÊ^ êàm mgfptns 
notis fuàm latinis charw^erU^m ùuttdpiis, Descriptioa <ls 
l'Afrique , Ua VIU , «rtic. Asna , pag^ 285 » édit d'Anvtfs' 
i55& 



(i87) 
devait être accompagné de bâtimeDS semblables U 

ceux qui entouraient ordinairement les grands temples 

de rÉgypte. 

Strabon parle ainsi de Latopolis : Après Apbro<« 
titopolis est Aotro^roXiç TtfMO'A Afhuva» xoi to» Xatou, 
Laiopolis qui adore Athèné (Minerve) et le Latus (i)« 
AtiQÇ était ch&i les Grecs le nom d'un poisson ; ils 
crurent que les habitans de cette ville l'adoraient, 
et ils lui donnèrent le nom de Aaro^roXic» i^Me du 
Latus. Il est cependant bien difficile d'admettre que 
les anciens Égyptiens , et même ceux du tems des 
Grecs depuis long-tems tombés dans rignorance, aient 
jamais rendu les honneurs divins à no poisson^ et Tod 
peut opposer, avec succès, à l'opinion des Grecs « 
l'absence totale de la figure du Latus , et l'extrême 
rareté de toute espèce de poisson, sur le grand temple 
de Latopolis et sur tous les monumens religieux de 
l'Egypte. 

Le principal temple de Latopolis était consacré aa 
grand dieu Amoun, la lumière éternelle 9 la diuinité 
resplendissante ; les sculptures de la frise de la partie 
antérieure du portique en sotit des preuves certaines. 
Au-dessous du grand disque ailé qui se trouve sur 
toutes les portes des temples égyptiens, et qui est 
l'emblème de la divinité , on remarque plusieurs 
images du dieu Amoun , avec sa tête de bélier , 



^l»i^^^^"^^P^"W»W«BBii"»ii^^«H 



(0 Strafeçii, libt XYII, page 817, 



( «88 ) 
adoré, pat des prêtres qui renviroonent. Cette scèoe 

se trouve plusieurs fois répétée dans l'intérieur du 
portique. La représentation d'Amoun , placée au- 
dessus de la principale entrée et dans lieu le plus 
apparent du portique , prouve sans contredit que le 
temple était spécialement destiné à son culte. Laio- 
poU^ n'était donc point la traduction du nom égyptien 
de celte ville , et ce mot doit être classé dans le grand 
nombre des noms ^que les Grecs , trompés par de 
Jausses apparences ou mus par leur amour- propre, 
ont donnés à plusieurs villes égyptiennes. 

Le père Kircher a voulu offrir à ses lecteurs le nom 
copte de Latopolb , dans sa Chorographia jEgypti; 
mais manquant entièrement de renseignemens exacts , 
il se vit obligé d'inventer ce nom : ce fut, selon lai 
Teê'^ ( I ) , mot égyptien qui est la corruption de 

Ttft^-r , Poisson. U est aisé de voir qu'il se fondait 
sur le nom grec, en croyant que les Coptes nommaient 
Poisson la ville qui , chez les Grecs , portait le nom de 
Latopolis. Parmi les Égyptiens et les Coptes , T^^^ 
n'a jamais servi à désigner aucune ville de l'Egypte i 
quoique Kircher l'applique à deux d'entr'elles (2). 
Le nom égyptien était bien diSTérent, comme nous 
allons le voir. 



(1) Œdîp. œjsxp^'f tom. ï î Chorogr. œgjrpt. » cap. V, pag« 47' 
t«) Vojex l'article Oxyrynchui. 



( i89 ) 
On trouve dans Léon rÂfricala (i) , que dans les 
premiers tems^ c'est-à-dire du tems des anciens Égyp- 
tiens , la ville que les Grecs connaissaient sous le 
nom de Latapolis, et les Arabes tous celui d'Anna ^ 
qui est le nom actuel , était appelée Sena. C'est 
ainsi en effet qu'est écrit le nom de cette ville dans 
les livres coptes. Dans un fragment de manuscrit 
thébain de la bibliothèque ^u chevalier Nani , publié 
par MingarelU ( 2 ) , on lit^ : OtC^'&ue !^E Oft 

RpOLrxTIOXSC C«H tCcgOH ^ Tr6£AT><m« , « une 
» femme de la ville de Sna était alors à Babylone 
f ( d'Egypte ). » Et ce nom , constamment écrit Ckr 
( qu'on prononce Sna ou Sné indifféremment ) , se 
trouve dans les Vocabulaires et les écrivains coptes, 
qui rapportent des noms, de villes (3) , comme corres** 
pondant au nom arabe Asna ou Esné^ ou même 
Una ( 4 ). Enfin , l'identité de CnH et de la AalcxoXiç 

(1) Asnam antiquitus Senàm vocitaruni : ijuœ nominis immu" 
tatio ab ArMhus dimanavit^ quorum idiomate SeNà rem/iedant 
acturpem significat. Asnam igiiur appellarunt, etc» Leo« Afric, 
loco cîtato. 

(2) AEgjrp» codic. reliquioff frag. X, page gglviii. 

(3) Mss. copt , BibL imp. , n,^* 43 , 46 ; supplémant Saint- 

Germaio, n.« 17; n.^449 ^^^' 

(4) Asna ne difftrv de Véfypti%n Sna que par l'addition ordi- 
naire de l'alif initial. Nous ajouterons à cela que selon VJSdrissi^ 
cité par Aboulfeda , célèbre géographe arabe , Asnà était une dea 
aaciennes villes bâties par les premiers Copies^ c'est-à-dire les 
anciens Égyptiens. — Aboulfeda, Description de VÈgjrpte^ édit* 
dsVienne, 1807» nax frais des frères Zozime, page 220. 



( jgo ) 

des Grecs ne peut être douteuse , car nous atoas i\i 
dans le manuscrit thébain dont nous avons parlé dans 
notre Introduction » que X^^tOît ( pour AoJcwroXi^ ) 
était la môme vîUe que Tégyptien Cî^K , et VAsna 
des Arabes ( i )• Il l'esté donc prouvé que CkR est 
l'ancien nom égyptien de Latopolis. Dans la vie de 
saint Pakhôm , écrite en tbébaio ( a ) ,' il est dit que 
Sné est une ville de Ycuttique royaume^ 

Il nons reste maintenant à chercher la signification 
du nom de CitK dans la langue égyptienne. M. Ignace 
Rossi , dans ses Etymologiœ agyptiacœ ( 3 ) , dérive 
le nom égyptien Ci^R de ^î^H ( 4 ) # Jardin , en se 
fondant sur Âboulféda qui» d'après le Scherif-d^ 
Edrissi , rapporte qu'aux environs de cette yille 
étaient beaucoup de beaux jardins* Il nons semble 
cependant qu'il est bien loin d'être prouvé que sons 
les anciens Egyptiens qui donnèrent le nom de CkR 



M«IHMta^i^^^iiwMMMa^lbB<v«tadMi*MM^aM»BiBiriMrt-MM>^ita 



(i) Mss. copt y BibL imp. , n.o 43, f> 58 , verso » et ii.«449 f.« 79« 
rectô. 

(2) Mss. da Vatican , tk.^ LXIX. 2oëga, dans son calalogne da 
TA99. du musée Borgia, rapporta le texte, page 72* 

(5) Pages 19 et 20. 

(4) njnn , Tuki , page 1 to , veut dire jardin. Ujl^E a li 
même signification ; Ktrcher , page 259. Cas. deux mots équi- 
valaient aussi, en égyptien, à rets ^filets. Osée, Y, u — *Vo/. aussi 
le Mss. copt , Bibl. imp. , n.* 5oo , fonds de Saint^Germain , où 

y^IlK est rendu par l'arabe Schabàkéh^ retSfJUets^ 



( «9») 
à cette ville , il y eût beaucoup de jardins en Egypte, 

et sur-tout à Sna dont le territoire» assez borué, était 

plutôt eusemencd qu'employé à faire des jardins et 

des lieux d'agrément. Quoi qu'il en soit , cette éty« 

mologie nous paraît hasardée. 

Le mo t égyptien qui se rapproche le plus de CkR » 

est HikCS^n^ , dont le singulier aurait pu être CS^R» 

quoique on trouve aussi HSCîtKS. Ce mot a la valeur 
de ruisseaux , irrigation , ou . canal. Mous n'avons 
trouvé CtiK dans aucun Vocabulaire égyptien ; nous 
ne pouvons donc donner aucune indication positive 
sur la véritable signification du nom égyptien de 
Lalopolis. 

Contra^Latopoîis. 

A Forient de Sné^ sur la rive droite du Nil , était 
une petite ville connue des anciens^ sous le nom da 
Contra^-Lalopolis. La place qu'elle occupa jadis est 
aiarquée par un petit temple égyptien , orné d'un 
portique de huit colonnes ; quelques-uns des cha- 
piteaux, formés de qnatre' têtes de femmes eoifiTées 
i Tégyptienne et surmontées d'un petit temple, font 
soupçonner qu'il fut consacré à Isis. Nous ignorons 
le nom égyptien de cette ville. 

Aphroditopolis. — Asphoun. 

A trois lieues au nord de Sna était Asphoun , que 
les Grecs appelèrent A^foJ'ilw nfohiç^ cille de Vénus ^ 



ô'tf A(f^ric» et dont les Arabes ont conserva le ûom 
égyptiea dans celui SAsfoun que portent encore 
ses ruines. Dans son voyage en Egypte , le P. Sicard 

y vit les restes d^un temple , mais la Commission 
d'Egypte ( I ) n'y a trouvé de nos jours que de grands 
inonceaux de décombres, sous lesquels est sans doute 

enseveli le temple vu par le père Sioard. Nous oe 
hasarderons ici aucune conjecture sur la signification 
ni sur l'orthographe du nom égyptien AsFOUHt. 

Crocodilopolis et Tuphiunu 

Entre Asfoun et Hermonthis se trouvait une 
ville nommée « dit-on, K^xo/iK^ov itài^ç par Strabon, 
et Tuphium par Ptolémée. D'Anville distingue Tune de 
i^autre : il plàceTuphium sur la rive orientale du Nil i 
dans un iieu appelé Taoud par les Arabes , et Cro- 
eodilopolis sur la rive opposée » à quelque distance 
do passage àft^Djebelaïn^ à Tendroit nommé Démocrat 
dans la carte de l'Egypte moderne. Mais un temple 
égyptien , sur les sculptures duquel la représentation 
du crocodile est très-fréquente , détermine la position 
dp, cette ville & Taoud , sur la rive droite., là où.ae 
trouve ce monument. 

MM. 



^ (i) Voyez la Description dEsné et d9 ses enyirwu^ par 

MM. Jollois et DevilUers, GëograpUe comparce^ page 24. 



( 193 ) 
MM. Jotiois eiDerilIiers pensent ^ diaprés cela, que 

Tuphium et CrocodilopoUs étaient la même ville. 

Cepeùdant il dous paraît probable que Tuphium et 

CrocodilopoKs furent deux lieux distincts Tun de 

l'autre > puisque dans un État des provinces et des 

vilhxges de t Egypte^ publié par M. Silvestre de Sacy^ 

à la suite de sa traduction d' Abd - Allatif , on trouve 

les noms des villages iHAssfoun ( Aspfaynis ou 

Aphrodîtopolis ) , de Thajis ( qui pourrait avoir été 

Tuphi-um ) , et de Taoud ( CrocodilopoUs )• (i) 

Le village de Thaphis ou Ihafis n'est point men- 
tionné dans les relations des voyageurs modernes , 
du moins à notre connaissance; mais étant peut-être 
dans l'intérieur des terres , ou n'existant plus depuis 
loDg-tems, il a du nécessairement échapper à leurs 
recherches et à celles de la Commission d'Egypte^ 
L'état que nous venons de citer, ayant été dressé dii 
tems de Melik-eUAschraf-Schaban, Tan 777 de 
Thëgire ( de J» C» 1375 ), Thafis peut avoir disparii 
dans un espace de plus de quatre siècles. Ce ne serait 
point au reste le seul village connu depuis peu de 
tems , et dont on chercherait en vain la place , sur^tout 
dans la haute Egypte, où le désert empiétant jour-^ 
tellement sur les terres cultivées , force les habitans 

— > Il I W»^— — ■ ■■ 1—^^— I *■! ■ >—— — ^M^— III ■ 

(0 Rfflat. (tÊgjjfte d^Ahd-AUaUf. État d€ tÈgrP^e^ pro^ 
^f*nce de Kous, pag. 702 et 705, a.** 6 et 5i« 

i3 



( »94 ) 
à se rapprocher du Nil, et à abandonner sacôeisU 

Tement et pour jamais leurs anciennes demeures. 

Le nom égyptien dôTouphi-um (Tuphium) devait 
nécessairement être Touphi ^ qui, écrit en lettres 
coptes, donne TOr^S, mot dans lequel on reconnaît 
J'égyptîen 0y^\ , le bien , ce qui est bon , et qu'oa 
remarque dans CWOihOYc^î (i), parfum, aromate, 
composé de C^OS , odeur , et de î^OYqS , bonne , le 
parfum n'étant autre chose quune odeur bonne , 
«uave et agréable. Le nom de Touphi-um pouvait 
aussi s'écrire en égyptien ^TOY^î , étouphi, qui est 
hon^ la ville bonne , d'où l'on aura pu faire facilement 
ToupJUum et Tajis. Au reste , nous ne donnons Jout 
ceci que comme une conjecture. Il n'en résulte pas 
tnoins cependant que le nom égyptien du Tuphium des 
anciens était Touphi, quelle que fût son orthographe: 
nous ne l'avons lu dans aucun manuscrit copte. 
11 en est de même du nom deThaoud, qu'on trouve 
écrit Touot ou Tuot dans une ancienne Relation 
de l'Egypte (2), et qui, sous cette dernière forme, a 

(i) Ce moti appliqué aax parfums dont on embaumait les 
cadavres, pouvait aussi signifier odeur conservatrice; car 1* 
racine t\l , de laquelle dérivent OYC^S et hOTC^S » veut dirs 

conserver. Math. IX, 17. 

(2) Relation du vojrage de Saïd ( la haute Egypte ) par les 
pères Portais et Charles-François D'Orléans, page a, imprimé* 
^ans V Histoire de lu haute Ethiopie, traduit» du portugais df 
Balth^ard Tellez. 



< 195 > 
des rapports frappaos avec le mot égyptien OoYCUnr ^ 

Thouôt, tipof^ temple (i), lieu sacré. 

Hermonthis. — Ermont. 

Vers le nord de Thouôt , et à peu de distance de 
cette petite Tille, existait celle d'Hermonthis. Ella 
était située à deux lieues au midi de Tbèbes , dans 
une grande plaine bornée au sud-ouest par le Nil , et 
à l'occident par la montagne Libyque. De la plate* 
forme des édifices de cette ville on distinguait, au 
nord , les môles et les obélisques de Tbèbes (2). Cette 
ville avait près d'un quart de lieue de longueur. 

Son principal temple , dirigé presque parallèlement 
au Nil, avait environ cent quarante - trois pieds dô 
loQg. Ce monument , bâti de grès , était entouré 
d'une galerie de colonnes, et en avant il existait une 
enceinte formée aussi par des colonnes, au nombre de 
dix. L'intérieur du temple était divisé en trois salles 
de vingt-un pieds de hauteur. Un escalier très-étroit, 
pratiqué dans l'épaisseur du mur, conduisait sur là 



(i) Ce mot égyptien ne se trouve point dans Lacroze. Noue 
l'avons extrait du Vocabulaire copte et grec de la Bibliothèque 
impériale, coté n.<> 5oo, fonds de Saint-Germain. 

(2) Description ^Hermonthis par M. Jomard. C'est de cet 
excellent Mémoire que nous allons extraire la description 
dliermonthis. 



■( «96 ) 
terrasse. Le temple était entouré d^une circotivaP 

latioQ. Les tableaux symboliques sculptés dans son 
intérieur , avaient rapport à Isis , Horus et Typhon. 
Les principaux en sont gravés dans le grand ouvrage 
sur rÉgypte. Par une singularité remarquable , on 
y trouve deux fois sculptée la figure de la giraSe, 
animal qui ne vit plus qu'à l'extrémité méridionale 
de l'Afrique (i). 

. Les faabitans dllermontbis adoraient autrefois 
'Amoun et Horus , que Strabon appelle en grec Zëus 
( Jupiter ) et Apollon. Dans un temple de cette ville 
on nourrissait un bœuf sacré nommé Pctcis (2). 

Le nom d'Hermonthis a été écrit Epfjuopd'sç par 
Strabon f Ef/ioÊifd'iç par Etienne de Byzance, et Armant 
ou Erment par les Arabes* Ces noms sont, à peu de 
chose près , l'exacte orthographe de celui que la ville 
porta chez les Égyptiens : ce fut Gpwoito^, Ermont^ 
ainsi que le prouvent les manuscrits coptes (3). Dans 
un vocabulaire thébain de la Bibliothèque impériale 



(i) Il parait que dans les tems anciens on pénétrait dans la 
temple par nn chemin caché. Voici ce que disent les pères Portais 
•t C.-F. D'Orléans : « A Armand ( Hermonthis ) on Balad-Âtousa^ 
• le pays de Moyse ( selon une tradition arabe), il y a un temple 
1^ d'idoles 9 où Von va par un chemin couvert et iouterra^ » 

(2) Macrobe, Saturnales, liv. I, J. XXI, page 5o5. 

(5) Mes. copt , BibU imp,, ».• 17, «ppL Saut- Germain j — 
'••• 46, ancien fonds. 



(-197) 
nous ayons aussi trouvé ^puoi^^ (i ) , maïs ce mot 

corrompu a été mis à la plaee d'GpUOit^. 

I^ signification du nom égyptien d'Hermonthis «. 
que Kircber a cru être celui de Lycopolis (2) , nous est 
inconnue, les vocabulaires égyptiens, que nous avons 
coQSultés , ne nous ayant donné aucun résultat à cet 
égard. Quelques savans philologues ont émis des opi-- 
nions sur sa valeur, et nous allons les faire connaître. 

Zoëga, dans son estimable ouvrage sur les Obé* 
lisques, croit qu'il dérive de ôpuit^K^, Hrmnhntp 
qai aurait signifié arx sacerdotum (3). Celte éty- 
mologie est inadmissible , ou du moins fort hasardée^ 
car elle est fondée sur la supposition de la racine 
égyptienne 2pu, à laquelle il donne la valeur de Thé- 
hren Hermoun etArmoun^ château, citadelle. Mais 
M. Silvestre de Sacy a fait voir dans ses Observations 
sur le nom des Pyramides (4) » que si la racine^ pu. 
a appartenu à la langue égyptienne (5), elle devait 

(1) N.**44» ancien fonds, £^ 79, vers6. 

(2) Kirchar, page an, cité par Lacroze, au mot GpuOttT. 
(5) De origine et usu Obeliscorum, sect III , cap. a, page i5a» 

(4) Insérées tian» le Magasin encjclapédiqne. 

(5) Le seul mot copte qui conserve quelque trace de cette racine ^ 
est 1\S^ p!LiU>9 nom de plante correspondant à l'arabe ELSchikh, 
que Goiius croit signifier Abs^nihum , rabsynthe. Nous Tavon^ 
trouvé dans le Vocabulaire copte*>arabe^ n.^ 17» suppl.» fonds da 
Saint-Germain» 



( »98 ) 
avoir eu Tacception de lieu sacré , chose sainte. Outre 
cela , si le nom égyptien d'Hermontis , Gp^Ottnr , 
commençait par un 8, Hori (H), pourquoi les Coptes 
Tauraient-ils supprimé , puisque on le trouve dans plu- 
sieurs autres noms d'anciennes villes égyptiennes du 
Ssâïd , comme 8oy et ÔKRC ? D'ailleurs 8pwH^K% 
de quelque manière qu'on le prononce , aurait toujours 
fait Hermanhont, Hermnhont , et non 6pwOK^, 
Ermont ou Hermont, nom égyptien , grec, romain et 
arabe de cette ville. 

Avant Zoëga, Jablonski, dans ses Opuscules, avait 
dérivé le nom à'Hermonihis de Gpu^^K , Erman, 
grenade f ce qui est contraire à Torthographe égyp- 
tienne GptiOi^nr , et n'est fondé sur aucune preuve 
plausible. 

U est raconté dans l'éloge de Pisenti , évêque de 
Coptos , écrit par Moyse , son successeur à l'épiscopat 
de dette ville , que ce saint étant sur la montagne 
de Shémi, conduisit Jean , son disciple , dans un 
tombeau creusé dans le rocher par les anciens ÉgyP' 
tiens* Ils y trouvèrent un grand nombre de corps em- 
baumés. Pisenti renvoya Jean dans son monastère, 
et ]ui commanda de ne revenir le joindre dans ce lieu 
que le jour du sabbat suivant. Au jour indiqué, lo 
disciple arrive au tombeau, et étant près d'y entrer, 
il s'apperçut qu'une momie parlait à son maître. Ce 
miracle ayant attiré son attention , il (entendit l« 



< >99 > 
dialogue suivant : « irtîiE HMOnr j&iTT^KtuC 5^1 

ît0OK 4>2.aj KeOOj TTEîSiq &KOK OYE&OXjlitît 

^KOAxc CEpuê^^nr (i). « De quel nome es -tu, dît 
• mon père au cadavre? ( c'est Jean qui raconte ce 
» fait. ) — Celui - ci lui dît : Je suis de la ville de 
» Sermant. » Il répondit ensuite très-bien à différentes 
questions que Pisenti lui fît sur sa famille et sur sa 
religion. Nous pensons, avec 2k)ëga (2), que la ville de 
Cipu^îtnr , Sermant , n'est pas dififérente de celle 

d'Gpu^OKnr , dont le nom se trouve corrompu dans 
le manuscrit. Il ne serait cependant point étonnant 
qu'en Egypte il y eût eu une ville du nom de 
Sermant; mais nos recherches à cet égard ont «été 
inutiles. Nous n'avons trouvé dans les listes de villes 
et villages arabes de l'Egypte, que des noms assez 
éloignés de CtpJUi&Kn» , tels que Sament et S aiment. 

Tkèbes. — Tapé. 

La ville de Thèbes rappelle tout ce que les hommes 
ont fait de plus étonnant. Ses ruines sont des preuves 
non- équivoques de l'antique civilisation de l'Egypte 
et du haut degré de puissance auquel les Égyptiens 
s'étaient élevés par les efforts de leur génie et Tétenduo 

(0 Mss. copt , Bibl. imp. , n.<* 66, fonds duVatican, f.^ 149^ 
(p) iMfpL^Caudog* maauscriptorum muson Borgimni^ paf» 4^ 



OXFORD 



de leurs lumière». L'origine de cette première capitale 
de l'Empire égyptien se perd dans la nuit des tems, 
et c'est donner une idée su£Bsante de son antiquité , 
que de dire que lorsque le premier roi de l'Egypte , 
Menés , eut jeté les fondemens de Memphis » et que 
son fils Athotis L*' y eut transporté le siège du gou- 
vernement , dès - lors Thèbcs commença à décheoir. 
Le séjour momentané qu'y firent ensuite quelques 
monarques égyptiens « senabla la ranimer quelques 
instans ; mais elle ne parvint plus à ce point de 
splendeur dont eQe jouissait avant Teidstence de 
Memphis. 

Lorsque des peuplades vinrent s'établir en Egypte , 
Thèbes fut un des premiers lieux habités. Ce fut 
d*abord un assemblage de maisons éparses , construites 
avec des roseaux , selon la manière primitive des 
anciens Egyptiens (i). Cependant le chevalier Bruce 
regarde comme un fait certain , que les premiers babi^ 
tans de Thèbes firent leur séjour dans les cavernes et 
les grottes voisines creusées dans le roc et ornées de 
sculptures et d'hiéroglyphes par les Égyptiens (2). 
Mais il sufiBt, pour détruire cette supposition, de consi- 
dérer que les Thébains ne purent entreprendre de 
tailler ces grottes profondes , et les décorer avec tant 
de magnificence , que lorsque leur ville fut devenue 

(i) Diodore de Sicile , Hv. I, section II, page 4 t. 

C^j Fojrage auz sources du Nil ^ tomel.^', chap. 6, pagii i49* 



( 201 ) 

riche, populeuse et puissante. D'aifleurs il est prouvé 
par les plans et les peintures de ces grottes, qu'elles 
ont été primitivement destinées à être des tombeaux , 
et à renfermer les cadavres embaumés des habitans 
de Thèbes. 

Il est impossible d'indiquer Fépoqué où cette villo 
fut fondée , et l'on peut dire , avec probabilité , qu ello 
est aussi ancienne que la nation même qui habita 
rÉgjpte. Les Mythes religieux des Égyptiens en 

attribuaient la fondation àOsiris (i); mais les auteurs 
grecs , comme les prêtres égyptiens eux - mêmes « 
c'étaient pas d'accord sur le nom de son fondateur 
(2) : ils l'ignoraient selon toute apparence. 

Dès son origine Thèbes ne s'étendait que sur la 
rive orientale du Nil, et le point le pins anciennement 
habité de la plaine située entre ce fleuve et la mon« 
tagne Arabique , fut sans doute le lieu ou se voient 
encore les ruines du plus grand et du plus ancien 
temple de l'Egypte, appelé aujourd'hui Qarnac. Mais 
bientôt cette ville s'accrut à un tel point , que la rive 
occidentale fut aussi couverte de maisons , de palais 
et d'édifices religieux. Thèbes s'étendit alors d'une 
montagne à l'autre , et remplit entièrement la vallée 
de l'Egypte. Le fleuve qui la traversait , court d'abord 



(1) Diodore de Sicile , liv. î , page 14. •« Etienne de Bjrzance « 
ie Vrbib, et Popul^ verbo Aêocr^o7\JÇ. 

(2) Diodort de Sicile, loco citato. 



( ^0^ y 

8a sud-est an nord -ouest, et revient da sud-oncst 
au nord-est, en partageant la yille (i). 

L'étendue de Thèbes était immense ; sa circon- 
férence était de près de douze lieues , et son diamètre 
de deux lieues et demie au moins (2). Le nombre de 
ses habitans était proportionné à sa vaste enceinte. 
Les maisons étaient de quatre et de cinq étages (3). 

Il ne reste aujourd'hui aucune trace de ses mu- 
railles et de ses cent portes si vantées ; il paraît 
même qu'elles n'ont jamais existé. Les conjectures 
diverses de nos savans modernes pour expliquer 
YExlofi/KuXoç d'Homère , qui parlait en poète et non 
en géographe , sont par conséquent en pure perle. 
Cependant, d'après les rapports des anciens, il est à 
présumer que quelques quartiers de Thèbes furent 
ceints d'une muraille. Diodore de Sicile parle d'un 
mur de cent quarante stades, dont un roi d'Egypte, 
appelé Busiris II , environna la ville (4)* Mais il est 
impossible que ce mur la contînt entièrement , et ces 
remparts ne renfermaient, à notre avis, que la partie 
orientale de la ville qui était la Thèbes , et mieux 

(i) Voyage en Ègj^te^ par M. Denon, planche 45 et «oa 
explication. 

(a) D'Anville, Mémoires sur V Egypte^ pag. 201 et suiv. Yey«* 
aussi les Voyageurs modernes. 

(5) Diodore de Sicile, liv. I, J.XLV, page 54, ëdÎL de WresseliDj. 

(4) lbid«| loco citato. 



( ao3 ) 
la AfocinXiO' proprement dite, ou bien le Memaoniani 
qui fut la partie occidentale de cette même capitale , 
car il est hors de doute que Thèbes eut autrefois 
bien plus de i4o stades de tour. 

Plusieurs rois d'Egypte , qui résidèrent à Thèbes , 
Tembellirent en y construisant de nouveaux édifices et 
en ornant ses temples d'obélisques. Parmi les princes 
qui y firent placer plusieurs de ces superbes mono- 
lytbes t se trouvent le grand Sésostris et Ramessès , 
son fils et son successeur, rois égyptiens de la 19." race, 
qui portaient le nom de Diospolitains ^ parce qu'ils 
étaient issus d'une famille originaire de Thèbes. 

Sous l'empereur Auguste , du tems du géographe 
Strabon , Thèbes était ruinée depuis long - tems , et 
ses habitans , dont le nombre avait alors beaucoup 
diminué , s'étaient retirés les uns sur les principaux 
points de la rive orientale , et les autres vers le Mem^ 
nonium, près de la chaîne Libyque (i). 

Quoique Thèbes eût bien déchu avant la conquête 
de rÉgypte par Cambyse , . ce fut cependant ce 
conquérant qui porta le dernier coup à sa grandeur- 
Ce prince la ravagea, pilla les temples et enleva tous 
lesornemens d'or, d'argent et d'ivoire qui les décev- 
raient (2). Mais avant cette époque malheureuse ^ 
aucune ville du monde n'égalait Thèbes en étendue 



(0 Stmbon, liv. XVII. 
(2) Diodore de Sicile, Uv. L 



( ao4 > 

et en richesse , et selon l'expression de Diodore » le 

soleil n'a jamais i;u de cille si magnifique (i). 

Avant que le gouvernement monarchique fât établi 
en Egypte , Thèbes était le séjour du principal collège 
des prêtres qui tenaient alors ce pays^ ^ous leur domi- 
nation , et c'est sans doute à cette époque qu'il faut 
rapporter les constructions de ses plus anciens édi- 
fices. C'est encore à cet état de choses qu'il faut 
attribuer le peu de monumens remarquables dans 
lesquels les rois aient fait autrefois leur demeure* 
Nous exposerons ailleurs les causes qui firent préférer 
aux rois égyptiens le séjour de Memphis à celui do 
Thèbes. 

Si nous voulions décrire avec détail ses monumens; 
ses temples, ses padais, ses obélisques et ses colonnes, 
nous dépasserions les bornes que nous nous sommes 
prescrites dans cet ouvrage. Nous allons dpDner 
cependant une idée succincte de ses principaux ëdi* 
fices, et nous renverrons, pour de plus grands détails, 
au magnifique ouvrage de la Commission d'Egypte. 

On comptait quatre principaux temples dans Ten- 
ceinte de Thèmes , et ceujt dont les ruines se trouveat 
aujourd'hui à Qarnac, à Louçsor, peut-être même 
celui de Qournou, étaient de ce nombre. 



(i) Ibid., loco citato. 



(5o5) 

Le temple on le palais de Qarnac (i) était sâiM 

doute le plus considérable des monumens de l'an- 

oieone Thèbes. U avait près de demi -lieue de circoa-* 

férence , et M. Denon mit environ 20 minutes pour en 

iaire le tour à cheval et au grand galop (2). Sa circon- 
vdlation contient de petites montagnes de décombres 
et des étangs , qui sont peut-être des restes de bassins 
pour le service du temple. Sa principale entrée, dirigée 
de l'ouest à l'est , était formée par un pylône dont les 
deux massifs sont énormes. Elle était précédée de 
deux grands colosses. Cette porte donnait entrée dans 
ttoe grande cour divisée en deux par une avenue de 
colonnes ; la partie droite de cette cour était occupée 
par un édifice qui iîit peut-être un palais, et vers le 
fond , à gauche , se trouvait une grande colonnade 
parallèle à celle du milieu, à l'extrémité de laquelle se 
présentaient deux môles ( aujourd'hui ruinés ) moins 
•grands que ceux de la première entrée, et précédés 
aassi de deux colosses de granit. Derrière ce pylône 
était le principal portique du temple. On y comptait 
142 colonnes disposées en deux quinconces , dont 
vingt colonnes de 1 1 pieds de diamètre et de 3 1 pieds 
de circonférence formaient le rang du milieu. Celles 



(1) Situé an 5o.^ d. 19 m. 54 •• de longitude du méridien d« 
Paris, et an 25/ d 4^ ni. 5j s. de latitude septentrionale (Nouet )• 

(3) f^ojragû en Égj'piCf d'où nous tirerQos la description dit 
Thèbes. 



( 206 ) 

des denx qnincoDoes n'avaient pas moins de 7 pieds 
de diamètre. La hauteur des premières fut de 60 à 
80 pieds , et celle des secondes était en proportion 
avec leur diamètre. 

Après ce portique, éclairé d'un jour mystérieux, se 
trouvait une seconde entrée suivie de quatre obé-> 
lisques de granit d'un travail précieux, et dont trois 
Bont encore de bout. Us précédaient le sanctuaire, bâti 
aussi en granit et couvert de sculptures de petite pro* 
portion , représentant des scènes symboliques et la 
divinité à laquelle était consacré le temple entier. 
C'était le dieu générateur, dont l'attribut est le même 
et tout aussi prononcé que celui du Priape des Grecs; 
c'était Pan ou Amoun , le Père de toutes choses , le 
Créateur , le Tâwt des Grecs , et le Jupiter des Latins. 
Le plafond, peint en bleu, était parsemé d'étoiles 
jaunes. Des deux côtés du sanctuaire étaient de petits 
appartemeus qui servaient à loger les prêtres , ou à ' 
renfermer les choses sacrées. Derrière le lieu saint, 
on voyait d'autres habitations ornées de portiques à 
colonnes , et qui donnaient dans une cour immense 
bordée de galeries fermées. Une galerie , ouverte et 
supportée par un grand nombre de colonnes et de 
pilastres , formait le fond de cette dernière cour ; Is 
sanctuaire se trouvait par conséquent environné de 
ces vastes et somptueux édifices. Ces cours , ces 
colonnades et ces portiques étaient renfermés ps^ 



( 207 ) 
m mulr de circonvallation , couvert de symboles et 
d'hiéroglyphes sculptés sur ses faces intérieure et 
extérieure. 

Au tour de ce grand temple, une seconde circon« 
vallation renfermait non-seulement l'immense édifice 
que nous venons de décrire, mais plusieurs autres 
encore dont nous parlerons bientôt. La porte par 
laquelle on y pénétrait du côté du nord , était bordée 
de sphynx , dont les socles existent encore , élevés 
sur un chemin pavé en larges pierres, et aboutissait 
k une galerie couverte. On voyait à Touest du grand 
temple un second édifice dont les môles se sont 
écroulés. En dehors de ce pylône et dans la première 
cour entourée de galeries , étaient des colosses de 
grès et de marbre blanc. Cette cour était terminée 
par un second pylône , dont les deux massifs étaient 
décorés de la même manière que les précédons. La 
porte qui donnait entrée dans une seconde cour qui 
conduisait au sanctuaire , était de granit et ornée 
d'hiéroglyphes d'un fini extrêmement précieux et d'un 
travail très*délicat. La première porte de ce second 
temple était précédée d'une allée de sphynx k tête 
de taureau, qui arrivait à un embranchement d'une 
seconde allée de sphynx à tête humaine , coupant 
une troisième avenue de sphynx à tête de bélier (i). 



(i) Les pères Portais et Charles-François D'Orléans comptèrent 
120 sphynx dans une aUée, et 102 dans l'autre. Ib ne disent pas 
desquelles I de ces quatre allées, ils entendent parler. 



< 208 ) 

Celle-ci, la plus grande des quatre dont nond avons 
parlé , comaiençaît à un mille de-là , au temple de 
Louqsor, et se terminait à la porte du sud de celui de 
Qamac. Au-delà de la porte méridionale de la circon- 
Tallation , l'allée de sphynx à tête de bélier conti- 
nuait et arrivait jusqu'au pylône d'ua troisième 
temple. Après avoir franchi ce j)ylone , on se trouvait 
dans un portique de vingt * huit colonnes , formant 
«ne cour intérieure , du style le plus grave et le plas 
majestueux ; venait ensuite le sanctuaire renfermé , 
ainsi que tout Tédifîce , par une circonvallation qui 
ae terminait aux deux môles du pylône. Â Touest on 
trouve encore de nos jours un quatrième temple plus 
petit que les précédens. Dans Tenceinte générale de 
ces temples, on remarque encore des arrachemens 
de plusieurs autres édifices qui répondaient à la 
magnificence de ceux que nous avons indiqués. 

En se dirigeant au sud de cet amas de grands 
monumens , on marchait , pendant à-peu-près une 
demi-lieue, dans Tallée de sphynx à tête de bélier (i)* 
Cette rue , bordée de monumens , était sans contredit 
la plus belle de Thèbes , et aboutissait au temple do 
Louqsor; elle était formée, dans toute sa longueur « 

par les palais et les maisons des grands de TÉtat. 

Ce 

(i) Sur Us côtés de cette allée sont aujourd'hui des coIoOflO 
tronquées, des murailles et des iragmens de statues* 



( ^^9 ) 
Ce Second grand temple de l'antique capitale de 

l'Egypte , sans égaler les proportions colossales de 
celui de Qarnac, lui est supérieur par la beauté de 
l'exécution , et ne lui cède point en magnificence. Son 
entrée est par excellence celle d'un lieu saint , et 
annonce la grandeur de la divinité qu'on y adorait. 
Deux obélisques de cent pieds d'élévation , et chacun 
d'un seul bloc de granit rose, se présentaient d'abord. 
Les hiéroglyphes qui sont sculplés sur leurs quatre 
faces répondent à la beauté et à la perfection inouie- 
du fuselé et des arêtes de ces monolythes. Cest 
au pied de ces obélisques qu'on reconnaît à quel 
point les anciens Égyptiens avaient porté la connais- 
sance de la mécanique (i). Us étaient suivis de deux* 
statues ayant près de quarante pieds de haut ; ensuite 
Tenait le pylône dont les massifs, courounés d'une 
corniche élégante, offrent des sculptures représentant 
des batailles. On y observe des guerriers combattant 
sur des chars traînés par deux chevaux. Le tore qui 
recouvre les arêtes du pylône, semblable à celui de 
tous les temples de l'Egypte , est du plus grand effet. 
Derrière.le pylône était une galerie de seize colonnes , 
et il en existait , à droite et à gauche , deux autres 



(i) Selon M. Denon , de qui nous empruntons cette description 
des monumens de Thèbet , il en coûterait des millions pour les 
changer seulement de place. Yo^ez l'explication de la 5o.« planche 
de son Atlas. 



( 2«» ) 

absolument semblables. Cette cour était terminée , ait 
yud, par deux petits édifices entre lesquels était une 
porte. Elle conduisait à deux rangs de huit colonnes 
d'une énorme grosseur, qui se terminaient à l'entrée 
d'une troisième cour bordée à l'orient par une galerie 
de colonnes au nombre de vingt-quatre , et à l'oc- 
cident par une galerie semblable, soutenue par vingt- 
six colonne^. Au fond, vers le sud, était un portique 
composé de trente- deux colonnes divisées en deox 
quinconces de seize colonnes chacun. Ce portique 
précédait le sanctuaire environné de plusieurs grandes 
salles, soutenues aussi par des colonnes. Ce temple (i) 
est sur le bord du Nil ; un quai le défendait contre 
les atteintes du fleuve. 

Tels étaient les principaux monumens de la partis 
orientale deThèbes. 

La partie occidentale de cette ville célèbre contient 
aujourd'hui un plus grand nombre d'édifices qu'il n'en 
existe sur la rive orientale du Nil. Le plus au nord 
est un temple près du village arabe de Qournou^ en 
partie enfoui ; il est d'un style très- grave et parait 
un des plus anciens de Tbèbes. Plus au sud , était Is 
Memnonium (2) , tombeau , temple ou palais bâti 
par le roi Osymandias , que les Grecs crurent être le 



(i) U est situe au 3o.« d. ig m. 58 s. d»^ longitude, et au aS/ d. 
4i m. 57 s. de latitude ( Nouet). 

(2) Au 3o.* d. 18 m. 6 9. de toogitude , et au :&^ d. 4S m. a; 1* 
4i Istitade ( Nouet )« 



M'ème que Mertinôû. L'état des ruines de ce mo- 
taumeht permet d'eu donnei" une idée satisfaisante. 
On trouvait d'abord un pylône de grande proportion. 
La porte, placée entre les deux massifs, conduisait à 
Une grande cour, au milieu de laquelle était placé le 
plus graud colosse de l'Egypte. C'était la statue du 
rûi Osymandias : elle avait soixante-quinze pieds de 
hauteur ; son pied seul , qu'on trouve aujourd'hui 
détaché, a près de i3o pouces de long. Derrière la 
statue était un second pylône, par lequel on entrait 
dans une seconde cour entourée d^une galerie sou- 
tenue par cinquante colonnes, ou pilastres formés par 
des statues de prêtres colossales en cariatides ; dans 
le fond, étaient quatre statues de granit noir et.d'ua 
travail parfait. Par une troisième porte, on entrait 
dans un grand portique d'environ soixante colonnes 
divisées en quinconces, comme celui du grand temple 
de Qarnac. Après avoir traversé plusieurs appar- 
temens ornés de colonnes et de sculptures, on trou- 
vait dans ce monument la fameuse bibliothèque su]( 
laquelle était écrit, Pharmacie de Vame. 

Entre le Memnonium et le Nil, on voit encore 
avec étonnement deux colosses (i) qui ont 55 pieds 



fc < . .. • I ■■ ..I ... ■ ■■■A *■ 



( I ) Les habîtans du pays les appellent , selon Paul Lucas , 
le Bœuf el la Vache , à cause de certains ornemens semblables à 
des cornes , dont leurs têtes étaient chargées. Bruce les nomme , 
d'après les Arabes du lieu, Schami elTama^ que les pères Portais 
et Charles-Franjoit D'Orléans écrivent Carrta et7Vi/7ia. 



( *Ï2 ) 

de haut, assis l'un à côté de l'autre, et chacun d'un 
seul bloc de pierre. Le style en est sévère et Texé- 
cutîon admirable , autant qu'on en peut juger dang 
l'état de délabrement où ils se trouvent de nos jours. 
Au milieu d'eux est un bloc de granit qui parait avoir 
appartenu à un colosse de plus grande proportion , 
et qu'on croit avoir été la statue d*Osymaodias« 
Cependant il nous semble que c'était au Memnonium 
qu'elle devait se trouver. 

Au sud de ces statues colossales, le village arabe de 
Medineh^Tâbou (i) offre au voyageur un ensemble 
de monumens égyptiens qui font soupçonner que 
quelques rois ou quelques grands de l'état firent leur 

séjour dans cette partie de Tbèbes , dans le haut 
lems de l'Empire égyptien. On y voit d'abord une 
grande enceinte précédée d'un pylône, et dont le fond 
est une galerie ^n colonnes. En avant , est un petit 
temple entouré d'une galerie en pilastres , et dont 
l'intérieur est tout obscur. A côté, est un petit palais 
à un seul étage, avec des fenêtres, des portes, un 
escalier, et des balcons dont le soubassement est sou- 
tenu par des figures d'hommes en buste et en relief. 
Une porte latérale de ce palais , qui commdnique au 
temple , est surmontée d'une corniche au-dessus de 
laquelle sont deux éperviers en regard et les aîles 



(i> Au 5o.* d. 17 m. §2 s. de longitude, et au 25.« d. 42 m. S8 s. 
de latitude ( Nouet ). 



( ^l^ ) 

déployées; les fenêtres sootquarrëes et entourées d'une 
bande d'hiéroglyphes. Plus loin , est un vaste édifice 
dont les prenaières cours, précédées d'un pylône, sont 
ornées de galeries en colonnes et en pilastres; le reste 
de ce monument est enfoui et couvert de maisons. 
Les bas - reliefs qui ornent tout rédi6ce , particu- 
lièrement la galerie de la seconde cour et tout le 
grand mur extérieur, sont pour la plupart historiques. 
Ils représentent un roi égyptien livrant , avec ses 
iroupes, une bataille à des peuples dont le costume 
est exactement celui des Perses. Le roi remporte la 
victoire, fait compter le nombre des morts, poursuit 
les ennemis et assiège une de leurs villes ; on le voit 
ensuite triomphant, faisant des sacrifices aux dieux 
qui lui ont donné la victoire, et dont la protection est 
exprimée par un vautour portant une enseigne, pla- 
nant sur la tête du héros et raccompagnant dans le 
cours de ses conquêtes. Nous reviendrons sur le sujet 
de ces bas -reliefs, qui ont été vus et déorits par 
Diodore de Sicile. 

Le soIdeThèbes possède encore d*autres monumens 
non moins imporlans que ceux dont nous venons de 
donner une idée ; mais les tombeaux des rois, situés 
dans une vallée au nord -ouest de la ville, offrent 
peut-être plus d'intérêt. Au fond de cette vallée très^ 
étroite, se présentent tout-à-coup aux yeux des voya- 
geurs plusieurs ouvertures creusées dans le roc. Ce 
sont des portes surmontées d'un bas -relief en forme 



( ^i4 ) 

d'attique» et reprësëntant une ovale dans laquelle sont 
un scarabée et une figure d'homme à tête d'épervier. 
De chaque côté de ce tableau emblématique , sont 
deux hommes en acte d'adoration. Chaque tombeau, 
composé d'un grand nombre de chambres taillées 
dans le roc, couvertes de sculptures et de peintures 
xiches et intéressantes, a son entrée particulière; on 
pénètre dans quelques-uns d'entr'eux par deux portes 
différentes. Dans le plus reculé des appartemeos de 
chaque tombeau, soutenu quelquefois par des colonnes 
eu des pilastres , on voit le sarcophage qui renferma 
la momie; il est d'un seul morceau de granit de douze 
pieds de long , et orné d'hiéroglyphes en dedans et ea 
dehors. Le couvercle est aussi d'un seul bloc , et sur 
3a partie supérieure est sculptée en relief la figure 
du personnage auquel le tombeau était destiné, On a 
trouvé dans ces tombeaux des appartemens décorés 
de sculptures, qui nous font connaître les meubles des 
Egyptiens, faits en bois précieux et couverts d'étoffes 
brochées. Les fauteuils , les tabourets , les lits de repos, 
^ sont dHme élégance très-recherchée et du gont le 
plus pur. On y admire la figure de plusieurs harpes 
magnifiques , dont le nombre de cordes indique 
qu'elles ont appartenu à un système de musique très- 
étendu et très *r perfectionné. Les plafonds, peints en 
bleu, sont décores de figures |aune& ea reUef. Ony 

yeioarque m graud aowhrç dç tableaux symboliques, 



(2l5) 

religieux et domestiques , et quelques « uns qui se 
rapportent à rastronotnie. Du tems de Strabon, oa 
comptait quarante- sept de ces tombeaux ; il n'y en a 
que huit d'ouverts aujourd'hui. 

C'était encore au nord - ouest et dans la chaîna 
Libyque qu'étaient creusés les tombeaux des babi- 
tans de cette capitale^ Des galeries innombrables ^ 
occupant dans Tintérieur de la montagne plus d'une 
demi-lieue carrée » recevaient les corps embaumés 
des citoyens de Thèbes ; le nombre de ces grottes 
atteste la grande population de la ville. Dans plu*» 
sieurs autres parties » et sur ^ tout à l'occident des 
colosses et du Memnonium ^ la montagne est presque 
entièrement excavée , et contient aussi des tombeaux 
plus ou moins richement embellis. 

Ces monumens , ces temples et ces tombeaux 
existent encore en grande partie ; et si les augustes 
ruines de Thèbes pénètrent d'admiration , comment 
se défendre d'un sentiment pénible , en voyant toutes 
ces magnificences reléguées maintenant dans ua 
terrein presque inculte et désert ? 

Qarnac et Làuqsor , nommés aussi par les Arabes 
Aqsoraïn, les deux Châteaux (i), sont les seuls lieux 



(i) Qarnac était aussi appelé Louqsor-eî-Kadim ( le vieuie 
Louqsor ) ; la tradition du pajrs veut que ce fût autrefois la 
demeure dun roi. Relat. du Said par kt pères Portais et Fraafoia 
D'Orléaos , page 2r 



\ 



(2X6) 

habites et un peu coasidérables de la rive orientale ; 
encore n'est-ce que de niisërables villages, dont le 
second est renfermé dans l'enceinte même du temple. 
Kournou ou Medineh" Tabou sont sur la rive occi- 
dentale, auprès des temples de ce nom. 

Chez les Grecs , Thèbes fut connue sous les noms 
de €hfCâU ou ®)fCi/i ^ et de ^o(r^o>aç. Le premier est le 
plus ancien , du moins les premiers écrivains grecs 
Font employé. Ce n'est que dans les tems postérieurs 
qu'ils se servirent de Ajoo*^oAi^, Joçis cii^itas, qu'ils 
surnommèrent M^oX)) , Magna ^ pour la distinguer 
de deux autres villes d'Egypte du même nom. , 

Le mot ®i/i€ou ou ®>i€n n'est pas grec , et est évi- 
demment d'origine égyptienne. C'est donc dans la 
langue des Egyptiens que nous devons en chercher 
la signification. 

On pourrait croire que le nom égyptien de Thèbes 
fut TX^rr, Tap, Corne, et qu'il aurait été donné à 
cette ville parce qu'elle adorait Amoun , le dieu à 
tête et à cornes de bélier; cependant nous ferons 
observer que ce mot ne contient pas la dernière 
syllabe du mot grec 0ii€ai , et que d'ailleurs cette 
explication, qu'on ne peut pas adopter, n'est fondée 
que sur une supposition. Nous pensons que le ®)t€^ 
des Grecs n'est autre chose que le mot égyptien 
t:£.TTE, tapé, qui, en dialecte thébain, veut dire tête, 
chef; il s'appliquait naturellement, et à juste titre, à 
Thèbes, la capitale de l'Egypte, la plus ancienne et 



( 2^7 ) 
la première ville de ce royaume, le cheF-lîeu dé 

TEmpire et de la hiérarchie (i). Nous ferons remar- 
quer ici que, dans toutes les circonstances, les Egyp^ 
tiens ne semblaient considëiar les lieux que p;<r 
rapport à eux , et que de mêîÀe qu'ils appelèrent le 
Nil du nom générique de Fleuve ^ parce quil était 
le seul en Egypte , de même ils désignèrent Tbèbes 
par la capitale , parce que aussi Tbebes était la 
seule capitale de l'Egypte. 

Mais le mot grec Diospolis, £itf)anCo>jç ^ v:!fe de 
Jupiter , est une traduction exacte des mots qui 
formaient le nom propre de Tbèbes , nr^iTE , Tapé, 
n'étant qu'une de ses qualifications. Les Grecs , au 
lapport d'Hérodote et de tous lejB anciens écrivains, 
appelaient Zêxjç le dieu que les Égyptiens nom^ 
maient Ajunf , et non A/ifunr, ce qui est une orlho«- 
grapbe vicieuse : Aft^r, en lettres coptes, nous donne 
rbiuOYlt. À force de rechercbes, nous avons trouvé 

ce mot égyptien écrit SUOYtt dans un vocabulaire 
copte et arabe de la Bibliothèque impériale (2) ; 
il signifie gloria , suhlimis » celsitudo , et ce nom 
convient, dans toutes ses acceptions, au dieu sublime, 

( I ) On prend ici le mot hiérarclùe 4^113 son acception ëty« 
Biologique. 

(2) Mss. copte, Bibl. imp. , fonds de Saint- Germain, suppl,^ 

n.o 17, f.^pXfi.. 



(a.8) 

M premier des dieux ^ à Amoun ( i )• Le mot Suortc 
paraît dérivé de la même racine que l'ancien' nom 
égyptien du soleil OSH ,' on » et ils ont tous deux la 

plus grande analogie avec Oram^ et ^OYaiK^, 
iituminare , osiendere^ apparere , d'où sont formés 
tj^K^BOraitt^ , Phéethouonh , %7Ct^cumç^ et beaucoup 
d'autres mots. oDiiUiOTtt fut aussi un nom que por- 
tèrent plusieurs Égyptiens. Dans le manuscrit da 
musée Borgia, publié par Schow, on trouve noifA«r; 
ce qui donne Tégyplien IIswOyW, Amoun, ou peut- 
être même Ammonien , Afifio^noç ^ en supposant que 
Bkuonrît est la contraction de Il&kitJLOYK , ce qui 

n^est pas impossible. 

Cb^WLOYIt, Amoun, ou 6&2.KS hnr^ TTi&UOYR, 
Tbaki - anté - pi - Amoun , la cille d Amoun ( eu 
ajoutant le mot égyptien qui signifie ville) ^ fut donc 
le nom propre de Tbèbes ; et les Grecs le traduisirent 
très-bien par Aïo^^TroXi^, la ville de Zéus (Jupiter)^ 
V Amoun des Égyptiens ayant été assimilé par les 
Grecs à leur Zéus ou Jupiter. 

Quelques rapports qu'ait avec le nom égyptien de 
Tbèbes le No - Amoun du texte hébreu des Pi»- 
phètes , qu'on a quelquefois traduit par Alexandrie , 



( I ) Dans notre travail sur la religion égyptienne , nous proa- 
Torons , par les rapports des Anciens , que le dieu Amoun était It 
c&^des dieux. 



quoique celle-ci existât du tems de% Prophètes 8ou$ 
un autre nom , et le plus souvent par Thèbes, il n'ap- 
partient pas à cette dernière ville , mais bien à ua 
autre lieu de la basse Egypte, comme nous le ferons 
voir dans la suite. 

Le principal temple de Thèbes ou de la Capitale 
était consacré à Amoun , do ut la ville portait le 
nom (i). C'était dans son enceinte que les Egyp- 
tiens enterraient des serpeus non-malfaisans (2). Ses 
prêtres , qui se vantaient de tenir leur science de 
TTiot même , la sagesse dwine , s'adonnèrent partî-^ 
culièrement à l'astronomie , et ce sont eux qui , les 
premiers , adoptèrent l'année solaire de trois cent 
soixante - cinq jours et un quart. Dans les diverses 
parties de notre ouvrage, nous reviendrons souvent 
sur Thèbes , parce que c'est dans tout ce qui est 
relatif à cette ville que se retrouvent les preuves du 
haut degré de civilisation auquel un gouvernement 
philantropique avait élevé la nation égyptienne, 

^pollinopolis^Pari^a. -^ Kôs-Bîrbîn 

La première ville un peu considérable qu'on ren-^ 
oontraitau nord de Thèbes, éleXi Apollinopolis ^ qu'on 
avait surnommée Parça^ à cause à'Albô qui était la 



■*• 



(i)Strabon,liv.XVÏÏ. 

(a) H^O^Qt^i Uv, II, §. Lxxxii, 



( 220 ) 

grande ApoîlinbpoUs des Gr^cs et des Latins. Celte 
ville reaferma au moins un grand temple : ses ruines 
qui se voient encore au lieu qu'elle occupa , et parmi 
elles, une grande et belle porte enfoncée jusques à la 
cymaise , conGrment assez cette conjecture. 

Nous ignorons ce qui porta les Grecs à dooner 
à celte ville le nom d'A^oXXaw'oc "JCohiç ( O « ^^^^^ 
d* Apollon 9 ou simplement k'jtoKkmoç (2). Il se peut 
que les Egyptiens qui Thabitaient, eussent un temple 

consacré à Horus , et dans ce cas les Grecs , qui trou- 
vèrent de la ressemblance entre le fils d'Isis et leur 
Apollon ( 3 ) , se crurent autorisés à qualifier celte 
ville à'K7C>JMfoç ^iCokLç. Mais ce nom n'avait aucua 
rapport de prononciation ni de signification avec 
celui qu'elle porta chez les Égyptiens, et qui fut KaiC, 
Kôs. Ce mot , en langue égyptienne , s'écrit indiffé- 
remment K£C y KOC et KafC : cette dernière ortho- 
graphe est la plus fréquente. Ce monosyllabe sert à 
désigner l'action d'ensei/elir , et par suite un endroit 
tristCf un tombeau. La raison qui fit ainsi appeler 
celle ville par les anciens Egyptiens , n'est pas venue 
jusqu'à nous. Quoi qu'il en soit, quatre villes de 
rÉgypte le portèrent du tems des Pharaons. Trois 



(f)Strabon,liv.XVIL 

(7.) Etienùc de Byzance , de PopuL et XJrbib, 

(5j Hérodote^ liv. IL — Plutarque, de Iside et Osiride. 



T 221 ) 

d'eofr'elles étaient distinguées par des surnoms que 
nous avons recueillis dans les manuscrits coptes* Celle 
dont nous parlons maiotenant , est toujours appelée 
RtUC BEpÊEp, Kôs-Berber (i), ou KcuC Bp6xp, 
Kàs-Barbir (2) en dialecte thébain , et Ra^C Bspfisp 
en mempbitique (3) : les Copies prononçaient Kôs- 
Varçar, Kôs-Vars^ir (4) ^i Kôs-^Virçir. Ce surnom 
thébain, Bp&Ep ou Bp&sp, correspond à la racine 
metnphitique Btp&Ep , qui signifie brûlant , chaud 
(5). Il avait été donné à la Ka^C Voisine de Tbèbes, 
pour la distinguer des trois autres situées dans des 
parties plus tempérées de TÉgypte, et sous un ciel 
moins brûlant , car Kôs-Birbir est plus au midi que 
les autres Kôs dont nous parlerons dans là suite. 

(i) Mss. copt, Bibl. imp., u.^ 43, £0 58 vars6^ «t n.« 44 , f.« 7^ 

reclô. 

(2) Mss. copt., ancien fonds, n.^ ifi. 

(3) Mss. copt, n.« 17, fonds Saint-Germain, suppl., £• pcjB. 

(4) Histoire de Véglke d Alexandrie , dans laquelle le père 
Vausleb parle de Kous-yarvir comme d*un ëvéché, page 2a. 

(5) On la trouve employée dans le verset suivant : *\CtUOTtt 

kIDHjul Zy^ kwOi l^&KOS jÙl)UiOT^UÏ!îS ITE SE 

It^KÊEp&Ep TIE : Cognosco opéra tua ^ quia neque es fri-^ 
%uius ^ neque calidus ; utinam esses frigidus aut calidus* Apo- 
caL III, ,5. 



( 2^^ ) 

Cette ville ëtait bâtie près du Nil y ftttf la rivé ôrîeil-^ 
taie ^ et non pas dans le voisinage de la Libye , 
comme le suppose Etienne de Byzance» à moins que 
ce lexicographe ne désigne par A'S'oXXwoc fUxpd une 
autre petite Apollinopolis bâtie en effet sur la rive 
occidentale* Les Arabes ont conservé à Kàs^Berhir 
BOn nom égyptien dans celui de Qouss » sous lequel 
elle est connue parmi eux. 

Papa — Pape. 

On trouve mentionné dans Âboulféda un lieu appelé 
^Âqssour ou Oqssour ( les Châteaux ). Il est , selon le 
même géographe arabe ^ au midi de Qùuss et à uue 
journée de chemin de cette ville. Des manuscrits 
coptes , en dialecte thébain ( i ) , nous oht fourni le 
nom égyptien d' Oqssour : ce fut IIb^ttH , Pape ou 
Papa. Si on fixe la position ô! Oqssour à Lougsor, 
dans Tenceinte de Thèbes , ce qui ne nous parait pas 
absolument probable, II&itK sera alors le nom ëgyp-" 
tien de ce quartier de la capitale ; mais si Ton aime 
mieux placer II&ttR entre Thèbes et Tentyris , il 
répondra au Papa des anciens , village ou petite ville 
entre Tentyris et Contra- Coptos. En appliquant le 
nom de II&rfK , Pape, à une partie de Thèbes, on ne 

(i) Mss. copt , Bibl. imp. , n.' 44, f.« 79 r«ct6 i — n.^ 45, £* 58 
yers6» 



( 223 ) 

cfoît point le regarder comme le nom égyptien 4e 
Medtneh 'Tabou ou Medinet-Abou, comme on i'écrît 
ordinairement. Ce village, placé dans la partie occi- 
dentale de Thèbes , n'a jamais porté le nom de Çassr 
ni celui d'O^fssour; par conséquent le nom de Il&iTH, 
qae les Arabes font correspondre à an lieu qu^ils 
appelaient Oçssour^ ne lui a jamais appartenu. Notre 
opinion est que lU^nK n'est autre chose que le Papa 
des Itinéraires , et que ce lieu était situé sur la rivo 
occidentale du Ml, entre Tentyris et Contra-Coptos. 

C Optas. — Reft. 

Sur la même rive du Nil et au midi deKds^Birbir, 
se trouvait la célèbre ville de Coptos ; elle était au 
milieu des terres, et presque sur le penchant de U 
chaîne Arabique. Elle avait dans son enceinte deux 
temples , dont on distingue facilement enct>re les 
ruines éparses ( i )• Coptos , sous les Pharaons , devait 
être l'entrepôt du commerce de la haute Egypte avec 
l'Arabie , et peut - être même avec l'Inde ; elle la 
fut du moins sous les Grecs et sous les Romains. 
Les Arabes errans entre l'Egypte et la Mer - Roug^ 
étaient, selon toutes les probabilités, les hommes qui 
trausportaient les marchandises à Coptos^ ou ils 



(i) M. Denon, Foy-agc çn £gxp^9 tomo II, pa^e ai5^ éditi«a 
<Q 5 YoL ia-ia» 



(224) 

séjouroaîent sans doute quelque tems ; c'est ce qui a 
fait dire à Strabon que cette ville était commune aux 
Égyptiens et aux Arabes. £lle fut la capitade d'un 
nome. 

Quoique les Grecs n'eussent point tradyit son nom 
ë^wptien , et qu'ils l'eussent assez fidellement écrit 
Ko^oç ou Ko^itToç y cela ne les empêcha point de le 
dériver de leur langue. Plutarque (i) le croit formé du 
Terbe grec Ko^TTrâi^ Couper, parce que, selon une cer- 
taine tradition, après la mort d'Osiris, la déesse Isis 
s'y coupa les cheveux. Cette étymologie est trop évi* 
demment dénuée de toute vraisemblance , pour qu on 
cherche à la détruire par des raisons sérieuses. Il suf- 
fira de dire que le nom égyptien de Coptbs fut KEq% 
Ke/t , comme on le voit dans un manuscrit copte (2)1 
où il est fait mention de ^&&5> AHOrCHC TîîEinC- 
KOnoC H'^E RtqTT, Moyse, éi^éçue de Kefi; on la 
trouve aussi désignée sous ce nom dans les voca^ 
bulaires coptes ( 3 ). Un manuscrit thébain porte 

KetïtO (4) , et un autre REfiLTOi (5). U se peut que 

ces 



(i) De Iside et Osiride. 

(2) Mss. copt, Bibl. imp., n.«66, Vatic, f.« laS, 

(5) Mss. copt.f Bibl. împ., n.<>46> ancien fonds, elc« 

(4) Id.j ».• 44, £• 79 verso.. 

(5) Mss. copt., BibL imp. , n.° 45, £« 58 Yers6» 



( 225 ) 

ces derniers noms ne soient qn*une corruption da 
Rtq^, ou même du grec Kotctoç : nous n'avons pu 
trouver la valeur du nom égyptien de cette ville. Les 
Arabes rappellent encore Qî/t ou Qé/lh , comme lea 
premiers habitans. 

Pampanis. — Pampan. 

Lb géographe Ptolëmée place au midi deTentyris 
un bourg situé dans l'intérieur des terres, auquel il 
donne le nom de Pampanis (i). Les nomenclatures 
arabes des noms dé villes et de villages de TÉgypte , 
que nous avons consultées, ne nous ont présenté, dans 
la province de Qouss , aucun nom correspondant et 
dont la position fût voisine de Tentyris. D'AnvilIe^ 
dans sa carte de TÉgypte ancienne, a fixé la positiqa 
de Pampanis sur la rive occidentale du Nil, au sud da 
cette dernière ville. Nous pensons que Pampan fut la 
nom égyptien de ce lieu, et que les Grecs en firent 
nof/t^âvi^ ^ en ajoutant seulement la désinence iç. Nous 
De fixerons point son orthographe égyptienne, parca 
qoe nous ne pouvons assigner la valeur du nom da 
ce bourg. Nous ferons seulement observer que sur 
la rive occidentale du Nil, vis-à-vis de lancienna 
ville d'Ambô ( Ombos ) , se trouve encore aujourd'hui 



mmmim^mimmimmmmm^immmmm-mmm^m^ 



(0 Ptolém^, Géographw, lir. IV. 

a5 



< 2^6 ) 
«o TiUage quB les Arabes appellent aussi Bamban (i). 

Cette circonstaoce oous coaBrme dans TopiDion que 
xioos avons émise sur le nom égyptien de Pampania* 

Tentyris. — Nitenthôrî. 

Au nord de Coptes , la vallée de l'Egypte tourne 
vers l'occident ; le Nil suit la même direction. C'est 
dans cet endroit , au 3o/ d. 20 m* 4^ >• de lon^ 
gitude et au 26/ d. 8 m. 36 s. de latitude, qu'était 
Tentyris f bâtie à une petite distance du bord occi- 
dental du NiL Elle fut le chef-lieu d'une préfecture 
{ Ptbosch ) ; son territoire était fertile en palmiers. 

Le temple principal de cette ville fut le chef- 
d'œuvre de Tarchitecture égyptienne. On trouvait 
d'abord une porte construite en pierres énormes coi>- 
vertes d'hiéroglyphes , et faisant partie d'une enceinte 
qui renfermait le grand temple dont nous allons 
donner une idée. 

Ce monument avait 200 pieds de long sur i^o de 
largeur. « Le portique était plus élevé que la celle ou 

# nef; une austère simplicité dans l'architecture y était 

# enrichie d'une innombrable quantité de sculptures 
p hiéroglyphiques , qui n'en troublaient cependant pas 
» les belles lignes. Une large corniche couronnait 
m majestueusement tout l'édifice ; un tore qui semblait 



!^ 



Çi) Vojf«2b^U carU de TÉgypte moderae, par D'AaviUe« 



( ^^7 ) 
» le cercler, ajoutait encore une espèce de solidité au 

» talus qui existait par-tout. »(i) Trois têtes colossales 

de lion sortaient du flanc de la nef du temple , et 

servaient à l'écoulement des eaux qu'on versait sur 

la plate- forme pour rafraîchir les appartemens qui 

y étaient construits ; car sur cette plate - forme 

00 trouvait de petits temples particuliers décorés 

de sculptures très - soignées , qui présentaient des 

tableaux astronomiques et scientifiques ; aujourd'hui 

ils sont à moitié ensevelis sous les débris d'un village 

que les Arabes avaient autrefois bâti sur le comble 

même du temple* 

Le portique, composé de i8 colonnes de 24 pieds 
de tour chacune et espacées de 12 pieds, fut ua 
des plus beaux modèles de l'antiquité. Â son aspect 
grand et majestueux se mêlait une sombre gravité^ 
et l'homme qui se trouvait en face de ce superbe 
édifice ne pouvait se défendre d'une vive émotion , 
et d'un sentiment profond de respect. 

Les têtes de femmes dont les chapiteaux des 
colonnes étaient ornés , prouvent que les Égyptiens 
lavaient consacré à Isis ( 2 ) , dont une image d'une 

(1) C'est du voyage de M. Denon que nous avons extrait la 
description des temples de Tentyris. Les lignes miirquées par. de9' 
guillemets sont copiées de son texte. , 

(a}Straboa,UvreXVn. 



(«8) 
dimension colossale se trouvait sculptée dans le fond 
du sanctuaire , où deux figures gigantesques brûlaient 
4es parfums devant elle. 

« J'aurais voulu tout dessiner, dit M. D^non, et 
sr je n'osais mettre la main à Toeuvre ; je sentais que 
9 ne pouvant m'élever à la hauteur de ce que j'ad- 
9 mirais, j'allais rapetisser ce que je voudrais imiter: 
9 nulle part je n'avais été environné de tant d'objets 
9 propres à exalter mon imagination» 

« Ces monumens, qui imprimaient le respect du au 
9 sanctuaire de la Divinité, étaient les livres ouverts 
9 où la morale était dictée i où la science était déve« 
9 loppée ; tout parlait, tout était animé dans le même 
9 esprit. 9 

Colonnes, chapiteaux, murs extérieur^ et intérieurs, 
corniche , soubassement , tout est y couvert de bas- 
reliefs , d'inscriptions hiéroglyphiques , et de tableaux 
bistoriques offrant la représentation des cérémonies 
du culte et des usages de la vie civile des Égyptiens. 
Les couleurs agréables dont ces sculptures ont été 
entièrement couvertes, produisent un charme et une 
richesse qui ne nuisent ni à la simplicité ni à la 
gravité de l'ensemble. 

Ce temple magnifique subsiste encore dans tout son 
entier; la circonvallation seule est en partie ruinée (i)* 

(r) Une Inscription grecque fut gravée postérieuremeot sur le 
listel du couix>nneinent de la porte du mur de circonvallattoa , 
sitttée an sud du grand temple j elle a été vue par Paul Lucas, 



( 239 ) 
C*est àTentyrîs qu'existent deux moniimens astro^^ 
comiques très-iniportaos : Tua est un zodiaque sculpta 
sur les deux plates - bandes les plus opposées du 
plafond du portique du grand temple ; Vautre est uu 
planisphère sculpté sur le plafond d'une des pièces 
du petit appartement construit sur le comble de ce 
temple. L'un et l'autre représentent les douze signes 
célestes placés dans l'ordre selon lequel le soleil les 
parcourt, et ayant à leur tête le lion. Le zodiaque du 
portique est divisé en deux parties : le lion , la viergei^ 
la balance, le scorpion, le sagittaire et le capricorne» 
placés à la gauche de l'observateur, semblent sortir 
du temple; le Verseau, les poissons, le bélier, le 
taureau, les gémeaux et le cancer, placés à la droite. 



qui en a insërë quelques mots dans son troisième Voyage du 
Levant ( tome III , page 55 ). M. Denon en a rapporté une copie 
eotière. Gettr Inscription a été publiée et expliquée par M.Cham^ 
poIlion-Figeac , dans sa Lettre sur t Inscription du temple da 
Dendéra , adressée à M. Fourier ( Grenoble , Peyronard , i8o6, 
iii-8.<* ) ; elle rappelle que les envoyés de la Métropole ( de 
Tentons ) consacrèrent^ en vertu dune loif le propjrlée à Isis^ 
très-grande déesse , et aux dieux honorés dans ce temple , en 
tan XXXI de César ( Auguste ) , le i8.« jour du mois sacré de 
TTioth, Cette consécration avait pour motif la conservation do 
l'empereur Auguste. L'auteur s'occupe d'une seconde édition de 
cette lettre , qui' renferme beaucoup de recherches sur les ère» 
diverses dout on fit usage en Egypte» 



( ^3o ) 
semblent y entrer et sont tournes Vers la porte (i). 
Le soleil est figuré par un disque dont les rayons 
perpendiculaires Tiennent de quitter le cancer qui, 
dans Tordre des douze signes , est le dernier. Sur 
le planisphère , ces signes forment une spirale où 
l'ordre des rangs est conservé : le lion ouvre la 
marche 9 et le cancer qui la ferme se trouve au-dessus 

de lui et tourné du côlé opposé. On remarque dans 
ces deux tableaux un grand nombre d'étoiles diver- 
sement groupées , et des 'figures symboliques qui 
peuvent être des constellations représentées sous les 
formes propres aux Égyptiens. Us durent en effet 
placer dans le ciel les emblèmes sous lesquels ils 
adoraient la Divinité , comme dans des tems posté- 
rieurs la Grèce , instruite par TÉgypte , y plaça ses 
héros et. ses dieux. 

Depuis leur découverte , ces deux monumens ont 
fixé l'attention de l'Europe savante ; l'histcnre de 
l'astronomie doit y recueillir des faits du plus grand 
intérêt. Des savans français , italiens , allemands et 
anglais ont entrepris de les expliquer ; ils ont émis 
des opinions différentes et sur l'époque astronomique 
qu'on peut y trouver , et sur le tems où le temple 
dont ils font partie a été construit. Sans nous engager 
dans cette grande discussion , nous ferons remarquer 



(0 Cet ordre des signes, biert constaté par l'Institut d'Égjpte 
n'est pas cuuservé dans les dessins publiés par M. Denoo. 



( 23i ) 
ici que ces deux monumens ont dû perdre beaucoup 
de leur importance, isolés des zodiaques observés à 
Hermootbis, à £sné , et des tableaux astronomiques 
deXbèbes, qui appartiennent tous à un même système 
de connaissances astronomiques , et dont Texplicatioa 
doit devenir plus facile et plus exacte « rapprochés 
les uns des autres. On peut donc regarder commo 
prématurés tous les Mémoires dont le planisphère et 
le zodiaque de Tentyris ont été le sujet ( i )• Pour 
obtenir à cet égard un ensemble complet de notions 
précises et satisfaisantes, on doit attendre le travail 
sur les monumens astronomiques découverts dans la 
Thébaïde , que M. le baron Fourier rédige pour le 
grand ouvrage dont -sa main savante a élevé Télégani: 
et majestueux frontispice* 

Nous répéterons ici ce qu'il a dit lui-même do 
l'antiquité de ces monumens , qui a été exagérée dana 
quelques écrits : « Dans les dissertations nombreuses 
» et prématurées auxquelles cette question , déjà 
» célèbre , a donné lieii , on a souvent attribué à 
» l'auteur de ces recherches , des opinions difié- 
» rentes de celles qu'il se propose d'établir. Les 
» conséquences qui résultent de l'étude attentive 
» des monumens , ne permettront jamais de corn- 
» prendre l'histoire de l'Egypte entre les limites 

(0 Le nombre de ces Mémoires s'élève aujourd'hui à plu9 
deyiogu 



(232 ) 

9 d'une cbronologie restreinte qui n'était pc^nt suivie 
^ dans les premiers siècles de Tère chrétienne* Elles 
» ne sont pas moins contraires au sentiment de ceax 
» qui fondent sur des conjectures l'antiquité exagérée 
» de la nation Égyptienne^, et ne distinguent point 
iÊ les époques vraiment historiques , des supputations 
» qui servaient à régler le calendrier (i). » 

C'est àTentyris qu'il faut chercher le type autiqae 
des ordres et des principales beautés de l'architecture 
grecque ; celle des Égyptiens est devenue le principe 
de tout ce que nous avons admiré depuis. 

Deux autres petits temples existaient encore àTen- 
tyris ; mais ils ne pouvaient pas entrer en compa- 
raison avec celui dont nous venons de parler, soit 
par rapport à la perfection du plan , soit par rapport 
à la beauté de l'exécution. 

Du tems de Strabon, les habitans s'étaient adonnés 
à la chasse des crocodiles. Le satyrique Ju vénal, qui 
fi'est plu à ridiculiser l'Egypte , où il &t exilé dans la 
suite par l'empereur Néron , raconte les événemeos 
d'une guerre sanglante et fanatique qui eut lieu entre 
les Ombiles et lesTentyrites, au sujet des crocodiles, 
que les uns révéraient et que les autres cherchaient 
-i, détruire. Mais la fausseté de cette guerre ridicule et 
barbare, dans laquelle, selon le poète latin, chaque 

(i) Pré/ace historique de la Description de VÉ^-pte^ pag.ô4 

«tb5. 



( 233) 
parti dévora les membres sanglaos de ses ennemis (i), 
est prouvée par te récit de Juvénal lui-même, qui fait 
d'Ombos et deTentyris deux cilles voisines (2), tandis 
qu'elles se trouvent à plus de trente lieues Tune dô 
Tautre. Cependant Juvénal dit, avec assurance, que 
les Tentyrites partirent de cbez eux pendant la nuit, 
et arriçèrent le matin à Ombos. Cette rêverie a été 
adoptée sans examen par beaucoup d'auteurs mo- 
dernes, sur la foi d'un poète. 

Le père Kircher a cru voir le nom égyptien de 
Tentyris dans 'î'&KOajitp, qui étant écritT^KOojtp , 
aurait servi à désigner le lieu ou la cille de V Eper- 
pier^ ou plutôt la ville du Vautour ; car nous avons 
trouvé dans un vocabulaire copte et arabe (3) le mot 
ITSî^OçjjEp rendu par Baz - Alschahin , éperçier des 
brebis, c'est-à-dire le i;autour, et même Y aigle, dont 
le nom arabe ressemble au nom égyptien ; ( et Ton ne 
doit pas confondre i^OcgEp avec Si^nocy^p , nom de 
la plante appelée Saris par les Arabes). Nous ignorons 
d*où Kircher a extrait 'i^2>K0ajtp comme nom d'une 
ville égyptienne; mais il est hors de doute que ce ne 



(i) Selon toute apparence, le chevalier Bruce avait lu fort k la 
hâte ce passage de Juvénal, puisqu'il observe ( Voyage aux sources 
du Nil ) qu*il est singulier que du tems même de Juvénal, les 
Tentyrites et les Ombites fussent encore antJiropophages» 

(2) Juvénal, satyr., liv. V, satyre xv, vers 33 à 56. 

(3) Mss. copt, Bibl. imp,, n.^ 17, suppl. Saiut-Germain. 



<234) 

fnt jamais celui de la Tentyris des anciens. Le niot 
Tem^çj^ n'est pas grec, et c'est évidemment le nom 
égyptien pur conservé par les Arabes dans leur Dcn^ 
déra. On le retrouve dans les livres coptes , sous la 
forme du pluriel Hsnrtît-raïpE, Ni-Tentôre (i), 

HsnrtKiFœps (2). Il est écrit le plus souvent Hsker^ 
n:cupE , Ni'Kentdré (3) , H^KtKTTOpE , Ni^Kentorè 
en dialecte thébain (4) , et HWEK-Ttl\p\ , Ni^Kentôri 
en mempbitique (5). Les manuscrits tbébains publiés 
par le P. MingarelH nous ont oSert, dans le passage 
suivant d'un fragment des actes de saint Pakôm, 

une altération tbébaine du mot HsKtUnrcxxpt, Ni-- 
Kentâre : ZT{Z> :^iOKRCXOC EYnptCÊY^tpOC H-fi 
nfEKKXHCi^^ hnsr^EK-raTpE (6); « Denis, prêtre de 

(i) Mingareilî , AE^ypt. codic, reliquiœ ^ pages ccxxyih, 
€cxxix et ce XXXI. 

(2) Dans les actes memphîtîques de saiut Pakhôm ( mss. copt, 

Bibl. împ. , n.o 69 ) , il est fait mention de Tabbé CB^p^lTSttîît 

ITStn^CKOlTOC KnrE n^^r^îT^tUpS, «Sarapioa,évêqu6de 

^ Nitentôrî , » et de hT{l> r^SOKKCiOC ÈOYÏTp&V'^EpOC 

HE hnn& ns^£Keatp\, « Apa Denis, prêtre de Nitenthôri.» 

(5) Mss. copt. , Bibl. împ. , n.® 46, 

(4) Mss. copt, Bibl. imp., n.*» 44, f.* 79 rectô. On trouve aussi 

le nom de cette viiie écrit HEKH^OpE , mss. copt. , Bibl. imp. % 
!!.• 45 , f.«» 58 verso. 

(5) Mss. copt, Bibl. imp., n.» 17, suppl. Saint-Germain. 

(6) Miugarelli, frag. IX, pag. ccxxvi et ccxxvii. 



^\> 



( 235) 
» Tëglise de Ni-Gentôre^ i> où Ton obseire le T^ (g) mîi 

à la place du K (k). Le dialecte tbébain offre quelques 
exemples de cette permutation d'aixtant plus remar* 
quable« que la lettre r* est étrangère à la langue et à 
Talpbabet des Égyptiens. 

Dans les recherches que nous avons faites pour 
trouver la signification du nom égyptien de Ten- 
tyris , nous n'avons obtenu aucun heureux résultat. 
Les seuls mots^qui en approchent, sont 2»i^nrcup^, 

que Kircher explique par Senex, et Oatp^, Salix ( i ) , 
qui n'offrent aucun rapport satisfaisant avec l'égyptien 

HîKtK-taTpE , ou plutôt Hs^TtK^CJUpE. 

Thmounschons. 

Ce lieu doit avoir appartenu à la préfecture 
( Ptbosch } de Ni-Tenthôri ; c'est du moios ce que 
l'on peut inférer de plusieurs passages de la vie de 
Pakbôm (2) ; dans les actes de ce saint , ce nom est 
écrit OtjLOYhcyOï^C. Nous l'avons retrouvé dans une 
nomenclature de noms égyptiens et arabes des villes 
de l'Egypte (3) , sous la forme de UoYaj2>KC, et rendu 



(i) On pourrait peut-être dériverTEKSCUpS deT2>K^tUpSf 

qui désigaerait un lieu où se trouvent des saules ( ^CIVpi \ 

(2) IVIss. copt, Bibl. imp., n.^69. 

(3) Mss. copt| BibL imp., n.*43| f.^58Yert6. 



r 



par Varabe Makhans ou Moukhans. Ce dernier lieu 
est compris dans la province arabe de Qouss (i), 
selon un état des villes, des bourgs et des villages de 
rÉgypte. Il se peut que ce mot ait été autrefois écrit 
par les Égyptiens UoY^^^Stc, et que ce soit la raisoa 
qui ait engagé les Arabes à l'écrirç Moukhans. au 
lieu de Moaschans. 

Tabenna. — Tabennisî. 

Entre Tenthôri et la petite Diospolis , se trouvait 
une ile appelée Tûcékym ( 2 ) par les Grecs , connue 
aujourd'hui chez les Arabes sous le nom de Djèziret' 
el-Gharib , File de ï Occident, et qui dut autrefois 
faire partie du nome Tentyrite. Cette île est men- 
tionnée dans les livres coptes , sous le nom de 
Tê-iiKHRCE, Tahnnésé (3), et de Tfc&t«KtCS, 
Tahennési (4), nom dans lequel on reconnaît, selon 
Mingarelli ( 5 ) , le grec fmoçj He » ajouté au nom 
égyptien de nrfc&H , Tahen^ ou même TrB.&i^s^^> 
Tabenné, qui, en dialecte thébaiu, désigne un endroit 



«k 



(i) M. Siirestre de Sacjr, trad. dAhdàUatif; État de tÉgjpiéf 
page 704 , n.® 38, 

(2) Sozomeiius, liv. III, cap. 14, etc. 

(3) Mingarelli, AEgj^pt. codic. reliquiœ^ frag.VII, pag. cuql 

(4) Mss. copt, Bibl. imp., n.064, vatic. £*i56 roctd. 

(5) Miugarelli| loco ciiaio, page clxxxiu 



( «37 ) 
abondant en palmiers , ou le lieu des Troupeaux ( i ). 
Mais nous ne sommes point convaincus que \^KCZ qvl 
hHC\, qui termine le nom copte de cette île, soit le 
grec fno'oçy et nous regardons plutôt ces deux syllabes 
comme le nom d'Isis ( HC5 ), précédé de Farlicle du 

génitif. Le nom denT^&ttHKC^ signifiera donc alors 
Vile oà se iroui^ent les palmiers d'Isis. C'est là , à 
notre avis, sa véritable valeur. On sait en effet, par 
les rapports des anciens , que cet arbre était très-» 
abondant dans le nome Tentyrite , et dans les tems 
modernes on remarquait, près de Tenthôri , .une 
superbe forêt de palmiers doum (2). Celte espèce de 
palmier, au lieu de n'avoir qu'un seul troric, comme 
le palmier de la basse Egypte et de l'Arabie , en a 
plus de seize groupés ensemble, ce qui a fait donner 
à cet arbre le nom de Palmier éçentail ; son fruit 
est d'une qualité inférieure à celui du palmier ordi- 
naire. Dans dés tems postérieurs à celui des Égyp- 
tiens, l'île de Tabenné fut le lieu que choisit saint 
n^^î^tllUL, Pakhôm ou n«.^CUu., Pahôm^ selon les 



• (i) Jablonski le dérivé de ^2>6tKS qui, en dialecte mem- 

phitique, veut dire la même chose que ^S&US^ ea dialecte 
ihébaio. 

(2) Juvenal, satire xr, lîv.V. — Sicard, dans le tome VI des 
Lettres édifiantes. — Choix des Lettres édifiantes , (Qme U i 
Missions du Levant i page 35 j ^ Fari9| <8o^. 



( a3è ) 
dialectes de la langue égyptienne « pour bâtir un 
célèbre monastère , où un nombre considérable de 
pieux anachorètes firent leur séjour. 

DivspoliS'Pari^a. — Hou. 

A u nord - ouest de Tentbôri ^ et non loin do 
Tabennisi , était Dwspolis-- Parua , A/oo-^xToAic fiixe^, 
la petite i^ille de Jupiter. Elle se trouvait au 3o«^ d. 
o m. Sy s. de longitude, et au a6/ d. 1 1 m* 20 s. de 
latitude septentrionale , selon les Nouvelles Obser- 
vations astronomiques de M. Nouet. 

Cette ville ne dut point être fort considérable ; du 
moins les ruines quon^ remarque à la place qu'elle 
oc(5upa , ne portent point à le croire. Le voisinage de 
Thèbes et de Tentbôri dut nécessairement s'opposer 
à son accroissement. Le nom de Hou^ qu on doone 
encore dans le pays à cette ville , est Tancien nom 
égyptien 2oT ( 1 ) , ou bien 2ai , Hô (2). La positioa 
de cette ù^ioa-^ohiç des Grecs , assignée par D'Anvills 
ji IIou , est justifiée par deux manuscrits coptes de la 
Bibliothèque impériale, où l'on voit que la ville que 
les Grecs nommaient T's0CIT0A!LC ( Aïoo'^oX/c ) « s'ap- 
pelait ^î^O en égyptien, et Hou en arabe (3). 3^^0 

(i) Mss. copt, Bibl. imp., n.*46y anciens fonds. 
(2) Mss. copt, BibL imp., fonds du Vatican, n.® 69. 

(5) Mss. copt , BibL imp., ii.« Jfi^ f/ 8& versoj — il* M, C*49 
rectô. 



( =39 ) 
tst mis à la place de !t^OT, Anhou, et nous croyons 
qu'il n'en est que la corruption. M. Akerblad a déjà 
émis la même opinion sur le même mot ( i ) , quoique 
dans un but différent , et nous nous félicitons de 
pouvoir appuyer notre conjecture de son suffrage. 
M. Silvestre de Sacy a été induit en erreur par le 
P. Kircher (2), en présentant, d'après lui (3), le nom 
copte ou égyptien de Hou, sous la forme de poviTE, 
Khoupé. Dans l'ouvrage de Kircher , le ^ ( khei ) 
de ce mot doit être remplacé par le Hori ^ , et c'est 
probablement par une faute d'impression que cq 
changement de lettre a eu lieu. La syllabe îTE 

qui terminait ce mol SoTTTE dans le manuscrit que 
Kircher avait consulté , n'y est pas déplacée ; mais 
c'est le verbe TTE , est, qui se met après le nom égyp- 
tien pour désigner que ce nom est la même chose 
que le mot arabe qui l'accompagne. C'est ainsi , par 
exemple, qu'on trouve Tr2h>.^K2>TnE, «^-spCiittlTE, 

n^EîtCTcuiTE , nxaji^pa\^TïE , GE^KHCSnE, 
H&«amE , à la place de T^>^&î^&Y ^ 4E>2>^pCWE , 

n-TEîtcnraT, ^îaJ^^pcM^, Oekkhcx et H&hcu (4). 

(i) Lettre sur V Inscription de Rosette y pag. 35 et 56. 
(2) Kircher, Lingua œgjrptiaca restituta, page ai 1. 
(5) Traduct* d'Abdallatif, page 704. 

(4) Mss. copt , BibL imp. , n.** 17, tuppl^i Saiat - Germain ^ 
!• PC^& versé, et pc^f. 



Celte syllabe HE terminant plusieurs noms de villes 
égyptiennes, Kircher crut qu'elle en faisait partie 
essentielle , et il les inséra, tels qu'il les trouva , dans 
sa Lingua asgyptiaca restituta ; Lacroze les y puisa 
pour les placer dans son vocabulaire égyptien. Nous 
aurons occasion dans la suite de rappeler cette 
observation. 

La signification de Hou, 2oY, n'est pas venue jus« 
qu'à nous. Nos recherches à cet égard ont été iofrae- 
tueuses. Nous n'avons pas osé le dériver du thébaio 
^OOT, dieSf quoique plusieurs circonstances eussent 
autorisé cette étymologie jusques à un certain point. 
Mais nous avons pour règle de ne présenter aucune 
explication , à moins qu'elle ne soit fondée sûr des 
preuves irrécusables, et sur des raisons auxquelles on 
ne puisse faire aucune objection que nous ne soyons 
en état de résoudre d'une manière satisfaisante. La 
science étymologique est trop discréditée de nos 
jours , par l'abus qu'en ont fait plusieurs auteurs, 
d'ailleurs pleins d'érudition , pour qu'on ose s'aban- 
donner aux licences grammaticales et aux permu- 
tations qu'elle autorise. Nous aimons mieux avouer 
Dotre impuissance , que de donner des conjectures 
trop hasardées. 

Le père Vanlesb , en parlant de Hou , et classant 
cette ville parmi les évêchés coptes , croit que c'était 

autrefois 



( 24l ) 

«ntreFois Thèbes la grande (i) ;, maïs c'est une erreur 
que D'Anville a démontrée. Les ruines de Hou, 2oT^ 
consistent aujourd'hui en briques et en monceaux de 
décombres. 

CJiênohoscia. — Schénésêt. 

Dans les tems anciens , il exista dans la préfecture 
de Hou plusieurs petites villes , des bourgs et de$ 
villages dont la plupart nous sont inconnus. Parmi 
eux, les Grecs nomment XjffoCoTxM (2) ou X^iroCoo-x/ov 
(3) qui, selon Alexandre PoUbistO'- cité par Ltienne 
de Bysance (4)« était situé dans la dépendance de 
Diospolis ( Hou )• 

Notre célèbre géographe D'Anville , après avoiç 
combattu avec succès le père Sicard qui avait fixé 
la position de la ville de Lépidotum au bourg arabe 
Qassr - Essaïad , fait de celui-ci l'ancienne Chêno- 
boscia (5). L'identité de ces deux noms n'est paa 
douteuse , et il est bien agréable pour nous de jus-» 
tlfier à ce sujet le sentiment de ce géographe , 
dont la sagacité, l'érudition et la saine critique se 



««« 



(i) Histoire de téglise d'Alexandrie^ page 21. 
<2) Etienne de Bjzance, de Urbibus et Populis. 

(3) Ptolémée, lîv, IV. chap. v. 

(4) Loco citaîOn 

(5) D'AnvUlt, Mémoires sur VÉgxpte^ pag, ijS et 194» 



( 242 > 

sont montrées avec tant d'avantages dans ses M^ 
iDoires sur rÉgypte. Plusieurs manuscrits coptes , 
et notamment les Actes de saint Pakbôm ( i ) , foot 
souvent mention d'un bourg ou d'une ville de la haute 
Egypte, qui est appelée Schénését. A son retour d'An- 
tinoé , T\xJ:5E>.ajSpX f^E ^tt\q ITî^ÎDaï» h^ 
JU^TTE^OTOS Èc|>JUt^pKC UΫ>KTEq\ ÈOY^US 

KEpHwoc !^E OjEKECHT, « le jeune Pakhôm marcha 
» dans la haute Egypte jusqu'à ce qu'il fût arrivé à 
» un village désert nommé Schénését. » Ce village 
qui, du tems de saint Pakhôm, était presque aban- 
donné , comme on le voit par le passage que noui 
venons de citer, se trouvait dans le nome de Dios- 

polis : B^OJCUITS h^ÇpHCTX^ROC ^Et\ lT0Oaj 
^OCITOCOXSC ^Ett OT^UX '^Z ajEHECK^ : 

a II ( Pakhôm ) devint chrétien dans le nome de 
» Diospolis, dans le village de Schénését. » On ne 
peut douter que lIjEttECHnr ne soit le même lieu que 
Chenoboscia, puisque dans les vies des Pères, qui oe 
sont en grande partie que des traductions du copte, 
on trouve UJeweCHtt par* tout où le grec porte 
'XïiPoÇoorxia. Cette observation a déjà été faite par 
M. Ignace Rossi (2). Au reste, tous les auteurs qui ont 
iraité de la vie de saint Pakhôm ou Pacome , ont dit 



(i) Mss. copt, Bibl. împ., n.^âg. 

(2) Etjmologiœ œgxptiacaSi page 261. 



^ 



( 343 ) 

f|ue ce saint avait reçu le baptême à Chenoboscia. 
L'égyptien UJei^^CH^ est donc le X)iyo€o^xMi des 
Grecs. 

Schénését était situé sur la rive orientale du Nil, 
dans uue coupure de la chaîne Arabique , au lieu 
nommé aujourd'hui Qnssr-'Essaïad (i), ce qui jus- 
tifie tout ce qu'il est dit de ce bourg dans quelques 
passages qu'il serait trop long de rappeler ici. Nous 
reviendrons , dans l'article Bopos , sur la position 
de Schénését ou Qassr - Essaïad » mal indiquée par 
B'Anville. 

Quant à la valeur du mot égyptien UjEi^CKnr, 
nous doutons qu'elle ait été fidèlement rendue par le 
grec X})yoÇoaxici ou mpc^omov^ qui signifie XendroiP 
où se nourrissent les oies^ quoique M. Ignace Rossi 
trouve un grand rapport entre le nom égyptien de 
Chenoboscia, UJ^KtCK'-r, et le mot KEltECOXOC, qui 
veut dire oie en langue égyptienne , selon Kircher. 
Nous ignorons la signification' de Schénését. 

Bopos. — Pbôou. 

Daks les environs de la ville de Hou ( Diospolis ) , 
était un bourg ou un village qui porta chez Içs Grecs 
le nom de Bopos (â). 

(1) Sooaiai, F'ojrage dans la haute et la basse Egypte^ 
tome III, page i65. 

(30 Agfttharchidti apud Phothium, BîbL graec, co4. aSo. 



( 244 ) 

Le célèbre D'Ânville a fixé sa position au village 
Connu chez les Arabes sous le nom de Fau-Bâosch^ 
qui appartient à la province de Qouss. Dans le mot 
Fau (i), on ne peut méconnaître le nom de BcuOY 
ou 4^&axov , si fameux dans les Actes de saint 
Pakhôm. C'est le nom que prit un monastère fondé 
par cet anachorète dans un ancien village appelé 
^&USOv ; car il est à remarquer que presque tous 
les monastères fondés par les anciens Pères du désert 
et les saints hommes de l'Egypte ,, prirent toujours le 
Dom du lieu ou de la ville près de laquelle ils étaient 
bâtis. L'auteur de la Vie de saint Pakhôm est formel 
sur ce point. Il raconte que les disciples de ce saint 
étant trop nombreux à Tabennisif il eut une vision 
dans laquelle on lui dit : !2SE «rwi^K JUi£<£)tK^K 

«Lève -loi, marche vers ce village désert qu'on 
W appelle Phbôou, vers le septentrion (2). y> Il i*ésulto 
nécessairement de ce passage , que le village de 
Pbbôou existait long-tems avant le monastère qui 
en prit le nom , puisqu'il était déjà abandonné à cette 
époque ; il est aussi hors de doute que les noms de 

(1) Bdasch est ua surnom que les Arabes lui ont donne pour 
la «Ustinguer d'une autre Fau , située dans la province dlkhooioi» 
Cette (leruiére porte le surnom de Djoula, 

(3) M»s. copt.y BibK imp.|Yie de saint Pakhôm, a.^69. 



(245) 

^&a!OT et de Bopos ont appartenu au même Ueu« 
et que le grec n'est que la simple corruption du nom 
égyptien. 

Le passage que nous venons de citer , établit non* 
seulement Fideutitë de Bopos et de Phbôoù, mais 
encore nous sert à fixer d'une manière certaine la 
position de ce bourg, que D'An ville a placé beau- 
coup trop au midi. Saint Pakhôm allant fonder un 
monastère à Phbôou, part de celui qu'il avait bâti 
précédemment près de l'île de Tabennisi , et , comme 
ou la vu, il marche vers le nord pour arriver au terme 
de son voyage ; Phbôou ou Bopos était donc au nord 
de Tabennisi I appelée par les Arabes Djeziret-abou" 
Gharib. D'Ânville , au contraire , place Bopos ou 
Fau-Bâascb au midi de cette même île, et presque à 
la place que doit occuper Schénésêt , la Chœnoboseia 
des Grecs , qui tient celle de Phbôou. Il faut donc 
nécessairement reculer Schénésêt ( Chaenoboscia ) un 
peu plus au midi , et mettre Phbôou ( Bopos ) plus au 
Dord de Tabennisi. Notre correction est justifiée par 
les voyageurs modernes , qui placent Fau - Bâasch 
sur la rive orientale et vis-à-vis de la ville de Hou 
(Diospolis) (i). 

Le passage suivant , extrait des manuscrits ^copte8 
saïdiques publiés par Mingarelli , nous donne le iioxa 

(i) Nouveaux Mémoires des missions du Isevanij vol. H, 
pag9 iSj. — Sonniaiy f^ojrage dans la haute et la basse Ègypte^^ 
tomo UL 



(246) 

de PhbAou en dialecte tbëbain : h^tSl Z^Xtl tpB 

irfeoOT ffs &1T& TTETrpcuî^xoc : ^ Pétrone fut affligé 
» d'une maladie à Phbôou , tandis que les frères 
» étaient à Rakoté ( Alexandrie ) ( i )• » Il est facile de 
voir que Tes Grecs ont formé Bopô-s du nom thébaia 
n&OOVi Pboou. Us auraient dit Phopos^ s'ils l'avaieot 
formé selon le dialecte mempbitique> diaprés lequel 
on disait 4^&a)iOY, comme 6n Ta y\x plus haut« 

Éthbêou OU Thbêou, 

Un lieu nommé G9&H0nr était situé dans le nozne 
de Hôu ( Diospolis )• C'est ce qui résulte de la com-' 
paraison et de Tanalyse de plusieurs passages des 
Actes de saint Pakbôm (2^). Nous en faisons grâce à 
1109 lecteurs* 

Bershoout. 

A cinq lieues au nord de la ville de Hou , se 
trouvait celle de BtPfluOYTT. Elle était placée dans 
^intérieur des terres , entre le Nil et la montagne 
Libyque, Bershoout était séparé du fleuve par ua 
espace de deux lieues (3). 



fr"i^""-"^l*"— (^"■^i^-"'»^™— — ^■•— ^i^— ■•■ii^^F'ii^"— V**"^"-"»"^^" 



(0 Mîngarelli, ^gjrpiiorum cadicum r^liquiœ ^ frag.Vn* 

P«ge GLXXXV. 

(2) Msa. copty Bibl. imp.| 11.^69, fonds duVaticaiu 
(Si) Sonniuî, Voyage dans la haute et hisse ÉgXP^^t tomelHi 
pag. i$5 9t 159, 



( 2^7 ) 

Soa nom dgyptien de BEp5oonrT, que nous n'aroms 
trouvé que dans un seul manuscrit (i) , a été conservé 
dans le pays. Les Arabes nomment encore cette ville 
Fardjiouih , qui ne diffère de l'égyptien BEpff&OVT: 
que d'orthographe et non de prononciation, car les 
Coptes donnaient au B le son de V, ce qui fait pro- 
noncer le nom égyptien Varshoout. M. Sonnini (2) 
reconnaît dans la moderne . Fardjiouth une ancienne 
ville nommée Achantus. Nous ignorons sur quelle 
autorité l'observation de cet estimable voyageur est 
fondée. Nos recherches ne nous ont donné aucun 
éclaircissement à cet égard. 

Tpourané. 

Sur la même rive du fleiive, au septentrion de 
Bershoout et à quatre ou cinq lieues de la même 
ville, se trouvait celle deTiT0vp2>KK (3). Elle était 
située sur le bord du Nil, et avait à l'occident un 
canal qui sortait du fleuve vers un lieu placé entre 
Hôu et Bershoout. Il est fait mention de cette ville que 
les Arabes appellent Bouliena ( 4 ) , et qu'ils com- 
prenaient dans la province de Qouss , dans l'ouvrage 
- 

(i) Mss. copt, Bibl. imp., n.*^ 45> £^58 verso. 
(2) Voyage cité, page iSg. 
(5) Mss. copt., BîbL imp., n.* 4^» f.* 58 verso. 
(4) M.Silvestre de Sacy, État des villes et villages de VÉgjrpte» 
page 702 , n.® 7. 



( a48 ) 
de Mourtadhi , sur TEgypte ; selon cet auteur, ce lieu 
fut le théâtre des eocliaDtemeDS d'un célèbre magicien 
copte I du tems des rois de race égyptienne. 

Lepidotum. 

Près de la ville que les Égyptiens nommaient 
Tpouranéf était celle de Lepidotum que Ptolémée (i) 
et D'Anville placent à une petite distance de Bouliena, 
sur la rive opposée du fleuve. Le géographe grec 
est formel, à cet égard , ce qui doit emfiêcher de les 
confondre entre elles. Le nom de Ae^KtS'olov est grec, 
et fut donné à cette ville à cause d'un poisson du 
Nil que les Grecs nommaient ainsi , et qu'ils crurent 
avoir été en grande vénération dans ce lieu. Nous 
avons vu, dans l'article de Latopolis, quel fonds on 
doit faire sur lel culte des poissons parmi les Égyp- 
tiens. 

sjosj. 

Le bourg de n:î^ax'>S était du nome de Hou. Dans 
les Actes de S. Pakhôm , il est parlé de iTETpaïs^SOC 
0YpiLWTT!^aV2< T\Z K^T^ TT^Ogj h^tU : 4c Pétrone 
i> qui était de Psjôsj du nome de Hô. » La position 
de Psjôsj ne nous est pas bien connue , quant aux 
circonstances locales. 

^ ■ - - ^ aj.1Ti 

(0 Ptolémée, Géographie^ V\y. IV. 



(^49) 

SECTION SECONDE. 
EGYPTE MOYENNE. 

Abjrdos. 

Sur la rive occidentale du Nil et à plusieurs llenet 
au nord de Hou^ était une ville que les Grecs nom- 
mèrent ensuite Abydos. Elle fut le séjour d'un roi 
d'Egypte» appelé Memnon par les uns, et Ismandès 
par les autres* Sous les Pharaons , Âbydus fut sans 
doute une place importante, et l'étendue de ses 
ruines nous indique sa magnificence et son antiqua 
splendeur. Elle était placée à l'entrée du désert qui 
conduisait à la grande Oasis. Les habitans de cette 
île fertile au milieu des sables, faisaient le com* 
merce avec l'intérieur de l'Afrique, et par consé^ 
quant Âbydos dut être le débouché des marchandises. 
Quoique le négoce ne fût peut-être pas fort consi* 
dërable, il dut contribuer néanmoins à la prospérité 
d' Abydos , attestée encore aujourd'hui par les restes 
de plusieurs monumens considérables. Nous puiserons 
dans le Voyage de Savary la description de ses 
temples. 

Un portique de soixante pieds de hauteur et 
soutenu par deux rangs de grosses colonnes , se pres- 
sentait d'abord aux regards du voyageur. Ce portique, 
aujourd'hui isolé, donnait entrée dans un magnifique 



\ 



( 25a) 
édifice qui n'existe plus. Au-delà , se trouvait un 
temple de trois cents pieds de long, sur une largeur 
de cent quarante-cinq. Le portique de ce monument 
sacré fut composé de vingt-buit colonnes de soixante 
pieds de haut , et de dix-neuf de circonférence à la 
base* L'entrecolonnement était de douze pieds , et le 
plafond GOQTert de sculptures, comme tous les murs 
intérieurs et extérieurs , était formé de grandes pierres 
qui s'étendaient d'une colonne à Vautre. En entrant 
dans le temple , on se trouvait dans une vaste salle 
de quarante-six pieds de long sur vingt-six de largeur, 
dont le plafond posait sur quatre grands piliers ; elle 
crommnniquait à une autre bien plus considérable, 
puisque sa longueur était de soixante- quatre pieds. 
Six lions , placés comme ceux du temple deTentbôri, 
servaient de gouttière pour faire écouler les eaux qu on 
versait sur la plate-forme du temple. A gauche de 
ce superbe monument, on voyait un second temple 
plus netit, mais dont les formes ne le cédaient point 
en élégance à celles du premier. Du tems de Slrabon, 
ils étaient environnés d'un bois d'acacias (t), dont 
les fleurs et Tagréable verdure devaient contraster 
avec la sévérité et le grandiose de rarcbkecture 
égyptienne. 

^ous ignorons à quel roi du canon de Manéthoa 
répond le Memnon ou VIsmandès des Grecs. Ce 



(i) Strabon, Itv. xvii. 



( 25f ) 

dernier nom est ëgyptien , et noos paraît être le mênie 

que celui du famaux Osymaodias , dont il ne diffère 
que par les voyelles. Ce roi est placé par Manéthoit 
parmi ceux de la douzième race des rois d'Egypte^ 
sous le nom de Sesokhris^ qu'il fait régner enviroa 
3400 ans avant l'ère vulgaire, comme on le pourra 
voir dans notre histoire des Pharaons. Les monumens 
d'Abydos remonteraient à cette époque , si toutefois 
c'est à ce prince qu'on doit en attribuer la fon-* 
dation ( 1 ). 

Le père Kircher ayant trouvé dans un manuscrit 
copte le nom de H^4>£.ssn:, crut devoir l'appliquer 
à ASvS'qç ( 2 ) , parce qu'il trouvait quelques rapports 
de prononciation entr'eux, sur-tout en défigurant le 
nom égyptien et l'écrivant ûk.&M5^T (3), Abaïad, 
qui. en effet, sous cette forme empruntée, ressembla 
à Abydos. Mais il est nécessaire d'observer que 
la licence que se donne ici le père Kircher , est 
contre toutes les règles avouées par la saine critique. 
H^c^M^nr ne fut point le nom d'Abydos T mais bien 
.celui d'un lieu de la basse Egypte, appelé par les 
Grecs Marea ou Mareotis. C'est ce que prouvent le 
manuscrit copte que Kircher lui-même a consulté « 



(0 Straben, lîv.xvii, 

(a) Kircher . Œdipus œgypiiacus , tome I ; Chôrograpkia 
^gyp^^ chap.V. 
(5) Ibidem. 



( 253 ) 

aÎDsi qu'un grand nombre d'autres ( i ) , puisque ie 
nom arabe correspondant est Marioulh, nom qut 
porte encore la Mareotis des Grecs. L'auteur de 
l'Œdipus a prévu cette objection , et s'est vu dans 
la nécessite de supposer qu'Etienne de Byzance 
assurait que la ville d'Abydos en haute Egypte porta 
aussi le nom de Mareotis (2). Cependant cet auteur 
grec ne fait aucune mention de cela, et dit seulement 
A&icToL... — r xcCFAjyyT^o» tw coneuf eticoixoç cero AÇuJ'h 
TiPOÇicXnd^eiToL Abydos ^ — ville d' Egypte ^ colonie 
( milésienne ) qui prit son nom ê£un certain Abydos. 
Cette manière du P. Kircher n'est pas sans exemple, 
sur - tout chez les auteurs qui veulent tout expliquer* 
L'opinion d'Etienne de Byxance, qui fait de l'Âbyclos 
d'Egypte une colonie milésienne , n'est pas moins 
hasardée , et ne mérite point qu'on la réfute. Le 
vrai pom égyptien de cette ville nous est inconnu. 
Ses ruines sont appelées par les Arabes Elberbit 
c'est-à-dire le Temple. 

TJiis. 

Dans la partie occidentale de l'Egypte , c'est-à- 
dire entre le Nil et la chaîne Lybique , fut une 
petite ville ou bourg appelé ®tiç (3), rendu célèbre 

(1) Ms5. copt.. Bibl. imp. , n.* 17, suppl. Saint-Germain. — 
N** 64 ♦ Vatican , f.<> i56 rect6. — Doxolog., ms$. page 209 et suir* 

(2) Hanc Abjrdum et Mareotin quoque vocation Stephduws ait» 
Kircher, ûEdip. a»gj^pi.^ tome I^ chap.Vi page 44* 

0) Piolëmée, lïv. IV. 



( 253 ) 
par les systèmes modernes sur le synchronisme des 
dynasties égyptiennes. Son nom égyptien dut être 
indubitablement This ou Thi. Le géographe Ptolémée 
est le seul qui parle de This, ce qui est très-étonnant , 
si cette Tille a joué , comme on le croit , un rôle aussi 
important dans les affaires politiques de l'Egypte. 

Ptolemaïs. — Psoî, 

Le nome égyptien qui précédait celui de Panopolis 
était celui de Psoi , dont une ville de ce nom était la 
capitale. 

D'après une longue nomenclature de noms égyp- 
tiens de villes disposés par ordre géographique (i), 
il nous paraît que Psoi était situé entre Abydos et 
Panopolis. Le nom arabe ^ui accompagne le nom 
égyptien écrit '^'ox (2) ou '*"aix (3), est Absaï 
ou Ibsaï ( 4 )• Le père Vansleb range Psoi , qu'il 
appelle en copte Absaï ( pour Psoi ) , au nombre 
des évêchés de TEgypte ( 5 ) ; il donne pour son nom 
arabe celui de Minséié , et la place près de Djirdjé. 



i*4 



(i) Mjs, copt , Bibl. imp. , tonds de Saint-Germaia , suppl ,. 

H.* 17. 

(2) Mss. copt. , Bibl. imp. , n.« 44 , £• 79 verso. — Id. , suppl. 

Saînt-Germain, n.« 17. 

(3) Mss. copt, Bibl imp. , ».• 46. — Id. ».• 45, (J^ 58 verso. — 
Kircber, pageaio. 

(4) Mss. copt., Bibl. imp., ii.«44. — ^d. Saint-Germaîa. n.* 17, 
0) Yanrieb, Histoire de l'église d'Mexandrie, page aa. 



( 254 ) 

Son témoigoage est confirmé par un Yocabnlaîrc 
copte et arabe , qui rend le nom de lien 'Vtni par 
Farabe Monsckah ou Monschùt (i). On trouve dans 
un état arabe des provinces et des villages dé l'Egypte, 
Minschat-Ikhmim, comme faisant aujourd'hui partie 
de la province dlkhmim ( 2 ). C'est indubitablement 
le lieu appelé dans la carte de l'Egypte moderne de 
D'An ville, Memshiei-el-Nèdé. Psôi, "ÎTaii , qui est le 
même lieu , se trouvait donc placé entre Abjdos et 
Fanopolis, sur la rive occidentale du Nil et un peu 
éloigné de ce fleuve. 
Le nom égyptien de cette ville, "f^cni ou 'Vou 

se trouve plus correctement orthographié IIccUS ou 
Dcos dans plusieurs manuscrits coptes (3) ; car la 
lettre "^ n'est autre chose que le '^ des Grecs , et n'a 
jamais appartenu à l'alphabet égyptien. Les G)ptes 
se l'employèrent que comme abréviation des lettres 
n et C Le mot COS ou IICOS signifie dorsum » trabes 
en langue égyptienne. La situation de Psoi n'étant 
pas connue d'une manière parfaite, nous ne pouvons 
juger jusques à quel point la valeur de son nom 
égyptien était en rapport avec Ifi localité même. 



(1) Mss. copt, Bibl. imp.| 0.^46. 

(2) Éiat des provinces et des villages de tÉgjrpte, pobli^ 
par M. de Sacy, à la auite de sa traduction d'Abd-AUatîf, page 701» 

(3) Zoëga , Catalog. manuscript. musœi Borgianif pag. 24» ^* 
«t siiir. 



( 255 ) 
La ville de Psoi fut autrefois la capitale d'ua 
DO me , car les manuscrits égyptiens ou coptes 
font souvent mention du ireoo) KCOS , le nome de 

Psqi (3). On trouve aussi If €FOuj hCOS , le nome de 

Soi (4)f où Ton observe le nom égyptien ifCOi, privé 

de son article masculin if. Strabon et Ptolémée n'ont 
point parlé de cette ville ni de sa préfecture, ce 
qui semblerait établir que sous les Pharaons » Soi 
n'était point au nombre des nomes ; mais Hécatée , 
cité par Etienne de Byzance (5) , lève toute espèce 
de doute à cet égard. Il faisait mention dans ses 
ouvrages qui sont perdus , d'une ville d'Egypte qu il 
Bommait St/iç , mo^ qui n'<?st évidemment qu'une 
corruption du vrai nom Cos ; et le fo/Mç 2lui7ifç , du 

même auteur, n'est autre chose que le i\90a) hCOS 
des Égyptiens. 

Après la chute de Fempire d'Egypte, Psoi devint 
une ville considérable et prit le nom de Ptolémaïs. 
Elle fut alors la seconde ville de la haute Egypte , et 
la capitale du nome Thinites de Ptolémée. Peut-être 
est-ce la ville que les Grecs appelèrent This. 

Dans un manuscrit de la Bibliothèque impériale 
provenant de celle du Vatican , et qui contient les 

(5) Mss. copt, Bibl. imp., n.^66| Actes de S,^ SchenoutL 

(4) Ibidem. 

(5) Étivnne de Byzance, au mot Zc/iç. 



(256 ) 
[Actes de saint Schenoudi , on lit le passage suif aot : 

i EbRT ncz(A H^&ït TioXsC oro^^ «rttp'^us- 
>ainrETXît nnspuius keu «onrrE&KOJOYS tri 

1&0A|^E1Y IfBOcx) "^OX : « Il arriva daos ce tems-là 
m que les Baloemmôoui ( i ) vinreot vers le nord , 
I» s'emparèrent des villes , et firent prisonniers des 
9 hommes et des troupeaux ; ib retournèrent daos 
m le midi avec leur butin, et s'arrêtèrent dans le 
» nome de Psoi. » Zoëga ayant donné ce même texte 
d'après un manuscrit de la cellection du cardinal 
Borgia, a écrit ^OS, Tioi, au lieu de'^Ol, et Ta rends 
par nommum Tioi (2). Celte erreur de copiste vient do 
ce qu'il est fort aisé de confondre le ^ avec le i^* 

Psenhôout ou Psemhôout. 

PsENHôouT faisait partie du nome de Psot* 
On lit dans un manuscrit copte (3) : Onr^uS ^^ 

(1) Les Balnemmôoui sont les peuples habitant entra l'Egypte et 
la Mer-Rouge. Les anciens les appelèrent Blemmjes^ corruption 
évidente de Balnemmôoui. 

(2) Zoëga, Catalog. mss. musœi Borgiani^ pag. 26 et 4ûw 

(5) Mss. copt., Bibl. imp., n.® 66^ Actes de S.^ SchënoudL Dans 

les mémes^ actes, on parle du bourg de KoUEÎl^SOC U ^tak 
dans le nome de Psoi , ou celui de Fanopolis. l^OJUEIt^TSOC 
n'est pas égyptien. 



( 257 ) 
ffCElt^aiÔYt P^K TIÇOuj ÏTCOS, le bourg dc 
Psenhôoul , dans le nome de Psoi. Il est écrit 
Ctu^cuOTT , Semhôoutf dans une nomenclature 
manuscrite (i)^ Son nom arabe est Samhout ; ce 
dernier se trouve dans l'état précité des provinces 
et des villages de l'Egypte, comme appartenant à la 
province arabe de Qouss (a). 

Panopolis. — • Schmîn et Chmim. 

Cette ville exista sur la rive orientale du Nil, au 
nord et à peu de distance de This. Strabon la donne 
comme une des plus anciennes villes de l'Egypte : 
ïleufûÊP nrohâç >jfWfyw xcu ^Qovçyc^f juwoêXM nCcû\jBU%^ 
Panopolis 9 dit - il , est V antique demeure d* hommes 
travaillant le lin et taillant les pierres (3). .Cette 
périphrase indique seulement la haute antiquité de 
cette ville , et sa fondation dès les tems les plus 
reculés par les Egyptiens (4) • qui travaillaient tous le 
lin et qui taillaient des pierres, comme l'attestent les 
monumens nombreux qui ornent leur patrie. Diodore 
rapporte (5) que les Égyptiens bâtirent la ville de Tloufoç 
nroXiç en mémoire de Pan , qui accompagna Osiris 

(1) Mss. copt., Bibl. imp. y n,^ 4S9 f.^ 79* 

(2) M. Silvestre de SaGy, Traduction {tAbdallaiif^ page 703 p 
».• 27. 

(3) Strabon, liv.XVra. 

(4) Ichmin (Panopolis) vetustissimam totius œg^ytii CWr 
-totem. Lëon TAfricain, Description de l'Afrique ^ Uv« YHL 

(5) Diodore de Sicile, liv. I, page i6, 

»7 



(258) 
dans toutes ses expédltioDs. Mais il nous semble que 
cette tradition n'est pas d'origine égyptienne , et 
nous croyons que les Grecs inTentèrent eux-mêmes 
beaucoup de circonstances de la vie de l'Osiris des 
habitans de FÉgypte , pour le faire ressembler à 
/^owroç ( Bacchus ) avec lequel Osiris avait des 
rapports frappans, selon les idées des Grecs. 11 u'est 
pas moins vrai cependant , qu'à PanopoUs le dieu 
qu'on adorait , était celui de la génération et de la 
snultiplication des êtres. C'était, à proprement parler, 
Dieu générateur , créateur et fructificaieur. Étienoe 
de Byzance, en nous donnant la description du sima- 
lacre de la divinité de Panopolîs, nous en fournit une 
pleuve irréfragable : Eç-i cTe Xâu tov Oeou ayeû^fia, /ley^^ 
i$pBuLK09 €Xfl9 1o ûuJ^oi09 ùç ti^x i'oxluï^ç ercufa Té 
jKÊ^yciç m J'&^iùL (Tû^vn fïç uS'ùalKov ^A7i9 aveu tov ^ofa' 
Est etiam Dei magnum signum, quod habebat pu* 
dendum arrectum^ cir citer septem digitorum. Dex* 
teraque intentât Jlagellum, lunœ injligere , cujus 
idolum aiunt esse Pana ( i ). Cette statue avait la 
même forme et représentait la même divinité que 
celle du temple de Qarnac à Thèbes ; c'était Diea 
auteur de la fertilité. Le temple de ce dieu à Fa- 
Dopolis était magnifique. Ses ruines furent dans la 
suite célèbres cbez les Arabes (2). Il n'en existe plus 



m^ 



(1) Steph. Byzant, de Vrbib. et PopuL verbo TCeUfOÇ. 
(s) Aboulfëda, Géographie^ article AkhmUn^ page 212, édit. d» 
JDëmétnus Alexandrides, àVienne, 1807. 



( aSg ) 
maintenaDt que de grands blocs de pierres ornes 
d'hiéroglyphes qui conservent encore quelques restes 
de peinture* 

Diodore de Sicile nous apprend lui-même le nom 
égyptien de cette ville : Xa\s/t€Fa fiâ9 v^to tw eyx£&SM9 
'XâfifU9 (i). « Les habitans du pays, dit-il, Tap- 
» pelaient Chemmin » ou Chemmis (^). Ce nom est 
évidemment le même que le copte ou égyptien 
lIJuiSK, Schmin (3), que Ton trouve aussi écrit dans 

les livres coptes \i%x\n$^ ^ Chmim (4)- Us appar«- 
tiennent tous les deuji^ à la ville que les Arabes 
nomment Akhmim ou Ikhmim ( 5 ) , et que D'Anville 

(i) Diodore de Sicile, iîv.I, page lo. 

(a") On a traduit cet accusatif par le nominatif prc^sumë, qui est 
chemmis , yHl^llfJUÇ ; cependant ^iflfliv ressemble exactement au 
nom ëgjptîen. Nous avons cru devoir écrire Chemmin ^ et non 
Chemmis, 

(5) Mss, copt, Bîbl. împ. , n.®i7, suppl. Saint - Germain , 
page p^&* — * Id. n.® 44» ancien fonds, L^ 79 vers6; n.® 4^» f*^ S8 
verso. 

(4) Mss. copt , Bibl. imp, , n,^ 4^1 ancien fonds ; n.^ 4^» f*^ S8 verso* 

(5) Mss. copt , BiW. împ. , n.® 44 » *"•• 79 vers6. — Dans lea 
livres coptes on trouve souvent les noms égyptien et grec d« 
Panopolia réunis ^ous cette forme : XIJjUL^Î^-*P[&Î^OC. Zoëga^ 
Cotalqg. manuscript, musœi Borgiani, page 241* — Mss. copt.^ 
Sibl. iiop.^ D.« 43» £^ ^^ versé. 



( a6o ) 
fait correspondre à la Panopolîs des anciens. Ikhmim 
n'ert autre chose que le nom égyptien , précédé de 
l'alif euphonique placé par les Arabes, devant les 
noms étrangers I sur- tout lorsqu'ils commencent par 
deux consonnes. 

L'identité de Schmîn ou Chmim avec la Panopolis 
des Grecs ne peut être contestée , car nous avooi 
trouvé dans les livres coptes II&tKOC ( qui est le grec 
Hwfoç ) comme correspondant à l'égyptien UJuSK; 
et parmi les Coptes, ïWp^uH&KOC, Pirempanos, 
et RîptwIT5TOC, Nirentpànost étaient synonymes 
avec l'arabe Ikhmimi et Ikhmimioun, habitant et 
habitans d Ikhmim^ et avec l'égyptien iTSptuajul^i^, 
Piremschmin f Panopolitanus (b)« ' 

Nous relèverons ici une erreur de Kircher , qui 
présente n^i^e^T, Panaou, comme le nom copte de 
la ville de Panopolis (2). Nous ferons voir dans la 
la suite que la ville de HbI^z^t , qui est appelée Bana 
par les Arabes, se trouve dans la basse Egypte, et ne 
peut par conséquent être confondue avec Panopolis 
de l'Egypte supérieure. 

Jablonski s'est eBbrcé de prouver dans son Pan- 
théon^ que le nom égyptien de Pan, UJu\K, Schmin, 
qu'il écrit UJuOYK , Schmoun , devait avoir la valeur 

(i) Tuki, Rudimenta linguœ coptœ^ pag, 6 et 7. 
(a) (Edip. ^SXPt* chorograpluAEgxpti^ page 41» 



( a6i ) 
de huitième f octas^um; et pour expliquer pourquoi 
les égyptiens donnèrent à uu de leura grands dieux 
le nom de Huitième ^ ce qui en efiet est assez extra- 
ordinaire y il suppose qu'ayant adore primitivenient 
les sept planètes , ce peuple créa un nouveau dieu 
qu'il appela Huitième (i). Cette conjecture» aussi 
singulière que hasardée , repose principalement sur 
ce qu'Hérodote (2) assure que Pau était du nombre 
des huit grands dieux des Égyptiens ; mais il n'est 
pas dit pour cela que ce fût le huitième, et qu'il 
s'appelât ainsi. Nous ferons encore observer que 
dans la langue égyptienne, UJuOTi^ , Schmoun^ ou 

UJttKK, Schmén, signifie seulement octo , huit, et 
non pas octai^uSf huitième (3). 

Nous allons présenter ici notre sentiment sur la 
valeur de UJuSK et de Xasm (4)« Le nom arabe 
écrit Ikhmim par un kha^ semble autoriser d'écrire 
le nom égyptien par un ^, Khei, ce qui donnerait 

alors pasuL, dont l'analogie est incontestable avec 
la racine JdwOul ^ incalescere, fer\>ere, calefieri ea 
dialecte mempbitique, ce qui, en haute Egypte, pro- 
duisît ^usul, semblable à ^UOUL, racine thébaine, 

(i) Panthéon (Egj-ptior. , lib. II, cap. VU, pag, Soa et Soi. 
(2) Hérodote, lib. II, J. xlyi. 
(S) Yoy. les grammaires et les dictionnaires. 
(4) Léon r Africain écrit Ichmin , ce qui est la nom égyptien 
lOyfjULin. Arabisé i Uq Afric, lib.YUL 



( 26a ) 

qiiî a la même valeur que le bahirique ^ûOM (i); et 

comme hori, ^ , et chi, yt , sont deux aspirations, on a 
pu facilement les confondre : de 8usol se sera formé 
Xusw. (2), d'où les Grecs firent XsfjL/Aiç^ Comme 
les lettres ûC et Oj se mettent l'une pour l'autre dans 
la langue copte (3) , et que leur prononciation est 
très-souvent la même, on aura écrit cymst*. au lieu 

de ^«SU, et par corruption OjusK. Il se peut même 
que l'ancienne langue égyptienne possédât la racine 
ttjusrt comme synonyme de ^USU. ou îDuOU-i et 
que , comme celte dernière , elle signifiât incalescere, 
calefietîé 

Le nom de Xusu, incalescens f Jifvens, convîenl 
parfaitement au dieu générateur et fructificateur , et 
ceci peut être une preuve non -équivoque en faveur 
de notre opinion. Il nous paraît vraisemblable que 

ai I ' — — ^» I ■ ■ . wm 

(i) Pour justifier pleineinent notre conjecture, nous remar'* 

queroits qu*6n memphitique on dit ^^UL» ^Kil et C^CIIU^ 

indifTëremment , pour exprimer l'idée de chaleur et celle de brûlert 

(2) Mss. copte, Bibliothèque impériale, 0.^4^ et n.°43* 

(5) Les Coptes les ont confondues même dans les mots grecs. 

C*est ainsi, par exemple, qu'on trouve ÏTEKSCnT S'&&i' 

UJeKOY^ îtfc.pajSO-B*«2*pS*TKC : « Notre père l'abbé 

s> Schénouti , Arschimandrite ; » SpcySUiStt^pS'T^HC , pour 

fcp'^^UB^ît^pS'TRC, ArchimandrUés. Liturg. l)asiL, page aoi 
4La«ioaey page 1264 



L 



( 263 ) 
Ton doit chercher rorigîoe de X^JUtSU, et peut-être 

même de ajUSi^, dans la racine ^mOUt^» Dans uae 
liste de mots usités parmi les habitans d& Syouah , 
appelée autrefois Oasis dUAmmon et dépendante de 
l'Egypte , nous avons trouvé un mot qui appartenait 
sans doute à la langue égyptienne , et qui est dérivé 
de la racine ^uOu., Khmom (i); c* est Aihmoun 
qui veut dire pénis , membrum çirile , attribut prin-» 
cipal du dieu de XuSUl , et qui était figuré sur les 
sfatues de cette divinité dans la même ville. Enfin, 
Pan et Priape ont eu chez les Grecs des attributions 
i- peu -près semblables, et ont présidé à la multi- 
plication des êtres et à la fertilité de la terre. Nous 
dériverons donc Télymologie du nom de la ville de 
Chmîm, de ces diverses circonstances* 

Thmouî - Am-Panéhôou. 

Vis-A-vis de Schmin était une tle de peu d'éten-* 
due. On trouve dans les Actes et les Miracles de 
S.^Scbénouti (2) le nom de cette tle ; ce fut Thmoui^ 
an-'Panéhéou» Voici ce que porte le texte : UeK£WC& 



(0 Vojag9 de Uornemann dans V Afrique septentrionale^ 

page 57. 

(a) Mis. copttf , BibI» imp. , n.* 66 1 Aciti d» saint ScbënoutL 



(264) 

tCD^K ÀJLHEW^O È&OX h^KOXSC «JM^XK : « II y 
» avait une !le située vers le bord occidental du 
» fleuve ( le Nil ). On l'appelait Thmoui - Ampa^ 
» nihêou ; elle était en face de la ville de Schmin » 
( Panopolis ). Cette tle était cultivée et couverte 
de jardins. Saint Schénouti la fit miraculeusement 
disparaître sous les eaux. Le nom de Gai^OyS 
J^1T& «t^HOY signifie mot à mot Vtle de rendrait 
où il y a des Bœufs » ou simplemeilt Vile des Bœufs ^ 
Vtle aux Bœufs^ 

Pléuît. 

Dans le voisinage de Schmini était un lieu appelé 
HjvEYiT. La Vie du même S,^ Scbénouti , écrite ea 

dialecte tbébain (i), dit que les babitàns de UJuS« 
et de n^tYBSnr accusèrent ce saint d'avoir renversé 
les statues des dieux dans les temples de ces villes. 
Les Actes memphitiques que nous avons cités dans 
Tarticle précédent , rapportent , avec détail , comment 

S.^ Scbénouti brisa les idoles des temples de Pléuit, 

■ 

Cette dernière ville faisait sans doute partie de la 
-préfecture de Schmin. Nous ignorons la valeur do 
son nom« 






(i) Catçlo^.^m^s. mu^m Borçiani^ page 378, 



( 265 ) 
Tsminé. 

Ce lieu se trouvait aussi près de la ville de Schmim. 
Il en est fait mention dans la Vie de saint Pakbôm 
( Pacome ) ; on y lit ( i ) : ^qojt ÈÎDRt ^iTîKai^ 

î^ajWSÎt ^TTOXSC BqKaT'T KKEUOKK ÎDtn Tf^t^S. 

tixujusr £ya5lOy^ r^z>p Èpoc t^^ TCiuWE : 
« Ce saint s'étant rendu vers le septentrion , aux 
9 environ^ de la ville de Schmin , y bâtit un monastère 
» qu'on appelle Tsminé. » Il est probable que le nom 
de Tsminé appartint d'abord à une ville qui exista 
bien long-tems avant que Ton construisit dans son 
voisinage un monastère qui porta son nom ; car tous 
les monastères de l'Egypte, fondés par saint Pakbôm, 
prirent tous leurs noms des villes , des villages ou 
des montagnes près desquels ils étaient situés. La 
valeur du motTcJU^St^E ou Cusitt uous est inconnue. 
Le seul mot égyptien qui en approche , est celui de 
CuOYt^E, Smouné, nom d'oiseau dont l'espèce n'est 
pas fixée. 

Schenalolét. 

Ce village dépendait du nome de Schmin ( Pano- 
polis), comme l'indique la Vie de S,^ Schénouli, écrite 
par Bisa, son disciple : «tOrOK or'^us 2:t ojEKB»- 



w 



(i) Mu. copt., Bibl. imp., n.^" 69, fends duYatican« 



( 266) 

^OAK'T Î^Ett TttFOOj OjwiSît : «t H est un village do 
» Dome de Scbmio, appelé Schenalolét (i). » Il parait 
qae ce lieu abondait eo plantations de vignes, carie 
nom de ce village signifie i^igne en égyptien. Il devrait 
plos régulièrement être écrit OJEK&XoXX , à moins 
que S^OT^Knr ne fût un synonyme de &XoXs , comme 
on dit &Hnc pour êM , palme » branche de palmier. 

Crocodolipolis. — Atripé» 

Cette petite ville était au nord de Scbmîn et sur 
la rive occidentale du Nil. 

Le nom iHAtrihé^ écrit aussi Adrihé (2), paraît 
avoir été le nom égyptien primitif. Dans un frag- 
ment d'un ancien manuscrit tbébain , appartenant 
à la Bibliothèque du cbevalier Nanî , à Venise, et 
qui a été publié par le père Mingarelli, nous avons 
remarqué le passage suivant : T{1>\ itt SKtoiî^SOC 

ittnrpamsoc «m tte h\{i> ojekoy^e ira-TncoY 

«5^TpHTTE : « Voilà Antoine, Pachome, Théodore 
» avec Pétrone; voilà l'abbé Schenouté (3), habitant 



(1) Mss. copt., Bibl. împ., n.^tid 

(2) M. Sjrivestre de Sac/, trad. d'Abdallatît Êiai des proyincei 
Je VÉgrpte, page 70a, prov. d'Ikmim, n.* x 

(3) (ÈgjpUorum codlc^ reliquiai^ frag. X, page cclxxv» 



f du mont ctAtripi. s> Nous pefnsoM' que ce inont 
AcTpHlTE est la partie de la chaîne Libyque contre 

laquelle Crocodilopolis i appelée ^^pHlTE par les 
Egyptiens , était autrefois adossée. Ce qui nous porte 
à le croire, c'est que ce nom ne peut s'appliquer à 
aucun autre endroit de la haute Egypte ; et la lecture 
du morceau copte que nous avons cité, ne permet pas 
de chercher le mont d'Atripé, ItTOOY h^^pHîTE, 
ailleurs que dans l'Egypte supérieure. 

Au reste , un manuscrit copte confirme pleine- 
ment notre , conjecture. On y lit que IbinrpH&s ( ca 
qui est une des manières d'écrire en dialecte mem- 
phitique le nom tbébain ûy.'TpHTTE ) était située dans 
le nome de Scbmin ( Panopolis ) (3). Près d'Atripé, 
sur le bord occidental du Nil, était un village où l'on 
adorait une idole appelée Kotho (4)- Nous revien* 
drons sur ce passage dans la partie de notre ouvrage 
relative à la religion des Egyptiens. 

jéphroditopolis. — Atbô* 

Cette ville, au nord et à peu de distance d'Atrîpé, 
dépendait probablement de son nome* 

Le nom dildfou que porta T Aphrodite polis des 
Grecs, se retrouve > ainsi que nous l'avons vu , dans 
la partie la plus reculée de laThébaïde, comme nom 

(3) Mss. copt| BibL imp., fonds du Vatican , ii.<»68, 

(4) Idem. 



(268 > 
arabe de la grande ApoUÎDopoUs des Grecs , dont le 
nom égyptien fut Atbô. Cette conformité nous paraît 
suflSsante pour nous faire avancer que TAphrodi- 
topoUs des Grecs , appelée également Idfou par les 
Arabes , était aussi connue dans le pays sous celui 
d*BT&cis. Au reste , nous ne Tavons jamais rencontré 
dans aucun^ manuscrit copte. 

Phbôou-Tsjélî. 

Phbàou-Tsjéli était placé à égale distance de 
Schmin ( Panopolis ) et de la ville que les Grecs 
nommèrent Autceopolis , à six lieues environ au nord 
de Tune , et au midi de Vautre ; assis sur la ri?e 
orientale et sur le pencbant de la chaîne Arabique, 
ce bourg ou cette petite ville dépendit probablement 
dn nome de Scbmin. 

Cetlp ville n'est point mentionnée dans les livres 
copfes, ni dans les anciens géographes grecs et latins. 
Nous avons été conduits à le regarder comme une 
ville égyptienne , par le nom de Faou - Djéli qu'il 
porte parmi les Arabes. En efifet Faou , comme nous 
l'avons prouvé ci-dessus ( i ) , n'est que la corruption 
arabe de l'égyptien ÊCUOY , et Djéli , qu'on prononce 
aussi Djola , n'est autre chose que le mot égyptien 
nrt^^tX^ que nous avons trouvé appartenir à d'autres 
lieux de l'Egypte (2). Le nom seul de «^-ficuor 

(t) Voyez l'article Bopos. 

(a) Catalogus manuscritor. copticor, musœi Borgianiy p. iS4« 



(269) 

T^tXl prouve Texistence de cette ville du tems des 
Égyptiens , et le surnom qu'elle porte vient à Tappui 
de notre sentiment ; car en Egypte il existait , comme 
notre ouvrage en offre de nombreux exemples , plu- 
sieurs villes qui portaient le même nom. Les anciens 
Egyptiens durent les distinguer par des surnoms ou 
des épithètes. Ainsi, par exemple , deux villes de 
rÉgypte avaient en commun le nom de II&i^OTq ; 

l'une fut surnommée PH^ , c'est-à-dire Pànoufda 

ventre ou du septentrion , et l'autre Pkc , ou Pâ- 
nouf du midi. 11 en était de même quant au nom 
de Phbôou qui appartenait à deux villes , et Tune 
d'elles , que les Grecs appelèrent Bopos , fut dis^*- 
tioguëe de Phbôou "Tsjéli , par la syllabe Bds ou 
Bâsch. 

Le surnom de nr!2^Xs dérive de la racine égyp*-' 
tienne 2£0X ou ^ts^X» qui signifie empêcher^ défendre p 
et nous croyons que â$£X\ ou *ti2SEX^ désignait un 
poste militaire. Nous aurons bientôt Toccasioa d'en 
offrir une preuve. 

■ 

Par ces diverses considérations et ces rappro-^ 
chemens , nous pensons avoir établi d'une manière 
certaine l'existence de Phbôou -Tsjéli chez les anciens 
Égyptiens. Au reste, ce ne sera point la seule ville 
dont nous ferons connaître la dénomination et rori- 
gine égyptienne , par le moyen du nom qu'elle porte 
encore dans le pays. 



(ayo) 

t 

Antœopolis. — Tkôou. 

Cette ville, une des plus considërables de la hanfo 
Egypte, fut pour les Grecs le sujet d'une méprise très- 
grossière. Ils crurent ( et nous ignorons pourquoi) 
que le temple de cette ville était consacré à Anlée, 
fameux dans leurs traditions poétiques , à cause de 
ion combat contre Hercule. Cétait aussi une opinion 
établie chez les Grecs , qu'Antée avait été un des 
ministres d'Osiris , qui Tavait chargé de gouverner 
llèlhiopie et là Libye pendant son absence (i) ; cela 
Jk suffît aux Grecs , peu scrupuleux d'ailleurs sur des 

articles de celte nature , pour assigner à cette ville 
le nom de hrrtukticoïjç ^ d'où les Latins firent leur 
Antœopolis. Ce fut dans son voisinage que la théo- 
logie symbolique des anciens Égyptiens plaçait le 
théâtre du combat dans lequel Horus , Bis d*Isis et 
d'Osiris , défit entièrement Typhon , le meurtrier de 
son pèi-e ; Typhon vaincu prit la fuite sous la forme 
d'un crocodile (2). En traitant de la religion des 
Egyptiens , nous dirons quels furent les motifs qui 
engagèrent les prêtres égyptiens à fixer à Antœopolis 
le lieu de ce combat fictif. Les ruines de cette ville 
consistent aujourd'hui en un portique égyptien , d'une 

(1) Dîodore de Sicile , liv. I, page i5, 

(2) Diodore de Sicile, liv. I, secL at« 



( a7i ) 
grande proportion , entouré d'un bois de palmiers. 
Un quai de très-grosses pierres et une jetée coupent 
le courant du fleuve et Tempêchent d'empiéter sur le 
terrein qu'occupa jadis la ville égyptienne. 

On ne saurait supposer qu'Antœopolis , ArrduvTroXic, 
ait jamais été le nom égyptien de celte ville. 11 est 
trop évidemment grec pour laisser la moindre place 
au doute le plus scrupuleux. Aussi dans les livres 
coptes est -elle appelée 7koot , Thoou en dialecte 

thébain ( i ) , et T'kwoy , Tkôou en dialecte mem« 
pbitique ( 2 ) , nom égyptien qui n'a absolument 
aucun rapport avec le grec Arroia^oAi^. De l'égyp- 
tien Tkosoy , Tkôou , les Arabes formèrent Kaoït 

par la simple suppression de la lettre ^ , qui , dans 
ce mot égyptien , paraît être un article. Les Arabes 
donnèrent à leur Kâou tantôt le surnom de El^ 
Kharabf c'est-à-dire la Kâou des ruines ^ parce que 
cette ville , du tems des Arabes , était encore remplie 
des ruines de l'antique Xk^iOy des Égyptiens. Elle 
reçut aussi ceux à'El-Koubbara et de Grande. De dos 
jours elle est entièrement déchue. 

Le père Kircher ignorant queTKOîOY lut le nom 
égyptien d'Antœopolis « prétend que son nom copte 

(1) Mss. copt, Bibl. imp., n.^ 44, f.^ 79 rectd. — N.^ 4S9 £' 9^ 
verso. 

(2} Mss. copt. y Bibl. imp., 0.046. -— Id. , n.^ 17, suppl^inenl 
Saint-Germain 9 page p^^i. — Id. , fonds du Vatican, ii.*68, 
f.9 lao. — Kircber» page aoS^ cité par LaçrozA. 



( «7^ ) 
fut R&KY&, Kanuh (x)» Ce mot n'est pas copte, et 

jamais la lettre Y ne se rencontre seule entre deux 
c»)nsonnes dans les mots purement égyptiens. Kircher 
n'a donc point trouvé ce nom dans un manuscrit. 
Comme il place Antœopolis près de Ytle d^Éli^ 
phantine (2) ( erreur grossière ) , il aura supposé que 
K&i^Y& était le nom égyptien d'Antœopolis , parce 
que 3trabon parle d'un temple du dieu Ksy^iç k Élé- 
pbantine , et il a cru devoir appliquer le nom de 
celte divinité à la ville d' Antœopolis. Non-seulemeot 
il a inventé la dénomination égyptienne 1 mais encore 
celle par laquelle les Arabes désignaient Antœopolis; 
ce fut, selon lui, Kanouf^ qu'il a fait ressembler au 
nom égyptien. Nous avons cru devoir relever cette 
fraude littéraire. 

L'identité H Antœopolis ^ de Qaou et de Tkàoii ne 
saurait être contestée, puisque un manuscrit copte (3) 
fait voir que laT'KcixoY des Égyptiens était la même 
Tille que rAntœopolis des Grecs ( qui y est appelée 

^ii^KY ) et la Qaou des Arabes. 

MouiHs* 



(i) Œdip. ^gyptiac. syntagma i.«, tomus I, cap.V, pag. 44 
•147. 

(2) Id.^ cap. y, DORittS X, page 44. 

(5) Mss. copt , Bibl. irop. , ii.''45, f.» 58 ver$6, -« Appendijc. 
B.MV. 



< Î73 ) 
Mouthis. — JVIoùthi, 

Au nord de Tkôou et sur la rive orientale du Nil ; 
fut une petite ville nommée Mouthis dans les Itiné- 
raires, et dont le nom égyptien fut Mouth ou Mouthi. 
Ce nom , comme D'Anville l'a remarqué ( i ) , a una 
grande analogie avec Mouthis , surnom donné à Isis 
par les Égy|)tiens (a) , et qui, selon Plutarque , avait 
la valeur de mère, mater. Mouthis paraît en effet ua 
dérivé du mot »xhrr, qui, en égyptien , signiHe mère. 

Sélinon. — "^Silîn. 

Dans une position intermédiaire entre Antœopolis 
au midi et Lycopolis au nord , se trouvait un lieu 
Dommë Sélinon dans les Itinéraires , situé entre la 
rive orientale du Nil et la chaîne Arabique. Sélinoa 
communiquait avec le fleuve par le moyen d'un canal. 
n paraît que le nom primitif de ce lieu fut Silinf noq| 
que les faabitans du pays lui donnent encore. 

Apollinopolis . — Kos*Rani. 

Au nord de Tkôou (Antœopolis)^ sur la rive occi^^ 
dentale du Nil , était une ville peu considérable , qui 



(i) Mémoires sur VÈgjrpte^ page ijo. 
(2) Plutarque, d$ Isidê #1 Osiridk. 



xl 



(^74) 
lut appelée petite ville d Apollon par les Grecs , 

afin de la distinguer d'Apolliaopolîs- Magna (Atbô) 
et d'ApollinopoHs-Parva ( Kôs-Varvir )• Far une 
singularité digne de remarque, les Grecs qui ont 
toujours donne des noms semblables à des villes qui, 
parmi les Égyptiens , en portaient de bien différens , 
ont cependant connu cette seconde Kôs sous celui 
d'ApoUinopolis ( i )• Les Égyptiens la nommaient 
KoC, et lui avaient donné le surnom de Kz^ju (2), 
pour qu on ne la confondît pas avec les autres Kôs de 
rÉgypte, et sur-tout avec Kôs-Barbir, Kôs la brûlarUCf 
«ituée entre Tbrèbes et Coptes. K&itf- , en égyptien , 
veut dire jonc , roseau , et si ce fut l'acception dans 
laquelle les Égyptiens le prirent, Roc-R&^», Kos-- 
Kam , équivaudra à Kos des roseaux ; cependant 
le mot Kb^ul put avoir quelque autre signification 
que nous ignorons. Quoi qu'il en soit , les Arabes ont 
conservé fidèlement son nom égyptien ; ils récrivent 
Koskam. Kos^-Barbir et Kos ^ Kam sont Tunique 
ejiemple de deux villes portant deux noms semblables 
en égyptien et en grec. 

Abolis. 

Cette ville, au nord de Kos-Kam et sur la même 
"rive du fleuve, est appelée T5.TÏO0YKK , Tapôthyhè^ 

(1) Vansleb, Histoire de V église d* Alexandrie^ page 23, dit 
qu'elle s'appelait eo grec Apollon. 

(a) Alss. copt., Bibl. imp. , n.^ 17, Saial-^îennaiii » suppIémeaU 



( ^^75 ) 
«0 copte fi). Ce nom ne nous paraît point égyptien» 
et nous n'avons rien de précis sur l'origine de cette 
ville. Nous croyons cependant que son nom est Id 
même qu'*TT09HKK , horreum, mot grec qu'on trouve 
quelquefois employé dans les livres coptes. Les Arabe» 
appellent cette ville Soutidg ou Aboutig. 

Hjrpsélis, — Schôtp. 

La position de cette ville grecque correspond à celle 
qui fut autrefois occupée par une place assez consi- 
dérable que les Egyptiens connurent sous le nom 
de UJoi-rn, Schôtp (2) : nous ignorons la signiH- 
cation de ce mot. Sous les Romains, Hypséiis conserva 
le nom de capitale de nome qu!elle portait chez lea 
anciens Égyptiens. 

Paphor. 

Le village de Paphor, IIs4)0p, faisait partie di& 
Dôme de Schôtp. 

Ce lieu se trouve indiqué dans TÉloge prononce 
par Théodore , archevêque d'Antîoche, en l'honneuc 
de saint Théodore l*Anatolien (3). 



■^MHM^-WMHMMBf 



(j)' Mss. copt. , Bîbl. împ. , n.« 44, f.» 79 vers6. 

(2) Mss. copu , Bibl. împ. , ii.«44 , £.• 79. _ W. , n.*i7, suppL 
SaÎQt-Germaia. 

(3) Zoêga , CaialogM^ msstçr. mu^m Morgiani. , pag. 55 «t 6«« 



(276) 

Jjycopolis. — Siôout. 

Au nord de Schôtp fut une grande ville , capitale 
d'un nome , bâtie sur le bord occidental du Nil , et 
que les Grecs appelèrent Asnuarjto>jç , ville des Loups. 
Pour bien entendre cette dénomination , il est néces-* 
saire de remarquer que les auteurs Grecs donnèrent 
le nom de Auxoç à un animal de l'Egypte fort dif- 
férent du loup, appelé par les Égyptiens n^OYCUt^cg» 
Pioûônsch ( i ) , animal que les Arabes désigoent 
aujourd'hui sous la dénomination de Ihn^Aoua, à 
cause de son cri lugubre et effrayant. Ce quadrupède 
est connu en Europe sous son nom persan de Schû'» 
ial. 11 habite le désert , et vient pendant la nuit 
déterrer les cadavres pour les dévorer. On le voit 
très-fréquemment représenté sur les monumens égyp** 
tiens, et sur- tout sur les peintures dont plusieurs 
momies sont ornées ; sa tête , que Ton a prise pour 
celle d'une huppe (2), surmonte ordinairement le 

» ■ ■ ■ ■ I ■ ■■■Il I 111 .1 ■■ ■!■ .11 ■ I I ■■ ■ ■ 

<i) Joh. X, 12; Math. «VU, 5, etc. 

(2) Daiw la Scala - Magna , le père Kircher a donné ROY- 

KOTC^^^i Koukouphat f comme le nom égyptien, de la Huppe; 
Lacroze l'a inséré , sur sa foi , dans son Lexique. Il ne serait pai 
impossible que Kircher Teût' inventé d'après un passage d'Horus^ 
où cet oiseau est nommé KitxH^ûL ( Hb. 1 , 55 ) » de la méms 
manièie qu'il inséra dans la Sçala-Magna les moU U^I^nC 



( ^77 ) 
fifceptre de plusieurs personnages symboliques do 
la religion égyptienne. Le schakal fut le symbole de 
la mort , parce que , comme Tobserve Macrobe ( i ) , 
cet animal enlèçe et consomme tout , et qu'il choisit 
les ténèbres pour exécuter ses desseins et raidir sa 
proie. Nous espérons , au reste , le prouver d'une ma* 
nière satisfaisante, lorsque nous traiterons du culte 
du schakal en Egypte. 

Il est à présumer qu'à Lycopolis on nourrissait 
un schakal dans le sanctuaire de son principal 
temple , et c'est ce qui fit que les Grecs donnèrent 
à cette ville le nom de Auxon^oX/^. Les Égyptiens des 
bas-tems , ayant oublié la signification symbolique du 
scbakal , voulurent justifier le culte apparent de cet 

et v>OT^S , qu'on ne trouve point dans le manuscrit qui 
a servi de fondement à son travail Dans les nombreux Voca- 
bulaires égyptiens que nous avons extraits , ce mot ne s'est 
jamais présenté à nous. On y lit, au contraire, que la huppe 
était appelée liEnCXlTHIT , Pétépép par les Égyptiens ( Mss, 
copt , Bibl. imp. , n.^ 17, Saint- Germain, supplément), ou biea 
jC&p2^ITHIT , Charapep ^ ainsi que nous l'avons lu dans le 
même manuscrit. Ces deux noms nous semblent avoir plus de 
rapport avec le cri de la huppe, que celui de !âbH&^&OT^t 
que M.Rossi croit avoir été donné à cet oiseau par les Égypden», 
à cause de ce même cri. 

(i) Macrobe, Saturnal., lib. I, cap. XyiL 



<î78) 

Animal , et en conséquence ils dirent qoe lorsqtke 

Horus et Isis se disposaient à livrer le combat au 
éruel Typhon , Osiris vint des enfers , sous la forme 
d'un loup ou schakal , et contribua beaucoup à la 
victoire que remportèrent son fils et son épouse (i). 
D'autres croyaient que lors de l'invasion des Éthio- 
piens en Egypte , leur armée fut arrêtée proche de 
Lycopoh's par de grandes troupes de schakals , et 
repoussée par ces étranges combattâns, jusques au- 
dessus d'ÉIéphantine (2) : ce fut, dit-on, pour honorer 
la çaleur des schakals que les Égyptiens appelèrent 

cette préfecture Lycopolitaine ^ et cet animal y fut 
regxirdé comme sacré. Osiris , métamorphosé en 
Bchakal , est une pure fiction , de même que l'ex- 
pédition de ces habitans du désert contre les Éthio- 
piens. Quand même ce serait un fait historique, 
ce que nous ne croyons point , il nous serait facile 
de prouver que l'introduction du schakal dans les 
sanctuaires, avait un tout autre motif, et remontait 
à des tems bieusantérieurs à l'irruption des Éthiopiens 
dans la haute Egypte. 

Lycopôlis portait indifféremment, chez les Grecs, 
les noms de Aux« nCoKiç et Kuxoùv ntohiç (3), quelquefois 
Auxâ^y (4)9 6t même Kmxoù^ ce qui correspond au 

W II ■■ ■ I I 11. I i^w— ■.— — ^— — — ^ 

(i) Diodore de Sicile , liv. I» page 79% 

(2) Ibidem. 

(5)Strabon,lîv.XVlI. 

(4) Stephanus Byzantinus, de Urbibus et Populis. 



( ^79 ) 
Luporum urbs des Latins (i). Son nom ^ptieo n^ 

nous paraît point avoir eu cette signification, car ce 
fut CxoOTS, Siooulh (2.) en thébaini et Cxooyt, 
Sioôut (3), ou CxttlOY^, Siôout(4) ^^ memphî- 
tique (5). Dans un manuscrit que possède la Biblio* 
Ihèque impériale (6), on trouve le passage suivant :' 

hcsoiOTT : « Jean l'Archimandrite de la montagne 
9» de Siôout. » La partie de la chaîne Libyque, 
voisine de Siôout , fut ainsi appelée , comme nous 
l'avons déjà dit dans notre article sur les montagnes 
de la haute Egypte. 

Nous ne ferons point connaître notre opinion sur 
la valeur du nom égyptien Csoionrr. Quoique noua 
puissions offrir sur ce dernier nom des aperçus bien 

(i) Pline la nomme par son nom grec abrégé Lycôrij liv.V^ 
cbap. 9. 

(3) Mss. copt., BibL imp., ii.*44f ancien fonds, £^ 79 rectô. 

(3) Mss. copt.^ Bibl. imp,, n,^ 46, ancien fonds. 

(4) Mss. copt. , Bibl. imp. , fonds Saint-Germain , supplément ^ 
ii.oi7,f.opq5. 

(5) Le père Kîrcher a cru faussement que CstUOY*T était lo 
nom égyptien deThèbes. Klrcheri page nio. — Lacruze^ Lexicpn 
jŒgjrptiacO'Latinurru 

(6) Mss. copt, Bibl. imp., n.^ 62, £® 145 rectô, fonds duVatican» 



( 28o ) 

probabissi ils ne seraient cependant point exempts da 
ce doute qui accompagne ordinairement les recher- 
ches dénuées de tout fondement certain. 

L'emplacement de cette ancienne capitale de pré- 
fecture est occupé par une ville arabe , qui est 
appelée Asiouth ou Osiouth. Ce nom , très - peu 
défiguré I est celui qu elle portait chez les anciens 
Égyptiens. Il ne diffère en effet de CsootT, que 
par la seule addition de l'A ( alif) initial. Nous en 
verrons d'autres exemples dans les noms de villes 
çoumis à cet usage des Arabes. 

La montagne Libyque^ qui se trouve à Toccideat 
de la ville de Siôout , est encore percée d'un nombre 
immense de grottes profondes dont les parvis et lin- 
térieur sont couverts d'bîéroglyphes , de figures sym- 
boliques, de bas-reliefs, et d'un nombre infini de pein-> 
tures. Ces grottes oui été creusées dans le roc vif par 
les Egyptiens , pour y déposer leurs restes après leur 
mort. On y découvre journellement des momies de 
la plus grande richesse. Le nombre des Inscriptions 
hiéroglyphiques qui ornent ces tombeaux est si 
considérable, selon l'expression d'un célèbre voya- 
geur (i), qu'il faudrait des mois pour les lire, en su[h 
posant qu'on en eût la clef, et des années pour les 
Copier» 



MmM 



(0 M. Deaon, Fqjrage dans la hautâ et la basse Egypte. 



( i«l ) 

Tjéli. 

Près de Siôout ëtait un poste militaire appelé 
^!;2S^M par les Égyptiens (i). 

Mankapôt. 

A peu de distance au nord -est de Sîâùui, et sur 
la même rive du Nil, se trouvait un village nommé 
U^^HK^iratT (2). Sa position est déterminée dans la 
carte 'dé TÉgypte moderne par D'Ânville : ce lieu j 
est appelé Mankabad. Mais la véritable orthographe 
arabe de ce mot est Manqabadh^ corruption évidente 
du nom égyptien Mankapôt. Ce dernier signifie le 
lieu des Vases (3). 

Manbalôt. 

Au nord de Siôout et sur le bord du Nil était ht 
ville de Manbalôt. Quoique ce lieu ne soit point 
porté sur les listes des anciennes villes égyptiennes 
que nous ont données les Grecs et les Latins , il n'en 
existait pas moins sous les rois égyptiens. Le grand 
nombre de villes qui couvraient l'Egypte , selon le 
témoignage unanime des anciens , et le petit nombre 



(0 Zocga, Catalog. manuscriptor. musœi Borgianif page i34. 
(a) Mss. copt, BibL imp., ».• 43, f.' 58 y«w6. 
(5) ibidem* 



( ^^2 ) 

de éelles dont les noms sont parvenus jusqaes à noas, 
permettent de chercher à augmenter cette nomen- 
clature intéressante , et c'est avec certitude que 
Manbalôt doit y être inséré; Voici ce qu'en dit Léoa 
rAfricain : « Les Égyptiens fondèrent cette grande 
» et très '^ ancienne cille ; détruite par les Romains, 
» elle commença à se rétablir du' tems des MusuU 
» mans, mais elle ne s'éleva jamais à ce haut degré de 
» magnificence où elle s'était vue autrefois , sous les 
» Égyptiens. De mon tems , on y voyait de hautes et 
» énormes colonnes , de même qu'un portique , ornés 
9 de sculptures et de caractères de la langue des 
» Égyptiens. Près du Nil , sont les ruines d'un bel 
» édifice, qui, selon toute apparence, fut autrefois un 
» temple (i).» 

On ne peut présenter de preuve plus convaincante 
de l'existence d'une ville dans le haut empire égyptien, 
qu'un temple et un portique ornés de figures sym« 
boliques et de tableaux hiéroglyphiques. C'est là le 
cas de Manbalôt, comme on vient de le voir. 



■Il •ê 



(i) MANFLOTH. AmpUssimant hanc et vetustissimam civi- 
tatem j^g^yptii condidere ; à Romanis verb destructa , Machu- 
metanorum tempestate restaurari cœpta est ^ verùm ed neur 
tiquant tjud prias magnificentid. f^isuntur in ed noslro sasculo 
crassœ et eminentes columnœ ac portions^ ihsculptis œgjrptià 
lingud versibus, Juxtà Nilum rudera sunt insignis cujusdam 
ccdijicii quod olim delubrum fuisse constat,,*.*. Léào Afkicaaus» 
Descriptionis AJricœj liber VlU« 



( 293) 

Son Dom arabe est Manfélouth $ qa*on prononce 

tnême aussi Monfalouth , et dans lequel Michaëlis 

croit reconnaître le nom arabe de Memphis^ Menf o\x 

Monfy suivi d'un surnom qu'il dit avoir rapport au 

lotus. Sa conjecture est détruite par le nom que les 

Égyptiens donnaient à cette ville. C'était iU&h&^XOTr 

en dialecte thébain (i) , mot dans lequel on reconnaît 

%M^^ ^ formatiçe des noms de lieux. Le nom égyptien 

de cette ville signifie la demeure des Anes saui^ages, 

ou Vendrait où se trouvent les Anes saui^ages, comme 

l'explique l'auteur égyptien de la Nomenclature pré* 

citée. 

Manlau. 

Ce bourg ou village était situé dans les environs 
de Manbalôt. Son nom, orthographié U&îtXSnr, se 
trouve compris dans une noinenclature de noms 
égyptiens de villes rangées par ordre géographique, 
commençant par l'Ethiopie et finissant par la basse 
Egypte. Manlau y est placé entre Hermopolis-Magna 
et Manbalôt , ce qui indique à-peu-près sa véritable 
position. Le nom arabe de ce lieu est Maoudhî-el- 
Aschïa , lieu des Choses ^ qui peut être une traduction 
exacte de l'égyptien Uifc.ît^&nr. Cependant nous ne 
serions pas fort éloignés de croire que les Arabes ont 
été induits en erreur par le mot >.&Y, clàustrum, 

(0 Mss. copt.| BibU imp., n.^^5f f.o 38 verso. 



(284) 
qu'ils ont pent-étre coDfondu avec le mot tfaébain 
^^S'Y, res ; quea coûsëquence ils ont traduit U&n- 

7<hrt comme s'il était écrit U&nA&&>Y. Il nous semble 
aussi que le nom de Locas claustrorum convient plas 
à une ville que celui de Locus rerum. Telle est du 
moins notre opinion. 

Cusœ. — Rôs-Rôo. 

CusŒ était sur la rivé occidentale du Nil et au 
nord de Lycopolis. Selon les Grecs , on y adorait 
la Vénus céleste^ ce qui ne nous paraît pas probable; 
car il est difficile que les Égyptiens aient jamais eu 
ridée d'une divinité qui eût quelque analogie avec 
Vénus. Mais ce qui est plus conforme à leur religioa 
et à leur caractère , c'est qu'^lien rapporte ( i ) 
qu'on y nourrissait une vache sacrée , de même qu à 
Momempbis et à Atharbéchis. 

Cusœ , dépouillée de sa désinence latine , donne 
Cas ou Cous 9 qui est son nom égyptien Kous^ tel 
qu'on le trouve dans Etienne de Byzance et les 
manuscrits coptes, où il est orthographié Kù^, KcuC, 
Kôs (2). C'était la troisième ville de la haute Egypte 
qui portait ce nom. Comme les deux autres 'avaient 
des surnoms particuliers ( l'une celui de Berbir^ et 

- — • — — 

(1) £lien, Traité des Animaux, 

(2) Msi. copt.i Bibi. imp.y ii.«46y ancien fonds. 



( 285 > 
Fautre celui de Kam), la troisième ëtait connue sons 
le nom spécial de RatC-RocM , Kôs-Koô ( i ). Les 
Arabes ont conservé son nom égyptien dans celui 
de Qoussïak. 

TaniS'Superior. — Thônî. 

Cette petite ville était située sur le l)ord occidental 
du canal de Menhi et loin du Nil. Les Grecs lui don- 
nèrent le surnom de Supérieure pour la distinguer d'una 
autre Tanis, ville célèbre de la basse Egypte* Mais 
cette distinction n'exista point parmi les Égyptiens « 
car il paraît, d'après Kircher, que son nom égyptien 
fut 0<CtC^, Thôni. Ce savant trouva dans un voca- 
bulaire copte de noms de villes , jBmns rendu par 
Vavàbe Tounahf nom que porte encore cette petito 
ville chez les Arabes habitans de la haute Egypte* 
Kircher n'a point cherché à en fixer la position, ce 
qui était très-facile d'après les données certaines qu ii 
avait recueillies. 

Antinoé. — Bésa. 

Cette ville, située sur la rive orientale du Nil; 
devint sous les Romains une place importante et 
célèbre par la magnificence de ses monumens, après 
que Tempereur Hadrien l'eût çmbellie et appeléo 

(0 Mff. copt., BibL imp., ou'' 46. 



( 286) 
Anîino'é (i), du nom de son favori. Mais on croit que 
sous les Pharaons, elle fut connue sous le nom de Bt^a. 
€e fut une place peu importante. Si ce fait était bien 
prouvé , son nom égyptien pourrait dériver de celui 
d'une espèce de personbage tbéologique des Egyp* 
tiens , et qui était fort vénéré au témoignage d'Âm- 
mien - Marcellin. La ville d'Âbydos , dit cet auteur , 
est située dans la partie la plus reculée de la Thé- 
baïde ; c'est -là qu'un oracle d'un dieu, appelé dans 
le pays Besa , prédisait autrefois l'avenir. Les faabi- 
fans des contrées voisines avaient coutume de lui 
rendre un culte d'après les anciens rites. 

Le nom de cette divinité existe encore parmi les 
noms propres des Coptes. Il est écrit B^C5> ou Bnc^ 

Bisa. C'est ainsi qu'on trouve cbL&&& Bsc&>, \.ahhi 
Bisa (2). Dans la Vie de l'abbé Panesniv (3), écrite 
en Egyptien, il est fait mention de hos Bnc^uoiK 

ITETT^St^it^ TItUjnrEKO , Bisamon , geôlier de la 



(i) Dans les manuscrits coptes, on trouve son nom romain 
d'Antinoë sous la forme de 2>K^îttU0V en mempliitique ( Mss, 
copt, Bibl. irap., n.» 46. — Af., supp. 17, Saint -Germain ), 
•t sous celle de i^K^SKOOY en dialecte thébaiu. ( MingareUi , 
Codic. œgjrp. reliq,, frag. VII, page i5i ), 

(2) Lit. bas., page 20, Lacroze, Lexicon œgj-pt. lat. 

(5) Publiée par Georgi , daus soa livre de Afiraculis sandi 
Coltuhîf déjà cité. 



( 287 ) 
prison 9 dans laquelle était reufermé ce saint martyr 
thébain. Dans ce nom propre , on observe le mot 
Bkc& joint à celui d'Amoua , ce qui a produit 

Bnc&itJ^CXlît , dont Torthographe régulière devrait 

être BHCS&^OYn. Cette réunion de deux noms de 

* 

divinités est conforme au goût des Egyptiens ; oa 
eo trouve d'autres exemples. Le manuscrit grec du 
cardinal Borgia , publié par Shovr , et qui contient 
une liste d'ouvriers égyptiens , présente deux fois 
le nom de ^Sspa'TCa/ifiû^v , dans lequel on reconnaît 
Afiliouf et 'Safa/sFiÇy divinités dont Tune fut adorée 
dès la plus haute antiquité par les Égyptiens, tandis 
que le culte de la seconde fut introduit de força 
dans rÉgypte, par un des rois de la dynastie de# 
lagides. 

Sjoubouré. 

XoY&OrpE faisait partie du nome de Bisa. Nou^ 
avons trouvé le nom de ce bourg dans un fragment 
contenant les miracles de l'abbé Abraham , et publié 
en partie par Zoëga (i). On y Ht : Orpaiw^ :^Z ^U 

« U fut un homme appelé Elle , de Sjoubouré , du 
f nome d'Antinoë. • 



(i) Catalog, manuseript^r. mu$œi Sorgiani, pap 547« 



(a88) 

Terôt. 

Sur la rive occidentale du Nil et au nord de 
Kos-Koô (Cusœ), un canal sortait du Ûeuve, et 
suivant le pied de la chaîne Libyque , allait arroser 
le nome de Crocodilopolis et se jetait dans le lac 
Blceris. C'est à Tendrait où ce canal prenait oais- 
5ance, qu'était une ville nommée par les Égyptiens 
TEpcu^T (i). Comme il exista en Egypte plusieurs 
antres lieux du nom de Terôt, celui dont nous 
parlons dans cet article fut appelé chez les Arabes 
Darouah ou Daroutk - Ssarban ( 2 )• Ce lieu est 
aujourd'hui plus connu parmi les Arabes et les 
Toyageurs modernes , sous le nom de Tarouth* 
Esschérif. Chez les anciens Égyptiens, il dut aussi 
évoir un surnom; peut-être était-ce celui de S^ar^ 
han , que les Arabes avaient adopté avant que celui 
ê^Esschérif eût prévalu dans le pays* 

Hermopolis-Magna. — Schmoun. 

Hermopolis, bâtie loin du Nil et proche du caoal 
de Menhi, dans la partie Libyque de l'Egypte, tiat 
un des premiers rangs entre les villes de ce royaume* 

Les 



(r) Mss. copt, Bibl. imp., 0.^4^9 fl^Sg rectù. 
(a) ibidem. 



(^89) 
Les traditions arabes , d'accord avec les monumens i 
en font une des plus anciennes villes de TÉgyple* 
Sous les Pharaons, elle fut le chef- lieu d'un nome 
( Ptbosch ) et le siège de son gouvernement. Il 
paraît que Thoth y était en grande vénération. On y 
nourrissait un Ibis sacré, emblème de ce personnage 
symbolique; et comme nous le ferons bientôt voir, 
ces oiseaux étaient déposés, après leur mort, dans 
le voisinage de cette capitale de nome. 

Sous les rois de race égyptienne, Hermopolis fut 
une ville très -considérable. De hautes montagnes de 
décombres, qui se trouvent dans le lieu qu elle occupa 
autrefois , donnent une haute idée de aon étendue et 
de sa magnificence. Au milieu des plus déplorables 
débris, s'élève un superbe portique de 12 colonnes 
ayant 8 pieds 10 pouces de diamètre. Ce monument, 
qui servait d'entrée à un vaste édifice dont il annonce 
la richesse, a soixante pieds de hauteur. Le couron- 
nement , formé de six pierres énormes , est couvert 
d'hiéroglyphes , ainsi que le haut des chapiteaux des 
colonnes qui sont canelées jusques vers la moitié 
de leur hauteur. Sur le fût de celles de la seconde 
rangée, on voit les arrachemeqs qui servaient à lier 
le portique avec le temple dont il faisait partie ( i )• 

Ce fut probablement du culte de Thoth, dans 



(1) Yo/ez M. I>«iion , f^o^agt dans la hauio et la ba$t9 
Égjrptc. 

*9 



( «90 ) 
6ette ville , que les Grecs tirèreat son nom. Croyant 
toujours reconnaître les divinités de leur pays dans 
la religion des natious étrangères , ils assimilèrent 
l'égyptien OoiOrnr, Thôout^ à Effenc ou HffiUfiÇ^ leur 
dieu de réloquence, et nous pouvons dire, avec assu- 
rance , que c'est la seule fois que les Grecs aient 
traduit exactement dans leur langue le nom d'une 
divinité étrangère. Ceci ne serait plus aussi surprenant 
si Ton admettait, comme quelques auteurs le pensent, 
que l'Hermès des Grecs doit son origine au Thôoui 
des Égyptiens , ce qui fit que les Grecs donnèrent le 
nom d'HfyEixcToXi; à la ville dont nous nous occupons* 
Quoiqu'ils aient fidèlement traduit ThàoiU par 
Hermès » il ne s'ensuit point qu ils aient trans- 
porté dans leur langue , avec exactitude , le nom 
égyptien de cette ville. La véritable dénomination 
sous laquelle on connut en Egypte cette cité célèbre, 
est celle de UJuOYit, Schmoun (i), et c'est ce qui 
a fait dire aux Arabes qui ont Tbabitude de tout 
expliquer, que Schmoun fut bâtie par Ischmoun^ 
fils de Missr et frère de Ssa^ diAinb, de Kobt et 
à*Aihm£m, fondateurs de vilies qui portèrent ces 
noms, et que les Grecs connurent sous ceux de 
Sais, AthribiSf Copias et Panopolls. Quoique dénuée 
de preuves et même de toute vraisemblance, cetts 



(0 Mm. copt., Bibl. imp., n.« 44, f-*79 r«çt6. — W., n.*46. — 

J«€t6. 



1 



( 290 

tradition porte à croire que Schmoun est une très^ 
ancienne ville , puisque son origine est placée au 
commencement même de TEmpire égyptien. 

Mais la véritable origine du nom de UJuOYtt ne 
doit se trouver que dans la langue égyptienne. Il 
est même très-probable que UJuOyK était un nom 
àe divinité. Il nous semble aussi que l'identité de 
UJwOnrît et de UJuii^ , nom égyptien du Dieu 
générateur , n'est pas douteuse , ainsi que le croit 
Jablonski (1). Nous sommes loin cependant de pensefi 
avec le même savant, que UJust^ et UJutOrt^ signi** 
fient huit ou huitième. Ce nom ne nous paraît point 
coDvei^ir à un dieu , et sur-tout à la Divinité créatrice 
et génératrice. Nous persistons dans notre opinioti 
que Schmoun ou Schmin (2) , et même X!u\iul , sont 

dérivés de la racine Pusu, ou d'une racine ana« 
logue ayant la valeur de /erçere , incalescere ; et ei& 
effet Damascius (3), attribuant aux Phéniciens une 
traditioa qui était en partie d'origine égyptienne, 
comme le pense Jablonski (4) , parle du dieu Ea-fiypoç 
( ^uoyK ) , et assure que son nom dérivait gm n/iç 



(i) Jablonski, Paniheon AEgjptior. ^ tome I, liv. ti» chap. Jp 
page 295 et suiv. 

(2) Voyaz ci-dessus l'article Fanopolîs. 

(3) Apud Photium in Bibliolhecd grœcd^coi. CCXLII, p. 1674^ 
cite par Jablonski. 

(4) Jablonski , PaniL Mgj^ptior.^ tome I, lir- il , chag. 7^ 
page 2^6 et suivantes. 



(sga ) 

Sif/mi VM tfliniy de la chaleur ci taie. Nous regardoùs 
ce passage comme une preuve non -équivoque de 
notre opinion. Nous aurons l'occasion de revenir 
sur cette discussion à l'article Mendès i dans lequel 
nous ferons voir que Schmoun , de même que 
Schmin et Schmim^ étaient des noms donnés au Dieu 
générateur chez les anciens Égyptiens. Ce dieu fut 
le ritfr des Grecs. 

Les Arabes ont donné à Hermopolis le nom de 
Aschmounaïn ou Oscnmouneïn , selon la manière de 
le prononcer. Il est formé de l'égyptien UJuOri^i 
avec la simple addition de TA ( alif ) initial que nous 
avons indiquée ailleurs , et la terminaison du duel. 
Ce nom devrait se traduire régulièrement par Its 
deux Oschmoun. La raison de cette particularité 
nous est inconnue , à moins qu'on ne la veuille 
trouver dans Kbalil Dhahéri, géographe arabe, qui 
dit : a A la province de Behnèsa succède celle 
» diOschmounein : elle renferme deux grandes villes , 
» Oschmounein, qui lui donne son nom, etMinieieba 
• Khasib ( I )• » On pourrait croire que les deux 
Oschmoun désignent les deux grandes villes ( Madh- 
natani ) Oschmoun et Miniet ebn Khasib ; cependant 
dans le pays même , les ruines de la Schmoun des 



(i) Khaiil Dhahëriy dans la Chrestomathie arabe de M. Sylvestre 
de Sacjr, tome L*', texte arabe, page aSg, et tome IL*, Traduction, 
pag. 291 et 391. 



( »93 ) 
Égyptiens porlent le nom d* Oschmouneïn , ce qui 

détruit rinduction qu'on pourrait tirer du passage 
précité de Khalil Dhabéri. 

Dans un manuscrit égyptien ou copte ( i ) « nous 
ayons observé le nom de cet^e ville écrit ^uOyî^ â^ 
équivalent jdn UJuiom CI^^y, les deux Schmoun^ ce 
qui semble prouver que VOschmouneïn des Arabes se 
présente sous la forme du duel , de même que l'ancien 
nom égyptien. Mais comme dans les manuscrits on 
trouve toujours njuOTi\ , Schmoun, et non UJuOYit 

£ , les deux Schmoun , il est à croire que le Copte qui 
a écrit la seule nomenclature de noms de villes égyp- 
tiennes où on lit ce dernier mot, a été influencé par le 
nom arabe. Cette nomenclature a induit Jablonski en 
erreur. Ce savant croit {2) que pyfuOYtl A signifie 
Schmiin secunda , la seconde Schmoun ; mais nous \ 

ferons observer que si la traduction était exacte , 
le texte aurait dû porter UJuOyK xM>^ Â , ou 

^uOYtt ju&>^ ^^9 ce qui signifie véritablement 
la seconde Schmoun , car C^i>t , en langue égyp-* 
tienne, est le nombre cardinal deux^ et il devient 
ordinal par la simple addition de JU^^. Il en est 
ainsi de tous les autres nombres cardinaux. Par suite 
de cette fausse interprétation , le même Jablonski 



■• 



(i) Mss. copt, Dîbh imp. , n/17, «uppL S.'-Germ., f.^ pct&« 
(2) Panthéon JEgjrptiorwn^ liv. 1 1 , chap. 7, page agS. 



^94 ) 

suppose qne la terminaison du duel ein de TO^cA- 
mouneïn des Arabes vient de ce que chez les 
Coptes cette Schmoun était surnommée OYl,iK!&ît, 
c'est-à-dire la Schmoun des Grecs. U est aisé de voir 
que cette idée ne repose sur aucun fondement solide. 
La ville de Schmoun , comme toutes les grandes 
Tilles de l'Egypte éloignées du Nil , avait un port 
sur ce fleuve , et ce port est une de ses dépendances. 
Il en est fait mention dans le Martyre de Tabbé 
Epime. Après avoir raconté la mort de ce saiat, 
Fauteur du Martyre ajoute que lorsque on eut em^ 
haumé son corps , les serviteurs de Jules le placèrent 
dans un petit bateau et le transportèrent jusaues 
dans le port de Schmoun : ^Y^p^UïT îttA&q 
«jB'^î^Euptti h^E ojuonrK. Ce petit port favorisait 
le conunerce intérieur , et nous verrons plusieurs des 
principales villes de la basse Egypte en avoir un 
semblable. 

Aboussir. — Pousîrî, 

Au nord-ouest de Schmoun. au-delà du canal de 
Terôt, sur le penchant de la montagne Libyque, était 
un bourg du nom de IIoYCSpL II est encore coonii 
dans le pays ( i ) sous celui d^ Aboussir ^ qui n'est 
autre chose que le nom égyptien écrit à la manière 
des Arabes. 

(r) Vojfez la carte de TÉgyple moderne de d'Aaville. 



( ^95 ) 

Stallou. 

C-T^XXonf étaît ua bourg ( ^ut ) qui fit partie 
du nome de Schmoun. Il en est question dans ua 
iragmeot égyptien , en dialecte sâïdique , publié par 
Zoëga , dans son Catalogue des manuscrits coptes 
du musée Borgia (i). 

IbiU. — Nhîp. 

Cest auprès d'Hermopolis et au nord de CusoSt 
que les anciens placent un lieu peu considérable 
dont le nom fut Ibeum. \\ est particulièrement cité 
dans ritinéraire d'Ântonin, sous le nom d^Ibiù. Cet 
auteur l'indique à vingt - quatre milles au nord de \ 

la grande ville de Thoth ou Hermopolis - Magna. 
Selon Hérodote , c'était dans cette dernière ville 
que les Égyptiens transportaient ( 2 ) les Ibis qui 

mouraient dans les diverses parties de TÉgypte » ^ 

et leurs cadavres embaumés étaient déposés dans ua 
lieu destiné à les recevoir. Mais ce rapport dlié* 
rodote ne semble pas rigoureusement exact , et il 
ne doit peut-être s'entendre que des Ibis nourris 
dans les temples, puisque on trouve dans les cata* 
combes des environs de Mêmphis un nombre pro- 
digieux de momies de cet oiseau. Une personne dont 



(i) Pars teriia, num. ccxxTypage 55o. 
(a) Hérodote, livre U. 



p96 ) 
le témoignage n'est point suspect , nous a certifié 

avoir vu dans un de ces souterrains tailles dans le roc, 
une incroyable quantité de ces oiseaux embaumés, 
et renfermés dans des vases de terre placés horizon- 
talement Tun sur l'autre , à une hauteur uniforme , 
contre les parois du souterrain. Après avoir connu 
l'espace qu'occupait un nombre donné de ces momies, 
et avoir mesuré Tétendue du souterrain , elle s'assura 
qu'il en contenait plusieurs millions. Ce fait sera 
reproduit ailleurs dans tous ses détails, et il semble 
prouver ce que nous avons avancé, qu'Hérodote o'a 
pu parler que des Ibis sacrés, lorsqu'il a dit qu'on 
les transportait à Hermopolis. M. Larcher pense 
que ce n'était pas précisén^ent à Hermopolis-Magna 
qu'on enterrait les Ibis, et qu'ils n'étaient trans- 
férés dans cette ville qu'à cause du lieu voisin 
appelé Ibeunit où on les déposait (a). Mais comme 
dans l'Itinéraire d'Ântonin , Ibià est placé à vingt- 
quatre milles au nord d'Hermopolis , il ne paraît pas 
naturel qu'on envoyât d'abord les Ibis à Hermopolis, 
pour les faire rétrograder ensuite vers le septentrion. 
Pour que cet inconvénient n'existât point, il faudrait 
nécessairement que le lieu appelé Ibeum se trouvât 
au midi d'Hermopolis et à très -^ peu de distance de 
cette ville. 

Ibeum tirait son nom de l'Ibis, qui, en égyptien, 

(a) M. Larcher, Tradaciion d* Hérodote ^ tome H, page 5o5. -^ 
Id. , TabU géographique^ totneYlLIf à rarticie Hermopolis. 



( *97 ) 
ëtait appelé oin , Hip ( i ) , d'où les Grecs ont fak 

Kiç^ en y ajoutant la désinence grecque êf. Le nom 
égyptien de VIbeum des Latins devait être régulier 
rement U&K^\tt , Manhip , ou simplement K^TO , 
Nkib 9 lieu des Ibis. On le retrouve dans Etienne 
de Byzance et dans Suidas, sous la forme grecque 
de NiÇi^^ que nous croyons être le nom égyptien 
èilbeum qu'ils n'ont point mentionné sous cette 
dernière forme. En retranchant de ce mot la ter* 
minaison grecque iç ^ on trouve NiC , qui est exac- 
tement le h^sn égyptien. Il n'en diffère que par 

l'absence de H, ^, hori^ que les Grecs ne pouvaient 
pas exprimer , parce qu'il manquait à leur alphabet 
C'est ainsi , par exemple , qu'ils ont écrit nd le mot 
égyptien ^K^, qui signifie cœur {2). 

Terôt-Schmoun. 

Daics les environs de la grande ville de Schmoun « 
se trouvait un lieu nommé HTEpas^T « ainsi que celui 
dont nous avons parié ci * dessus. Terôt reçut le 
surnom de UJaovff , à cause de sa situation dans 
le voisinage de cette capitale de nome. Il est fait 
mention de T^puinr UJuotk dans un fragment 

(i) LëviUque, cbap. XI, 17; Isaîe, XXXIV, xi , du Uxte 
égyptien. 

{A Voy«x Honu AppoUo , liv. I, hiérogljphe 7.* 



( 29» ) 

tbëbaio pablié par 2ioëga (i). II ne faut pas confondre 
ce lien avec un antre nommé aussi T^pcm et situi 
sur le Nil, au midi de Schmoun. 

Miniét. — Thmooné. 

La ville de Thmooné était située sur la rire occî- 
dentale du Nil et au nord de Schmoun* Sur son 
ancien emplacement est aujourd'hui la petite ville de 
Miniét^ qui a conservé dans son nom des traces màr* 
^uées de l'ancienne dénomination égyptienne. Ce fui 
TwOOKE (2) ouTuoîKK (3) en dialecte thébaio, 

rt OuOtKR {^) en memphîtique. Ces difFérens mots 
désignent une demeure » un lieu où Ton s'arrête , et 
dérivent de la racine thébaine , baschmourique et 
memphitique JUKit , manere. li est hors de doute 
que le mot arabe Miniét ( par abréviation Mit ) si 
fréquemment donné aux villages de l'Egypte , dérive 
de uot^K , mansio , pluriel uOSta^OYS , mansiones* 
Il y eut eu Egypte plusieurs villes du nom de 
Thmooné ; mais les Égyptiens en distinguaient deux 
principales : Tune dans la haute Egypte ( c'est celle 
dont nous venons de parler ) , et Tautre dans l'Egypte 

{1) Caialogus mcumscriptorwn copticorum musœi Borgianii 
pars 3.*, page S49> 
(!i) Ms«. copt., Bibl. imp.9 n.^ 44* ^-^ ^ rect6. 
(5) W., n.« 45, f,« 59 rectft. 
(4) /</•> n*^i7i suppLémeut Saint-Germain. 



( «99 ) 
icfërfeure. La première porla le surnom de Bajis ; 

celui de Téni fut propre à la seconde (i). 

Théodosiopolis. -^ Touhô. 

TouHÔ fut la capitale d'un nome situé au nord 
de celui de Schmoun. Dans la Notice de TEmpire , 
et dans quelques autres ouvrages , il est fait mention 
de ThéodosiopoUs ou de Thiodosiana^ comme d'une 
ville de la haute Egypte qui se trouve placée parmi 
celles de THeptanomide. Un manuscrit copte nous a 
donné s-a position , qui , jusques ici , n'était pas fixée. 
On y trouve (2) mentionné OErl^OîCSOr, Theti^ 
dôsiou , correspondant au nom arabe Thàhha , ville 
qui est en effet au nor4 d'Hermopolrs , à l'extrémité 
méridionale du canal de Bathen, et par conséquent 
dans la partie Libyque de l'Egypte. Quoique nous 
présentions d'abord cette ville avec un nom grec, 
comme elle en eut aussi un parmi les Égyptiens , 
il en résulte d'abord qu'elle exista loog-tems avant 
Théodose ; en secotid lieu , que le nom de Théo-' 
dosiopolis ne lui fut donné que par les Grecs , qu'il 
De fut en usage que parmi eux et parmi les Romains » 
et que dans le pays son nom fut toujours celui qu'elle 
porta chez les anciens Égyptiens. Nous pensons 

(0 Vansleb, Histoire de t Église d Alexandrie^ page 25. 
(2) Slss. copt, Bibl. imp. , n.« 44, f.<> 79 rectô, n.*»43, f.*59. — 
Vojez aussi la P. Vanslab , Histoire de Véglise d'Alexandrie » 



^ 



OXFORD 



( 3oo ) 
qu'A en fat de même pour toutes les autres villel 
de ITEgjpte. Le nom égyptien de Théodosiopolis était 
Tor^O, Touho (i), ou bienToY^OI, Touhô (2), 
qu'on trouve employé indifféremment. Quant à sa 
Taleur , TToT^O signifie demeure^ et c'est on verbe 
égyptien qui veut dire addere , adjicere , apponen. 
Le nom arabe Tahha n est évidemment qu'une cor- 
rnptioa de ce dernier. 

Pershousch. 

Pershousch dépendait du nome de Touhô. Le 
nom de ce lieu se trouve dans un manuscrit copte, 
écrit dans un dialecte égyptien qui tient le milieu 
entre XeThébain et leBaschmouriçuef et faisant partie 
de la riche collection du cardinal Etienne Borgia. Il 
contient un récit très-intéressant du voyage de Paul 
et de son disciple Ézéchiel , dans les montagnes de 
la haute Egypte, pour y visiter de saints Anachorètes* 
Dans le mont Pscheshépohé , ils trouvèrent un her- 
mite épuisé par les rigueurs de la pénitence. — 
Quel est ton nom ? lui dit Paul. — Il répond : Je me 
nomme Phib, et je suis de IIpâ^Yaj , Pershousch, 



(i) Mss. copt, Bibl. imp. , n.®44, ^'^79 r«ct6. — Id.^ ii**47* 
•ûpplëftieiit Saint-Germain, O pu&. 

k 

(a) Mss. copt , Bibl. imp., n.* 17, sapplëment SdaC-G«rmaia, 
t' pt^Çj — n.»43, f.«59 rectè. 



( 3ot ) 
dans le noiAe de Touhô (i). Noas n*avons trouvé la 
nom de Pershouich mentionné dans aucune des 
nomenclatures arabes des villes et des boui^s d^ 
rÉgypte que nous avons été à même de consulter* 

Nikafar. 

Le manuscrit copte le plus riche de tous en notions 
géographiques ( j) , nous a fourni le nom du village de 
H^K&c^^p placé à près de trois lieues au-dessous 
de Touhô. Nous ne le regarderons point comme 
égyptien. Nous le croyons au contraire une cor^ 
ruption du nom arabe de ce village appelé Beni^ 
Mohammad^el-Kifour. Il est évident que HîfC&c^&p 
est le mot arabe Kifour écrit en lettres coptes , et 
Taddition même de Farticle pluriel 9\ en est une 
preuve convaincante. 

Cynopolis. — Kais. 

C E lieu est cité par Vansleb , comme ayant été 
un évêché de Téglise copte (3), et cet estimable 



2.c\OTaiajq Eq!isaiuuoc îfiE c|)S& tte HspE.K «.tôt 

Zoëga , Catalogus manuscriptorum musœi Borgiani, codice$ 
Mohidici^ page 567. 

(2) Mss. copt, BIbL imp. , n.^17, supplément , page pc^fi. 

(3) Histoire éh tégliso tt Alexandrie, pagt 32. 



( 302 ) • 

voyageur pense que Kaïs , qu'il écrit Keis , était 
raocienne Cusa. On a vu précédemment que Cusa 
portait en égyptien le nom de Kos-Koô^ et était 
située bien plus au midi que Kais. Vansleb place 
cette dernière proche de Bihnicé ou Bahnéca. Dans 
le Martyre de saint Épime , l'auteur dit ; ^EpOKEA- 

'^ITOXSC V.h\C : « Héracellianus fut itiçesii da 
• goui^emement de trois villes : la ville à'Hnéê , celle 
9 de Pemsjéy et celle de KiUs. » La position des 
deux premières nous est parfaitement connne ; et 
comme Kais devait nécessairement être dans leur 
voisinage , nous Tavons cherchée aux environs de ces 
deux places. Nous croyons l'avoir retrouvée dans un 
village arabe bâti sur la rive occidentale du Nil, 
un peu au-dessus de Beni^Mohammad^el^Kifour, 
et appelé El - Gis » nom dans lequel on reconoatt 
celui de Kb-SC peu altéré. On ne doit donc point 
confondre Rs^SC aveo la ville de Saïs en basse 
Egypte I comme semble le croire le P. Georgi (()• 
La position que nous assignons à K&XC est jas* 
tifiée par un manuscrit copte de la Bibliothèque 
impériale (2), qui contient une nomenclature des 

(1) De nUracuUs sancU Colutki^ prœfiitioi pagt LII, nota «• 
(a) Sttppl.9 0.^i7,Saiat-Cannaia« ' 



( 3o3 ) 
TiIIes de l'Egypte disposées géographîquement, et dans 
laquelle KmC (i) est placée entre HsKZ>c|)5p, oa 
Beni^Mohammad^el-Kifour et la ville de Pemsjé^ 
IIeu-^E. Oo y trouve aussi sou nom arabe qui est 
El^Qis, que nos voyageurs modernes ont écrit £/- 
GîSf corruption de KmC. Ce nom égyptien s'écrit 

aussi KocxC , Koeis ( 2 )• C'est la CynopoUs des 
anciens géographes grecs et latins* Ce dernier nom 
n'a aucun rapport avec le nom égyptien de cette 
ville. 

Tamma. 

Cfi lieu faisait partie du nome de Kaïs , comme oa 
le voit dans le récit que fait Ezéchiel , de son voyage 
avec Paul son maître. Ces deux saints personnages 
rencontrèrent dans la montagne de Méroéit un Ana- 
chorète qui leur dit s'appeler 1T2>T?^E 0TpiUL^5.MLU5. 
^ tJL iT^a^oj KoESC : « Paul de Tamma » dans le 
• nome de Koeis (3). » 

Oocyrynchus. — Pemsjé. 

La ville d*Osyrynchus fut une des plus considérables 
de la haute Egypte. Les Grecs lui donnèrent le nom 



(I) F.* po;^. 

(a) Mss. CQpty BibL imp., il^46| ancien fonds. 
(3) Zoëg«, C^lalog. mssm musœi Borgiani^ eodic. aohA^ 
pag« 368. 



( 3o4 ) 
ii'O^vfHÊyXoç ^ à cause d'un poisson de ce nom quils 
croyaient y être adoré. Cette opinion est peu vrai- 
semblable , et nous pensons qu'il en était à,Oxy- 
rjnchus comme à Latopolis, c'est-à-dire qu on ne 
Ténérait pas plus le poisson Latus que YOxpjnchus, 
On a vu qu'à Sné ( Latopolis ) on adorait le grand 
dieu Amoun, et non pas un poisson. 

Oxyrynchus était à deux lieues de la cbatne Libjr- 
que, entre le canal de Menbî et cette même chaïae* 
Cette ville ibt appelée IIeul^sSE , Pemsjé, cbez les 
Egyptiens (i). Ce nom corrompu par les Arabes se 
retrouve encore sur les lieux , car Behnésé ou Bah^ 
nasa ne diS%re » à notre avis , que très-peu de Pemsji^ 
et l'identité entre ces deux noms existe plutôt dans 
le son que dans l'orthographe , ce qui doit arriver 
nécessairement si les Arabes ne donnèrent un nom à 
VOxyrynchus des Grecs qu'en l'entendant prononoer 
par les Égyptiens. Telle est du moins notre opinion. 

M. Ignace Rossi ne connaissant point le nom de 
liEULT^E^ sous lequel Oxyrynchus était désignée chez 
les Égyptiens , s'est efforcé de le retrouver dans le 
Bahnasa ou le Bahnésa des Arabes. Il le prononce 
Behensa (2)1 contre l'usage reçu et la ponctualioa 

de 

(1) Mis. copt«, Bibl. îrop. , n,** 44, £• 7g rectd. — Idt , n-* ifit 
anden fonds. -* Id., suppL n.*i7, fonds de Saint-Germàio, etc. 

(2) Rossi, Etjmologke œgj^piiacœf page 39. 



( 3o5 ) 
Hé plusieurs manuscrits, et croit qu'il est formé des 
deux mots égyptiens 6e^\, lime(\), et ctjM, nezf 

narine f d'où il forme BE^^t^Uj&S, dont il ne donne 
point le sens. Il a par ce moyeu évité une dilïiculté, 
puisqu*il n'aurait pu obtenir de ce mot composé que 
lime de la narine. On ne voit point quel rapport celai 
peut avoir avee )e nom d'Ox yrynchus , en supposant 
même que ce dernier^ qui signitie nez pointu , soit 
l'exacte traduction du nom égyptien EIeul^E. 

Lie père Georgi , persuadé que le nom égyptiea 
d'Oxyrynchus était IIeiui!^^, comme il l'a trouvé dans 
plusieurs manuscrits copies, présente une étymologîe 
qui nous paraît plus naturelle. Il pense que ce mot 
^oit s'écrire II^tuttiSE, Phemsje (2), qui, selon lui, 
a la valeur de o^uç^ acutus (3;. Cette correction régu- 
lière vient à l'appui de notre opinion , que le nom 
de cette ville , que les Arabes écrivent bhnsa et 



' (i) Ce mot signifie aussiy^?r, car nous Tav^ns trouvé interprété 
par El^Hhadid dans un vocabulaire copte-arabe ( n.^ 17, eupph 
Saint-Germain )• 

(2) Dans ce mot le P ne doit pas être lié à TH, qui n*est qu'une 
aspiration , et Ton doit prononcer comme s*il y avait P^Hcmsjé* 

(5) Dans les dictionnaires égyptiens que nous avons c<7nsuUés , 
nous n'avons trouvé que TT^E UL2S , qui veut dire oi^OÇ^ vinaigre; 

il se peut que le P. Georgi ait rencontré IT^TLiULdCE comma 
signifiant ai^u^ pointu. 

30 



( 3o6 ) 
prononcent Bahnisa^ est dérive de n^tu.!^^, 
BHAMSJA f comme le prononçaient les Coptes. Alors 
il est probable que les Grecs auront cherché à tra^ 
duire le nom de II^Eu^tE par O^vpuyxpc^ et auront 
ensuite supposé qu'il dérivait du culte d'un poissos 
du Nil nommé Oxyrynchus. 

Kanesch. 

Ce bourg faisait partie du nome de Pemsjé ( Oxj« 
rynchus )• Dans les actes de saint Epime ( i ) , il est 
fait mention de n^^Op Tii3^S5Kam h^E K2>n£cg : 
Pihor^ le diacre de Kanesch^ bourg dépendant dt 
la juridictipn de Pemsjé. 

Tôsjî. . 

T'aies se trouvait aussi dans la préfecture de 
Pemsjé, Les mêmes Actes en contiennent la preuve. 
Ce mot nTcut^HL exprime l'idée de plantation. Nous 
ignorons jusqu'à quel point il peut convenir à une 
Tille. 

Psénêros. — Pschénérô. 

Etienne be Byzance fait mention du bourg de 
^€y»ipoc. Nous pensons que ce bourg est le même 
que celui de V^EKEpoi , Schénirô , ou IlajEStEpaT , 

(i) M«s. copUi BibL imp., n.*66y fonds daVattcau. 



( 3o7 ) 
Pschénérô^ cité dans les Actes de saint Épime. La 

valeur de ce nom égyptien ne nous est point connui 
d^une manière certaine^ 

Terbe. 

Le village de XtpfeE parait avoi^ aussi dépendu 
de la ville de Pemsjé (i). Le mot tfaébainXEp&E 
nous semble correspondre au memphitique "i^cp&S ^ 
qui signifie lieu où Von demeure f habitatio , mansio» 

Nehrît. 

I4A ville de Nehrit se trouvait au nord de Schmonn. 

Dans les Actes d'un hermite nommé BEt^OqEp ^ 
Bénofer ^ ou Ortîtoq^p , Oaenofer (2), ce saint 
raconte Thistoire de sa vie à un anachorète nommé 
Paphnouti; on y remarque le passage suivant : oyO Ji 

neooj cguLOYK ÎDtî^ (^ut£.pKC c^&o^ Ht^p^T : 

« J'ai habile un monastère du nome de dcJirnoun 
• ( Hermopolis - Magna ) dans le Maris ( la haute 
I» Egypte), au-dessus de Nehrit. » La position du 
lieu appelé Nehrit n'est indiquée que d'une manière 
vague. Ce texte nous apprend seulement que le nome 

(1) Msi. copt, Bîbl. imp., n.*66, fonds duVatican. 

(2) Zoëga, Caialogus codic, copiicor. mustei Borgiani; Codict 
memphiiicij page i5. ( Ouenofer eit saint Ouuphra )• 



( 3o8 ) 
de Schraoun se trouvait au midi de Nehrit , qui ,' par 
conséquent devait appartenir à une préfecture voisine 
située vers le nord. Nous avons en effet trouvé sa 
position dans le nome de ïlEUL^ist, VOxyrynchus des 
Grecs. L'état des provinces et des villages de TÉgypte, 
publié par M. Silvestre de Sacy (i) , fait menlion, 
dans celle de Bahnésa , d'un bourg appelé Ihrit en 
arabe. Ce mot n'est que l'égyptien lït^ps^ privé 
de l'article i^, ce qui donne G^p^T, dont les Arabes 
ont fait Ihrit. Ce mot égyptien peut dériver de 
^ pan , pressoir. C'est la seule racine égyptienne 
que nous connaissions, à laquelle on puisse le rd[H 
porter. 

Pajîkôleus. 

C'ÉTAIT aussi dans le nome de Perasjé ou dOxy- 
ryncbus qu'était le lieu appelé Pankôleus^ comme oa 
le voit par le Martyre de db<ï{Z> GnsuE ITXpXLUTT&K- 

Kai?vETC ÎDcK BHOoj iTiLUSSt, Apa Épime, ha- 
hilant de Pankôleus ^ dans le nome de Pemsjé (2). 
Ce nom^ne nous paraît point égyptien. C'est proba- 
blement un mot grec défiguré, ou, si toutefois il e^ 
égyptien, ce que nous ne croyons point, nous pensons 
qu'il est étrangement corrompu. 



(0 Traduction d'Abd-Allatif, page 685. 

(a) Mss. copt., BibL imp., n."» &i, foudi duVaUcao, 



(3o9) 
Sjelbah. 

XeX&&^ ëtait aussi un village qui dépendait de 
la ville de Peinsjé , TOxyryncbus des Grecs. Le 
passage suivant du même martyrologe nous donne 
sa position. Ceux qui portaient le corps de saint 
Epime étaient conduits par un auge qui les mena à 

IT5.KKa\XETC C2>pKC K0rU2> Èaj&.YUOT^ Èpoq 
^E T[^eX&5>^ , Pankôleus , au midi d'un lieu 
appelé Sjelbah. L'on voit par* là que Sjelbah ou 
Psjelbah était au nord de Pankôleus, et par consé- 
quent dans le nome de Pemsjé. 

Heracléopolis. — Hnés, 

Cette grande ville fut la capitale d'un nome , et 
ëtait située dans une île assez considérable formée 
par le Nil à l'orient, et le canal de Menbi à l'occident : 
une branche de ce canal , aboutissant au, Nil près 
de Iséuni , la bornait au nord-ouest ; un troisième 

canal , tiré du Menbi au Nil , la terminait au midi. 
Cette île, ayant à-pqu-près une figure triangidaîre, est 
coupée vers sa partie occidentale par un canal qui , 
8e dirigeant du midi au nord, se termine à Bousir. 



(i) Mss. copt» Bibl. imp., n.** 4^, V* 47 vdrsàu 



( 3io ) 

C'est près de ce eanal et vers rextrëmitë septeo* 
trionale de celui de Bathen » qu'était située Héra« 
clcopolis. 

Il est à présumer que le principal temple de cette 
tille fut consacré au Dieu Fort^ ou à un persoDoage 
symbolique exprimant la puissance de Dieu, et que 
les Grecs out dit avoir porté en langue ëgyptleDoe le 
nom de Sem ou de Chom , qui sont évidemment les 
mots égyptiens î^tm, Sjem, et y^Otx, Sjom, forix, 
Dom qui se retrouve encore chez les Coptes, comme 
un des surnoms de Dieu. Dans une liste des surnoms 
qu'on donnait à Dieu chez les Égyptiens du moyea 
fige, se trouve Tlî^C KffbwL , P5/o«*5-a/i-5Aom (i), 
ee qui , en langue égyptienne , signifie le Seigneur àt 
la Force ^ et est aussi interprété par l'arabe R(M- 
el-'Qaouet , le Matire de la Force. L'emblème de 
cette attribution de la Divinité/ était un petit animal 
appelé Ichneumon ; c'était l'ennemi des crocodiles. Il 
devait en être ainsi, car le crocodile étant le symbole 
de Typhon , le mal physique et morale celui dû 
Dieu Fort qui arrête et comprime le mal dans le 
inonde , devait être un animal qui , comme Tlch- 
neumon , fût contimiellemeut en guerre avec le cro- 
codile. Il détruisait en effet les oeufs de ce redoutable 
amphibie, selon l'opinion des anciens Egy|)tieD8* 

(i) Mss. copt. , Bibl. imp. , nJ^^^^ V^ 47 vArsô* 



(3ii) 

D*après tontes ces considérations , les Grecs crn- 
reot devoir donner à cette ville le nom de He>»xX«rç 
-iroAic (i) ou de He^ixXfs nCùKiç (2) , à cause d'Hercula 
qui , dans leur religion , était le Dieu de la Force. 

Mais le nom égyptien d'Héracléopolis n'avait aucnii 
rapport avec ^OU, Sjom^ ni Hercule. Ce fut èî^RC, 
Hnés ou Hnas ; et cela est hors de doute , puisque 
deux manuscrits coptes nous apprennent que ot^KC et 
VH&txXsn -Jfohiç des Grecs ( qui est écrit 8pOi<?^tOT 
et ^pB^KT^B^Cuux dans ces noêmes manuscrits > 
appartiennent à la môme ville , et correspondent 
au nom arabe Ahnas qu'elle porte encore dans le 
paya (3) ; outre cela , Héracléopolîs était située à l'oc- 
cident de 111e, ce qui convient parfaitement à Ahnas. 

Le nom de cette ville est quelquefois orthographié 
8kbC, Hnes (4), et même %^\C (5). d'où est venu 
l'arabe Ahnas , dans lequel ou remarque l'A ( alif ) 
initial que les Arabes ont coutume de placer , comme 
nous l'avons fait voir ailleurs , devant les noroa 
des villes de l'Egypte, et sur- tout devant ceux qui 
commencent par une consonne, comme Cs^H , Sna^ 



(i)Slrabon,liv.XVlI. 

(2) Etienne de B^zance, de Vrbib, ei PopuL 

(5) Msi. copt, Bibl. imp., n.« 44, f.« 79 rectô, ancien fonds. — . 

N.» 45 , f.o 59 reclô. ^ 

(4) Mss copt, BihL inip., n.» 17, suppl. S-'-Ger»., f.* pc\&* 

(5) Mss. copt, Bibl. imp., n.^ 44, ancien fonde. 



(3,2) 

Xitf IjML, Chmim, UJuOYft, Sckmoun, qu'ils ooté^^irit 
Asna^ Achminif Aschmoun, et en cela ils imitaient 
les anciens Égyptiens que nous croyons avoir ajouté 
une voyelle au commoncemeat d*un mot dont le« deux 
premières lettres étaient des consonnes. C'est ainsi que 
leurs descendans prononçaient les noms de llt^OY*^, 

Fnouilt et de TT(?C., TsjoïSf Abnoudi ou Apnouti (i), 
tl Ibschoïs ou Jpsoïs (2). Selon la même règle, les 
Égyptiens prononçant ^UOTî^ , Aschmoun, Ci^H, 

A^na, et 2i^KC, A/mas, il s'ensuit que les Arabes, 
en écrivant ces .mêmes noms Aschqioun , Asna t\ 
Ahnas , adoptèrent la manière dont il les enlea- 
d aient prononcer , et que , par la suite , les Coptes 
écii\ir('ut Gj^keÇ pour ÔKEC, d^ la même manière 

que Ç.UKa. Qi, EUWOT, EM-TOK, tU!iiCUX, S^Wpl, 

t«60K\, tn-tR!^, Bî^'^M. et une foule d'autres 
ëtaienl mis à la place de ^Ù^ks^ , nffliction, «lwot, 
mamelle, o^TOn, repos, Jb^'^m'h, oignon, capœ (3), 
«•pt, panetier, iUiaOKS, grosse, ^^m^*^, zizanie, 
^^y^Z>\^ chose. 



(i) LsLcvotù, Lexicon œgjrptiaco-^latinum, page 62, 

(2) ibidem , page 1 74. 

(3) Le mot écrit tUt^atX dans Lacroze, se trouve sous la 
vraie forme de ^X'>SX5^'K dans le Vocabulaire copte a-^iy, supjJ* 
^ttifit-Germain , de la Bibliothèque impériale , aiosi que daos 
TAuciea Tttcttdmeut y aombr. XI, 5. 



(3,3) 
Le prophète Isaïe fait mention d'une ville d'Egypte 
appelée //A/15^, Hhanass (i), dont le nom ressemble 
exactement à celui de la ville de Hnis. Le texte 
hébreu porte : Car ses chefs étaient à Tanis r et ses 
enyoyés étaient parvenus à Hhanass (2). On pourrait 
croire que Hhanass n'est autre chose que 2x^HC » 
c'est-à-dire Héracléopolis ; cependant il faut observer 
premièrement , que la version arabe ne fait aucune 
mention de Hhanass^ et qu'on y lit : « Parce que les 
» em^oyés ( ou les anges ) sont à Ssaân ( Tanis ) « 
» cJiefs cruels (3); » secondement , leTargoum porta 
TahhaphneSf au lieu de Hhanass, ce qui indique la 
ville que les Grecs nommèrent Daphnès en basse 
Egypte. Le grec s'accorde avec l'arabe , et on y lit : 
Chefs cruels, AyymXoi ^ovipoi^ au lieu de, et sont par-* 
uenus jusçues à Hanass. Nous pensons que le nom 
de Hbanas du texte hébreu n'est qu'une corruption 
de Tahhaphnès. La signification du nom égyptien 
d'Héracléopolis I ^^KC, a échappé à nos recherches. 

Pouschîn et Phannîsjôït, 

Dans plusieurs manuscrits égyptiens, on lit les noms 
des lieux de ÏIorujSK, Pouschin, et de •î'&KKX^icns-r, 

(i) Ce mot est écrit par un hei, ua noun et un samecK 

(a) Voici le texte en lettres françaises : Kl HIOU BTZAN 

SRIOU OUMALAKIOU HHNSS IGIAOU, Isai. xxx, 4. 
(5) Voici le texte arabe : Uannaliou lakoimou Bissdan Mala^ 

liiatoun Rouousaou Aschraroun. 



( 3i4 ) 
Thannisjôïtt et rhisioire du martyre de saint Jean 
porte : 4>&ï^Ki^ttTST ÎDek o^l^CtupB. /^LTlOTajW (i) , 
« PbaoDisjôït dans le canton de Pouschin ; » ce qai 
prouve évidemment que Phannisjôït devait être dans 
le voisinage de Pouschin, puisqu'il dépendait de celte 
dernière ville. La position de ces deiix lieux nous 
était inconnue; mais après de nombreuses recherches, 
nous avons enfin trouvé qu'ils s'appliquaient nata- 
rellement aux deux villages arabes Bousch et Zai- 
toun, qui sont tous les deux situés dans llle d'Si^nC 
( H0racléopolis )• 

lie, nom de Bousch ne dli!<b*e en efiet de Végyptiea 
IloYajlR , Pousch'in , que par la finale que les Arabes 
ont très-souvent retranchée dans les noms égyptiens 
^e villes qu ils ont adoptés. C'est ainsi qu'ils ont écrit 
BoYC5pS, X^^KS, y/6oi^£> et 55^/1, en supprimant 
ri final ; et la syllabe tit se trouve également omise 
dans Schahas ou Schabbas, orthographe arabe de 
l'égyptien 2^1T&CW , Sjapasen. 

Mais une preuve irrécusable que iTO'mjW cor- 
respond incontestablement à <0o/Asc^, se trouve dans 
4^2^KWS5itcusnr, Phannisjôït, qui, comme nous l'avons 
dit , doit être le nom égyptien du village appelé 
Zaitoun. Ce mot, en langue arabe, désigne Xe^oliçest 
et il nous est facile de prouver que ce n'est que la 

(0 Mss. copl., Bibl. imp., Q.*6g, fonds doYatrcaii, page 40. 



(3.5) 

traduction exacte da nom égyptien ^B>sttts:K^aT\*T« 
Ce dernier signifie , à la lettre , le lieu des oliçes. 
Ecoutons maintenant Strabon , et nous verrons que 
le seul endroit de l'Egypte oit croissaient les oliviers » 
était dans l'île d'Héracléopolis : 

« Après la préfecture d'AphroditopoIis , dit ce 
» célèbre géographe, on trouve celle d'Héracléopolis 
» située dans une grande île ; à droite, vers la Libye 
» et près du nome Arsinoïte , est un canal qui a deux 
» embouchures et qui Coupe une partie de Hle. Cettd 

• préfecture est la plus remarquable de toutes par 

» son aspect , sa fertilité et sa disposition ; seule elle 
» fournit des olives , et est plantée d'arbres hauts et 
» robustes. Si quelqu'un en recueille bien l'huile , il 
» en obtient d'une qualité supérieure ; mais si on 
» néglige d'y apporter les soins nécessaires , toute 
» celle qu'ils recueillent, quoique en grande quantité , 
» est imprégnée de mauvaise odeur. Le reste de 

• f Egypte manque d'oUçiers, si ce n'est qu'on en 
» trouve dans les jardins aux environs d'Alexandrie; 
» ceux-ci produisent bien des olives , mais on n'en 
» peut pas retirer de l'huile. » 

On ne peut douter , après la lecture de ce passage ,, 
que l'île d'Héracléopolis ne fût renfermée dans les 
bornes que nous lui avons assignées précédemment (i). 



(0 yoytz HéracléopoUs , page 3og. 



(3i6) 
Le territoire le plus voisia à' Àphroditopolis est ea 
effet cette grande île qui répnit toutes les circoos- 
tances que Strabon indique dans sa Géographie ; et 
la situation d'Ezzaitoun dans cette même île, nous 
prouve évidemment que c'est là l'île d'Héracléo polis, 
que ^^kkxtsoxxt: est le nom égyptien du village 
arabe d'Ezzaitounf etqxxeBousch fut autrefois nommé 
IloYajW par les Égyptiens. 

L'extrême rareté des oliviers en Egypte était sans 
doute la véritable raison qui fit donner le nom de 
<I>^HKS:iia\XTr , PhannisjôU. au seul endroit du 
royaume où ils se trouvaient. Leur existence daos 
ce lieu situé dans la préfecture de Hnas , 2t^HC 
( Héracléopolis ) , n'est pas douteuse , et elle serait 
prouvée par ce seul nom égyptien , à défaut même 
du témoignage de Strabon. 

Fhannisjôït fut sans doute le seul endroit de 
l'Egypte qui produisit des oliviers du teras que les 
roi& de race égyptienne gouvernèrent le royaume. 
Le grand bas-relief d'Elétbya , dont nous avons parlé 
précédemment, n'offre aucune représentation de la 
culture de cet arbre , quoique on y trouve minu- 
tieusement sculpté tout ce qui ^ quelque rapport 
avec la cbasse, la pêcbe et l'agriculture des anciens 
Egyptiens. Il nous paraît même probable qu'après 
l'époque où vivait Strabon , et où ces oliviers exis- 
taient encore en Egypte , on cessa de les y cul- 
tiver , puisqu'il semble , d'après une Description 



(3.7) 
de la Terre (i) , écrite en grec sons les empereurs 

Constantius et Constans , qu'on n'y en voyait pins 

alors : « Toute la terre d'Egypte , dit l'auteur de cet 

» Opuscule (3), est couronnée par un fleure qu'on 

% appelle le Nil qui arrose toute sa surface. Ce pays 

j» abonde en toute sorte de fruits, cuipj tXauou^ excepté 

3^ en olwes. 3> 

Phannisjôït devait être le lieu oii croissaient les 
oliviers , à moins que ce ne fût dans ce village qu'on 
déposait la récolle des olives , pour la répandre de là 
dans le reste de l'Egypte : étant situé sur les bords 
du Nil et au midi de HoYajSî^ , on pouvait faci- 
lement les embarquer pour les préfectures de la 
haute Egypte au midi, et pour Memphis et la bass$ 
Egypte vers le nord. Il est assez remarquable qua 
les oliviers , arbres qui aiment jusques à un cer- 
tain point le voisinage de la mer , s'en trouvaient ea 
Egypte à une tré^- grande distance. Enfin, Diodor^ 
de Sicile (3) nous apprend que ce fut Tlioth qui, 

chez les Egyptiens, découvrit l'olivier, et qu'on a tort 
de dire que ce fut Minerve. Nous n'entrerons ici 
dans aucune discussion pour appuyer ou contredire 
Taûteur grec ; car il est inutile de répéter que c« 

( I ) E^Yiy^o'iç oXou lau Koç/JLe xcu rm eSrw : Expositio 
iûtius mundi et geniium , edeate Jacobo Gothofredo ; Gea«To , 
628. 
(7) Page 16. 
^5) Diodora de Sicile, livre I, i5. 



(3ia) 

ne fut ni Thoth ni Mioerve , puisque ces deux pcr« 
Mooages sont fictifs et symboliques. 

Pouoh-Anniaméou , Tkemen et PhouôiL 

Dans Thistoire du Martyre de saînt-Épîme, il est 
fait meotion d'un village appelé ^OYO^ hns&uHOT) 
c'est-à-dire la demeure des Bouliers (i). Le père 
Georgi , qui a donne quelques fragmeus du texte 
égyptien de ce manuscrit, a rapporté un passage où 
il est fait mention du lien dont nous parlons. Il Ta 

imprimé d'après le manuscrit qui portait <^OyO^* 

i^its&st£Y, Phouohannianeu (2), corruption évidente 

de la vraie leçon ^OYO^ i^s^X^JUKOY , qu'on lit 
quelques lignes au-dessus dans le même texte. 
Phouoh " Ânniaméou était situé à l'occident du Nil 
( C&lTtutKT: jÙLc|>s&po ) , et par conséquent dans 
la partie Libyque de TÉgypte. Le passage suivant 
va nous indiquer sa position. L'empereur Dioclétiea 
avait nommé Hérokélianus gouverneur des villes de 
Hnès , Pemsjé et Kaïs ( Héracléopolis , Oxyryncfaas 
et Cynopolis ) , et Sébastianus , duc de la haute 
Egypte. Arménius , gouverneur d'Alexandrie « lear 
remit saint Épime, aGu de le conduire en haute 
Egypte; mais pendant leur navigation , le vent leur 

(i) Mss. copt, bîbU imp., n.<>66, fonds du Vatican. 

(2) Georgi I de Miraculis sancU Coluthi^ prœfati», page cxxii. 



(3i9) 
manqua près de Phouoh ^ Anniamiou. Les deui: 
gouverneurs firent apporter d'un temple voisin de 
ce village une statue d'Apollon, pour forcer lea 
Chrétiens à Tadorer. Ils ordonnèrent de chercher et 
de leur amener tous les Chrétiens du voisinage. On 
conduisit à leur barque ^Tl&. C&pB^nstUSt irsirpEC- 

iTspEuic|>OYaiXT: keul irEnrcsps n^pEu. '^Xoa: 

KEU ^B^K KEUiKcg KlitpHC^S^KOC THpOT Kt» 

itsus ETEt5LU&-T : « Apa Sarapion , prêtre de 
» Phouoh - Anniamêoti ; Orion , prêtre du jardin da 
» Tkemen ; Abiôn , chef de Tkemen ; Eudemôn , de 
f Phouôit ; Petsiri , de Tilosj , et une multitude de 
» Chrétiens de cet endroit, p Le village de Tilosj 
dépendait de la préfecture deTpih ( Aphroditopolis ); 
par conséquent Phouoh - Anniaméou , Phouôit et 
Tkemen devaient être voisins de ce nome. Tkemea 
qui , sous l'empereur Dioclétien , était un poste mili* 
taire , se trouvant en effet dans le nome de Hnès (i) 
(Héracléopolis), à Toccident de cette ville, il s'ensuit 
nécessairement que ^OYO^i^t^S&uKOY et Phouôit 
appartenaient à la préfecture de Hnès , ou à celle 
de Tpih qui lui eM contiguë. Cependant , comme il 

(f) D9 Miracul. sancti Coluth.,praf/atiQf page cxcf. 



(320 ) 

tBÎ dit ezpressëment dans le Martyre de saint Epimey 
que Phouoh'Anniaméou était situé sur la rive occi« 
dentale du fleuve , elle dut appartenir au nome 
de Hnès ( Héraclëopolis ) , puisque cette préfecture 
consistait en une île bornée à l'est par le Nil , et que 
Je nome de Tpib ( Aphroditopolis ) occupait la rive 
orientale. Phouôit devait dépendre aussi de Haès» 
puisque Hérokélianus et Sébastianus étant sur le bord 
occidental du Nil » avaient donné ordre de faire venir 
devant eux les Chrétiens des lieux environnans. 

Nauî. 

Le village de H&rs dépendait de Hnès, et faisait 
partie de son nome. Ce lieu est mentionné dans 
le Martyre de saint Lakarôn (i). Les Arabes le 
connurent sous le nom de Naouai , et le rangèrent 
parmi les villages de la province d'Oschmounaïa (2). 

Schbenti. 

ipy[&tK^ dut aussi faire partie du même nome. 
C'est ce qu'on peut induire d'un passage du même 
manuscrit. 

Nilopolis. 



(i) Mss. copt » Bibl. imp. , n.» 68, fonds du Vatican. 
(2) État des provinces de tÉgjrpte , public par M. de Sacj, 
à la suite de saTraduction d*Abd-AUatif, page 697, n.«ioi. 



n 



( 321 ) 

Nflopolis. — Pousiri. 

Cette ville, voîsîne de la préfecture d'Héra- 
tléopolis , était placée loia du Nil dans le milieu des 
terres (i)« Sou nom de NciXo^ n(Q>jç lui fut donné 
par les Grecs, parce que ses habilans avaient pour 
le Nil une grande vénération. Cependant ce respect 
était commun à tous les Égyptiens en général ; il est 
à croire, malgré cela, que les Nilopolites se distin- 
guaient par une dévotion toute particulière envers 
le Nil auquel ils avaient consacré un temple dans 
leur ville (2). Le nom grec de Nilopolis nous paraît 
exprimer à-peu-près la valeur de son nom égyptien , 
qui fut, selon nous, IIoTCSpS, Pousiri ou Bousiri, 
parce que nous ne balançons point à placer cette 
ancienne ville égyptienne au lieu appelé encore 
aujourd'hui Boussir ou Ahoussir. C'est à IloYCSpi 
ou Nilopolis que venait aboutir un canal , qui , 
selon Strabon , coupait à Toccident Tîle d'Héracléo- 
polis. De Tavis des autorités les plus respectables 
de l'antiquité , Osiris n était autre chose que le Nil, 
et non le Soleil, comme on le croit généralement ; 
c'est ce que nous démontrerons dans notre Traité 
sur la Religion égyptienne. Nous ferons observer 



(i)Ptolémëe,lîv.IV. 

(2) Étieuae de Byzance^ de Urbibus etPopulis Ywbo NéiXoc. 

21 



( 322 ) 

seulement ici que l'on ne peut mëconnaître le nom 
d'Osiris dans HoTCSps, P^ousiri^*ei il est facile de 
voir qu'il n'en diffère que par l'absence de rarticle 
masculin il des anciens Égyptiens. 

Isidis-Oppidum. — Naïsi, 

Il y avait en Egypte deux villes de ce nom qu'il 
ce faut pas confondre ; l'une , celle de la basse 
Egypte , était placée dans le voisinage de Busiris et 
de Sebennytus; l'autre, celle dont nous parlons main- 
tenant « exista sur la rive occidentale du Nil, eo face 
de nie de Hnas ( Héracléopolis ) , dont elle d était 
séparée que par un canal qui , passant par IloYC^ps 
( Nilopolîs ) , communiquait à l'ouest avec le nome 
Crocodilopolite , et au midi avec Hnas et les deux 
grands canaux connus aujourd'hui sous les noms de 
Menhi ou Bahhr-Iousef et Bathen. Sa position porte 
à croire qu'elle dépendait de Pousiri* 

L'emplacement de la ville d'Isis est de nos jours 
occupé par Zaoyyéh^ qui semble conserver quel- 
ques traces de son ancienne dénomination. Nous 
croyons que si les Grecs traduisirent avec précision 
le nom égyptien de cette position, elle dut être connue 
parmi les naturels du pays , sous celui de II&KCS » 
Païsi, ou de 9&K«, Thaïsi, mots qui ont la valeur 
de Uiacuê et Isiaca, ou bien sous celui de Hô^HCS , 



( 323 ) 
Naïsi qui a la même valeur, et qui, comme on le 
verra , fut aussi le nom égyptien de la nlle d'isis de 
la basse Egypte, 

Crocodilopolis. — Piom. 

Vis-A-vis llle de Hnas ( Héracléopolîs ) , une 
ouverture de la chaîne Libyque conduit dans une 
vallëe étroite , ayant environ deux lieues de lon- 
gueur, qui s'élargit ensuite et forme un vaste bassin 
de près de cinquante lieues de tour (i). C'est là que 
se trouvait le nome appelé Crocodilopolite par les 
Grecs , et Piom par les Égyptiens. Il fut un des plus 
étendus , et peut-être même le plus fertile de tous 
ceux de l'Egypte. 

La partie occidentale de cette préfecture était 
bornée par un lac d'une vaste étendue, dont nous 
parlerons plus bas. 

Crocodilopolis, sa capitale, était placée non-loin des 
bords de ce lac^ et située sur le principal canal qui, 
du Nil, communiquait avec le lac; son étendue paraît 
avoir été très -considérable. Elle fut probablement 
ornée de temples qui n'existent plus ; un obélisque de 
près de soixante pieds de hauteur ( 2 ) et quelques 
anciens débris peu remarquables attestent l'antique 



(i) M. Jomard, Mémoire sur le lac de Mœris^ page 2, 
(2) Paul Lucas, i.*' Fojrage^ tome II, page 62. 



< M ) 

existence de ce chef-lieu de préfecture. On y nour- 
rissait des crocodiles sacrés dans des réservoirs 
construits à cet effet (i), et de cette circonstance les 
Grecs prirent occasion de donner à cette ville le 
nom de KpoxoJ^a^j^vKoXiç. Etienne de Byzance (2) 
rapporte une autre origine de cette dénomination. Il 
dit qu'un cavalier étant tombé dans le lac , il fut pris 
par un crocodile et transporté sur la rive opposée; 
et qu'à cause de cet événement, le maître du cheval, 
dont le nom n'est point connu à cause d'une lacune 
qui se trouve dans le texte d'Etienne de Byzaace» 
mais qu'on croit être Menés , donna le nom du Cro- 
codîle à la ville capitale et à la préfecture. Cette fable 
absurde est démentie par le silence que gardent sur 
ce fait les auteurs anciens les plus estimés. 

Hérodote nous apprend que les Égyptiens don- 
naient aux crocodiles le nom de Xofi-^ (3). Dans 
l'article Tachompsos (4) nous avons fait voir que 
cette orthographe n'est point contraire aux règles de 
la langue égyptienne, quoique dans les livres coptes 
on trouve toujours jb^CZ>^ , Amsah^ lorsqu'on veut 
désigner ce redoutable amphibie. Si les Grecs avaient 
exactement traduit le nom égyptien de la capitale du 

(1) Hërodote, livre II. 

{2) De Urbibus et Populis. 

(3) Hérodote, livre II, J. hxix. 

(4) Yojeib ci*dessuf , page i5a. 



( 325 ) 

Piom, nous le trouverions écrit dans les livres coptes 
Qi>is^CZ>^ , cille des Crocodiles ; mais ici , comme 
il arrive presque toujours, le nom grec n'a aucun 
rapport avec le véritable nom égyptien de cette ville, 
qui fut IIsouL, comme on le trouve dans divers ma« 
nuscrits coptes (i), ou bien <lf\0%x (2), par la simple 
mutation de l'article H , en Tarticle <^« 

Il a la même origine que le nom de lisouL ou 
^^OUL que porta le nome Crocodilopolite « comme 
nous allons le voir. Le nom de Medinéh -- Fayyoum 
que les Arabes lui donnent, n'est que Taltération du 
nom égyptien de cette ville. 

Le mot n^otiL est purement égyptien. Il désigne 
tous les grands amas d'eau ; il est principalement 
appliqué à la mer. L'origine de cette dénomioatioa 
égyptienne se trouve naturellement dans l'état phy- 
sique de la contrée qui la portait; car on ne doit 
point oublier que le mot H^ou. désigne en même 
tems la préfecture et sa ville eapitale. Le nome de 
Piom était en effet le mieux arrosé de toute l'Egypte , 
et dans aucun autre , on ne trouvait en si grande 
quantité l'eau , qui est la mère de tout , dans l'opinion 



(1) Mss. copt., Bibl. împ. , u.^44* ~ lbid.f n.^ 4^. — - Ibid.y 
n.^ 1 7 , supplément Saint-Germain. 

(2) Mss. copt, Bibl. imp., n.<'43, f."* 5g rectô. 



( 326 ) 
des Égyptiens (i). C'est sans doute à son grand lac, 
et au nombre immense de canaux qui le traversaient 
dans tous les sens, que le nome dut le nom de Il!iOUL. 
Le mot Fayyoum^ sous lequel les Arabes connaissent 

cette préfecture, ne doit point être regardé comme 
une corruption du mot II^OU. Il conserve, à notre 
avis, une ancienne orthographe de cette dénomination, 
laquelle , grammaticalement , est bien plus régulière 
quePiom des livres coptes. Le mot Fayyoum en lettres 
coptes donne «^MOitiL, Faiom^ qui désigne en langue 
égyptienne un endroit aqueux^ marécageux ou phin 
d'eau. On disait «^5^S0jul pour TTHOcy hxow. ou 

ITKa^^S KSOO , le nome ou le pays aqueux. 

* Sous les Lagides, Crocodilopolis prit le nom d*Ar- 
sinoë qu elle porte quelquefois dans les livres coptes; 
mais dans ce cas on trouve à côté le nom de Ilsois. 
pour la désigner plus particulièretnent» Le nom grec 
est écrit SVpCtwa^^ (2), nous l'avons, même trouvé 

écrit r^pCtt^SKOiK (3); mais, sous cette dernière forme, 
il parait désigner plutôt le nome entier de Piom que 
la ville seule. Dans le texte égyptien de l'Inscpptioa 

(i) On ne peut qu*étre frappé de l'analogie qui existe entre 
les mots JWCUOT, Môou et ««.Y, Mau ou Maou, dont l'un 

signifie aqua et l'autre mater, 

(a) Mss. copt, Bibl. imp., n.*45, f.o îg rectô. 

(5) Mss. copt., Bibl. imp., n.<'44« 



( 327 ) 
de Rosette , le nom grec Apcrsvoi/i , est ëcrit iXpCRt^EC 

(i), qui a quelques rapports d'orthographe avec le 
copte 3)ipaL«a!E, 

Le pèreKircber, dans sa Chorographia Mgyptij 
donne à Crocodilopolis le nom de Ct^^S, Sychi ^ 
qu'il assure désigner en égyptien le Crocodile. Mais 
ce mot ne se trouve dans aucun texte ni dans aucun 
vocabulaire copte. Kircher seul Ta inséré dans sa 
Scala-Magna, et tout porte à croire qu'il est de son 
invention. 

Sounliôr. 

La belle et fertile province de Pîom devait néces- 
sairement renfermer un nombre considérable de villes. 
Les anciens géographes grecs et latins n'ont parlé 
que de la capitale du nome » et ont passé sous silence 
les noms des autres lieux de sa dépendance. Mais 
celui que quelques-uns de ces lieux portent encore 
dans le pays , nous met à même de les rétablir dans 
leur orthographe égyptienne, tel est Sounhôr. 

Cette ville était à l'occident de celle de Fiom , et 
bien plus voisine du lac que cette dernière. Kircher 
trouva son nom égyptien écrit CoTtK^cup^ dans un 
manuscrit copte (2) ; nous pensons cependant qu'il 
devait être écrit CoYK^a\p , et non CoYK^tL\ps ; 
le premier de ces deux mots est réellement un nom 



(i) Lîgne$ 2, 4* 6 ^^ M* 

(^2) Lacroze, Lexicon œgj'ptiaco^latinumy page 96. 



( 328 ) 
égyptien, par lequel on désignait la canicule; il est 
en effet composé de COt pour CSOT, astre , de l'ar- 

ticle du génitif!^, et de ^^^p« qui signifie un chien* 
Ce mot prouve encore que Lacroze a eu tort de placer 
OY^a^p, canis, dans son Lexique, tandis qu il aurait 

dû récrire simplement ^uup. 

Tpih-Schalla. 

Dans les nomenclatures des villes des provinces 
de l'Egypte, que les Arabes ont formées, on trouve, 
comme appartenant à celle de Piom , un lieu nommé 
At/ihli-Schalla (i). Ce nom, qui n'est point arabe, 
indique nécessairement une ancienne position portant 
ce nom long-tems avant l'invasion des Musulmans en 
Egypte. On retrouve en effet dans le nom que les 
Arabes lui donnent, celui deTiTH^ que nous verrons 
plus bas (2) êlre le nom égyptien de TAphroditopolis 
des Grecs et de XAthfihh des Arabes. 

Quant au nom de Schalla que porte aussi la Tpih 
du Piom, on doit peut-être le regarder comme un 
surnom donné à ce lieu par les Égyptiens , afin de le 
distinguer de la capitale du nome Aphroditopolite, 
appelée aussi Tpih et située dans son voisinage. 

(i) État des provinces de V Egypte à la suite de la traduction 
dAbd-Allatif^ par M. de Sacy; province du Fayjouin, n.» 12, 
page 680. 

(2) Vojez ci-après, page 55a. 



(3^9) 
Lac de Mœris. 

Dans la partie occldeotale de la prëfecture de 
Piom , était uq lac d'une Taste étendue et qui lui 
servait de frontière du côté de la Lib3re. Situé au sud- 
ouest et à dix schœnes au-dessus de Memphis , ce lao 
contribua à améliorer l'agriculture du nome Croco--' 
dilopolite , du territoire de Memphis , de Hnès et d'une 
partie de TÉgypte moyenne. On doit le regarder 
comme un réservoir qui remédiait en quelque sorte 
à une trop grande élévation des eaux , ou à un débor*- 
dement insuffisant. 

Selon les anciens historiens , le pharaon Mcèris 
l'aurait fait creuser de main d'homme. Mais ce lac 
ayant près de quarante lieues de tour et une pro- 
fondeur assez considérable , il s'en suivrait que les 
Égj'ptiens , en le creusant , auraient enlevé plus de 
onze cent milliards de mètres cubes de terre , ce qui 
ne peut se supposer (i). Il est plus naturel de croire, 
comme tout concourt à le prouver (2), que la pro- 
vince de Piom était un marais , semblable au Delta 
■^— — —^ ■ ■ ■ ■ — — — — — ^ I , Il 

(i) M. Jomardy Mémoire sur le lac de Mœris ^ dans la Descrip^ 
tton de VÉgjrpte^ tomeI."j Antiquités^ Mémoires ^ page 97. 

(2) Ibidem, Nous renvoyons pour plus de détails à l'excellent 
Mémoire précité dd M. Jomard , où ce savant voyageur discute 
ou combat avec autant de claité que de justtsse les diverses opi- 
nions qui ont été émises suà* le lac de Mœris. 



( 33o ) 
avant son dessèchement. Cette opinion est en quelque 
sorte suggérée par le nom égyptien même de ce nome 
que nous avons vu signifier aqueux ^ plein d^eau^ et 
Strabon l'appuie en disant que le lieu où est le lac 
Mœris fut autrefois une vaste campagne (i). Le pha- 
raon Mœris profita sans doute de la disposition nal6- 
relie d'une partie de cette province; ayant fait tirer 
un canal du Nil, et Tayaut amené à travers les sables 
et les rochers jusques vers la partie occidentale de ce 
nome , il l'inonda et forma ainsi un lac d'une très- 
grande utilité. Il dessécha les autres parties du pays, 
en fit une nouvelle et riche province , et s'acquit aiosi 
de justes titres à la reconnaissance de ses sujets. 

Le grand canal tiré du Nil par Mœris, traversait 
la gorge étroite qui conduit de la vallée de TEgypte 
dans la province de Piom , et se divisait ensuite ea 
deux branches principales de trois cents pieds de 
large , aboutissant au bas* fond qui fut couvert par 
le lac. 

Vers son milieu , s'élevaient au-dessus des eaux 
deux pyramides d'une grande hauteur , surmontées 
d'un colosse assis sur un trône. Hérodote, qui rapporte 
ce fait (2), croit que ces deux monumens prouvent 
que le lac avait été creusé de main d'homme. Mais, 
comme le fait observer M. Jomard dans son excellent 



(i) Strabon, liv.XVIL 

(2) Hérodote, liv. II, §. cxlix. 



( 33i ) 
Mëmoire ( i ) , elles ont pu être bâties dans le bas-- 
food avant qu'il fût occupé par les eaux qui ont 
formé le lac. 

L'importance de cette entreprise de Mœris , était 
justifiée par son utilité; en formapt ce lac, ce mo« 
narque eut pour but de préserver une partie de 
l'Egypte moyenne des effets d'une inondation insuffi- 
sante. Lors de la crue des eaux, le lac se remplissait 
par les canaux et s'élevait au plus haut niveau que le 
débordement pût atteindre. Lorsque le Nil décroissait t 
le lac était fermé par des digues et des écluses , et 
conservait les eaux jusques au solstice d'hiver qu'oa 
ouvrait les digues pour les faire écouler par deux 
embouchures. Ce lac suppléait ainsi au manque d'élé* 
vation dans les eaux du fleuve. 

Le nom de Mœris que porte ce lac, lui vient du 
pharaon, qu'on croit l'avoir formé en totalité ou en 
partie. Le nom de ce roi, écrit tantôt Mœris (2) et 
tantôt Myrîs (3) , répond à l'égyptien Uî^pH , Mari, 

UH\pK, Méiri, ou UospR, Miri, qui signifie en grec 
hU^soJ^càpoç ^ Don du Soleil. 

Les Coptes ou Égyptiens du moyen âge ne lui ont 
pas conservé le nom du pharaon Mêiri. On ne trouve 
jamais dans leurs livres iT^&^utEît iù^uO^pH, lelacde 
Mœris y pour désigner le lac du nome Crocodilopolite. 

(i) Page 98. 

(?.) Hérodote, liv. II. 

(5) Diodore de Sicile, livre I. 



( 332 ) 
Mai« on y lit constamment ^XYUttR tt*Yt ^Mu. , 
le tac du Phiom. C'est ainsi, par exemple, que dans 
Thistoire de la translation des os de plusieurs martyrs, 
faite le 5 du mois de méchir, on lit K!^E ^&t^C&KKMl 

^T^tulKK îtTrB c^^iOUL, « des tisserands du nome 
» de Phiom , — s'en retournèrent vers le lac de 
» Phiom ( I )• » Ce passage semble prouver que le 
lac ne porta peut-être point le nom de Mœris^ et 
que ce sont les Grecs seuls qui \à lui donnèreot 
pour le désigner. Les noms des grandes divisions de 
rÉgypte ont rapport à des choses générales, et il se 
peut que, d'après ce principe, les anciens habitans du 
nome désignassent le Mœris par le simple nom de 
Lac ^ comme dans toute l'Egypte c^SB^po , le Jitwt 
signifiait le Nil. 

Aphroditopolis. — Tpih. 

Au nord de la préfecture de 2ltRC , Hnès^ se 
trouvait celle à* Aphroditopolis ou de la cille de 
Vénus , qui touchait à Achantus , dans le territoire 
de Memphis. 

La capitale du nome Aphroditopolitain était dans 
la partie arabique de TÉgypte , et par conséquent à 

0) Zoëga, Catalogus manuscriptor, musœiBorgiani^ page 96* 



( 333 ) 
Forient du Nil. Cette ville , bâtie près de la chatne 
Arabique (i) , nourrissait dans son temple un bœuf 
sacré, dont la couleur était blanche , ce qui le distin- 
guait d'Âpis, de Mnévis , et probablement aussi de 
tous les autres taureaux sacrés de TEgyple , Onou^ 
phis, Pacis, Neut, etc. 

6on nom égyptien futTTlTH^, Tpih (2), qu*OQ 

écrivait aussi IlETrnSE^ , Petpiéh (3), et d'où s'est 

formé l'arabe Aihfihhy qui ne diflere deTTlTR^ que 

par la simple mutation du il égyptien en F, et par 
Va/^/'que les Arabes ont ajouté au commencement de 
ce nom, addition qui leur est ordinaire, comme on Ta 
pu voir jusqu'ici. Quoique la valeur du mot égyptiea 
11 H^ nous soit inconnue, nous présumons, non sans 
quelque fondement, que le nom d'A^ocTiViiç nifoTaç que 
les Grecs donnèrent à cette ville, ne ressemblait en 
rien, quant au sens, au nom égyptien HTiiH^. 

Tilosj ouTisjol. 

Des religieux du couvent fondé par saint Pakbom, à 
Tabennisi , entre lesquels on remarquait Théodore, 
partirent de leur retraite pour se rendre à Alexandrie « 

•""■"""""^""^ ■-^— — ■— - ^ _ 

(i) Strabon, liv. XVII , page 80g. — Sonniui, Vojage en 
Ègjpie^ tome III, pag. 29, 3o. 

(2) Mst. copt«, Bibl. imp., n.«44* socien fonds. 

(5) Msf. copt, BibL imp., il* 17, suppUmeat, foads do Salat-' 
Gormaiiv 



( 334 ) 
auprès du Patriache (i). Ces pères s'ëtant embarqués 
sur le Nil, arrivèrent à Aotinoë (2); B^rVS X.TC^TBp 

^l J\Z'ri£D\ ÈîTC&UTTEUi^\nr, ils dirigèrent ensuite 
leur barque vers le septenlrion (3), et parvinrent 
enfin EmoOT W^XO'iS, au mont de Tilosj. Ce mot, 
sur lequel le père Mingarelli resta très-incertain, est 
évidemment le nom propre d'une montagne et d'uoe 
ville ; nous le trouvons inséré dans une de 00s 
listes des villes égyptiennes, extraites des manuscrits 
coptes. Ce dernier mot offre une grande singu- 
larité dans son orthographe. Il est écrit, comme ou 
peut le voir dans l'Appendix (4) , ^XO:^ ou ^'ïiOX 
indifféremment. On remarquera sans doute que ce 
mot écrit TvO*^ offre parfaitement l'inverse de 5^0^. 
Cette transposition de lettres nest pas sans exemple, 
et Barthélémy favait déjà remarquée (5); nous déve- 
lopperons ailleurs les causes de cette irrégularité. 

Dans notre Nomenclature copte -arabe de villes 
égyptiennes , ^XO!ii est placé entre He^ttsi^ 
( Aphroditopolis ) et Memphis ; par conséquent elle 

(i) Mss. copt. en dialecte thébaiii , publié par Mingarelli, 
AEgjrptior, cod, reliifuiœ Biblioth. Nanianœ , frag. VlH , 
page cLi. 

(2) Ibid.j page clxv. 

(5) Ibid. 

(4) Appendix^ n.® I. 

(5) Académie des inscriptions j Mémoires de liué rature^ 
tome XXXII y page 220. 



( 335 ) 
devait se trouver au nord de la première et au mîdî 
de la seconde. Le nom arabe qui correspond à l'égyp- 
tien ^iSOX ou ^X05S , est Dalass , qui n'en est 
qu'une corruption légère. Dalass se trouve mentionné 
dans TÉtat des provinces et des villages de l'Egypte, 
publié par M. Silvestre de Sacy , à la suite de sa 
traduction d'Abd-Allatif , comme faisant partie de 
la province de Bahnésa ( IIeu^sE , Oxyrynchus. ) 
Cette position ne convient point parfaitement à notre 
^>^0::2S, puisqu'il est hors de doute qu'il fut au nord de 
T ITH^, et non au midi de cette ville. Si Dalass est 
de la province Ae Bahnésa ^ il faut donc croire que 
dans l'Egypte il y eut deux ^^O-iS, et nous fixerons 
la position de celui que nous connaissons, sur la rive 
orientale du Nil , dans un lieu appelé Sol , selon 
la carte d'Egypte que M. Olivier a mise dans l'Atlas 
de son voyage , au septentrion de Tpih , entre le 
Nil et la montagne Arabique (i). ^AO^s, Tilosj était 
le nom d'une ville et celui de la partie de la chaîne 
Arabique voisine de cette ville. C'est sans doute pour 
cela que dans le fragment thébain dont nous avons 
purlé ci-dessus , il est question de II^OOT K^T^o::^ , 
la montagne de Tilosj. Au reste, la position que nous 
assignons à Tilosj est justifiée par le voisinage du 

(i) On trouve placé au même endroit , dans la carte d'Égjpte de 
Robert deVaugondy (1755), un village nommé EiSoel, ce qui 
nous parait répondra à V égyptien Tisjol^ en observant que larUcle 
égyptiçn est remplacé par l'article arabe. 



( 336 ) 
couvent où habita saint Antoine que visitèrent, dans 
leur voyage , les religieux de Tabennisi dont nous 
avons parlé. 

Le mot ^XO'ac ou "^"^OX est évidemment égyp- 
tien. Il exprime , de même que le nom thébaia 
S^OX'^A que les Romains ont écrit Silsilis^ un empi-- 
chement , un défilé. Il paratt que la montagne , aa 
pied de laquelle était situé Tpih ( Aphrodito polis), se 
rapprochait du Nil et formait un passage étroit ; c est 
ce que les Égyptiens ont exprimé en donnant à ce 
lieu le nom ^XO>s ou XoX , dérivés de la racine 
:^0X, abnegare, circumdarep impedire. 

Pémé. 

Cette ville se trouvait entre Nilopolis et Memphis. 
Bamha^ village de la province de Dgizéh, paraît avoir 
conservé des traces de ce nom , en supposant que ce 
ne soit point là le véritable nom égyptien de Pimé. 
Nous ignorons la position exacte de ce lieu. 

Memphis. — Meinfî. 

Les révolutions plus ou moins désastreuses qui 
bouleversent les Empires , celles sur- tout qui amèneot 
un changement total dans la forme du gouvernemeot, 
influent toujours sur le sort des capitales. Cest à uoe 
révolution semblable que Memphis doit son origine. 

Après 



( 337 ) 
Après la destruction du gouvernement théocratique 
auquel les Égyptiens furent soumis dès leur origine 
(i), ils eurent un roi, et dès->lors le Gouvernement 
fut entièrement monarchique. Menés , chef de la 
première dynastie, porta ses vues vers la moyenne 
et la basse Egypte, et entreprit divers ouvrages pour 
améliorer le sort de ces contrées. Parmi ceux qu'il 
exécuta, on compte la fondation deMemphis (2). 

Dans la partie de l'Egypte où cette capitale fut 
construite, le Nil coulait entièrement au pied de la 
montagne sablonneuse, connue sous ie nom de mon- 
tagne Libyque , et partageait ainsi fort inégalement 
la vallée. Mènes ayant fait creuser un nouveau lit , lo 
détourna et le dirigea de manière qu'il se trouva à 
égale distance des deux chaînes de montagnes ; et co 
fut dans le lit même que le Nil venait d'abandonner 
qu'il jeta les fondemens de Memphis (3). Mais pour 
mettre la nouvelle ville à couvert des dangers qu'elle 
pouvait courir dans le cas où le Nil , par un effort 
extraordinaire , reprendrait son ancien cours , il fit 
construire une forte digue à quatre lieues environ au 
sud de Memphis. Par les ordres du même prince , oa 
creusa au nord et à l'ouest de la ville un lac dans 



(r) Synesius, Epistolœ^ pag. 19O, 259i etc. 

(2) Hérodote, liv. II, §. xcix. 

(3) Ibidem. 



22 



( 358 ) 
lequel se rendaient les eaux surabondantes du débor-^ 
dément. Celte circonstance rendait sa position très- 
forte. 

Le fils et le successeur de Menés, Atbolis I/', bâtit 
un palais à Mempbis , et vint y fixer sa cour (i); 
les grands de TÉtat imitèrent ie souverain , et cette 
ville devint dans la suite presque égale à Thèbes 
en grandeur et en magnificence, parce que les rois 
qui montèrent sur le trône après Athotis L*' , firent 
pour la plupart un séjour habituel à Mempbis. Ces 
monarques en agirent ainsi , et demeurèrent rarement 
à Tbèbes par de puissans motifs de politique. La 
forme monarchique ayant été introduite dans le gou- 
Ternement égyptien contre le gré des collèges des 
prêtres , ceux-ci cherchèrent à reprendre le degré de 
puissance que leur avait fait perdre ce changement 
dans l'administration de l'État. Ils tâchèrent à cet efiet 
de s'emparer de l'esprit des rois , et ce fut sans doute 
pouf se soustraire à leur influence trop directe, qut 
ces monarques habitèrent Mempbis dans le but de 
s'éloigner de Tbèbes , chef-lieu de la hiérarchie égy(H 
tienne. 

L'étendue de Mempbis fut très -considérable; elle 
surpassa probablement celle de la ville d'Alexandrie, 
quoique Strabon dise que Mempbis était la seconde 
ville de l'Egypte après celte capitale de l'Ëmpbe des 

(0 Maii«UiV| apad G^rg. S^acelL chronograph. 



( 339 ) 
rois grecs. Mais ce géographe ne compare ces deux 

eîtës fameuses que sous le rappoit de la population 
(i), et riorériorilé de Memphis à cet égard ne peut 
surprendre , puisque Strabon indique qu'elle était 
ruinée en grande partie (2). 

Diodore de Sicile nous apprend que la circon- 
férence de Mémpbis fut portée , sous le pharaoa 
Uchoréus qui l'agrandit , à cent cinquante stades (3), 
évalués par d'An ville à six lieues et un quart. Si cetto 
évaluation est exacte , il en résulte que dans cette 
indication Diodore s'est servi du stade de 600 aa 
degré (4)» Mais il est hors de doute que cette ville 
fi'accrut encore d'avantage , et que son circuit fut 
plus étendu, puisque Âbd-Allatif qui écrivit dans 
le VIK^ siècle de l'hégire (5), lui assigne un bien plus 
grand diamètre. Ce médecin de Bagdad vivait dans 
le beau tems de la littérature arabe ; ses ouvrages 
donnent une haute idée des connaissances qu'il pos-^ 
eédait , et il a fait usage dans ses écrits de la plus 
saine critique. Dans la suite de notre travail , noua 



(1) Strabon, liv. XVII, page 807. 

(tî) Ibidem, 

(5) Diodore de Sicile, liv. I.«', page 46. 

(4) Vojez les Observatioru sur la manière de considérer et 
dévaluer les anciens stades itinéraires ^ que M. Gosseliîn a placée» 
en tète du tome L"' de la traduction fraxig^ise de Stral^oo > PAri*^ 
Imprimerie impériale, iSo5, ia-4'** 

(5) Xffl/ de J. C. 



( 340 ) 

aurons souvent occasion de le citer ; et son tëmoi* 
gnage est d'autant plus imposant , que témoin occu- 
laire de tout ce qu'il rapporte, il n'avance que des 
faits incontestables, n'étant influencé par aucun esprit 
de système (i). 

Voici le rapport d'Abd-AUatîf, sur l'étendue de la 

seconde capitale de l'Egypte : « Les ruines de Mem^ 
f phis occupent actuellemefit une demi ajournée de 
» chemin en tout sens. Cette ville était florissdDle 
9 au tems d'Abraham , de Joseph et de Moïse, et 
» long-tems açant eux {p). » Ce passage indique 
évidemment que Memphis s'agrandit encore après 
Ucboréus , et qu'en supposant même que par une 
demi -journée de chemin, il ne veuille entendre que 
trois lieues f ce qui est la moindre évaluation d'uue 
demi" journée de marche; il est hors de doute que 
Memphis, du tems qu'elle, fut ravagée par Cambyse, 
avait au moins neuf lieues de circonférence. 

Memphis était située au pied du mont Psammi-us, 
nom que portait en Egypte la partie de la chaîne 
Libyque voisine de cette ancienne caLpitale. Psammius 
est évidemment un mot égyptien, qui peut dériver de 
la racine Vi^Oma- , Sjom^fortitudo. Peut-être que 2iS0a , 

combiné avec A^&. ou JUOS, dare^ peut avoir formé, 

(i) Nos citations sout puisées dans l'excellente traduction de 
^a Relation (tÉ^pte , faite sur Tonginal arabe , par M* S^' 
vestre de Sacy qui a si bien mérite des Lettcs orientales, 

(a) Abd'AUaii/^ li^. !.•% cbap. IV, page iU5. 



( 34i ) 

parla mutation ordînaîrè des voyelles, iT'iïSO Ui utW $ 
on un mot approchant du Psammios des Grecs , 
mot quî aurait eu cette valeur : dans fortitudinerh ^ 
défense 9 houlevart. 

La position de cette ville immense fut long-tems 
inconnue en Europe ; on savait qu'elle avait existé 
au-dessus du Delta et dans la partie moyenne de 
rÉgypte ; mais le lieu qu'elle avait occupé n'était 
pas fixé d'une manière incontestable. 

On a cru pendant long-tems que Memphis avait 
été là où est bâti de nos jours Fostbath ou le Vieux- 
Kaire. Le nom de Massr donné k cette dernière ville a 
beaucoup contribué à propager cette opinion* Le mot 
Tl/^^^r s'applique en Egypte à la capitale du royaume, 
et comme le séjour des gouverneurs de l'Egypte 
était à Foslhath avant que le calife Môez - Lidin- 
Illab eût ordonné à son grand-visir Dgihauher , de 
bâtir la ville appelée le Grand-Kaire par les Euro- 
péens, les savans modernes qui ont cherché à fixer 
la position de Memphis , ont cru que le nom de 
Massr donné à Fostbath , désignait le véritable lieu 
où Memphis fut autrefois. Mais ces auteurs ont 
négligé le témoignage de l'antiquité qui place Mem- 
phis sur la rive occidentale du Nil , et non sur le bord 
oriental où se trouve Fosthalh ou le Vieax-Kaire. 

Une observation qui leur a échappé, parce que la 
plupart de ces écrivains n'étaient point à portée d'avoir 
une connaissance exacte des auteurs orientaux , c'est 



( 342 ) 

que le nom arabe Massr a été donné à trois villes 
biens différentes. Massr seul, ou Massr-el- Qahirak 
( Massr la victorieuse ) désigne le Grand -- K aire ^ 
Tille qui de nos jours est le siège du gouvernement 
de l'Egypte; Massr ^el-Âtiçah ou Massr- el-Atiq 
( l'ancienne Massr ), doit s'entendre de Fosthath ou 
le Vieux "K aire bâti par Amrou - bcn - Alâss , lors 
de l'invasion des Arabes musulmans en Egypte, et 
qui fut la métropole du royaume avant la fondation 
du Grand-Kaire ; enfin Massr^l-Qadimah ( Tan- 
tique Massr ) est le nom que les Arabes donnent 
dans leurs écrits à Mempbis , capitale de l'Egypte 
fious les Pharaons. 

Dès rinstant que, guidés par le secours des anciens 
auteurs , il fut reconnu que Mempbis devait avoir 
existé à l'ouest du Nil, on s'attacha à fixer sa position 
sur la rive occidentale du fleuve. L'opinion qui pré- 
valut d'abord fut celle du docteur Shaw- Ce voyageur 
s'efforça de prouver que Djizah ( ou Gizèh ) petite 
ville située vis-à-vis le Vîeux-Kaire , et par consé- 
quent à l'ouest du Nil, était le lieu où fut autrefois 
la ville de Mempbis ( i ). Mais un passage de Pline 
détruit entièrement ce système. Ce célèbre natu- 
raliste dit expressément que les pyramides se trou- 
vaient placées entre Mempbis et le Delta (2). D'après 



(i) Voyage de Sîiaw, chap. IV. 

(2) Sitœ sunt ( pyramides ) inter Memphim oppidum et quod 
appellari diximus Delta. Pline, Hist. natur.j liv. XXXVI,^ ch. i& 



( 343 ) 
tela Memphis devait être au sud de Ces ttiémeà pyra« 
mides , et comme Djizah se trouve au contraire au 
nord de ces monumens, il est évidemment impossible 
que Memphis ait occupé l'emplacement actuel de 
Djizah. 

Le sentiment du docteur Shaw a été combattu et 
réfuté par le chevalier Bruce (i) qui, d'accord avec 
le docteur Pococke (2) et adoptant son opinion, 
pense que Memphis occupa jadis la place des deux 
villages arabes situés au sud de Djizah et des pyra- 
mides, et nommés Métrahenny et Mohannan par ces 
deux voyageurs , quoique leur véritable orthographe 
soit Moniéh' Raliinéh et Mokhnan (3). Le célèbre 
géographe d'An ville donne à Memphis à -peu -près 
la même position. 

Dans la mémorable expédition des Français en 
Egypte , les sa vans qui en faisaient partie , s'occu- 
pèrent avec ardeur des recherches qui pouvaient 
procurer des lumières sur les points les plus inlé- 
ressanS' de l'Histoire des anciens Égyptiens. On ne 
négligea point de s'assurer de la position exacte de 
Memphis. Le général en chef Menou, par une lettre 

(i) Vojrage aux sottrces du NU^ en Nubie et en Abjrssinie^ 
tome !.•', chap. III, page Sg et suiv., traduction de Castera , in-4-* 

(2) Vol. I, chap. 5. 

(5) Éiat des provinces et des villages de VÉgxpte^ imprime à 
la suite de la traductîou française d'Abd-Allatif , par M. Silvestre 
de Sacy, page 676, n.*!»/, et page 677, n.^148. 



(344 ) 
«dressée à Flnstitut d'Egypte le 3o nivôse an IX, 

chargea Messieurs Lepère, architecte, et Coutelle, 
iDembre de la commission des arts, de la direction des 
travaux à entreprendre pour les recherches archœo- 
graphiques qu'on se proposait de faire sur le sol des 
environs du Kaire. En conséquence de cette invi- 
tation , l'Institut d'Egypte arrêta qu'une commission 
composée de Messieurs Fourier , Champy, Lepère et 
Geoffroy , rédigerait une instruction pour servir de 
guide à ceux qui seraient chargés de ces recherches. 
Les commissaires s'étant adjoint M. Coutelle, présen- 
tèrent à l'Institut d'Egypte un rapport circoostancié 
relatif aux divers points des provinces du Kaire et 
de Djizah , sur lesquels devaient être dirigés les 
travaux. Le plan général de cette excursion scien- 
tifique étiiit de visiter avec une scrupuleuse attention, 
1.^ les pyramides de Djizah ; 2.^ celles de Sakkarah; 
3.^ les puits des momies ; 4-*' ^^ retrouver et de 
fouiller l'emplacement de Memphis (i). 

Nous rapporterons ici les instructions données 
dans ce rapport , relativement à la recherche de la 
situation de Memphis et des principaux points de 

i — ^— — M^i^»^»^»^. ■ Il ■ — — III ■ I I I I I — 

(i) Nous avons extrait tous ces détails du n.^ 104 du Courrier 
de r Egypte , journal imprimé au Kaire dans les années VI, VII, 
VIII et IX de la republique, pendant le séjour de l'armée française 
en ÉgjpLe. Cette collection précieuse étant d'une extrême rareté , 
nous nous ferons un devoir d*en citer plusieurs morceaux inté- 
rcssans dans le cours de notre ouvrage. 



( 345 ) 
soD enceinte. « Arrivés sur le terreia de Memphis; 

• l'un des premiers objets que doivent se proposer 
» nos collègues , est la recherche du Sérapeum. Ce 
!^ temple paraît avoir été destiné à deux usages : au 
» rapport de Pausanias , il était consacré à l'inhu- 
» mation du dieu Apis ; et si l'on en croît à Sozo- 
» mène et Jablonski , il renfermait aussi le nilomètre 

» que les prêtres allaient consulter, dans le corn- 

• mencement de l'inondation , pour en prédire les 
9 progrès : Strabon nous dit positivement que ca 
» monument était placé dans les sables. Ces témoî- 
» gnages historiques fournissent quelques indices sur 
>» la position de ce temple ; car dès qu'il était bàtt 
» au milieu des sables et consacré à la sépulture da 
j* bœuf Apis , il devait avoir été élevé sur le roc dont 
I» la surface est sablonneuse ; et puisque les eaux 
» de l'inondatioa pouvaient se répandre dans ses 
1» parties souterraines , on doit eu chercher les traces 
i> sur le bord oriental de la montagne ( i )• » Le 
Sérapeum {^fct^Ttuov) était situé, comme nous l'avons 
vu ci-dessus, au milieu des sables; et, du tems de 
Strabon , on trouvait dans ses environs des sphynx 
couverts par les sables du désert, les uns jusques à la 
tête , les autres jusques vers le milieu du corps (2). 
Ces monumens semblent prouver que le Sérapeum 

(1) Courrier de l'Egypte, n.^ io5. 

(2) Strabon, liv. XYH, pnge 807. 



i 

I 

1 



(346) 
ëtalt un édifice bâti sous les Pharaons, et cependant il 
est reconnu que le culte deSérapis ou mieux S ar apis, 
ne fut introduit en Egypte que sous les Ptolémées , et 
long-tems après la cbûte des dynasties royales de 
race égyptienne. Il se peut néanmoins que le mo- 
nument destiné à un nouvel usage , ait pris , dans les 
tems . postérieurs à Cambyse, le nom de Sérapeum; 
c'est , à notre avis , la seule manière d'expliquer ces 
deux faits contradictoires. 

Les commissaires n'oublièrent point de fixer Fat- 
tention des sa vans sur le lieu où s'élevait autreFols 
le grand temple de Phtba à Memphis. « Un des 
* derniers objets dont il est sur-tout essentiel de 
» s'occuper , est une détermination rigoureuse de 
1^ tout remplacement de Memphis* 11 est possible, 
» jusques à un certain point , de suivre le prolon- 
» gement de quelques rues principales, de retrouver 
» les places publiques , et de déterrer plusieurs des 
» débris du temple deVulcain; nous n'avons encore 
» ni description de ces ruines ni dessin de leur aspect. 

» Une des dernières recherches à tenter, ce serait 
» de sonder l'ancien sol de Memphis jusqu'à ce qu'on 
p ait trouvé la terre formée par les dépôts du Nil ; oa 
» acquerrait ainsi quelques données qui pourraient 
» servir de bases à des conjectures sur la haute anti- 
» quilé de cette ville célèbre. 

n On pourrait aussi faire usage de l'instrument que 
» le citoyen Conté , notre collègue ^ veut bien faire 



( 347 ) 
9 exëciif er dans ses atteliers de mécanique , et sonder 

» en plusieurs endroits les buttes et les mines qui 

I» attestent la grandeur de cette ancienne capitale. 

» La sonde indiquerait les lieux où sont enfouis, ea 

>» plus grande quantité, les débris des temples et des 

» palais qui en faisaient l'ornement, n 

Ce plan sagement conçu donnait de grandes 
espérances , et les lumières de ceux qui devaient 
être chargés de son exécution , faisaient attendre 
des résultats importans ; quelques circonstances ne 
permirent pas de l'exécuter dans tout son ensemble , 
mais on obtint cependant, pour résultat, la certitude 
que les débris de Memphis existaient incontesta- 
blement à Mokhnan et à M oniéh-Rahinéh , ainsi que 
l'avaient pensé Pococke et le chevalier Bruce. 

Les anciens s'étant très-peu étendus sur la descrip^ 
tion de Memphis , des palais et des temples qui 
embellissaient cette capitale, séjour ordinaire des rois, 
leur silence fait regretter de n'avoir aucune connais- 
sance positive à cet égard. Nous allons rapporter ce 
que divers écrivains et voyageurs orientaux ou euro- 
péens nous ont appris sur les ruines de cette ville 
fameuse. Si cet exposé ne satisfait point entièrement, 
il donnera du moins une idée approximative de la 
magnificence et de la somptuosité des édifices ren^ 
fermés dans celte antique cité royale. 

Il est impossible de n'être point frappé de la diffé- 
rence qui existe entre lelat actuel des ruines de 



(348) 
Thèbes et de celles de Memphîs. A Thèbes , des 
temples immenses , des obélisques énormes encore 
assis sur leurs bases , des colosses , des sph jnx , des 
palais qui , par la solidité de leur construction et 
les masses dont ils sont formés , ont résisté au tor- 
rent destructeur des siècles et aux efforts de l'igno- 
rance , attestent encore la vaste étendue de cette ville 
fameuse, tandis que Memphis, bien moins ancieooe 
qu'elle, n'offre aujourd'hui à l'œil du voyageur, que 
de tristes débris qui ne se lient à aucun plan général. 
La cause de cette différence se présente d'elle-même 

à l'observateur. 

Située dans la partie la plus reculée de TÉgjpte, 
Thèbes était à couvert des invasions des anciens 
arabes Bédouins , connus sous le nom de Pasteurs ; 
et du tems de l'expédition de Sabbakon , roi de 
l'Ethiopie, contre le pharaon Bocchoris , cette ville 
n'était déjà plus la première de l'Egypte ; et si , à 
cette époque , les Ethiopiens exercèrent des ravages 
sur une ville, ce fut sans doute sur Memphis, séjour 
de l'infortuné Bocchoris. Mais les vues de Sabbakon 
paraissent n'avoir pas été les mêmes que celles de 
Cambyse. Dans son invasion de l'Egypte , le mo- 
narque éthiopien déploya un grand caractère, il fut 
humain, et veilla au bien-être des hommes qu'il avait 
soumis par ses victoires (i). Les Perses, au contraire, 

(0 Hérodote , liv. II , J. cxxxyii , cxxxviii et cxxxix. 



( 349 ) 
SOUS la conduite du fils de Cyrus , s'emparèrent de 

l'Egypte. Mempbis souffrit beaucoup du passage de 

ce priuce ambitieux, et ce fut lui qui porta le premier 
coup à la grandeur de cette capitale. 

La fondation d'Alexandrie par Alexandre , enleva 
à Mempbis une grande partie de sa population. Du 
tems de Strabon , elle était tellement diminuée, quQ 
le palais des rois , monument immense , n'était plus 
qu'un déplorable monceau de décombres (i). Dans 
la suite , vers la 1 9.* année de Tbégire (2) , Mempbis 
fut prise parles Arabes, sous la conduite d'Amrou- 
ben-Alâss. Il n'est pas surprenant qu'une ville qui fut 
ainsi dévastée, même long-tems aprè» l'époque de 
sa splendeur, n'ait offert, pendant plusieurs siècles, 
que les restes déplorables de sa magnificence , et que 
ces restes eux-mêmes aient bientôt disparu. Depuis 
très-long- tems .on a abandonné les canaux qui, 
déchargeant les eaux du débordement dans le lac 
environnant Mempbis au nord et à l'ouest, empé« 
chaient le Nil de déposer annuellement une couche 
de limon dans l'enceinte même de la ville. On 
conçoit alors que lorsque les temples furent détruits 
et les monumens renversés , le Nil les eut bientôt 
couverts de ses dépôts successifs. Les sables de la 



(i) Strabon , liv. XVII. 

(2) Vers raa 659 ou 640 de J. G. 



i 



j 



(35o ) 
Libye , empiétant ensuite sur un terrein abandonné 
et inculte , ont achevé d'ensevelir ces ruines impo* 
santés. 

Abd-Allatif , écrivain arabe , dont nous avons 
parlé, les vit dans le XIII.' siècle. Frappé de leur 
magnificence , il en a fait une description qui en 
donne la plus haute idée. Son rapport étant le plus 
ancien qui soit parvenu jusqu'à nous « le caractère 
et la réputation de Fauteur inspirant d'ailleurs toute 
confiance , nous croyons devoir citer ici ce qu'il en 
a dit dans sa Relation de V Egypte , d'après la tra- 
duction française que vient de publier mon illustre 
maître M. Silvestre de Sacy, infatigable dans ses 
précieux travaux. 

« Malgré l'immense étendue de cette ville et la 
» haute antiquité à laquelle elle remonte , nonobs* 
» tant toutes les vicissitudes des divers gouver- 

• nemens dont elle a successivement subi le joug» 

• quelque efibrts que difi*érens peuples aient faits 

• pour l'anéantir, en en faisant disparaître jusqu'aux 
D moindres vestiges, effaçant jusqu'à ses plus légères 
» traces , transportant ailleurs les pierres et les maté- 
» riaux dont elle était construite, dévastant ses édi< 
» fîces, mutilant les figures qui en faisaient rornemeol; 
» enfin , en dépit de ce que quatre mille ans et plus 
» ont dû ajouter à tant de causes de destruction , ses 
» ruines offrent encore aux yeux des spectateurs 



( 35i ) 

• une réunion de merveilles qui confond Hntel- 
» ligence , et que l'homme le plus éloquent entre- 

• prendrait inutilement de décrire* Plus ou la consi- 
D dère , plus on sent augmenter Tadmiration qu elle 
» inspire ; et chaque nouveau coup-d'œil que Ton 
1» donne à ses ruines, est une nouvelle cause de 
» ravissement. A peine a-t-elle fait naître une idée 
» dans Tame du spectateur , qu*elle lui suggère une 
» idée encore plus admirable ; et quand on croit ea 
» avoir acquis une connaissance parfaite , elle vous 
» convainc au même instant que ce que vous aviez 
f conçu est encore bien au-dessous de la vérité. 

» Du nombre des merveilles qu'on admire parmi 
» les ruines de Memphis, est la chambre ou niche, 
» que l'on nomme la Chambre -Verte. Elle est faite 
» d'une seule pierre de neuf coudées de haut sur huit 
t de long et sept de large. On a creusé dans le milieu 
y de cette pierre une niche , en donnant deux coudées 
» d'épaisseur, tant à ses parois latérales qu'aux parties 
» du haut et du bas : tout le surplus forme la capacité 
s» intérieure He la chambre. Elle est entièrement cou- 
y> verte , par dehors , comme par dedans , de sculp- 
^ tures en creux et en relief, et d'inscriptions en 

9» anciens caractères. Sur le dehors, on voit la figure 
i> du soleil dans la partie^ du ciel où il se lève , et un 
» grand nombre de figures d'astres , de sphères , 
V d'hommes et d'animaux. Les hommes y sont repré- 
» sentes dans des attitudes et des postures variées : 



( 352 ) 
» les uns sont en place, les autres marchent ; ceux-ci 
9 étendent les pieds , ceux-là les ont en repos ; les 
» uns ont leurs habits retroussés pour travailler , 
9 d'autres portent des matériaux ; on en voit d'aulres 
9 enfin qui donnent des ordres par rapport à leur 

» emploi Cette niche était solidement établie 

» sur des bases de grandes et massives pierres de 
9 granit ; mais des hon^mes insensés et stupides , daus 
» le fol espoir de trouver des trésors cachés , oat 
» creusé le terrein sous ces bases ; ce qui a dérangé 
» la position de cette niche « détruit son assiette, et 
y changé le centre de gravité des diSérentes parties 
» qui, étant venues à peser les unes sur les autres, 
y ont occasionné de légères fêlures dans le bloc. 
y Celte niche était placée dans un magnifique temple 
9 construit de grandes et énormes pierres assem- 
9 blées avec la plus grande justesse et tart le plus 
9 parlait. 9 

On ne saurait méconnaître dans cette descriptioa 
une chapelle monolythe de basalte vert , couverte 
d'hiéroglyphes, en observant que ce qu'Abd-Allatif 
appelle le Soleil ^ est le globe ailé , qui est répété 
jusques à trois fois sur le fronton de ces petits tem- 
ples d'une seule pierre. M. Silvestre de Sacy a éga- 
lement reconnu une chapelle monolylhe dans la 
citation d'Abd-Âllatif , qui est encore confirmée par 
Makrizi. « On voyait à Memphis , dit ce célèbre 
9 historien et géographe arabe , une maison de 

cette 



( 353) 
» cette pierre dure de granit , sur laquelle le fer 
fft ne mord point : elle était d'une seule pièce. Oa 

• voyait dessus des figures sculptées et de Vécvi^ 

• ture ; sur la face de la porte étaient des figures de 
» serpens gui présentaient leur poitrail ( i )• )^ Ces 
serpens sont les mêmes que ceux qu'on appelle 
Agathodœmons ^ et qui surmontent ordinairement le 
haut delà partie antérieure des chapelles monolythes, 
en présentant de face la partie la plus large de leur 
corps. Cet ornement symbolique s'observe également 
sur la chapelle qui renferme la figure d'Isis, repré-^ 
sentée au centre de la Table Isiaque. Ceux qui ont 
quelque habitude des monumens égyptiens en seront 
convaincus , non-seulement à l'inspection de la Table 
Isiaque même , mais encore par les copies qu'ea 
qnt données iEneas -Viens, Pignorius et Caylus, 
malgré que ces Agathodœmons aient été défigurés 
dans les gravures que nous citons. Le temple d'Ombos 
présente aussi, sur les murs d'entre-colonnementi des 
frises composées d^ Agathodœmons (2). 

La chapelle monolythe de Memphis fut brisée vers 
l'an 1449 de l'ère vulgaire. 

Ces chapelles monolythes furent, chez les anciens 
Égyptiens , le tabernacle de la Divinité. Elles étaient 



(i) Voyez la traduction d'Abd-Allatif, note 65/ du chapitre IY9 
<»ù M. de Sacy rapporte ce passage. 
(2) Yojez ci-devant pa^e i68* 

:»3. 



( 354 ) 
placées au fond du sanctuaire , dans la partie la 
plus reculée des temples, et renferoiaîent un animal 
vivant, symbole du dieu qu'on y adorait. Il n'est 
pas prouvé qu'on y ait placé des statues. 

Les ruines voisines du monolythe de Memphîs 
étaient celles d'un temple , comme le dit Âbd-Âllatif; 
il donne nne grande idée de son étendue et de sa 
magnificence, en parlant des pierres énormes a^ec 
lesquelles ses murs étaient construits. « Les pierres 
» provenues de la démolition des édifices , contiaue 
» ce célèbre médecin , remplissent toute la surface 

# de ces ruines : on trouve en quelques endroits des 
» pans de murailles encore de bout , construites de 
9 ces grosses pierres dont je viens de parler; ailleurs , 
» il ne reste que les fondemens , ou bien des moa- 
» ceaux de décombres. J'ai vu Tare d'une porte très- 

• haute, dont les deux murs latéraux ne sont formés 
t chacun que d'une pierre; et la i^oule supérieure (i), 
> qai était d'une seule pierre , était tombée au-devant 
p de la porte. » 

Ces détails auxquels on en pourrait ajouter bien 
d'autres, sufiBsent sans doute pour prouver que ce 
temple était un des principaux de Memphîs. Nous 
pensons que ce fut en effet le plus grand et le plus 
magnifique de cette capitale , celui de Pbtha : voici 
les preuves sur lesquelles notre opinion est fondée. 

(i) Les Égjrptieiu n*ont jamais fait de voûte. Abd-Allatif veut 
pailer du couronnement U« la porte. 



( 355 ) 
Il est impossible que le plus grand monument de 
Memphis , celui que plusieurs rois s'étaient plus à 
embellir, eût disparu entièrement, tandis quil aurait 
encore resté des débris très-considérables d'un temple 
inférieur en grandeur à celui de Phtha. Il est plus 
naturel de penser que ce dernier aura subsisté même 
après l'anéantissement des autres édifices de la ville. 
 ces considérations, nous allons ajouter des faits 

positifs. Écoutons Diodore de Sicile : « Sésoosis ( le 
» même que Séthosis - Ramessès ) fit placer dans le 
» temple deVulcain ( Phtha ) qui est à Memphis, sa 
y statue et celle de sa femme , ayant trente coudées 
» de haut , et celles de ses enfans, de i^ingt coudées; 
» chacune était d^une seule pierre (i). j> Voici main- 
tenant ce qu Abd'AUatif a vu dans les ruines du 
temple où se trouvait la Chambre « Verte ou la 
chapelle monolythe dont nous avons parlé plus haut, 
«t Quant aux figures d'idoles que l'on trouve parmi 
)» ces ruines , soit que Ton considère leur nombre, 
» soit qu'on ait égard à leur prodigieuse grandeur^ 
» c'est une chose au-dessus de toute description et 
» dont on ne saurait donner une idée ; mais ce qui 
» est. encore plus digne d'exciter Tadmiration , c'est 
» l'exactitude dans leurs formes, la justesse de leurs 
» proportions et leur ressemblance avec la nature. 
» Nous en avons mesuré une qui , sans son piédestal , 



(i) Dittdort de Sicile^ liv. I. 



( 356 ) 
avait plus de trente coudées. Sa largeur , du côté 
droit au côté gauche , portait environ dix coudées , 
et du devant au derrière elle était épaisse en pro- 
portion. Cette statue était d'une seule pierre de 
granit rouge. Elle était recouverte d'un vernis rouge, 
auquel son antiquité semblait ne faire qu ajouter 

une nouvelle fraîcheur Il y a quelques-unes de 

ces figures que l'on a représentées tenant dans la 
main une espèce de cylindre d'un empan de dia- 
mètre , qui paraît être un volume La beauté du 

visage de ces statues, et la justesse de proportion 
qu'on y remarque, sont ce que Fart des hommes 
peut faire de plus excellent , et ce qu'une substance 
telle que la pierre peut recevoir de plus parfaiL II 

n'y manque que l'imitation des chairs et du sang 

J'ai vu deux lions placés en face l'un de l'autre, 
à peu de distance ; leur aspect inspirait la terreur. 
On avait su , malgré leur grandeur colossale et 
infiniment au-dessus de la nature, leur conserver 
toute la vérité des formes et des proportions ; ils 
ont été brisés et couverts de terre. » 
Ces divers passages d' Abd -AUatif prouvent l'im- 
portance du monument qui était accompagné de si 
riches décorations. On ne peut méconnaître dans les 
figures colossales que décrit notre savant arabe, les 
statues des fils de Séthosis-Ramessès , et dans celle 
de trente coudées et d*un seul bloc de granit rouge, 
ceUe de ce hérQ9 m^me qui, selon Diodore de Sicile . 



(357 ) 
avait aussi trente coudées et était formée d'une seule 
pierre. Les deux lions dont parle Abd-AUalif occu- 
paient probablement ^ comme ceux de Tîle de Philae » 
rentrée principale du temple, ou bien ils faisaient 
partie d'une allée de lions; et semblable à celles de 
sphynx , qui conduisent au temple de Dieu créateur à 
Thèbes , elle précédait celui de Phtha à Memphis. 

On sera surpris peut-être d'entendre Abd-AUatif 
vanter la beauté des formes des statues égyptiennes. 
Accoutumés à voir des monumens égyptiens d'une 
très-petite proportion et travaillés avec peu de soin et 
une extrême négligence^ ou bien ne possédant que 
quelques fragmens de bas- reliefs symboliques, les 
5avans de TEurope n'ont pu avoir jusques ici que 
des idées obscures et défavorables de Tart de la 
sculpture chez les Égyptiens. On a cherché à fixer 
le degré de perfection auquel ils l'avaient porté, 
d*après des bas-reliefs religieux qui étaient exécutés 
selon un type convenu dont les artistes ne pouvaient 
nullement s'écarter. On a eu dès -lors une opinion 
peu avantageuse de l'habileté des sculpteurs égyp- 
tiens, et Ton n'a pas fait cette réflexion bien naturelle, 
qu'il n'était pas raisonnable d'attribuer à l'ignorance 
des artistes, les formes vicieuses qu'on remarque ordi- 
nairement dans le peu de figures humaines que pos« 
sèdent les divers cabinets de l'Europe, lorsque ces 
mêmes artistes ont saisi, d'une manière admirable^ 
le caractère et le bel idéal des aojjpaux qu'ils qjxX 



( 35Ô ) 

3cu1ptës de ronde bosse. C'est sur les lions du capitole, 
sur les sphynx et les statues des temples de Thèbes , 
qui seront publiés dans la Description de l* Egypte^ 
quMl faut étudier la sculpture égyptienne. C'est à la 
vue de ces monumens que les idées qu'on s'est faites 
de l'art égyptien se rectifieront, et qu'on appréciera 
la correction de dessin et le savoir d'exécution des 
Egyptiens, lorsqu'ils ont pu s'abandonner entièrement 
à l'impulsion de leur génie. On aura une connaissance 
approximative de ces perfections , en étudiant le torse 
de basalte noir donné par S. M. l'£mf£R£ur et Roi 
au Cabinet des Antiques de la Bibliothèque iinpériale. 
Il a été gravé dans le premier volume du bel ouvrage 
publié , sous le titre de Monumens inédits , par 
M. Millin, si connu par ses utiles travaux, et que 
je cite ici avec d'autant plus de plaisir , que j'ai par là 
l'occasion de lui témoigner publiquement ma vive 
reconnaissance pour toutes les bontés qu'il a eues pour 
moi, et pour les ressources considérables que j'ai 
trouvées auprès de lui et dans sa riche et nombreuse 
bibliothèque. 

Abd-Âllatif donne encore quelques renseîgnemens 
sur l'état de Memphis à l'époque où il la visita , parti- 
culièrement sur les murailles de cette ville qui furent 
bâties en petites pierres et en briques (i). Il parle 



(i) Abd-AUatif , traduction do M. Silrestre de Sacy, lir. I^ 
chap. lYf page 1909 



(359) 
ensuite du soin que les souverains musulmans prireni 
pour conserver ces restes précieux de l'antiquité. Mais 
la sordide avarice des hommes a bravé la défense des 
rois , et renversé les monumens qui avaient résisté 
aux siècles et aux révolutions. 

Long-tems après Âbd-AUatif, quelques voyageurs 
ont visité les ruines de Memphis , et n'y ont riea 
trouvé de remarquable. M. Bruce a vu des monceau;c 
peu considérables de décombres ( i ) dans la partie 
de remplacement de cette capitale qu'il a visitée vers 
Tannée 1769 ou 1770. 

A l'époque de la campagne des Français en Egypte^ 
le général de division Dugua parcourut les provinces 
du Kaire et de Djizah. Dans une lettre datée du 10 
pluviôse anVlII, et adressée au médecin en chef de 
l'armée d'orient, M. Desgenettes, il rend un compte 
assez étendu de son voyage archéologique (2). Le 
général Dugua partit le 26 frimaire an VIII, accom* 
pagné de MM. Fourier et Gostaz , et des généraux 
Reynier et Leclerc, pour se rendre aux pyramides de 
Djizah. Ils y restèrent jusques au 26 du même mois, 
pour laisser le tems à M. Nouet de déterminer la 
direction d'une des faces de la grande pyramide , et 

(i) Voyage aux sources du Nil^ chap. m, pago 56. 

(2) Cette lettre a été insérée daiis le Courrier de t Egypte, 
Nous en extrairons les notions qu'elle offre sur Tétat actuel des 
ruines de Memphis. 



( 36o ) 
ils se rendirent ensuite à Sakkaràh. Voici la relation 
du voyage sur les ruines de Memphis ,' donnée par 
M. le général Dugua : « Nous partîmes de Sakkarah le 
» 27 , pour aller à une lieue de-là visiter Métrbainé 
» (Mit-Rabinéh ) , où, d'après des renseignemens 
» que j'avais pris , j'avais la certitude de retrouver 
m les ruines de Memphis. £n y arrivant , nous eûmes 
» la conviction que nous étions sur le sol de cette 

» ancienne capitale de l'Egypte , par la quantité 
)^ de blocs de granit couverts d'hiéroglyphes , et de 
» figures qui se trouvent autour et dans une espla* 
» cade environnée de monceaux de décombres qui 
5> ont trois lieues de circuit. S'il nous était resté quel^ 
» ques doutes , ils se seraient évanouis à la vue des 
p débris d'un des colosses qu'Hérodote dit avoir été 
' ^ élevés par Sésostris devant une des entrées du 
)^ temple deVuIcain. Le poignet de ce colosse que 
» le citoyen Goutelle a fait enlever, annonce que la 
9 statue entière devait avoir quarante-cinq pieds de 
iD haut. 

» Le citoyen Jacotin a relevé le plan de ces ruines 
» et leur position géographique ; les artistes se sont 
» empressés de dessiner les morceaux de sculpture et 
)^ les vues que ce site leur oflrait ; et tout le monde 
» revint au Kaire, se promettant de faire de nouvelles 
9 promenades aussitôt que l'occasion s'en présea- 
j> terait. » 

Tel est l'état actuel de cette antique ville , fondée 



( 36i ) 
par le premier roi d'Egypte, et embellie par ses suc- 
cesseurs. Ce fut sans doute sous les 3.®, 4-^) 6.^1 ?•* 
et 8.® dynasties royales qu'elle fut ornée de ces mo- 
nunoiens somptqeux qui faisaient de Memphis la rivale 
de Thèbes en grandeur et en magnificence. Ce fut 
sur-tout à la 4*^ i^^ce , aux pharaons Souphis IJ"*^ 
Souphis 11, et à Mankherès leur successeur, qu elle fut 
redevable de sa splendeur. Ces rois élevèrent dan« 
les environs ces énormes édifices , les pyramides ^ 
qui excitèrent Fadmiration de Tantiquité, et dont la 
souvenir est inséparable de celui de cette célèbre 
capitale. 

Son nom grec iAifA^iç , n'est qu'une corruption 
très-légère du nom qu'elle porta chez les Egyptiens. 
Plusieurs philologues ont essayé de le donner dans 
sa véritable orthographe", et ont été plus ou moins 
heureux. Le P. Kircher fut le premier qui voulut en 
retrouver la valeur. Il supposa , contre toute vraisem- 
blance, que ce nom s'écrivait en égyptien Ucut^ç|)^ , 
mot qu'il prononce Monphta (i). Il le dérive de 
juciiOY, eau (qu'il écrit vicieusement Jmais ) et de 

4>^ , Dieu , ce qui , selon lui , donne eau de Dieu. 
Il étaye son sentiment de raisons futiles , il ne cite 
aucune bonne autorité qui puisse l'appuyer , et c'est 
de UcUîKc^^ qu'il croit que les Grecs ,ont fait Mefjt^tç. 



(i) (Edi'pus jiEgjrptiacus, tomel.^'i Chorographia jlEgjrptif 
cbap. IV> page 26. 



( 362 ) 

Avant que d'opposer les monumens littéraires de 
l'Egypte aux conjectures de Kircher , nous ferons 
aussi connaître l'opinion de Jablonski sur l'ortho-*- 
graphe et la valeur du mot M^Çiç chez les anciens 
Égyptiens. 

Ce savant philologue ( i ) pense qu'on l'écrivît 
JUt^ t^OYq\ sous les Pharaons , mot qu'il interprète 
par pleine de biens. Cette étymologie se rapproche du 
véritable sens que nous allons donner ici. 

Dans la première liste de noms égyptiens de villes, 
que nous avons extraite d'un manuscrit copte (2), 
on trouve trois villes qui portent le nom de Ménouf 
( IVlemphis ) ; la première est Ménouf t inférieure p 
dont le nom égyptien fut Il5.t^0YCJ( ^K^ ; la seconde 
Ménouf la supérieure ; la troisième enfin , et la plus 
méridionale, fut Utqs, Méfi^ qui, selon le copte 
auteur de notre Nomenclature géographique , est 
t antique capitale (3) de t Egypte. On ne doit donc* 
pas confondre U^qs , véritable nom de Mempbis, avec 
les deux n2.i^0Yq dont nous parlerons dans la suite. 

C'est sous le nom de Mëfi que cette capitale est 
désignée dans le texte égyptien de l'inscription de 
Rosette, ligne cinquième^ où ce nom se lirait deux 
fois, si une fracture de la pierre n'avait fait dispa- 
raître le premier. 

(i) Jablonski, Opuscula, 

(2) Mss. copt., Bibl. imp., supplément Saint-Germaiu , o.* 17. 

(3) Hia^Mussr-el'Qadimah. 



( 363 ) 
Les Arabes ont inventé une fable pour expliquer 
le nom égyptien Uec^s donné à Memphis. Ils disent 
qu'un roi appelé Massar alla s'établir dan«s la partie 
inférieure de TÉgypte, accompagné de 3o hommes 
qui bâtirent une grande cille qu'ils appelèrent Mqfè^ 
c'est-à-dire Trente. Celte supposition trouve son 
origine dans l'analogie que les Arabes ont cru voir 
entre UEq\ , nom égyptien de Memphis , et le mot 

copte JUi2^n y trente. Ce sentiment des Arabes ne peut 
être soutenu par cette légère similitude ; et d'ailleurs 
quand on veut tout expliquer, on ne doit pas être 
difficile sur les moyens qu'on emploie. 

C'est évidemment de Uec^s, ou plutôt de Uti&Ç^î , 
Memphij que s'est formé le grec M^^i^. Dans son 
Traité dlsis et d'Osiris , Plutarque nous donne à-peu^ 
près la valeur de ce nom égyptien. Selon lui , il veut 
dire o^oç ayaBc^v , port , refuge , demeure des bons. 
Kous pensons qu'il dérive de jub., locus , et de la 

racine t\\ , consen^er, et par suite être bon. On en 
forma Ua-qS , Mafi , ou lJzt\\ , Ui^jù^qs , Uê.hqs , 
Uto-qs (i) etUthqi, mots qui, dans la langue des 
Egyptiens, désignent un lieu bon réunissant plusieurs 
avantages. Ce nom orthographié U^jù^qs , forma 
M^^^ chez les Grecs ; écrit et prononcé UEKqS > 
il donna naissance à M^^i^ et Mev^eileç qu'on trouve 



(0 Ézéch. XXX, i5, etc. 



(364) 
sur les mëdailles gr'ecques frappées en Egypte (i). 
On le trouve aussi écrit Ueul&B, julEK&B, par corrup- 
tion de Ueu^s et de UEî\q\ (2). 

Dans le texte hébrqu des livres saints , Memphis 
porte les noms de Nouf et de Mouf (3) , et ce 
sont encore des mots équivalant, par leur signifi- 
cation , aux précédens. Ils dérivent comme eux de la 
racine q\ » et ne sont que les adjectifs Af OYqs et 

îtorqî, hon. Nous ignorons siTiT^uc^EX^s, Tpam^ 
phélia (4) f en arabe Massr ou Missr^ doit s'appliquer 



(i) Zoëga, Numi AEgj-ptU imperatorii; Roms, 1807, iii-4^ 

(2) Mss. copt.» BibL imp., n.® 44» ^-^ 79 rcct6« 

(5) Hos. IX, 6, Ézéchîel, XXX, i3, etc. La seule difTérence 
qui existe entre UEitJ.q^ ou UeWç^^, et UoYq^ ou HOYCJJS , 

ne vient que des préfixes iUL et U qu'on emploie indifféremment 
pour la formation des adjectifs de la langue égyptienne. Le mot 
îlOvqS se trouve orthographié NW-US , sur les Ahraxas , au 
lieu de XNOTWC ou XNOTMIC, la bonne intelligence. 
M. Marcel dit dans la Décade Égj-ptienne ( tome III, page i54 ), 
qu*il a trouvé dans un vocabulaire copte le nom de Memphis écrit 
liOCJ i nous ne l'avtms jamais rencontré sous cette forme , qui 

n*est qu'une corruption de UOYCIJ^ , de même que ll&^Î^OY^ 

se trouve pour Il2^K0YCJ^\. 

(4) Mss. copt, BibL imp., n.* 43, ù^ Sgj — 44» *"•• 79 verso. 



( 365 ) 

k Memphis ou à l'Egypte entière. Ce mot est telle- 
ment altéré que nous ne pouvons en donner une 
explication certaine. 

Telles sont les notions que nous avons pu réunir 
sur la ville de Memphis, sur sa position, son étendue, 
ses monumens et son nom égyptien. L'importance du 
sujet doit faire excuser la longueur de cet article. 

Busiris. — Pousîrî. 

Au nord-ouest de Memfi et à une très-petite dis- 
tance de cette capitale, était le village de Busiris, 
Jiuo'neAç. Son nom est purement égyptien ; et sem- 
blable à celui de la Busiris , proche de Hnass , il 
contient le nom d'Osiris , OYC^p^ , précédé de l'article 

T\ des anciens Egyptiens , ce qui a formé le mot 
novCSps , qu'ils prononçaient Bousiri , dont les 
Grecs ont fait ^HVti&Lç. 

Les Arabes connaissent ce lieu sous son nom pri- 
mitif, auquel, selon leur usage, ils ont ajouté un A, 
comme nous l'avons déjà fait remarquer souvent; 
ils disent Ahoussir. C'était au village de Pousiri que 
demeuraient des hommes habitués à monter sur W 
sommet des pyramides. 



( 366 ) 

SECTION TROISIÈME. 

Des nomes du Maris ou la haute Egypte. 

Après avoir fait connaître les difiiérentes villes 
situées dans l'Egypte supérieure, il nous reste, pour 
rendre ce travail plus complet, à désigner celles de 
ces villes qui furent les chefs-lieux des nomes. Nous 
avons déjà dit que dès les plus hauts tems de son 
existence politique, l'Egypte entière fut divisée en 
préfectures auxquelles les Égyptiens donnaient le 
nom de Ileocg, Ptliosch, et que la haute Egypte, 
qui comprend la Thébaïde et l'Egypte moyenne, 
contenait vingt-six de ces gouvernemens. Chacun 
d'eux portait le nom de sa ville principale; les livre3 
coptes ne nous ont point présenté vingt-six Plhosch 
de la haute Egypte , désignés par les noms de vingts 
six villes de la même contrée; mais il est hors de 
doute que les anciennes capitales de nomes, indiquées 
comme telles par les historiens grecs et latins, le 
furent sous les rois de race égyptienne ; leur témoi- 
gnage à ce sujet, fournit des preuves tris-admis- 
sibles , et nous les avons recueillies. 

Une seule fois nous avons suppléé au silence des 
auteurs grecs, latins et coptes, par les monumens 
existans sur l'emplacement d'une ville de la haute 
Egypte; son étendue démontre qu'elle dut avoir une 



( 367 ) 
prëëmîoence notable sur plusieurs autres villes qui 
l'avoisinaient. 

Ainsi , le titre de chef* lieu de nome , donné aux 
vingt-six villes désignées sous cette dénomination 
dans le tableau suivant, est justifié ou par les livres 
coptes, ou parles écrivains grecs et latins (quoique 
du tems des Grecs, la plupart de ces villes fussent 
ruinées), ou par les monumens, et le plus souvent 
par le concours de ces autorités diverses également 
respectables. 

§. L«^ — Nomes de la Thébaïde. 

Les anciens géographes font commencer la 
Thébaïde à un lieu nommé par eux Castellum^ 
Thebaïcum ou Thebaïca-Phylace , qui répond au 
Terôt des Égyptiens , le Tarouth - Esschèrif des 
Arabes et des voyageurs modernes ; ils la ter- 
minent à Phylae. Mais dans cette limitation , les 
Grecs n'étaient point d'accord avec les anciens 
Égyptiens , puisqu'il est prouvé que la partie de 
rÉgypte que ceux-ci désignaient proprement sous le 
nom de Thébaïde, ne contenait que dix préfectures 
(f), tandis que la Thébaïde des Grecs en contenait 

treize bien distinctes. Il faut donc procéder à une 
nouvelle nomenclature de nomes ; et cela est d'autant 
plus nécessaire que les géographes grecs et latins ne 

(i) Supràf pag. 71 et 7X 



(368 ) 
donnent à ce qu'ils appellent Théhaïâe et Hepta^ 
nomide , c'est-à-dire à la haute Egypte, que vingt- 
quatre nomes. Cette division ne peut pas s'appliquer 
à la Tbébaïde et à l'Egypte moyenne des Pharaons , 
qui en contenaient vingt -six (i). Il faut encore 
remarquer que le nome Àntinoïte des Grecs n'exista 
point sous les rois égyptiens, et oue par-là le nombre 
des preTectures égyptiennes de la haute Egypte qui 
furent connues des Grecs, est réduit à vingt- trois. 
Les vingt-six préfectures égyptiennes peuvent être 
fixées dans l'ordre suivant. 

Le nome le plus méridional de la haute Egypte 
fut , selon les Grecs , celui d'Ombos , Ambo des 
Égyptiens ; les grands monumens que renfermait 
celte ville , ne laissent aucun doute à cet égard. Il 
est donc certain que la ville de Souan ( Syène ) , fat 

de sa dépendance , ainsi que Y lie sainte de Pdach 
( Philse ). 

Le nome égyptien à^Atbô ( Apollinopolis-Magna ) , 
fut connu des Grecs, sous le nom ôl Apollopolitès , 
ou plutôt d*Apollônopolitès. Sjolsjel ( Siisilis ) , 
Pithom (Toum), Éléthya et Hiéracon polis, étaient 
probablement compris dans le Pihosch dAihà. 

Après ce nome, les anciens géographes d'Europe 
liomment celui d'Hermonthis , VErmonth des Égyp- 
tiens , et supposent par-là que la grande ville de Sné 

( Latopolis ) 

(i) Suprà, pag. 71 et 72. 



( 369 ) 
( Latopoltô ) dépendait du nome d'ApoUinopoIIs- 
Magna, Athô^ ou de celui d'Hermonthis. Mais Sné^ 
ville très-ancienne, dans laquelle on «dmire encore 
un des plus grands temples de l'Egypte et Tun des 
chefs-d'œuvre de Tarcbitecture égyptienne, ne fut 
jamais sous la juridiction d'aucune autre capitale de 
nome. Ses monumeos qui égalent en magnificence 
ceux d^Atbô , et qui surpassent ceux d'Hermonthis, 
prouvent assez qu'elle fut elle-même un chef-lieu de 
préfecture; les livres coptes la désignent expressément 
comme telle ; nous citerons seulement le passage 
suivant de la vie et des institutes de saint P^khôm : 

Ct^H : « Il y avait un homme dans la préfecture de 
• Snê ( Pthosch'Snê.) (i.). » Il existe aussi deux 
médaiMes grecques du uome de Latopolis, Sné; il 
est donb hors de doute que Sné fut le chef-lieu d'un 
des Pthosch ou nomes de la Thébaïde. Chnoubi ^ 
Phnoum et Asphoun ( Aphroditopolis ) , en firent 
partie* 11 doit donc être placé immédiatement après 
celui ^Athô. Au nome de Sni succédait , en allant 
toujours vers le nord, celui A'Ermonth (Hermonthis), 
qui renfermait les villes de louphi ( Tuphium ) et de 
louât ( Crocodilopolis )• 
La grande i>ille d'Amoun ( Thèb^ ) formait elle 

seule deux préfectures. La partie oriedtale de cette 

(r) Mss. coptes, fiibl. imp., Vatican^ o.'*69. 

a4 



( 37G ) 
Capitale 4 partie appelée Diospolis par lés Grecs , 
en composait une connue chez les anciens sous 
le nom de Thebarum - Nomus ; le second nome 
comprenait Tâutre partie de Tbèbes , située sur la 
riVe occidentale du Nil , et était nommé Patourès , 
Phaturitès , Tathyrites , Pathurès et Phatrouss , 
noms dont Torthographe est si incertaine, qu'il nous 
est impossible de désigner leurs véritables élémens, 
et de déterminer leur signification. 

Le nome de Kefi ( Coptos ) , qui renfermait la ville 
de KôS'Birbir ( ApoUinopolis-Parva ) , succédait au 
nome Tbébain et au nome Pbaturitès. Celui de 
Tenihôri ( Tentyris ) le suivait immédiatement , et 
se composait du territoire de Pampan (Pampanis), 
de Thmounsohons , et autres lieux dont les noms ne 
nous sont point parvenus. Tabennisi ( Tabenna), 
Schènisét ( Chœnoboscia ) , Pboôu (Bopos), ThbéoUf 
JBershôout^ Psjôsj et Tpourané, dépendaient du none 
de Hô, la Diospolis-Parça des Grecs. 

Les nomes d'Ambô, d'Atbô, de 8nê, d'Ermont, de 
Naamoun ( partie orientale de Thèbes ) , le nome Pbn- 
turilès ( partie occidentale ) , et ceux de Keft, deTea- 
thôri et de Hô, ne complètent point les nomes de la 
Thébaïde des Égyptiens, puisque nous n'en nommons 
que neuf. Le dixième se plaçant à la suite de celui de 
Hô, on s'arrête naturellement surAbydos. En effet, 
quoique cette ville n'ait point été désignée comme 
€bef-lieu de préfecture, ni par les Grecs» ni parles 



(«7» ) 
écrivains coptes , on croira facilement qu'elle a eu ce 

titre , si Ton considère sa splendeur primitive et sa 
magnificence , sous les rois de race égyptienne. 
Abydos, au rapport de Strabon, fut dès les premiers 
tems , une grande i^illc et la seconde après Thèbes. 
Lorsqu'il la vit , elle n'était plus qu'un misérable 
village (i). La ville la plus considérable de l'Egypte, 
après l'immense capitale de cette contrée , fut donc 
et dut être le chef-lieu d'une nomarchie sous le gou- 

vernement égyptien. 

Le silence des géographes grecs et des auteurs 
coptes , à cet égard , ne prouve point contre cette 
opinion , car il est en effet très-facile de l'expliquer. 
C'est un fait constant qu'Abydos fut une des plus 
grandes villes de l'Egypte; fl est également reconnu 
que du tems d'Auguste , elle n'était plus qu'un petit 
village (2). Il résulte de ces deux faits bien certains « 
que par suite des révolutions politiques , ou par toute 
autre cause, la ville d'Abydos étant déchue de sa splen- 
deur à une époque très - reculée , elle cessa dès-lors 
d'être le chef-lieu d'un nome , et n'en conserva plus 
le titre. Un changement aussi funeste pour cette ville 
ayant eu lieu sous les rois de race égyptienne , il 
n'est pas étonnant que les Grecs, et sur-tout leH 
Coptes, n'aient pas fait mention de son ancien titre. 



(0 Strabon» liv. XVII, page 8i3. 
(2) Strabon, loco citaiOm 



(37a) 

Telle est du moins notre opinion. Les monumens 
qu'on admire encore au milieu des débris ensevelis 
de celte ville , servent à l'appuyer. Abydos fut donc 
là capitale du dixième nome de la Thébaïde. 

§. IL — Nomes de VÉgjrpte moyenne. 

Les Grecs ont connu quinze des nomes qui compo- 
saient rÉgypte moyenne des anciens Égyptiens ; ce 
sont l'Oasite premier , le Thinite , le Panopolite , 
l'Ântoeopolite , l'Âphroditopolite premier, l'Hypselite, 
le Lycopolite , l'Hermopolite , le Cynopolite , l'Oxy- 
rynchîte, l'Oasite second, rHéracléopolite, l'Arsinoïte, 
rAphroditopoHte second, et le nome deMemphis. Ces 
nomes , chez les Grecs , prenaient tous leur nom de 
celui de leurs villes capitales appelées par les Égyp- 
tiens Ouabé, Psoi, Schmin, Tkôou, Atbô, Scbôtp, 
Siôout , Scbmoun , Koéïs , Pemsje , Ouabé , Hnés , 
Piom , Tpêh et Menifi. 

Mais , sous les anciens Égyptiens , cette seconde 
division du Maris contenait seize nomes. Les Grecs 
n'en ayant connu que quinze, il manquerait uoe 
préHecture pour compléter la géographie de cette 
contrée. Les livres coptes viennent ici à notre secours. 
C'est par eux que nous avons découvert la seizième 
préfecture de TÉgypte. Ce fut celle qui , chez les 
Égyptiens, porta le nom de Touhô ^ sa capitale. Il 
est fait mention du neocy nror^cu, nomisdeTouhâ, 



( 373 ) 

dans un manuscrit du musée Borgia , que nous avons 
cité plus haut, à Tarticle Pershousch (t). Ce ma-^ 
Duscrit, dont la langue tient beaucoup du dialecte 
baschmourique, porte HTB^oj TOY^ttl, selon les 
règles de ce mdme dialecte, qui change en & les O 
de plusieurs mots memphitiques et thébains* 

Le nome de Touhô doit être placé ''entre celui de 
Schmoun ( Hermopolis ) et celui de Koéïs ( Cyno- 
polis ). Nous avons déjà dit (±) qde les Grecs 
connurent la ville de Touhô sous le nom de TkéO'» 
dosiospolis , mais ils ne lui donnèrent jamais lo 
titre de capitale de nome qu'elle porta évidenunent 
chez les anciens Égyptiens. 

Telles furent les préfectures du Maris. Il nous reste 
maintenant à présenter le tableau de ces vingt-six 
Bornés , en commençant par les dix préfectures de la 
Thébaïde propre , que suivront les seize de TÉgypte 
moyenne» Ces divers nomes sont disposés dans la 
tableau suivant, selon leur ordre géographique, du 
midi au nord. Nous placerons en regard les villes de 
la dépendance de chacun d'eux. 

(2) page 599. 



(374) 

JVomes du Maris comprenant la Thébaïde 

et V Egypte iwyyenne. 

» 

§. L Thiîbaïde. 
Nomes. Filles (i). 

1. Ambd. 

2. Souaa. 

I. Nome éPAmhà ( 3. Pilakh. 

« 

4- Etéphantine. 

5. Souan-Ampèmeot. 

6. Atbô. 

7. Sjolsjel. 
n. Nome iAthô. ..:...( 8. Pitbom. 

9. Hieracônpolis. 
10. Èléthya. 

1 1 • Snê. 

III. Nome deSné.......\'l' Chaoubî. 

10. Asioun. 

i4- Phcoum* 

i5. Ermont. 

IV. Nome et Ermont . . . . { 16. Touphî. 

17. Touôt. 

V. Nom^ de Naamoun. . f *»• Naamoun, ou la partie 

orientale de Thebes. 



(1) Les noms grecs dont on n'a pu trouver réquivalaat égjptieoy 
sont imprimés en le ttres italiques. 



( 375 ) 

Nomes. Pailles, 

19. 1^ Memnonium ^ ou la 
VI. Nome Phatourite . . .1 partie occidentale de 

Tbèbes. 

20. Keft. 

VU. Nome de Keft \^'' J^P^- . ,. 

•^ ^ 22. Kôs-Birbîr. 

23. Contra^Coptos» 

24. NItenthôri. 
VIII. Nome de Tenthdri. . l 25. Pampan. 

26. Thmounschons. 

27. Hô. 

28. TabeDDÎsi. 

29. Scbéoèsét* 

l3i.Nome de Hô ^ f • ^^^t^ 

3i. Tbbêou. 

32. Bersboout. 

33. Tpourané. 

34. Psjôsj. 

35. Ah^dos, ancienne ca« 

X. Nome d^Abydos } f^^^^.^^ .°^",^ ^^«t 

^ la jundiction n et»t pas. 

connue. 
§. IL EGYPTE MOYENNE. 

XI. iVome OaaAi? i ^^^ ^T^^^^ ^'^""^''^ ' " 

1 des Grecs. 

XII. iVbm^ de Psoï \\l' J^°\^ , 

2 38. Fseuhôout. 



(376) 



Nomes. 



Xin. Nome d* Schmin , . 



3UV. Nome dAtbô, 



XV. Nome de Tkôou . . . 



XVI. Nome de SoMpt. 



• • 



XVn. Nome de Siôout • « 



XVUL Nome de Schmoun. 



Villes. 

39. Scbmio. 

40. Thmoui-AmpanèhéoiL 
4i. Plévit 

42. Tsminé. 

43. Scbenalolêt 
44* Alrôpé. 

45. Atbô. 

46. Phbôou-TsjêlL 

47. Tkôou. 

48. Mouthi. 

49. Silto. 

50. Kos-Kam. 

5 1 . Scbftpt 

52. Abotis. 

53. Paphor. 

54. Siâout. 

55. Tjêh\ 

56. MankapAt. 

57. ManbalAt. 
5&. Manlau. 

59. Scbmoun. 

60. Kô8-K6o« 
Gi.Thôni. 
G2. Bêsa. 

63. Sjoubourë* 

64. Térôt. 

65. Pousiri. 

66. Stallou. 

67. Térôt-Scbtnoaii. 

Nomes. 



< 377 ) 
Nomes. failles. 



XDC. Nome de Touhô. . . 



68. Touhû. 

69. Nhip. 

70. Thuioouë. 

7 1 . Pershousch. 



XX. Nome de ATaw • • • • | ^s] Tamma. 



XXI. Nome de Pemsje. 



m • 



XXII. Nome Ouàhé a*. . . 



XXIII. Nome de Hnés. 



• • 



74. Pemsje. 

75. Kanesch. 

76. Tôsji. 

7 7 • Pschënérô. 

78. Terbe. 

79. Ehiit. 

80. Pankôleus. 

81., Ouabé-Âmpemsjë (i). 

82. Hnês. 

83. Pouscbin. 

84. Pbannisjôït. 

85. Pbouob-Anoiamêou, 

86. Tkemen. 

87. Pbouôït. 

88. Naui. 

89. Scbbenti. 



(i) Les deux Oasis que nous indiquons, formaient, selon les 
Grecs , deux nomes de TÉgypte supérieure. Nous les avons placés 
dans ce tableau , quoique nous n'en ajrons point fait mention danj 
notre description du IMaris. Il en sera parlé dans le chapitre 
des dépendances naturelles de V Egypte^ dans lequel nous avons 
réuni toutes les Oasis. 



oS 



( 37« ) 
Nomes. ailles. 

go. Piom.- 
I Qi. ^aohôr. 

XXIV. Nome de Piom . . ^ ga. Tphih-Schalla. 

' gS Pousiri. 

g4. Naêsi. 

g5. Tpih. 

XXV. Nome de Tpih. . . . ^ g6. Tilosj. 

gy. Pémé. 



m 

Un de la haute T^yplé^ 



ERRATA. 



TOME V\ 



Page 53 , lignes 5,6,19,22, etc. , Lybie , Lybique ; 

lisez Libye , Libyque. 

104, ligne 16, parmi les Pères; Usez de Pères, 

186, ligne i3, 35,ooo mètres ; //^^z 3,5oo mètres. 

204 , ligne 1 5 , colonnes ; lisez colosses. 

233 , ligne iS^Baz-Alschahinyépen^ier des brebis; 
lisez Bazj Alschahin^ éperçier j faucon^ 
Nous n'avions point saisi le véritable sens 
du mot Alschahin que nous croyions arabe , 
mais qui appartient originairement à la 
langue persanne , où il signifie Faucon. Cette 
importante correction est due à Textrême 
bienveillance de M. Silvestre de Sacy qui a 
bien voulu nous la communiquer. 

234, note 2, TIp&Y-TEpOC; Usez TTptCft'T'TtpOC. 

3i I , ligne 20 , qui commencent par une consonne; 

lisez qui commencent par deux consonnes. 

319 , ligne 14» du jardin ; lisez de la forteresse. 

TOME IK 

Page i 33 , note 2 , Phaleb ; lisez Phaleg. 

3i7 , ligne 8, etKub.y; lisez etwah^y. 



OXFORD 



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